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Pratique contraceptive: les marges de manœuvre de la femme

Chapitre 6. Fécondité au Niger entre aspirations individuelles et

6.2 Bilan des constats préliminaires

6.2.3 Pratique contraceptive: les marges de manœuvre de la femme

femmes à agir (agency) et le rapport à leur mari affectent leur pratique contraceptive. Cependant, le rôle de la religion n'est pas confirmé. Les tendances qui émergent de nos discussions de groupe au sujet de la place de la religion et du mari sont présentées ci-dessous.

Influences religieuses

Le discours des femmes par rapport à l'acceptation de la contraception est empreint des valeurs religieuses. Mais la mention de la religion est beaucoup plus fréquente et son autorité plus stricte en milieu rural qu'en milieu urbain, chez les plus âgées que chez les plus jeunes. Ainsi, c'est parmi les femmes âgées de 35 à 49 ans et vivant en milieu rural que le rejet de la pratique contraceptive, du fait de l'interdiction religieuse, est le plus marqué.

Dans ce groupe, les femmes reconnaissent de manière quasi unanime que la contraception est strictement prohibée par la religion. Elle est spontanément associée à un meurtre consistant à "évacuer les enfants dans les toilettes". On retrouve également la question d'origine occidentale de la contraception, avec comme objectif inavoué d'égarer les croyants. Les anecdotes sur les cas d'échecs de la contraception, avec souvent des complications, sont largement relatées: c'est le cas de l'enfant qui nait, avec dans sa main, les pilules prises par sa mère (signe d'un avertissement divin?) ou le cas de la femme qui retrouve les comprimés avalés sur le couvercle de sa jarre d'eau (un autre message mystérieux?). De plus, en termes de la valeur de l'enfant, une descendance nombreuse n'est pas seulement une richesse dans ce monde, mais garantirait aussi l'accès au paradis dans l'au-delà. Les images négatives associées à la pratique de la contraception paraissent bien assimilées par l'imaginaire collectif, au moins chez les femmes rurales âgées. Pour l'une des femmes du groupe rural 35-49 ans (Dadin Sarki), la contraception, "c'est comme remettre à Dieu son cadeau".

"Il n'y a pas cela (la contraception) dans le Coran. Avant, les naissances nombreuses donnent même accès au paradis, c'est maintenant que le monde a changé, avec beaucoup de péchés, tout est gâté. Avant, Il faudrait être élue pour avoir beaucoup d'enfants. (répl.) On ne doit pas boire des médicaments pour faire évacuer les enfants dans les toilettes.

Il n'y a vraiment pas cela dans le Coran. (répl.) C'est pour les blancs et ils ont bien dit qu'ils égareront les croyants" (Femmes 35-49 ans, village de Dadin Sarki).

Quand nous relançons la discussion en soulignant que les marabouts fournissent tout de même des moyens de contrôle des naissances (amulettes, gris-gris, etc.), certaines femmes (35-49 ans, milieu rural) le nient alors que d'autres qualifient les marabouts qui le font d'ignorants, arguant que cela relève du charlatanisme, une pratique fortement condamnée en Islam. Néanmoins, les femmes qui tiennent ce même discours s'accordent sur le fait que les femmes plus jeunes s'adonnent à ces pratiques (contraception), condamnables à leurs yeux. Cela montre que, même en milieu rural, il y a une nette différence de comportements contraceptifs entre les générations.

Par contre, le contraste est saisissant lorsqu'on se réfère au discours des femmes urbaines du même groupe d'âge (35-49 ans). Celles-ci reconnaissent directement le compromis qu'elles font entre les positions religieuses et la nécessité de recourir au contrôle des naissances. La santé de la mère, la santé de l'enfant et la charge de travail sont des raisons évoquer pour légitimer la contraception d'espacement, d'après elles acceptée par la religion.

"Il existe un Hadith (enseignement du Prophète) qui dit que tu peux prendre des médicaments pour espacer les naissances. Certaines femmes qui accouchent presque chaque année ont des problèmes.

(répl.) C'est vrai, les marabouts eux-mêmes donnent des amulettes ou des gris-gris pour ne pas accoucher pendant deux ans. (répl.) Il y a l'exemple d'une de mes petites sœurs qui tombe enceinte avant même de sevrer. C'est son mari lui-même qui lui a apporté un gris-gris pour pouvoir espacer" (Femmes, 35-49 ans, quartier de Franco).

D'ailleurs, dans un contexte où les enfants peuvent être envoyés à la boutique du quartier pour acheter la pilule (cas d'une anecdote racontée par une des citadines), on peut conclure à un relâchement des pesanteurs religieuses ou sociales par rapport à la pratique contraceptive. Cette anecdote implique que le boutiquier connait bien cette pratique, que les habitants du quartier ont connaissance de ce commerce et que l'enfant envoyé est aussi appelé à comprendre (un jour ou un autre) l'utilisation des comprimés qu'il achète (dont il connait déjà le nom). Même si la religion est présente dans leur discours, les jeunes citadines semblent retrouver une certaine liberté de choix au sujet de la contraception.

"Cela peut être une bonne chose. Si tu veux, tu fais. Si tu ne veux pas, tu ne fais pas. Moi je pense qu'il faut le faire. (répl.) Mais le Marabout dit qu'il ne faut pas le faire. (répl.) Ah oui, ça c'est vrai, c'est interdit. Car c'est éviter les naissances de peur de ne pas pouvoir nourrir ou éduquer les enfants. Le Marabout dit que ce n'est pas l'homme qui les nourrit,

c'est Dieu qui le fait" (Femmes 15-24 ans, quartier de Oungouwal Gandou).

Les valeurs religieuses ont certes encore une certaine emprise sur les opinions des femmes à propos de la contraception. Mais cette emprise semble relativement moins importante chez les citadines et les plus jeunes. Les femmes adultes citadines (35-49 ans), probablement plus expérimentées, constituent le groupe le plus "progressiste" en matière de compromis entre la contraception et la religion.

Rôles du mari

Le rôle du mari en matière de contraception est complexe. La femme a besoin de sa permission pour la pratiquer, même si (les exemples sont légion) les femmes la pratique de manière cachée. Aussi, les agents de santé exigent le consentement des maris lors des séances de counseling qui précèdent la prescription d'une méthode contraceptive. Là aussi, les femmes affirment que certaines trompent souvent la vigilance des agents de santé en prétextant que leurs maris sont consentants. Ce recours "frauduleux" à la contraception se justifie souvent par la charge de travail relative à l'entretien des enfants nombreux: "Le mari achète le mouton et le riz pour le baptême, c'est tout. A toi de te débrouiller par la suite. Donc tu dois faire ton choix." (Femme, 35-49 ans, Franco). En milieu urbain surtout, il semble que certains maris participent activement à la planification de leur famille. Même en milieu rural, là où des efforts sont mobilisés, à l'exemple du Programme "école des maris", les hommes s'associent de plus en plus à la gestion de la santé reproductive de leurs épouses (UNFPA, 2012b). On retrouve cette transformation comportementale en cours dans les discussions des groupes:

"La planification familiale, c'est la femme. L'homme, lui, cela n'est pas son affaire. Lui, il souhaiterait que tu accouches chaque année. (répl.) Même parmi les hommes, il y en a qui s'y intéressent. Certains te disent même d'aller chercher les médicaments; pas tous, mais certains d'entre eux." (Femme, Groupe 35-49 ans, quartier de Franco).

Les exemples des maris qui conseillent la contraception à leurs épouses sont nombreux en milieu urbain. Toutefois, les plus religieux semblent encore réticents, allant souvent jusqu'à mettre leurs femmes en garde d'utiliser la contraception sans leur accord. Les problèmes de santé de la mère ou de l'enfant ont été largement évoqués pour justifier l'acceptation religieuse de la contraception. Dans des telles situations, les maris collaborent. L'autre justification religieuse avancée est la tolérance de la contraception d'espacement. Ainsi, en cas de grossesses trop rapprochées, certains maris n'hésitent pas à accompagner leurs épouses dans la recherche d'une solution.

"Quand tu accouches trop, un mari peut même te dire allons à l'hôpital ensemble. (répl.) Par exemple, quand j'ai souffert beaucoup à l'accouchement, c'est mon mari lui même qui m'a demandé quand est-ce que je pars à l'hôpital pour les injections. Je lui ai répondu que je partirai, mais pas maintenant. Et c'est parce qu'il a vu la souffrance que j'ai endurée à ma dernière naissance. Mais avant, je le faisais

frauduleusement et je mentais en leur disant que c'est avec son accord"

(Femmes, 25-34 ans, quartier de Toubori).

Bien que les maris puissent constituer un frein au recours à la contraception pour leurs épouses, les discussions de groupe laisse entrevoir des situations où les deux éléments du couple collaborent pour contrôler leurs naissances, soit pour des raisons sanitaires, soit pour un besoin d'espacement. Les hommes interviennent de plus en plus positivement, comme soutien à leurs épouses, pour profiter des avantages liés au contrôle des naissances. Il faut le souligner, on est encore loin des objectifs de limitation de la fécondité. L'objectif reste celui de garantir une meilleure santé pour la femme et l'enfant au moyen d'espacement, une pratique progressivement reconnue comme compatible avec la religion.

6.3 Synthèse

D'une manière générale, il reste difficile de préciser les marges de manœuvre de la femme en matière de mariage, de contraception et de fécondité. En amont de la vie en couple, les femmes semblent conscientes des droits de la jeune fille à choisir librement son conjoint. Les femmes plus jeunes paraissent en phase avec les plus âgées par rapport à ce qui définit un "bon mari". Mais les jeunes femmes semblent avoir une position plus tranchée par rapport à leurs droits de choisir leurs conjoints. L'aspiration à une vie plus épanouie avec des maris qui les aiment, les respectent, les comprennent et avec qui elles s'entendent constitue une prise de conscience d'une plus grande liberté dans leurs vies reproductives. Cette prise de conscience de leurs droits à choisir leur mari et leur aspiration à une vie conjugale épanouie constituent pour les femmes plus jeunes, les citadines surtout, un début de prise de position par rapport aux normes sociales.

Néanmoins, les références au respect dû aux parents lors du choix de conjoint ainsi que les mentions des normes religieuses pour justifier le refus de la contraception constituent un contrepoids à cette vision "progressiste". Cette double référence aux aspirations individuelles et aux valeurs sociales et religieuses témoigne d’une certaine ambivalence. Toutefois, les exemples cités par les femmes, relatifs aux mises en union sans consentement de la fille, posent la question de pouvoir et de liberté réelle pour les plus jeunes de dépasser cette ambivalence, de privilégier leurs aspirations au détriment des normes et de concrétiser leur vision.

Bien que l'enfant reste une bénédiction et un cadeau de Dieu, des considérations relatives à la qualité de l'enfant apparaissent. La bénédiction ne semble plus uniquement dans le nombre, mais aussi et surtout dans la "densité"

de bien que peut constituer un enfant. Même si le bienfait futur attendu des enfants parait compenser la charge imputable à leur entretien, une descendance nombreuse, surtout quand les enfants sont de bas âges, figure parmi les facteurs qui entravent l'épanouissement de la femme. Cette prise de conscience va de pair avec l'acceptation répandue de la contraception d'espacement. Il y a là un signal de changement de l'image de l'enfant et du rôle de la contraception.

Cette nouvelle vision de la valeur de la descendance, non pas dans sa taille

mais dans la "densité" de bien que l’enfant peut procurer, ouvre une nouvelle brèche dans les normes traditionnelles relatives aux avantages d’une descendance nombreuse. Mais ici également, comme le montrent les discours des femmes rurales sur le recours à la contraception, le fossé entre les aspirations et les comportements reproductifs ne semble pas négligeable.

Le rôle de la religion est transversal. Il est perceptible au niveau de plusieurs thématiques dont la contraception. Mais c'est à propos de cette dernière qu'il induit des clivages plus ou moins nets entre les groupes. Les citadines semblent avoir trouvé un compromis entre la nécessité du contrôle des naissances et les recommandations religieuses. Les femmes rurales ne se montrent ouvertes qu’à une contraception comme moyen d'accéder à une meilleure santé. Les femmes citadines plus âgées se montrent assez "progressistes" contrairement aux femmes rurales âgées dont les positions ont un caractère plutôt "conservateur".

La modernisation, associée à une certaine expérience reproductive, pourrait avoir un effet positif sur la capacité des femmes à se démarquer des valeurs natalistes traditionnelles pour adopter un comportement innovant.

Finalement, on assiste à l’apparition d’une ambivalence chez les femmes pour ce qui est de la mise en couple et de la valeur de l’enfant. Mais quand il s’agit de dépasser cette ambivalence pour adopter un comportement plutôt moderne comme l’usage de la contraception dans le but de gérer sa vie reproductive, seules les citadines semblent en être capables. Les femmes rurales ne voient en la contraception qu’une solution d’espacement dans le cas où les naissances trop rapprochées représentent un danger pour les femmes. Le rejet de la pratique contraceptive est d’ailleurs plus marqué parmi les femmes rurales plus âgées (35-49 ans).

Ces quelques tendances qui se dégagent ouvrent le débat sur le rôle et la place de la femme nigérienne dans sa vie reproductive. Entre les pressions sociales et familiales, le respect du conjoint et les recommandations religieuses, quelle marge de manœuvre possède-t-elle pour opérer des choix reproductifs libres et conformes à ses aspirations? Et quelles aspirations? La troisième partie de ce travail (principaux résultats) apporte des réponses à ces interrogations.

Troisième partie

Principaux résultats

Chapitre 7. Émergence de la capacité à "dessiner sa famille" à travers la représentation de la descendance idéale

38

Lentement, la fin de l'exception de la fécondité africaine discutée par Locoh et Makdessi (1995) et par de nombreux auteurs se confirme. Les niveaux de fécondité ont diminué dans nombre des pays africains même s'ils stagnent encore. Les dernières enquêtes démographiques et de santé (EDS 2011-2013) indiquent un nombre d'enfants par femme de 5,3 au Sénégal, 5 en Côte d'Ivoire et même en dessous de la barre de 5 enfants pour le Bénin (4,9 enfants)39. Cette baisse de fécondité est cependant loin d'être partout amorcée. Le niveau de fécondité reste toujours élevé dans certains pays comme le Niger, où, l'ISF culmine à 7,6 enfants par femme en 201240. Ce nouveau record résulte d'une hausse de la fécondité en milieu rural. Selon les enquêtes EDS, au cours de la période 2006-2012, l'ISF a augmenté en milieu rural (7,3 à 8,1 enfants) alors qu'il a baissé en milieu urbain (6,1 à 5,6 enfants). L'écart de fécondité entre les deux milieux s'est alors creusé davantage.

Bien que ce différentiel urbain-rural de fécondité reste une caractéristique des pays africains (Talnan et Vimard, 2009), sa récente augmentation au Niger est étonnante, surtout au regard des efforts entrepris dernièrement pour la réduction des inégalités géographiques d'accès à la contraception. Aujourd'hui, plus que par le passé, certaines initiatives dans le domaine de la planification familiale et la santé reproductive41 s’étendent également aux populations rurales (UNFPA, 2012).

Talnan et Vimard (2009) montrent que cet écart urbain/rural ne dépend pas du niveau général de la fécondité et qu'il est spécifique à chaque pays. Plusieurs facteurs individuels, familiaux et contextuels peuvent le justifier. Les citadins cumulent les avantages de l'exercice d'une activité économique, d'un meilleur niveau de vie, d'un niveau d'instruction plus élevé, etc., facteurs qui favorisent une meilleure utilisation de l'information et de la contraception déjà plus accessibles en ville que dans les villages.

En plus des avantages qu'elle offre dans la pratique contraceptive et en matière d'entrée plus tardive en union qu'elle impose ou qu'elle garantit, la ville africaine

38 Chapitre publié: NOUHOU A. M., (2016), "Émergence de la capacité à «dessiner sa famille» au Niger à travers l’image de la descendance idéale", in: GIRARD C., PENNEC S., SANDERSON J.-P. (eds), Trajectoires et âges de la vie (Actes du XVIIIe colloque de l'Association internationale des démographes de langue française), 24 p.

39 Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples 2011-2012 pour la Côte d’Ivoire, EDS Continue 2012-2013 pour le Sénégal et EDS 2011-2012 pour le Bénin.

40 L’enquête démographique du Niger (DSCN, 1960) estime l'ISF à 6,1 enfants par femme pour la période 1959-1960. Il est estimé à 7,1 enfants par femme à partir des données du recensement général de la population de 1988 (BCR, 1992).

41 Il s'agit des initiatives comme l’école des maris, les comités de soutien à la SR, la distribution à base communautaire (DBC) des contraceptifs, les centres amis des jeunes, etc.

est le carrefour d'une nouvelle forme d'individualisation (Calvès et Marcoux, 2007; Marie, 1997a; Marie, 1997b). Une individualisation à l'africaine 

"processus hybride, fait de compromis" entre les priorités individuelles et celles du groupe (famille, clan, société, etc.)  qui pourrait accélérer l'émergence de l'individu et influencer ses choix quotidiens jusqu'à la sphère reproductive. A cheval entre la tradition et la modernité, les citadins seraient ainsi plus susceptibles d'aspirer à des nouveaux idéaux en matière de fécondité.

L'effet de la crise économique sur les structures familiales africaines s'est traduit par une diversification et une recomposition de la famille, sans destruction de sa forme élargie (Pilon et Vignikin, 1996). Des relations multiformes et évolutives entre ces nouvelles structures familiales et la fécondité se sont établies (Locoh, 2002). D'une manière générale, on assiste à une "renégociation des relations interindividuelles au sein et hors des familles" (Pilon, 1996). Les effets de ces métamorphoses familiales et sociétales n'ont probablement pas épargné les aspirations reproductives des individus. Le changement dans les relations de genre, par exemple, induit une individualisation, souvent conflictuelle, des comportements reproductifs, avec en l'occurrence des divergences dans les aspirations reproductives des conjoints (Bankole, 1995 ; Bankole et Susheela, 1998). Dans les couches sociales urbaines pauvres, les préférences reproductives sont entrées en conflit avec les stratégies de survie des ménages (Rossier, Senderowicz et Soura, 2013). En outre, le rôle des préférences sur les réalisations fécondes, via le recours à la contraception, semble aujourd'hui de première importance (Pritchett, 1994).Les différences de fécondité pourraient ne refléter que les différences dans le changement des aspirations reproductives.

Il est donc important d'examiner dans quelle mesure le processus d'individualisation (décrit plus haut) va de pair avec l'émergence d'une plus grande capacité des individus à se fixer un projet de fécondité. Cela est davantage pertinent parmi les groupes pour lesquels les vagues de changement semblent plus fortes et plus profondes (les jeunes générations, les citadins, les plus instruits, etc.). C'est l'objet de ce chapitre qui examine, dans le contexte du Niger, l'émergence au fil des générations de cette capacité à se donner un projet précis de fécondité tant chez les hommes que chez femmes. Il s’agit d'apporter un éclairage sur l'émergence d'une plus grande capacité des individus à

"conceptualiser" la taille de leur descendance, un signe annonciateur d'une fécondité contrôlée (van de Walle, 1992).