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L’accord et les prescriptions de la CCPP relatives à son déploiement prévoyaient que, dans les établissements, la démarche de prévention de la pénibilité soit structurée en cinq grandes phrases :

Ø La constitution d’un groupe de travail sur la prévention de la pénibilité (GTPP) local, avec la composition que nous avons indiquée (voir section 5.2.2), qui avait pour première charge de définir une liste des postes de travail pouvant être concernés par des situations « pénibles », au sens de l’accord et de la loi.

Ø La réalisation de prédiagnostics, qui a été assurée par un ergonome de l’INRS sur deux sites pilotes et un cabinet d’ergonomie, que nous appellerons Cabinet A, pour les autres sites. Le déploiement de ces prédiagnostics passait en général par : - une réunion d’échange et de présentation de la démarche avec le GTPP ; - des observations de terrain qui s’étalaient sur deux ou trois jours avec souvent

un enregistrement vidéo des situations observées ; - une analyse des observations en backoffice ;

- une restitution des analyses d’abord au comité de direction (CODIR) du site et ensuite au GTPP ; le directeur ainsi que le responsable HSE ou RH qui pilotait la démarche participaient le plus souvent aux deux restitutions.

Notons que dans la plupart des usines, les ergonomes ont réalisé des observations de nuit, afin d’analyser certaines situations spécifiques. Les ergonomes étaient le plus souvent accompagnés par un acteur du service HSE ou RH pour leur indiquer les situations à observer.

Ø La définition d’un plan d’action à partir de la restitution des prédiagnostics, afin de traiter les situations problématiques. Les plans d’action se décomposaient en actions rapides quand les solutions étaient clairement identifiées, en diagnostics approfondis sur des problématiques plus complexes, et en « chantiers-écoles » sur des situations qui pouvaient servir de terrains de mise pratique dans le cadre des formations-actions.

Ø La réalisation de diagnostics approfondis, assurée par un deuxième cabinet d’ergonomie, que nous appellerons Cabinet B. Les diagnostics approfondis devaient être réalisés de façon plus ciblée sur des situations identifiées durant les prédiagnostics. Ils étaient également produits à partir d’observations de terrain, avec souvent des prises de films et photos, et faisaient aussi l’objet d’une restitution auprès du CODIR et du GTPP.

Ø La mise en œuvre de formations-actions à l’analyse ergonomique du travail, par le Cabinet B, auprès du GTPP. Pour la formation, le GTPP était souvent élargi à des acteurs opérationnels incluant des membres des services techniques, procédés, et/ou maintenance. La formation s’étalait sur trois journées, espacées d’un à deux mois. Le laps de temps entre les journées de formation devait permettre aux

157 participants de mettre en pratique les enseignements dans le cadre de « chantiers- écoles », définis à partir des prédiagnostics.

Notons qu’en parallèle certains sites ont par ailleurs mis en place des formations « acteurs PRAP1 » et « référents PRAP », réalisées le plus souvent par le

Cabinet A.

La mission qui nous a le plus mobilisé durant notre intervention a été l’accompagnement du déploiement local de ces prédiagnostics, diagnostics et formations-actions. À titre personnel, nous avons réalisé peu de diagnostics et nous n’avons dirigé aucune formation à l’analyse ergonomique du travail. En effet, pour l’essentiel, notre mission relative au déploiement local de l’accord a consisté à :

Ø Transmettre et traduire les directives centrales concernant la mise en œuvre pratique des démarches de prédiagnostic et de diagnostic (composition des GTPP, choix des cabinets, tarifs, organisation des observations et des restitutions, choix des situations de travail) et le déploiement des formations-actions à l’AET (durée, étalement, tarifs, choix des participants, choix des “chantiers-écoles”).

Ø Mettre en relation les ergonomes intervenants externes avec les responsables RH ou HSE qui pilotaient localement la mise en œuvre de la démarche.

Ø Assurer la planification et le suivi des démarches. Ce qui nous conduisait à prendre régulièrement contact par téléphone ou par courriel avec les consultants externes et les responsables locaux. À cet effet, avec les ergonomes externes, nous tenions par ailleurs un tableau de bord où étaient indiquées :

- les situations observées, - les plans d’action locaux,

- les acteurs-clés des sites et leurs coordonnées,

- le calendrier des prédiagnostics, diagnostics et formations-actions réalisées ou à venir,

- les intervenants externes pour chaque site,

- et certains éléments de contexte qui nous semblaient importants tels que l’existence de projets de conception sur le site.

Le suivi des actions locales consistait aussi à recueillir le retour des acteurs locaux vis-à-vis de la démarche et des cabinets extérieurs. Nous collections également les documents de restitution produits par les ergonomes, dans le cadre des prédiagnostics et des diagnostics approfondis, ou par les acteurs locaux dans le cadre des « chantiers-écoles ».

Ø Accompagner les ergonomes des cabinets A et B dans le cadre de leurs missions locales. Dans beaucoup d’établissements (voir tableau 3), nous avons en effet

L’accompagnement de la mise en œuvre d’un accord sur la prévention de la pénibilité

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accompagné les ergonomes dans leurs observations, leurs restitutions et/ou leurs formations. Cet accompagnement visait à faciliter la prise de contact avec les acteurs locaux, à regarder le déroulement des démarches ergonomiques, à observer nous-même certaines situations de travail et à prendre connaissance des contextes locaux notamment en termes de projets, d’enjeux économiques et de relations sociales.

Cet accompagnement nous permettait de faire par la suite des retours aux acteurs RH centraux, en particulier à Julie et Sophie, sur le déroulement des interventions ergonomiques et les problématiques rencontrées.

Notre présence répétée dans les établissements nous a également permis de créer une relation privilégiée avec certains acteurs locaux, ce qui nous a par la suite facilité la collecte de données utiles à notre objet de recherche (voir chapitre 7).

Tableau 3 – Notre suivi de terrain des démarches ergonomiques dans les établissements de l'Entreprise A

Finalement, l’accompagnement des prédiagnostics, diagnostics et formations-actions nous positionnait dans une triple interface entre des acteurs RH centraux, des acteurs

159 locaux et les ergonomes externes, dans un rôle qui se rapprochait souvent d’un gestionnaire de projet de développement des ressources humaines.

5.2.5. Le travail posté et le travail en hauteur : deux