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Chapitre 4. Maitrise de la fécondité: spécificités du Niger par rapport au

4.2 Singularités nigériennes en matière de maîtrise de la fécondité

4.2.1 Contextes socioéconomiques des trois pays

Le taux d’alphabétisation des jeunes reflète les résultats du système scolaire (niveau primaire) au cours des dix dernières années et est souvent considéré comme un indicateur des progrès accomplis dans les domaines économique et social (UIS, 2016)25. Cet indicateur souligne le retard important accusé par le Niger comparativement au Burkina Faso et au Mali ; un retard de plus de 15 ans, puisque son niveau pour le Niger en 2015 (26,6%) serait inférieur à ce qu’il était en début des années 2000 pour le Mali et le Burkina Faso (supérieur à 30%

en 2003 dans les deux pays).

De plus, les inégalités entre filles et garçons en matière d’alphabétisation est encore plus importantes au Niger. L’indice de parité en la matière y est aujourd’hui encore plus faible que ce qu’il était au Mali et au Burkina Faso dans les années 2000. Ainsi donc, comparativement à ces deux pays, le faible niveau d’alphabétisation des jeunes au Niger, doublé d’un désavantage au détriment des filles, souligne le retard important accusé par le Niger en matière de progrès économique et social.

25 UNESCO institute for statistics.

Tableau 4.1 – Alphabétisation des jeunes et des adultes de 2000 à 2015 au Niger, au Burkina Faso et au Mali

Années

Jeunes (15-24 ans) Adultes (plus de 15 ans) Taux (en %) Indice de parité

(filles/garçons) Taux (en %) Indice de parité (filles/garçons)

BF NE ML BF NE ML BF NE ML BF NE ML

2000

2001 19,8 0,54 14,4 0,48

2002

2003 31,2 30,6 0,65 0,65 21,8 24,0 0,52 0,49

2004

2005 33,0 36,5 0,66 0,44 23,6 28,7 0,53 0,35 2006 32,7 38,8 0,67 0,65 22,5 26,2 0,55 0,52

2007 39,3 0,71 28,7 0,59

2008

2009

2010 44,3 0,60 31,1 0,47

2011 47,1 0,69 33,6 0,57

2012 23,5 0,44 15,5 0,38

2013

2014 50,1 0,77 34,6 0,59

2015 52,5 26,6 49,4 0,80 0,47 0,65 37,7 19,1 33,1 0,60 0,40 0,49 Source des données: UNESCO Institute for statistics, http://data.uis.unesco.org

Le progrès cumulé de l’éducation primaire et de l’alphabétisation peut se traduire par le taux d’alphabétisation des adultes, lequel constitue un potentiel pour le développement intellectuel et une contribution accrue au développement socioéconomique et culturel de la société (UIS, 2016). Le gap existant entre le Niger et ses deux voisins est aussi visible à travers cet indicateur. En effet, le Mali est aujourd’hui en avance de 10 points sur le Niger en ce qui est du taux d’alphabétisation des adultes. Ce taux pour le Burkina Faso est presque le double de celui du Niger. Même si, en termes d’indice de parité femmes-hommes, le Niger (0,40) est aujourd’hui relativement proche du Mali (0,49), il reste tout de même dernier du groupe puisque le Burkina Faso se démarque par un plus faible désavantage des femmes (0,60).

Comparativement au Burkina Faso et au Mali, ces chiffres décrivent un contexte nigérien nettement en retard en matière de développement socioéconomique.

L’examen comparatif de la situation de la pauvreté dans ces pays corrobore ce constat.

Figure 4.1 – Évolution de la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté au Niger, Mali et Burkina Faso

Source des données: Banque Mondiale (2016), http://donnees.banquemondiale.org Quel que soit le seuil absolu retenu (3,10 ou 1,90 dollars), la part de la population nigérienne vivant en dessous de ce seuil de pauvreté est plus importante. Des années 1990 jusqu’en 2005 environ, le Burkina Faso et le Mali ont connu une baisse importante de cette proportion, ce qui n’est pas le cas pour le Niger où elle a baissé plus lentement. C’est seulement au cours des cinq dernières années que le Niger a réalisé une réduction plus rapide, relativement aux autres pays, de la part de sa population vivant dans la pauvreté et ainsi a rattrapé son retard face au Mali. Un autre aspect important du développement socioéconomique est l’urbanisation. Sur ce plan également, le Niger semble légèrement en retard.

Tableau 4.2 – Évolution de la proportion de la population urbaine au Niger, au Burkina Faso et au Mali d’après les recensements généraux de la population

Années 1988 1985 1996 1998 2001 2006 2009 2012

Sources des données: Burkina Faso : RGPH 1985, 1996 et 2006 (INSD), Niger : RGPH 1988, 2001 et 2012 (INS) et Mali : RGPH 1998 et 2009 (INSTAT).

Dans les années 1980, le Niger présentait une proportion plus importante de population urbaine que le Burkina Faso. Témoin d’une urbanisation plus rapide au Burkina Faso, ce rapport s’est inversé dans les décennies 1990 et 2000.

Aujourd’hui encore, il subsiste un léger écart en matière d’urbanisation entre le Niger (21,7% en 2012) et les deux autres pays où les taux étaient supérieurs à

0

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Seuil de 3,10$ par jour, en PPA 2011

Niger

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Seuil de 1,90$ par jour, en PPA 2011

Niger Burkina Faso Mali

22% depuis 2009. Mais d’une manière globale, la part de la population urbaine est assez proche d’un pays à l’autre.

Ce tableau comparatif rapide montre qu’il existe une différence importante entre les trois contextes socioéconomiques, précisément entre le Niger et les deux autres pays. Ces spécificités contextuelles du Niger peuvent en partie expliquer ses singularités en matière de fécondité. 2013), il est possible de calculer des séries d'ISF à partir de plusieurs EDS26. On peut ainsi rétrospectivement dégager une vision de long terme de la fécondité selon plusieurs sources et explorer la présence ou l'absence d'une tendance.

Cet exercice sur le Niger à partir des trois dernières EDS (1998, 2006 et 2012), sur une période de 15 ans avant ces enquêtes, confirme que la fécondité y est restée stagnante depuis les années 1980 et avec de fortes fluctuations.

Figure 4.2 – Tendance de la fécondité entre 1980 et 2010 à partir des 3 fécondité par âge et à l'aide d'un modèle de régression de Poisson, cet outil permet de reconstruire l'évolution de la fécondité sur de longues périodes précédant une enquête. La superposition des schémas issus d'enquêtes différentes permet alors d'examiner tendance de la fécondité sur une période plus longue.