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Chapitre 3. Concepts, données et mesures

3.4 Données et sources

3.4.3 Données de l'enquête quantitative Hope

Malgré la disponibilité des données qu'elles collectent et la richesse de celles-ci, les EDS ne sont pas propices aux analyses pointues sur le rôle de la religion. En effet, lorsqu'elles collectent des données sur la religion, les EDS ne renseignent guère plus que le type de confession (musulman, chrétien, etc.). Or, la quasi-universalité de l'Islam au Niger (à plus de 95%) rend impossible toute analyse différentielle suivant le type de confession. D'autres indicateurs, comme l’intensité de la pratique religieuse, sont alors nécessaires pour évaluer plus précisément le rôle de la religion, avec éventuellement un recours à des modèles multivariés.

Certaines enquêtes quantitatives qui mettent un accent particulier sur la religiosité en Islam en lien avec les comportements reproductifs donnent l'opportunité de mener des analyses plus aiguës sur l'effet net de la religion.

C'est le cas d'une enquête quantitative récemment réalisée (en 2014) au Niger

15 REM-Africa est un cabinet d'études de marché basé à Niamey au Niger (www.rem-africa.com). Le groupe Hope Consulting, un cabinet de conseil en stratégie basé aux États-Unis (Camber Collective depuis juillet 2015, www.cambercollective.com) a travaillé avec REM-Africa dans le cadre des ses enquêtes qualitative (2013) et quantitative (2014).

par Hope Consulting16 dans le cadre d'un partenariat pour l'amélioration de l'utilisation des méthodes contraceptives modernes. Cette enquête17 met un accent particulier sur les effets de la religion sur les comportements reproductifs des femmes. Riches et détaillées, aussi bien sur les questions religieuses que sur les facteurs importants du recours à la contraception, les données récoltées par cette enquête sont utilisées pour le besoin des analyses menées dans les chapitres 8 et 9 (voir annexe 3.4 pour le questionnaire utilisé).

Échantillon

Sur le modèle du plan d'échantillonnage de l'enquête EDS 2012, l'enquête susmentionnée a permis d'interroger un échantillon de 2004 femmes âgées de 15 à 49 ans dans six régions du pays18, en milieu rural comme en milieu urbain.

Les femmes échantillonnées sont en majorité musulmanes (99%). La mesure de la religiosité étant plus précise et cohérente au sein d'une même confession, les quelques femmes de religion chrétienne, de religion traditionnelle ou sans religion (1,15%) sont exclues de l'échantillon d'analyse.

Figure 3.2  Filtres pour l'échantillon d'analyse

16 Hope Consulting est devenu Camber Collective à partir de Juillet 2015. C'est un cabinet de conseil en stratégie au service d’organisations philanthropiques, non-gouvernementales, multilatérales et bilatérales, dans un large éventail de secteurs, dont la santé mondiale, l’intégration financière et l’efficacité du développement (www.cambercollective.com).

17 Les données de cette enquête ont fait l’objet d’une étude préliminaire. Celle-ci a montré qu’il existe une grande variabilité de besoins en planification familiale, d’attitudes et de comportements parmi des femmes ayant des caractéristiques démographiques similaires (Dalglish et al, à paraitre).

Elles concluent que c’est en agissant sur des segments spécifiques, élaborés à partir aussi bien des besoins que de la vision des femmes (valeurs et croyances), que l’on pourrait déclencher un changement de comportement.

18 Pour des raisons d'insécurité, les régions de Tillabéry et de Diffa ont été exclues du plan d'échantillonnage.

2004

1981

1781

Échantillon initial

Femmes musulmanes

Femmes musulmanes et

mariées Moins 23 femmes

chrétiennes, de religion trad. ou sans

religion (1,15%)

Moins 200 femmes musulmanes non en union (10,10%)

De même, toujours pour des raisons d'homogénéisation de l'échantillon d'analyse, des 1981 femmes musulmanes restantes, nous excluons les femmes non mariées pour trois raisons:

a) Vivre ou non avec un mari conditionne systématiquement les comportements reproductifs des femmes. Au Niger où le rapport sexuel prénuptial chez les femmes reste peu fréquent19, la question du recours à la contraception moderne pour les jeunes filles ne se pose véritablement que dans le cadre du mariage ou d'une union formelle.

b) Aussi, les questions relatives au degré d'autonomie de la femme, définie et utilisée par la suite, font référence au rapport que celle-ci entretient avec son mari dans la gestion du ménage ou en matière de procréation.

Ce rapport conflictuel ou coopératif entre la femme et son mari est remplacé par un rapport d'autorité parents-filles chez les jeunes femmes célibataires. Quant aux veuves, elles seraient moins contraintes par une tierce personne dans leur prise de décisions. La situation maritale demeure donc déterminante dans la définition de l'autonomie de la femme.

c) De plus, le mariage compte parmi les signaux de la transition à l'âge adulte dans le contexte nigérien. Les obligations religieuses comme la régularité dans la prière et le jeûne (ramadhan) s'imposent systématiquement à l'individu après son premier mariage. Les femmes mariées ne sont donc pas comparables aux célibataires sur le plan religieux.

Finalement, 200 femmes veuves ou célibataires, soit 10% de l'effectif des musulmanes, sont exclues de l'échantillon d'analyse. Ce dernier compte définitivement 1781 femmes musulmanes et mariées.

Qualité des données

Les structures d'âge et du niveau d'instruction des femmes établies à partir de cette enquête sont assez proches de celles issues de l'EDS 2012. Le niveau de connaissance des méthodes contraceptives, traditionnelles comme modernes, ne varie que légèrement entre les deux sources. Pour les méthodes modernes, il est de 88% selon l'EDS 2012 contre 77% selon les données de l'enquête Hope. La proportion des femmes ayant déjà utilisé une méthode traditionnelle (11,2%) est pratiquement identique à celle fournie par l'EDS 2006 (11,8%).

19 L'âge médian des femmes de 25-49 ans aux premiers mariages (15,7 ans) est inférieur à leur âge médian aux premiers rapports sexuels (15,9 ans) (EDSN MICS IV, 2012).

Tableau 3.3  Qualité des données par rapport aux enquêtes EDS

EDS 2012 Enquête Hope

Effectif (Enq.

Hope) Structure par âge de la population des femmes (15-49 ans)

15-19 16,4 17,7 355

20-24 17,8 21,4 429

25-29 20,4 18,7 374

30-34 16,6 17,5 350

35-39 12,9 11,3 227

40-44 8,9 7,9 159

45-49 7,0 5,5 110

Niveau d'instruction des femmes

Aucun 80,0 60,9 1221

Primaire 11,4 23,5 471

Secondaire 8,5 15,6 312

Connaissance des méthodes contraceptives (%)

Au moins une méthode moderne 87,7 76,6 1535

Au moins une méthode traditionnelle 38,7 40,1 804

Recours passée à la contraception (%)

Au moins une méthode moderne - 33,1 590

Au moins une méthode traditionnelle - 11,2 225

Nombre idéal moyen d'enfants (pour

les femmes) 9,2 9,4 N=2004

A partir de la question "avez-vous déjà utilisé quelque chose ou essayé de n'importe quelle manière de retarder ou d'éviter une grossesse?" posée à l'EDS 2012, on a 28,7% des femmes qui répondent oui, ce qui est assez proche du chiffre de 33,1% de femmes ayant utilisé au moins une fois (ever use) une méthode moderne de contraception.

Rappelons que les informations sur la pratique contraceptive ne sont pas utilisées ici pour mesurer le niveau de la pratique contraceptive, mais plutôt pour évaluer les liens entre certains facteurs (caractéristiques socioéconomiques, religiosité, etc.) et les comportements des femmes en matière contraception. La qualité de ces données est en ce sens acceptable pour servir cet objectif.