• Aucun résultat trouvé

Projet de famille et processus d'autonomisation des individus en matière de fécondité au Niger

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Projet de famille et processus d'autonomisation des individus en matière de fécondité au Niger"

Copied!
335
0
0

Texte intégral

(1)

Thesis

Reference

Projet de famille et processus d'autonomisation des individus en matière de fécondité au Niger

NOUHOU, Abdoul Moumouni

Abstract

La fécondité au Niger reste aujourd'hui encore très élevée. La situation socioéconomique difficile que traverse le pays ainsi que les normes sociales à l'égard de la procréation demeurent favorables à une culture de descendance nombreuse. Le débat sur les conditions nécessaires à l'émergence d'une fécondité contrôlée y est d'actualité. Cette thèse traite de l'autonomisation des Nigériens dans la sphère reproductive, tout en plaçant l'individu et ses aspirations au centre des analyses. Elle examine les signes annonciateurs d'une nouvelle vision de la procréation, compatible avec une plus grande liberté d'arbitrages. Les résultats montrent un début d'individuation des comportements reproductifs. Des signes d'ambivalence et une montée des nouvelles tendances, aussi bien dans les attitudes que dans les comportements reproductifs des femmes, témoignent d'un début de distanciation à l'égard des normes socioculturelles et religieuses. Toutefois, malgré une capacitation accrue à travers certains facteurs socioéconomiques comme l'instruction, l'entourage social et la religion influencent [...]

NOUHOU, Abdoul Moumouni. Projet de famille et processus d'autonomisation des individus en matière de fécondité au Niger . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2016, no.

SdS 45

URN : urn:nbn:ch:unige-886113

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:88611

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:88611

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

processus d'autonomisation des individus en matière de

fécondité au Niger

THÈSE

présentée à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève

par

Nouhou Abdoul Moumouni

sous la direction de

prof. Claudine Sauvain-Dugerdil et prof. Clémentine Rossier

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences de la société mention démographie

Membres du jury de thèse:

M. Philippe WANNER, Professeur, président du jury M. Jean-Francois KOBIANE, Professeur, Université de

Ouagadougou, Burkina Faso

Thèse no 45

Genève, 12 septembre 2016

(3)
(4)

Genève, 12 septembre 2016 Le doyen

Bernard DEBARBIEUX

Impression d'après le manuscrit de l'auteur

(5)
(6)

« Si ce n’est le caractère propre de la personne, mais les traditions et les mœurs des autres qui dictent les règles de conduite, c’est qu’il manque l’un des principaux

ingrédients du bonheur humain, et en tout cas l’ingrédient le plus essentiel du progrès individuel ou social.»

John Stuart Mill, De la liberté, 1859

(Traduit de l'anglais par Laurence Lenglet, 1990)

(7)
(8)

Table des matières

Table des matières ... vii

Liste des tableaux ... xiii

Liste des figures ... xv

Résumé ... xvii

Remerciements ... xix

Introduction ... 1

Première partie ... 5

Chapitre 1. Des courants explicatifs de la fécondité à la notion de projet de fécondité: un cadre théorique ... 7

1.1 Consensus et controverses à propos de la baisse de la fécondité ... 8

1.1.1 De la baisse généralisée de la fécondité ... 8

1.1.2 Controverse autour des causes à l'origine de la baisse ... 9

1.2 Retour aux premières explications de la transition de la fécondité ... 11

1.3 Développement macro-économique... 12

1.4 Valeur de l'enfant ... 15

1.4.1 Théories micro-économiques ... 15

1.4.2 Flux intergénérationnel de richesses ... 16

1.5 Condition de la femme dans une perspective de genre ... 17

1.5.1 Genre et fécondité ... 18

1.5.2 Instruction de la femme ... 19

1.5.3 Activité économique féminine ... 20

1.5.4 Rôle de l'enfant et inégalités de genre ... 22

1.6 Approches socioculturelles et valeurs ... 24

1.6.1 Diffusion des valeurs ... 25

1.6.2 Religion et comportements reproductifs ... 26

1.7 Programmes de planification familiale ... 29

1.8 Synthèse: l'individu et ses aspirations au cœur de l'explication ... 31

Chapitre 2. Problématique et questions de recherche ... 35

2.1 Échecs des politiques et forte croissance démographique ... 35

2.2 Pistes explicatives du maintien d'une fécondité élevée au Niger ... 37

2.2.1 Quelques signaux de la métamorphose en cours ... 38

2.2.2 Vers une perspective compréhensive des comportements reproductifs ... 42

2.3 Questions de recherche et plan de travail ... 43

2.3.1 Questions de recherche ... 43

(9)

2.3.2 Principaux axes d'investigation ... 45

2.3.3 Objectifs et plan de travail ... 46

Chapitre 3. Concepts, données et mesures ... 49

3.1 Préférences en matière de fécondité: terminologies et définitions ... 49

3.1.1 Préférences, un champ lexical flou ... 50

3.1.2 Les préférences à travers les enquêtes EDS ... 53

3.2 Nature contextuelle des préférences, ambivalence et limites ... 59

3.2.1 Dimension contextuelle des préférences ... 59

3.2.2 Préférences et ambivalence ... 60

3.2.3 Limites de la notion de préférences ... 61

3.3 Religion et religiosité... 63

3.3.1 Définitions ... 63

3.3.2 Religiosité: un concept multidimensionnel ... 64

3.3.3 Spécificités de la religiosité islamique ... 65

3.4 Données et sources ... 66

3.4.1 Données des enquêtes démographiques et de santé ... 67

3.4.2 Données qualitatives ... 68

3.4.3 Données de l'enquête quantitative Hope ... 69

3.5 Indicateurs et mesures ... 72

3.5.1 Projet de fécondité ... 73

3.5.2 Culture contraceptive ... 77

3.5.3 Fécondité réalisée ... 78

3.5.4 Niveau de vie socioéconomique du ménage ... 79

3.5.5 Degré d'autonomie de la femme ... 83

3.5.6 Religiosité en Islam ... 86

3.6 Synthèse ... 88

3.6.1 Bilan des liens entre les indicateurs ... 89

3.6.2 Rôle central de l’instruction de la femme ... 90

Deuxième partie ... 91

Chapitre 4. Maitrise de la fécondité: spécificités du Niger par rapport au Mali et au Burkina Faso ... 93

4.1 Précisions méthodologiques supplémentaires ... 94

4.2 Singularités nigériennes en matière de maîtrise de la fécondité ... 95

4.2.1 Contextes socioéconomiques des trois pays ... 95

4.2.2 Tendances de la fécondité ... 98

4.2.3 Changements des calendriers de fécondité dans les couches sociales 99 4.2.4 Fécondité idéale selon les classes socioéconomiques ... 101 4.2.5 Fécondité désirée, contraception et besoins en planification familiale

104

(10)

4.2.6 Potentiel de réduction de la fécondité selon les couches

socioéconomiques ... 105

4.3 Trente ans d'efforts de planification familiale ... 107

4.4 Analyse des facteurs de maîtrise de la fécondité ... 109

4.4.1 Variables et modèles d’analyse ... 109

4.4.2 Souhait d'une faible descendance ... 111

4.4.3 Expérience contraceptive ... 112

4.4.4 Réalisation d'une faible descendance ... 115

4.5 Synthèse ... 117

Chapitre 5. Islam en Afrique de l'Ouest, Islam au Maghreb : quels liens avec les comportements reproductifs? ... 121

5.1 Ici et là-bas, Islam et comportements reproductifs ... 121

5.2 Situation de la femme et développement socioéconomique: quels liens avec la fécondité? ... 123

5.2.1 Islam et contexte sociopolitique ... 123

5.2.2 Développement socioéconomique et fécondité ... 124

5.2.3 Situation de la femme et fécondité ... 125

5.2.4 Rôle de la migration ... 126

5.2.5 Des stratégies familiales différentes face à la crise ... 127

5.3 Un rôle plus important de la religion en Afrique de l'Ouest? ... 127

5.3.1 Pays musulmans du Sahel: une arène des luttes des valeurs ... 127

5.3.2 Politiques de population: divergences et convergences ... 129

5.3.3 Islam et programmes de planification familiale ... 130

5.4 Synthèse ... 131

Chapitre 6. Fécondité au Niger entre aspirations individuelles et autonomisation des femmes: une analyse exploratoire ... 133

6.1 Contours de l'autonomisation des femmes en matière de fécondité... 133

6.1.1 Contexte de la région de Zinder ... 134

6.1.2 Orientation théorique ... 136

6.1.3 Guide d'entretien ... 136

6.1.4 Sites, groupes et sélection des participantes ... 137

6.1.5 Déroulement des discussions ... 138

6.1.6 Exploitation des discussions ... 139

6.2 Bilan des constats préliminaires ... 139

6.2.1 Conditions d'une vie épanouie pour la femme et place de l'enfant 139 6.2.2 Mise en couple, premier mariage et droits de la fille ... 142

6.2.3 Pratique contraceptive: les marges de manœuvre de la femme ... 146

6.3 Synthèse ... 149

Troisième partie ... 151

(11)

Chapitre 7. Émergence de la capacité à "dessiner sa famille" à travers

la représentation de la descendance idéale ... 153

7.1 Prémices d'une fécondité contrôlée ... 154

7.2 Hypothèses de travail ... 155

7.3 Précisions méthodologiques supplémentaires ... 157

7.4 Évolutions récentes de la fécondité et de quelques déterminants proches 158 7.4.1 En ville et en milieu rural, une fécondité à double vitesse ... 158

7.4.2 Progrès et stagnations de l'âge d'entrée en union ... 159

7.4.3 Des avancées dans la pratique contraceptive, mais toujours un goût pour une descendance nombreuse ... 161

7.5 Tendance à mieux dessiner sa famille suivant les générations ... 163

7.5.1 Un idéal plus cadré au fil des générations ... 163

7.5.2 Vers une meilleure quantification de l'idéal ... 164

7.6 Facteurs de "quantification" et du "cadrage" du projet de fécondité ... 165

7.6.1 Un projet plus souvent chiffré mais moins souvent cadré ... 165

7.6.2 Genre et urbanisation ... 167

7.6.3 L'homme s'adapte à sa situation familiale ... 167

7.6.4 Forte influence de l'émancipation individuelle à travers l'instruction 168 7.6.5 Rôle mitigé du parcours de vie ... 169

7.7 Synthèse ... 169

Chapitre 8. Liberté reproductive et recours à la contraception: les influences religieuse et sociale ... 175

8.1 Compléments théoriques sur le rôle de l'entourage et de la religion .... 176

8.1.1 Opinions et comportements sous pression ... 176

8.1.2 Acceptation religieuse de la contraception ... 177

8.1.3 Vers la théorie du comportement planifié ... 178

8.1.4 Hypothèses de travail ... 181

8.2 Référents sociaux, espace des libertés ... 181

8.3 Opinion de la femme: entre religiosité et entourage social ... 183

8.3.1 Une opinion-type parmi les femmes ... 183

8.3.2 Le mari, un référent social de première importance... 184

8.3.3 Les femmes plus religieuses perçoivent plus souvent les leaders religieux comme favorables au contrôle des naissances ... 186

8.3.4 Des référents sociaux "modèle" pour la femme? Un choix fondé sur la religiosité ... 187

8.3.5 Rôle central du mari, formes de contrôle des naissances et religiosité 190 8.4 Entourage social, religiosité et expérience contraceptive ... 192

8.4.1 Une plus grande expérience contraceptive chez les moins religieuses 192

(12)

8.4.2 Derrière la religiosité, le rôle des opinions de la femme ... 193

8.4.3 Rôle central des opinions de la femme ... 194

8.5 Synthèse ... 199

Chapitre 9. Religiosité, projet de fécondité et contraception chez les femmes 203 9.1 Hypothèses de travail et modèles d'analyse ... 204

9.1.1 Hypothèses de travail ... 204

9.1.2 Modèles d'analyse ... 205

9.2 Les facteurs du projet de fécondité ... 205

9.2.1 Projet de fécondité, religiosité et facteurs socioéconomiques ... 207

9.2.2 Modèles à interactions entre la religiosité et les facteurs socioéconomiques ... 209

9.2.3 Constats généraux ... 210

9.2.4 Les femmes plus religieuses sont plus favorables à une descendance nombreuse au village qu'en ville ... 211

9.2.5 Les femmes plus religieuses précisent plus souvent leur projet de fécondité avec l'âge ... 212

9.2.6 Effets interactifs de l'âge et de la religiosité selon les contextes socioéconomiques ... 213

9.3 Pratique contraceptive, religiosité et projet de fécondité ... 215

9.3.1 Expérience contraceptive, religiosité et projet de fécondité ... 215

9.3.2 Facteurs liés à l'expérience contraceptive des femmes ... 217

9.4 Synthèse ... 219

Conclusion générale et discussion ... 221

Bibliographie ... 231

Annexes ... 257

(13)
(14)

Liste des tableaux

Tableau 3.1 – Typologie des intentions de fécondité selon trois études ... 52

Tableau 3.2  Géographie des groupes et profils des participantes ... 69

Tableau 3.3  Qualité des données par rapport aux enquêtes EDS ... 72

Tableau 3.4 – Aspirations reproductives des femmes âgées de 40-49 au Burina Faso, Mali et Niger ... 74

Tableau 3.5  Mesure du souhait du projet de fécondité ... 76

Tableau 3.6 – Générations des femmes âgées de 40 à 49 ans au moment des enquêtes et leurs âges en 1990 ... 78

Tableau 3.7  Caractérisation des groupes de statut économique ... 82

Tableau 3.8  Variables pour la mesure de l'autonomie de la femme ... 83

Tableau 3.9  Caractéristiques des groupes d'autonomie de la femme ... 85

Tableau 3.10  Dimensions et variables de la religiosité ... 86

Tableau 3.11  Caractérisation des groupes de religiosité ... 88

Tableau 3.12  Bilan des liens entre les indicateurs ... 89

Tableau 4.1 – Alphabétisation des jeunes et des adultes de 2000 à 2015 au Niger, au Burkina Faso et au Mali ... 96

Tableau 4.2 – Évolution de la proportion de la population urbaine au Niger, au Burkina Faso et au Mali d’après les recensements généraux de la population ... 97

Tableau 4.3 – Répartition des échantillons des femmes âgées de 40-49 ans suivant les variables de comportements reproductifs et quelques variables socioéconomiques ... 110

Tableau 4.4 – Structures types des modèles à estimer ... 110

Tableau 4.5 – Rapports de cotes pour le souhait d’une descendance faible parmi les femmes âgées de 40 à 49 ans selon les facteurs socioéconomiques et culturels ... 112

Tableau 4.6 – Rapport de cotes pour avoir utilisé une méthode contraceptive quelconque parmi les femmes âgées de 40 à 49 ans selon le souhait de descendance, les facteurs socioéconomiques et culturels ... 114

Tableau 4.7 – Rapport de cotes pour avoir réalisé une descendance faible parmi les femmes âgées de 40 à 49 ans selon l'expérience contraceptive, le souhait de descendance et les facteurs socioéconomiques et culturels ... 116

Tableau 4.8 – Synthèses des liens significatifs entre les facteurs explicatifs et les trois aspects de la maitrise de la fécondité par pays ... 118

Tableau 6.1 – Niveau d'instruction selon le sexe à Zinder et au niveau national ... 135

Tableau 6.2 – Profils des participantes et géographie des groupes ... 137

(15)

Tableau 6.3 – Les caractéristiques d'un bon mari selon les groupes et par milieu de résidence ... 144 Tableau 7.1  Liste des variables retenues selon le sexe et par thématique .. 158 Tableau 7.2  Facteurs associés au souhait d’enfants. Rapports de cote pour la

déclaration d’une réponse non numérique ou pour le souhait d’une descendance nombreuse chez les hommes et les femmes en union (modèles de régression logistique) ... 166 Tableau 8.1 – Référents sociaux et dimensions de la liberté reproductive ... 182 Tableau 8.2 – Liens entre les opinions des femmes et celles qu’elles perçoivent

de la part des autres acteurs ... 185 Tableau 8.3 – Rapport de cotes pour avoir une opinion favorable selon la

religiosité, la perception des opinions des référents sociaux et les caractéristiques socioéconomiques et démographiques (modèles de régression logistique) ... 191 Tableau 8.4 – Rapports de cote pour avoir déjà utilisé une méthode

contraceptive selon les opinions propres et les opinions propres prédites (régressions logistiques) ... 196 Tableau 8.5 – Rapports de cote pour avoir déjà utilisé une méthode

contraceptive selon les opinions propres et la perception des opinions des autres, la religiosité et les facteurs sociaux économiques (modèles de régression logistique) ... 198 Tableau 9.1  Souhait de descendance selon la religiosité et les facteurs

socioéconomiques et démographiques ... 206 Tableau 9.2  Rapports de cotes pour la déclaration d’une réponse non

numérique et pour le souhait d’une descendance nombreuse rapport au souhait d'une descendance moins nombreuse selon la religiosité et les facteurs socioéconomiques (modèles multinomiaux) ... 208 Tableau 9.3  Rapports de cotes pour la déclaration d’une réponse non

numérique et pour le souhait d’une descendance nombreuse rapport au souhait d'une descendance moins nombreuse selon la religiosité et les facteurs socioéconomiques (modèles multinomiaux avec interactions) ... 210 Tableau 9.4  Récapitulatif des effets interactifs milieu de résidence-religiosité

(rapports de cote) ... 211 Tableau 9.5  Récapitulatif des effets interactifs âge-religiosité (rapports de

cote) ... 212 Tableau 9.6  Rapport de cotes pour avoir déjà utilisé une méthode

contraceptive moderne selon le souhait de descendance nombreuse, la religiosité et les facteurs socioéconomiques (modèles de régression logistique) ... 218

(16)

Liste des figures

Figure 1.1  Nombre d'années requises pour doubler le PIB* par tête selon les taux annuels de croissance économique et démographique (UEMOA**, Guinée, Ghana, Mauritanie et Nigeria). ... 14 Figure 1.2 – Synthèse des principaux mécanismes par lesquels les aspects du

statut social de la femme affectent la fécondité. ... 24 Figure 1.3 – Place centrale de la "demande d'enfants" dans un schéma général

d'analyse des déterminants de la fécondité ... 33 Figure 2.1 – Fécondité élevée, mortalité infanto-juvénile en baisse: les

conditions d'une croissance rapide da la population réunies au Niger ... 36 Figure 2.2 – Plan général de travail ... 47 Figure 3.1  Modèle MRPI de religiosité islamique, Muslim Religiosity- Personality Inventory ... 66 Figure 3.2  Filtres pour l'échantillon d'analyse ... 70 Figure 3.3  Dimensions de la capacité à préciser son projet de fécondité ... 75 Figure 4.1 – Évolution de la part de la population vivant en dessous du seuil de

pauvreté au Niger, Mali et Burkina Faso ... 97 Figure 4.2 – Tendance de la fécondité entre 1980 et 2010 à partir des 3

dernières EDS, 15 années précédant l'enquête (ISF calculés avec le module tfr2) ... 98 Figure 4.3 – Descendance moyenne atteinte des femmes âgées de 40-49 ans

aux différentes EDS selon l'âge, par milieu de résidence et niveau d'instruction ... 100 Figure 4.4 – Distribution de la descendance idéale des femmes âgées de 15 à

49 ans selon quelques facteurs socioéconomiques ... 103 Figure 4.5 – Evolution des besoins non satisfaits, prévalence contraceptive

moderne, indice synthétique de fécondité (ISF) et indice synthétique de fécondité désirée (ISFD) selon les pays ... 104 Figure 4.6 – Écart entre ISF et ISFD aux dernières EDS selon le milieu de

résidence, le niveau d'instruction et le niveau de vie selon les pays 106 Figure 4.7 – Côte d'effort de planification familiale des trois pays de 1982 à 2009 ... 108 Figure 6.1 – Présentation de la région de Zinder ... 135 Figure 7.1  Niveau et tendance de la fécondité selon le milieu de résidence 159 Figure 7.2  Age médian au premier mariage chez les hommes (30-59 ans) et

les femmes (25-49 ans) ... 160 Figure 7.3  Évolution de la prévalence contraceptive et du nombre idéal

d'enfants selon le niveau d'instruction et le milieu de résidence ... 162 Figure 7.4  Proportion d'individus souhaitant une descendance de très grande

taille et nombre idéal moyen d'enfants selon les générations ... 163

(17)

Figure 7.5  Proportions de réponses non numériques selon les générations et le milieu de résidence ... 164 Figure 7.6  Rapports de cotes pour la déclaration d’une réponse non

numérique et pour le souhait d’une descendance nombreuse selon les générations ... 166 Figure 7.7  Rapports de cotes pour la déclaration d’une réponse non

numérique et pour le souhait d’une descendance nombreuse selon le niveau d'instruction ... 168 Figure 8.1 – Adaptation de la théorie du comportement planifié... 180 Figure 8.2 – Proportion des femmes favorables ou percevant les référents

sociaux favorables aux pré-requis d'un contrôle des naissances .... 183 Figure 8.3 – Proportion de femmes favorables et trouvant les autres acteurs

favorables aux libertés reproductives selon la religiosité (en %) ... 187 Figure 8.4 – Distances moyennes entre l'opinion de la femme et sa perception

de l'opinion des référents sociaux selon la religiosité, avec et sans l'espacement des naissances ... 188 Figure 8.5 – Proportions des femmes selon leur position par rapport aux

référents sociaux et selon le degré de religiosité ... 189 Figure 8.6 – Proportion de femmes connaissant au moins une méthode

contraceptive moderne et proportion de celles l'ayant déjà utilisé selon la religiosité ... 193 Figure 8.7 – Proportion de femmes ayant déjà utilisé une méthode

contraceptive moderne selon l'opinion à propos du contrôle des naissances et la religiosité (%) ... 194 Figure 9.1  Probabilités pour les femmes de souhaiter un type de descendance

selon leur âge et leur religiosité, contrôlées par leurs avantages socioéconomiques ... 214 Figure 9.2  Proportion de femmes ayant déjà utilisé une méthode contraceptive

moderne selon la religiosité et le projet de fécondité (%) ... 216 Figure 9.3  Proportion des femmes ayant déjà utilisé une méthode

contraceptive moderne selon le projet de fécondité, contrôlée par la religiosité (%) ... 217

(18)

Résumé

La fécondité au Niger reste aujourd’hui encore très élevée, même par rapport aux autres pays d’Afrique de l’Ouest. La situation socioéconomique difficile que traverse le pays ainsi que les normes sociales à l'égard de la procréation demeurent favorables à une culture de descendance nombreuse, laquelle, en retour, inhibe les effets positifs de la baisse de la mortalité des enfants et des efforts de planification familiale sur l’amorce d’une transition de la fécondité.

Aujourd’hui, l’une des questions les plus importantes est celle relative aux conditions nécessaires à l’émergence d’une fécondité contrôlée dans le pays.

C’est dans cette perspective que cette thèse traite de l'autonomisation des Nigériens dans la sphère reproductive. En plaçant l’individu et ses aspirations reproductives au centre des analyses, elle examine les signes annonciateurs d'une nouvelle vision de la procréation, celle qui serait compatible avec une plus grande liberté pour les individus, en particulier les femmes, d’opérer des choix reproductifs conformes à leurs aspirations. Plus spécifiquement, il s’agit d’examiner l’émergence d’un projet de fécondité et l’adoption d’une culture contraceptive à la lumière des facteurs socioéconomiques, de l’entourage social et de la religion.

Les données utilisées proviennent principalement de trois sources : les enquêtes démographiques et de santé, l’enquête quantitative organisée par le groupe Hope Consulting en 2014 au Niger et une enquête qualitative que nous avons menée en 2015 dans la région de Zinder (Niger).

Les résultats montrent un début d’individuation des comportements reproductifs chez les femmes. Des signes d’ambivalence et une montée des nouvelles tendances, aussi bien dans les attitudes que dans les comportements reproductifs, témoignent d’un début de distanciation à l’égard des normes socioculturelles et religieuses. Toutefois, malgré une capacitation accrue à travers certains facteurs socioéconomiques comme l’instruction, l’entourage social et la religion restent influents sur les comportements reproductifs. D’une manière générale, dans un contexte marqué par une certaine emprise de l’environnement social sur l’acceptation du contrôle de naissances, le projet d’enfant répond à une logique d’interactions entre les caractéristiques socioéconomiques et la religiosité.

(19)
(20)

Remerciements

Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont, d'une manière ou d'une autre, contribué à l'accomplissement de cette thèse. Mes premières pensées vont à mes directrices de thèse, Claudine Sauvain-Dugerdil et Clémentine Rossier. Je ne les remercierai jamais assez.

En acceptant de soutenir mes travaux de recherche et en me faisant confiance dès le début, Claudine a rendu cette aventure possible. Ses lectures, son suivi permanent et son soutien sur le plan académique et social ont été d'un apport inestimable pour la réussite de mes travaux.

Les conseils de lecture et de rédaction ainsi que les appuis méthodologiques de Clémentine ont énormément contribué à la structure et au contenu de cette thèse. En m'offrant l'opportunité de travailler sur des données originales collectées par le groupe Hope Consulting, elle a donné une nouvelle orientation, riche et innovante, à mes investigations.

Je remercie chaleureusement Jean-François Kobiané pour ses lectures et ses conseils. Il est le premier à attirer mon attention sur le potentiel d'une approche religieuse de la fécondité dans le contexte nigérien.

Gilbert Ritschard a lu les premières versions de cette thèse. Il a accepté d'en assurer la présidence du Jury, mais les circonstances en ont décidé autrement.

Qu'il trouve ici l'expression de toute ma gratitude. Je suis très reconnaissant envers Philippe Wanner qui a accepté de le relever dans cette fonction.

Mes collègues de l'institut de démographie et de socioéconomie (IDESO) m’ont été d’un support précieux. Volontiers, ils ont toujours répondu à mes questions avec gentillesse. Je pense à Adrien Remund, Matthias Studer, Mathias Lerch, Jonathan Zufferey et Emmanuel Rousseaux. Mention spéciale à Siaka Cissé, qui, en plus d’être un collègue toujours présent, a accepté de relire et corriger efficacement la dernière version de ce document.

La vie à la résidence universitaire est une expérience unique et multiculturelle.

Je ne pourrai m’empêcher de dire merci à tous ces collègues qui ont été pour moi une seconde famille.

Mon séjour de recherche a été financé par la Confédération suisse à travers son programme de bourse d’excellence pour les étudiants étrangers. Je salue vivement cette initiative créatrice de possibilités pour les jeunes chercheurs africains. Je remercie particulièrement Olivier Lombard et Jacques Moeschler pour leurs invitations, leurs réponses et leur disponibilité.

En plus d'être un cadre idéal pour mes travaux, IDESO a financièrement soutenu mes participations aux conférences ainsi que l'organisation de l'enquête qualitative que j'ai réalisée. Ma reconnaissance va à ses premiers responsables.

Si loin, si proche, ma famille a souvent été le dernier socle qui me faisait tenir le cap. Les prières interminables de ma très chère maman m'ont été très précieuses. La voix et les encouragements continus de mon épouse Nana Safaraou m'ont sans cesse rappelé que là-bas, je suis attendu. La réussite de cette thèse est aussi sa victoire.

(21)
(22)

A la mémoire d'un ami Soufiane Mamane

Que l’Éternel lui fasse miséricorde

(23)
(24)

Introduction

La baisse de la fécondité est globalement entamée en Afrique Sub-saharienne (Locoh, 2002; Vimard et al, 2001; Bongaarts et Casterline, 2012). Mais elle s'accomplit à un rythme lent et variable selon les pays. Certains pays ont encore une fécondité très élevée. C'est le cas du Niger où l'Indice synthétique de fécondité (ISF) est constamment supérieur à 7 enfants par femme au cours de ces vingt cinq dernières années (EDS, 1992, 1998, 2006, 2012). Les efforts en matière de politiques de population et la baisse indiscutable de la mortalité des enfants1 ne semblent pas suffisants pour inverser la tendance. La dernière politique de population adoptée en 2007 avait pour objectif principal de contrôler la forte croissance démographique du pays alors chiffré à 3,3% l'an. La stratégie était de promouvoir, l’"acquisition d’une mentalité et de comportements reproductifs aptes à induire au sein des populations une augmentation significative de l’utilisation de la contraception et une réduction des mariages précoces" à l’horizon 20152. Ce fut vraisemblablement un échec puisque le dernier recensement (RGPH 2012) évalue à 3,9% le taux d'accroissement intercensitaire (2001-2012) de la population.

Cette situation soulève de nombreuses interrogations parmi lesquelles celle de la capacité du pays à subvenir aux besoins sociaux fondamentaux de base de sa population (santé, nutrition et sécurité alimentaire, éducation, emploi, etc.). Il se pose aussi la question de l’efficacité de ce qui a longtemps été considéré comme le principal moyen d’assurer la transition de la fécondité dans les pays en développement : l'offre des services en matière de planification familiale, y compris la fourniture des moyens contraceptifs. Car, aussi efficace et pratique soit-elle, l'offre des méthodes contraceptives n'affecte pas systématiquement la demande; celle-ci étant tributaire des aspirations individuelles en matière de procréation (Pritchett, 1994). De plus, au-delà d’une utilisation circonstanciée des méthodes contraceptives, c’est l’adoption de la contraception comme style de gestion de la vie reproductive qui importe. Cette culture contraceptive serait elle-même un corollaire d’une vision pragmatique du projet de famille, non pas purement et rationnellement conçu, mais approximativement défini pour guider la gestion de la vie reproductive.

Dans cette perspective, l’approche de la planification familiale basée sur les droits de la personne (UNFPA, 2012a) ouvre une piste pertinente. En reconnaissant et promouvant les droits et les libertés individuelles en matière de reproduction, cette approche fait écho à la vision de Sen (2003) relative au développement, aux droits et aux libertés individuelles et collectives. Donc plutôt que de lui chercher des explications à un niveau global et agrégé, la forte fécondité nigérienne prendrait tout son sens au niveau de l’individu. Et la

1 "Le niveau de la mortalité infanto-juvénile enregistré aujourd’hui au Niger a diminué régulièrement au cours des vingt dernières années. Globalement, environ un enfant sur huit, (127‰) n’atteint pas son cinquième anniversaire [en 2012] contre un enfant sur trois (318‰) en 1992." Institut National de la Statistique (INS) et ICF International (2013).

2 Document de "Déclaration du Gouvernement en matière de politique de population";

version de février 2007.

(25)

question de reconnaissance des droits à la procréation va de pair avec celle de responsabilité parentale, car c'est "en saisissant leur capacité d'initiative que l'on reconnaît les individus comme êtres responsables" (Sen, 2003). Comme le montre de nombreuses pistes théoriques, avec ses aspirations et ses choix, l’individu reste au cœur de toute baisse durable de la fécondité. C’est cela que supposent la condition d’un calcul rationnel en matière de choix reproductifs (Coale, 1973) et la conceptualisation de la taille de la descendance (van de Walle, 1992).

Cette thèse se donne comme démarche générale d’examiner la place et le rôle de l’individu dans ses réalisations en termes de fécondité. Son degré d’autonomisation dans la gestion de sa vie reproductive ainsi que sa capacité à conceptualiser son souhait de descendance et à se donner un projet de fécondité plus ou moins précis constituent des signaux importants pour une individuation des comportements reproductifs. Comme introspection et capacité critique de déconstruction des idéaux socialement construits et intériorisés (Fleury, 2016), cette individuation conditionne toute baisse durable de la fécondité. C’est en ce sens que nos investigations prennent la forme d’une prospective de l’évolution de la fécondité au Niger.

Les attitudes et comportements de l’individu dépendent non seulement des incertitudes et des opportunités qui s’offrent à lui (Johnson‐Hanks, 2005), mais aussi des contraintes que lui impose le contexte (Sauvain-Dugerdil et al, 2014b).

Les aspirations reproductives ne sont donc guère isolées des valeurs dominantes qui caractérisent le contexte social et économique dans lequel elles s'expriment. Elles ont une nature sociale (Sauvain-Dugerdil, 2005). Ainsi, malgré un processus d'individualisation "à l'africaine" (Calvès et Marcoux, 2007), l’entourage social garderait une emprise sur les attitudes et comportements individuels. Son rôle peut se comprendre à travers l’influence sociale ou l’apprentissage social (Montgomery et Casterline, 1996). Il peut aussi s’interpréter en termes d’attentes perçues (normes subjectives) à travers le cadre de la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991; Ajzen et Klobas, 2013). Dans l'optique des valeurs, on peut s'interroger avec Simons (1982) sur le rôle de la religion en tant que système de significations. Religion dominante au Niger, l'Islam permettrait sans doute d’expliquer, au moins en partie, les attitudes et comportements reproductifs des Nigériens.

Notre travail est structuré autour de trois principales parties, chacune composée de trois chapitres. La première partie traite des préalables théoriques et méthodologiques. Elle regroupe les trois premiers chapitres, respectivement consacrés à la revue de la littérature (chapitre 1), la problématique (chapitre 2) et les aspects conceptuels et méthodologiques (chapitre 3).

A travers des analyses contextuelles comparatives (chapitres 4 et 5) et une étude qualitative exploratoire (chapitre 6), la deuxième partie de ce travail dégage les particularités du Niger en matière de maitrise de la fécondité et du potentiel explicatif de la religion dans la sphère reproductive. L'étude exploratoire qui achève la description du contexte permet de dresser un premier bilan des tendances actuelles émergentes en ce qui est de la place de la femme dans la gestion de sa vie reproductive, y compris en matière de mariage, de projet de fécondité et de contraception.

(26)

Composée des trois chapitres suivants (7, 8 et 9), la troisième partie présente les résultats les plus innovants de notre investigation. Le chapitre 7 explore la capacité des Nigériens à se donner un projet de fécondité, ou plus précisément leur capacité à quantifier et à cadrer leur projet de fécondité. L'examen du degré d'autonomisation des individus dans la sphère reproductive, notamment en matière d'acceptation du contrôle de naissances et de pratique contraceptive est mené au chapitre 8. Les influences sociale et religieuse sur les comportements reproductifs des femmes y sont étudiées. Le chapitre 9 a pour objectif d'analyser les liens entre la religion et le projet de fécondité des femmes. Il s'agit de comprendre laquelle des trois hypothèses formulées par Goldscheider (1971) et Chamie (1981) est vérifiée dans le contexte nigérien (l'hypothèse des caractéristiques, de la théologie particularisée ou d'interactions).

Le document se termine sur une synthèse des principaux enseignements tirés des analyses susmentionnées. Ces enseignements y sont discutés et les pistes de leur utilisation pratique précisées.

(27)
(28)

Première partie

Préalables théoriques et méthodologiques

(29)
(30)

Chapitre 1. Des courants explicatifs de la fécondité à la notion de projet de fécondité: un cadre théorique

La taille de la population, dans le monde ou dans un pays donné, a depuis toujours été l'objet de grande préoccupation, sans doute pour les enjeux de survie qui lui sont associés. Le nombre d'humains renvoie au rapport de force entre les groupes ou les sociétés, aux questions d'identité, de sécurité ou de partage des ressources de plus en plus limitées. La peur d'un effectif trop faible (Dumont, 1890; Landry, 1909; Graetz, 1944) ou trop nombreux (Malthus, 1817) sur la terre apparaît à des étapes marquantes de l'histoire3. Il fallait donc, pour des raisons pratiques, politiques ou scientifiques, décrire, comprendre et anticiper l'évolution du volume de la population. Comme une dimension de l'accroissement naturel de la population, la fécondité est donc très tôt devenue un des sujets les plus étudiés en démographie. Se référant aux écrits de Platon sur la Grèce et aux recensements de Rome, Vallin (2015a) affirme clairement que "toutes les sociétés humaines se sont efforcées d’influer sur la taille ou la composition de la population".

Selon que le contexte nécessite une population plus nombreuse (force de travail, sécurité ou survie de l'espèce) ou qu'il attise la peur du nombre (réduction des moyens de subsistance particulièrement), la procréation est encouragée ou découragée. Ce fut le cas quand André Graetz (1944) fustigeait le "manque d'hommes" comme premier et obsédant obstacle "auquel se heurte d'abord toute volonté de réforme ou de révolution" en France. Ce fut le cas quand Robert Malthus s'opposait à la "loi des pauvres" en Angleterre, arguant qu'elle ne ferait qu'encourager la fécondité et donc augmenter le nombre de pauvres. Pourtant, la crise que devait engendrer le déphasage entre une population à progression géométrique et des ressources à progression arithmétique qu'il prévoyait n'a pas eu lieu. L'industrialisation et le progrès scientifique et technique ont ouvert de nouvelles pistes de solution. Cela a conforté, du moins jusqu'à récemment, la position des auteurs comme Marx (1867) et Boserup (1965) qui n'ont pas vu dans la croissance démographique la source d'un avenir sombre de la condition humaine. Pour le premier, ce sont les modes de production et les systèmes de répartition des richesses qui définissent le volume de la population alors que pour la seconde, la pression démographique est plutôt un facteur catalyseur pour l'innovation.

3 Pasteur anglican et chargé de l'assistance aux pauvres, Malthus fut désillusionné de la possibilité d'un "progrès sans limites", doctrine prêchée par William Godwin et Nicolas de Condorcet, lorsque qu'il découvre brutalement la misère engendrée par la crise alimentaire de la période 1794-1800.

Le "Nouveau principe de population" d'Arsène Dumont s'appuie sur le "nouveau contexte économique et social créé par l’entrée dans l’industrialisation et le développement économique" pour justifier la baisse de la fécondité observée dans plusieurs pays européens (Leridon, 2014), via notamment une course des individus aux nouvelles opportunités de promotion sociale offertes par un nouveau contexte socioéconomique.

(31)

Mais les solutions et les espoirs nés du progrès réalisé sont aujourd'hui discutables. Des nouvelles menaces découlent des solutions trouvées: en améliorant les conditions de vie des populations (progrès et développement), la science et la technique ont engendré un nouveau style de vie qui induit, à travers des nouveaux modes de production et de consommation, la dégradation de l'environnement et le réchauffement climatique (entre autres). Parallèlement au débat sur la quête de solutions alternatives, en particulier orienté vers un retour à des modes de vie écoresponsables (Ascher, 2008), la question du nombre demeure toujours au centre des préoccupations. L'usage d'arguments scientifiques pour formuler des politiques démographiques reste d'actualité, même si la nécessité (Vallin, 2015a) et l'efficacité (Vallin, 2015b) de telles politiques restent contestables. Cet usage de la science pour légitimer des politiques est devenu fréquent au point où Basu (1997) parle de "politisation de la fécondité"4. Et vus le niveau actuel de la fécondité et le progrès dans la réduction de la mortalité infantile dans les pays en développement, cette hantise du nombre demeurera longtemps encore un sujet de préoccupation.

En l'absence des données statistiques pour accompagner les analyses, les premiers travaux sur la population furent de nature philosophique, politique ou idéologique. Avec l'arrivée des enquêtes sur la fécondité, comme la grande enquête de Princeton sur la fécondité en Europe (1963), une étape a été franchie. Au-delà des idéologies, l'on s'efforce à expliquer la variation spatio- temporelle et sociale de la fécondité à travers les masses des données désormais disponibles. Dans les pays en développement, l'avènement des recensements généraux de la population et des grandes enquêtes comme les enquêtes mondiales sur la fécondité (EMF) et dernièrement les enquêtes démographiques et de santé (EDS) a davantage facilité l'expansion d'une approche rigoureuse en sciences de la population. On sait depuis lors qu'il existe une certaine tendance "universelle" à la baisse de la fécondité, même si l'histoire récente de cette baisse dans les pays du Sud montre que des stagnations ou même des retournements de tendance sont possibles (Bongaarts, 2008; Sandron, 2013; Garenne, 2013).

1.1 Consensus et controverses à propos de la baisse de la fécondité

1.1.1 De la baisse généralisée de la fécondité

En dépit des exceptions africaines, il existe aujourd'hui encore un consensus à propos du schéma global d'évolution de la fécondité: d'un niveau élevé, la fécondité des pays passerait à un niveau faible, tombant parfois en dessous du seuil de remplacement des générations. Ce changement de niveau de fécondité serait précédé d'une baisse de la mortalité, laquelle se stabiliserait aussi à un

4 "This was what I call the 'politicization' of fertility, that is, the use of arguments based on theories of fertiliy to seek and design policies which may or may not have a direct bearing on fertility but which are important in their own right or for other political reasons." (Basu, 1997).

(32)

niveau bas (Notestein, 1953). Ce schéma théorique postule le passage d'un régime de forte fécondité et de mortalité élevée à un régime de faibles fécondité et mortalité. Sans suivre le processus théorique postulé, ce phénomène est avancé dans les pays développés. Par contre, dans d'autres parties du Monde, il se présente à des stades différents selon les pays et les régions. Plus avancé en Asie et en Amérique Latine, et à un niveau intermédiaire en Afrique du Nord, ce phénomène n'est qu'à son début en Afrique Sub-saharienne (Bongaarts and Watkins, 1996). Là encore, le paradigme tenace de la théorie de la transition démographique, lequel postule le passage d'un équilibre à un autre, ne semble pas se vérifier. La timide baisse de la fécondité engagée dans les années 1990 dans les pays Subsahariens s'est en moyenne estompée dans les années 2000.

Plus de la moitié de ces pays ont en effet connu une stagnation de la fécondité durant cette période (Bongaarts, 2008), et ce, malgré le recul de la mortalité infanto-juvénile.

L'hétérogénéité est donc grande même au sein d'une sous-région comme l'Afrique Subsaharienne. Certains pays comme le Ghana, le Kenya ou le Zimbabwe affichent aujourd'hui un indice synthétique de fécondité de 4 enfants par femme5. D'autres par contre, à l'instar du Mali et du Niger restent en marge de ce mouvement d'ensemble. Du reste, même dans ces contextes d'exception, si elle n'est pas perceptible à l'échelle d'un pays, la baisse de la fécondité l'est au moins dans certaines couches sociales (Talnan et Vimard, 2009).

1.1.2 Controverse autour des causes à l'origine de la baisse

Ce qui est un sujet de controverses n'est pas la baisse de la fécondité elle- même, mais les facteurs à l'origine de celle-ci. Des travaux précurseurs aux études plus récentes, les chercheurs n'ont jamais été unanimes sur les facteurs qui expliquent le déclenchement, la poursuite (parfois la stagnation) et l'accomplissement de la transition de la fécondité (Piché et Poirier 1992, 1995;

Leridon, 2014). D'ailleurs, aucun sujet en démographie n'a fait autant l'objet d'analyses théoriques et empiriques que la transition de la fécondité (Durlauf et Walker, 1999). Le débat sur ses causes a été  et est toujours âpre, fait de rebondissements et marqué par "une saine remise en question des certitudes simples, voire simplistes des années 60" (Locoh, 1985). Comme le souligne Leridon (2014), les chercheurs s'accordent de plus en plus sur l'existence non pas d'une théorie, mais des théories explicatives de la fécondité (Greehalgh, 1990; Cleland et Wilson, 1987; Van de Kaa, 1996).

L'une des premières explications avancées est celle formulée par Notestein (1953), un des pionniers de la théorie de la transition démographique. Pour lui, la baisse de la fécondité est liée au passage d'une société traditionnelle et agricole à une société moderne et industrielle. La première est caractérisée par la nécessité d'une fécondité élevée pour compenser la forte mortalité et assurer le besoin en main-d'œuvre agricole. Dans la seconde, les progrès en matière de santé et d'éducation entrainent une baisse de la mortalité, à travers notamment

5 D'après les EDS 2014, l'ISF est de 3,9 enfants par femme au Kenya et 4,2 au Ghana. Il est de 4,1 enfants par femme au Zimbabwe (EDS, 2010-2011).

(33)

une meilleure survie des enfants. La technologie réduisant le besoin d'une main- d'œuvre nombreuse, il s'en suit un recul de la fécondité, d'autant plus important que la mortalité est réduite.

Cette explication a fait l'objet de nombreuses critiques et des schémas explicatifs alternatifs ont vu le jour. Très souvent, les explications proposées n'ont été valables que dans des contextes socio-historiques précis. L'exercice de généralisation se heurtait toujours à des contre-exemples. En revisitant la théorie de la transition démographique, Coale (1973) montre qu'il existe une diversité de schémas d'évolution de la fécondité aussi bien avant que pendant la phase dite de transition. Il souligne que des pays à des stades de développement économique différents se trouvent parfois à la même étape de la transition démographique, du fait simplement des similitudes socioculturelles qu'ils partagent. Dès lors, la recherche d'une explication "universelle" fédérant la diversité des contextes historiques et des frontières socioéconomiques et culturelles parait sans issue.

Les pays en développement ne dérogent pas à ce constat. Les conclusions des travaux sur les facteurs explicatifs de la fécondité dans ces pays ne sont pas toujours convergentes. A parcourir la vaste littérature sur le sujet, le bilan des facteurs reconnus comme déterminants de la fécondité conduirait à une longue liste de variables entre lesquelles l'interdépendance n'est pas exclue. Tout de même, suivant la posture adoptée, certains facteurs semblent plus faire l'unanimité que d'autres. Dans la perspective des déterminants proches de la fécondité par exemple, le mariage et l'allaitement constituent les principaux déterminants de la fécondité en début de transition, ce qui est typiquement le cas pour une grande majorité des pays Subsahariens (Bongaarts, 1982). D'un point de vue de la condition féminine, ce sont le niveau d'instruction et le statut de la femme qui déterminent le plus la fécondité dans ces pays (Basu, 2002).

Ceux-ci sont modulés par des facteurs contextuels parmi lesquels, la structure familiale, les normes socioculturelles, etc. L'explication de la fécondité dépend donc toujours de la posture théorique adoptée par le chercheur.

Toute analyse explicative de la fécondité se fonde sur un cadre théorique balisé, explicite et plus ou moins accepté. Bien que notre travail n'ait pas pour objet d'expliquer la fécondité au Niger, il convient néanmoins de revenir sur quelques principaux courants explicatifs de la fécondité et d'en expliciter les chaines causales. Discuter de la pertinence de ces courants explicatifs dans le contexte Subsaharien aide, par la suite, à comprendre l'importance des aspirations individuelles en matière de fécondité, particulièrement dans une perspective

"offre-demande" d'enfants.

(34)

1.2 Retour aux premières explications de la transition de la fécondité

Le développement économique est au centre même de la définition de la transition de la fécondité telle que formulée par Notestein (1953). Au-delà du facteur économique, l'explication de Notestein regorge d'un ensemble de facteurs dont les liens avec la fécondité sont aujourd'hui encore, peut-être plus que par le passé, pertinents. Pour s'en convaincre, il convient de revenir à la pensée de Notestein (1953), comme l'a fait Coale (1973) pour résumer les idées sur la transition démographique:

"Les sociétés paysannes en Europe, et presque partout dans le monde, sont organisées de façon à exercer sur leurs membres de fortes pressions pour se reproduire. L'organisation économique des communautés agraires relativement autarciques repose essentiellement sur la famille et la perpétuation de celle-ci est la garantie essentielle de subsistance et de sécurité élémentaire. Lorsque les taux de mortalité sont élevés, la vie de l'individu est relativement exposée et peu importante. Le statut de l'individu dans la vie tend à être celui avec lequel il est né. C'est pourquoi les efforts que l'on fait pour avancer sont plutôt faibles.

L'éducation est courte et les enfants amorcent leurs contributions économiques tôt dans la vie. De plus, dans de telles sociétés, il y a peu d'occasions pour les femmes de réaliser soit un soutien économique, soit un prestige personnel en dehors des rôles d'épouse et de mère et les fonctions économiques de la femme sont organisées de façon à être compatibles avec une procréation continue.

Ces arrangements, qui se sont maintenus tout au long des siècles de forte mortalité sont largement soutenus par les croyances populaires, formalisées en doctrine religieuse et renforcées par les sanctions de la communauté. Ils sont profondément imbriqués au sein de l'édifice social et sont lents à changer. La mortalité a chuté assez promptement en réaction aux changements extérieurs, parce que l'humanité a toujours aspiré à la santé. Le déclin de la fécondité a toutefois attendu la désuétude progressive d'institutions sociales et économiques séculaires et l'apparition d'un nouvel idéal en ce qui concerne la taille de la famille.

Le nouvel idéal de la famille peu nombreuse est apparu d'une manière typique dans la société industrielle urbaine. Il est impossible d'indiquer avec précision les différents facteurs responsables mais, apparemment, beaucoup eurent de l'importance."

Notestein (1953), cité par Coale (1973), d'après Leridon (2014, eds).

Ce "nouvel idéal de famille moins nombreuse" émerge d'un certain nombre de conditions, lesquelles ont conduit à une limitation des naissances parmi les élites urbaines. Parmi ces conditions, Notestein citait, entre autres:

- la perte d'une partie des fonctions familiales en matière de production et de consommation;

(35)

- la définition de la place de l'individu dans la nouvelle société, notamment par son éducation et son travail (et non pas par sa naissance comme avant);

- l'érosion des pressions familiale, sociale et religieuse par la mobilité des jeunes et l'anonymat de la vie citadine;

- une plus grande indépendance économique des femmes et leur moindre soumission aux obligations du foyer;

- le coût de l'entretien des enfants et la baisse de leurs apports immédiats pour la famille;

- le déclin des anciennes croyances et le relâchement des normes sociales.

Ce tour d'horizon permet de relever l'ensemble des facteurs qui, via le développement socioéconomique, affectent la fécondité. On note, entre autres, le changement des valeurs, l'urbanisation, le rôle de l'enfant, l'éducation et le statut de la femme. Certains auteurs qualifient de structuro-fonctionnalisme l'ensemble de ces transformations qui modifient les rôles des individus dans la famille (femmes et enfants notamment) et ébranlent ainsi les structures familiales avant d'affecter la fécondité (Piché et Poirier, 1995). L'étude de ces mutations sociales et familiales sont au cœur de l'œuvre de Locoh (1985, 2001, 2002a, 2002b) dans le contexte Africain.

Les différences de fécondité entre les milieux urbain et rural en Afrique sont les plus élevées du monde (Canning et al, 2015). Cela s'explique tant par les inégalités spatiales de scolarisation et d'accès aux services de planification familiale, mais aussi par la nature des activités principales en milieu rural (en général l'agriculture) (Locoh, 2002b). C'est surtout les inégalités de scolarisation qui fondent ces différences à travers leurs effets sur l'âge d'entrée en union, l'accès à l'emploi et une meilleure utilisation des services de planification familiale.

D'une manière générale, nombre d'approches thématiques de la transition de la fécondité trouvent une certaine ébauche dans les explications avancées par Notestein (1953). Attardons-nous sur les rôles du développement économique, de la valeur de l'enfant, de la condition féminine, des facteurs socioculturels et des valeurs ainsi que le rôle des programmes de planification familiale.

1.3 Développement macro-économique

Sandron (2013) mentionne de nombreux travaux ayant examiné l'idée selon laquelle le développement socioéconomique va de pair avec une baisse de la fécondité (Shapiro et Gebreselassie, 2008; Garenne, 2008, 2009; Kreider et al, 2009). Même si cette idée semble acceptée par bon nombre de démographes, certains auteurs la considèrent comme fragile (Bongaarts, 2006; Garenne, 2009). En effet, les mécanismes à travers lesquels les conditions économiques affectent la fécondité varient selon les contextes, ce qui entrave une généralisation de la nature de cette relation. Il faut ajouter que dans certains pays comme la France, la fécondité a baissé avant même la révolution industrielle. Peut-on donc attendre que la baisse de celle-ci soit précédée partout par l'industrialisation ou plus généralement par le développement

(36)

économique? Répondre par l'affirmatif remettrait en cause les efforts actuellement en cours pour faire baisser la fécondité en Afrique.

Rappelons une fois de plus que des pays au même niveau de développement économique ne sont pas forcément au même stade de la transition de la fécondité (Coale, 1973). A cette remarque, s'ajoute aujourd'hui dans les pays en développement l'expansion des programmes de planification familiale qui rendent davantage difficile l'isolement de l'effet intrinsèque du développement économique.

Bongaarts (2012) établit une relation entre le nombre d'enfants désirés et certaines variables proxy du niveau de développement social et économique (scolarisation de la femme, mortalité infanto-juvénile, Produit National Brut par habitant). Le nombre d'enfants désirés s'est avéré faible dans les pays où la mortalité est faible et la scolarisation de la femme élevée. Par contre, il n'observe pas de lien significatif entre le Produit National Brut par habitant et le désir d'enfants. Cela implique la possibilité d'une réduction de la fécondité via une meilleure éducation et une baisse de la mortalité, indépendamment des niveaux de revenu des ménages.

Garenne (2012) arrive à une conclusion similaire lorsqu'il examine les facteurs de la tendance de la fécondité en Afrique. Il montre que le revenu par tête n'a qu'un impact très limité sur la l'évolution de la fécondité. Pour lui, la gratuité ou le faible prix des produits contraceptifs expliquerait ce faible lien entre les conditions économiques et la pratique contraceptive, et donc la fécondité. On retrouve la notion de l'effet "perturbateur" des programmes de planification familiale. Soulignons que les conclusions de Bongaarts (2012) et Garenne (2012) sont établies à des niveaux agrégés. Il peut en être autrement lorsqu'il s'agit d'expliquer la diversité des comportements reproductifs des individus selon leur niveau de vie ou celui de leur ménage.

Il reste une double question: celle de l'effet d'une détérioration des conditions économiques sur la fécondité et celle de l'influence réciproque entre le développement économique et la fécondité. L'effet du développement semble à sens unique, au moins dans certains contextes. Une conjoncture économique défavorable n'entraîne pas toujours une augmentation de la fécondité. Au contraire, les familles peuvent réagir aux difficultés économiques par une réduction de la fécondité. C'est le Malthusianisme de la pauvreté tel que montré par Cosio-Zavala (1995) dans le contexte urbain en Amérique Latine. De nombreux travaux sur le dividende démographique en Afrique soulignent l'importance des liens négatifs entre la croissance démographique et le développement économique (Guengant, 2011). En combinant les résultats de plusieurs scénarii sur le taux de croissance du PIB (10%, 7%, 5% et 4%) et sur le taux de croissance démographique (3%, 2,5% et 2%), Guengant (2011) fournit "une estimation grossière de l’effet mécanique de l’interaction entre ces taux, en termes de nombre d'années requises pour doubler le PIB par tête [...]"

(Figure 1.1).

(37)

Figure 1.1  Nombre d'années requises pour doubler le PIB* par tête selon les taux annuels de croissance économique et démographique (UEMOA**, Guinée, Ghana, Mauritanie et Nigeria).

Source: Guengant (2011), (*) Produit intérieur brut, (**) Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine.

Une forte et régulière croissance économique de l'ordre de 10% l'an devrait permettre de doubler le PIB par tête de la sous-région en 10 ans environ, quel que soit le taux de croissance démographique. Mais si cette croissance se réduit à 4% l'an, la croissance démographique allonge le temps du doublement du PIB de façon sensible, d'environ 35 ans avec une croissance démographique de 2%

à 50 ans lorsqu'elle passe à 3%. Même en dehors d'effets stimulants d'une démographie nombreuse sur le développement (Boserup, 1965), ces résultats montrent globalement qu'il y a une substitution entre une lente croissance démographique et une forte croissance économique par rapport au délai d'atteinte d'un PIB par tête 2 fois plus important. Dans la même lancée, à partir d'un modèle de simulation, Ashraf et al (2013) montrent qu'au Nigeria, le passage de la fécondité de la variante Moyenne à la variante Basse6 des projections des Nations Unies améliore le revenu par tête de 5,6% dans un horizon de 20 ans. Dans 50 ans, cette amélioration serait de 11,9%.

Les liens entre l'économie et la démographie sont encore plus visibles lorsqu'on prend en compte la structure par âge de la population, celle-ci étant directement liée à la longévité et à la part de la population active, donc au rapport de dépendance. A l'idée traditionnelle que le développement cause la baisse de la

6 Pour la variante moyenne des Nations Unies, l'indice synthétique de fécondité est estimé à 5,61 enfants par femme sur la période 2005-2010. Il passe à 4,52 sur la période 2025-2030 et à 3,41 pour 2045-2050. Il est identique pour la variante basse sur 2005-2010. Il en est différent de 0,25 sur 2010-2015, de 0,4 sur 2015-2020 et de 0,5 pour la suite.

(38)

fécondité vient ainsi se greffer celle d'une causalité réciproque. Les politiques économique et démographique sont donc finalement complémentaires pour la recherche du bien-être collectif qui constitue  ou devrait constituer  leur commune finalité.

1.4 Valeur de l'enfant

L'expression "valeur des enfants" revient fréquemment dans la littérature sur les théories de la fécondité. C'est une notion centrale dans la théorie des "flux intergénérationnels" des richesses de Caldwell (1978, 1983). Mais la valeur économique n'est qu'une facette du concept de "valeur des enfants". Fawcett (1983) identifie trois catégories d'interprétations de ce concept: les approches coûts et avantages économiques de l'enfant (cas de Caldwell), le rôle de l'enfant dans la famille et la communauté (fonctions sociales et culturelles) et les perceptions individuelles de satisfaction (y compris sur les plans psychologique et affectif). L'application des modèles micro-économiques à la demande d'enfants (alors considérés comme des biens) constitue un cas exemplaire du recours à la notion de "valeurs des enfants" pour expliquer la fécondité.

1.4.1 Théories micro-économiques

Une manière d'expliquer la fécondité a été de transposer les comportements reproductifs dans le cadre de la théorie économique de la demande (Leibenstein, 1957; Becker, 1960). Le cadre microéconomique proposé par Becker (1960) assimile les enfants aux "biens durables" que la famille consomme selon ses ressources en termes de revenu et de temps. Une augmentation des revenus a deux effets distincts sur la demande d'enfants: un

"effet revenu" qui induit une augmentation du nombre d'enfants et un "effet prix"

qui, en augmentant les coûts d'opportunité du temps des membres de la famille, entraine une baisse du nombre d'enfants. Dès lors, une augmentation des revenus n'est pas synonyme d'augmentation du nombre d'enfants "demandés"

comme le veut la théorie classique de la consommation (biens normaux).

L'exemple des pays développés suggère même le contraire. De plus, l'amélioration générale des conditions de vie entraine l'exigence d'une plus grande "qualité" des enfants en termes de santé, de nutrition, d'éducation, etc.

On assiste donc à une substitution entre deux types de demandes: celle de la quantité d'enfants et celle de la qualité d'enfants. La baisse de la fécondité découle de cette substitution de la quantité par la qualité (Ariès, 1960).

Le postulat de base est que l'enfant est comparable à un bien durable et que les parents le traitent comme tel, avec toute la rationalité de l'homo economicus. Le modèle réserve donc un traitement purement rationnel aux choix en matière de fécondité. Avant de prendre la décision de procréer ou pas, "chaque famille tente de maximiser son bien-être qui sera fonction de sa consommation, de son nombre d'enfants et de la qualité des enfants" (Guilmoto, 1996). Pour Leridon (2014), le recours aux notions de "préférences" et de "qualité d'enfants" pour expliciter certaines contradictions témoigne d'un retour à la sociologie et donc d'une insuffisance de l'approche microéconomique de la fécondité.

Références

Documents relatifs

s'occuper des animaux entretenir fosses fumières faire constructions se reposer activités diverses parcelles supplémentaires collecter moellons participer à la vie commu

d'A. La nécrose était circonscrite au niveau ou près de l'axe cotylédonaire. Dans certains cas, les lésions s'éten- daient jusqu'aux hypocotyles. Les plants étaient rabougris

Enquête; méthode; système de production; système de culture; système agro-pastoral; système d'élevage; mécanisation; stockage; apiculture; commercialisation; collecte

Pour les Sèmè, il est parfaitement évident que le parcours qui aboutit à l’accueil d’un génie chez un humain emprunte sa trame au mariage, mais pour qu’un étranger puisse

أ مﻴﺤرﻝا نﻤﺤرﻝا ﷲا مﺴﺒ ﺔﻤدﻘﻤ صﻨﻝا ﺢﻴﺘﺎﻔﻤ تددﻌﺘ دﻘﻝ لوﺤ موﺤﺘ ﺔﺜﻴدﺤﻝا ﺔﻴدﻘﻨﻝا تﺎﺴاردﻝا تﻨﺎﻜ نأ دﻌﺒ رﺼﺎﻌﻤﻝا يرﻌﺸﻝا ﻰﻤﺤ صﻨﻝا و ﻻ ﻪﻴﻓ ﻊﺘرﺘ

Par exemple, Joël ressent le besoin d’améliorer ses connaissances pour être plus autonome dans ses prises de décision notamment vis-à-vis de la protection fongicide du blé.

Si un niveau d’éducation généralement plus élevé que dans le type 1 permet une certaine caracté- risation de cette population, son hétérogénéité s’exprime au travers

Le vocabulaire notamment qui était employé permet d'en repérer la trace et la présence aussi bien dans l'action des hommes politiques romains dans les cités d'Italie que dans