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Le positionnement de la modélisation par rapport aux différentes démarches disponibles au sein des théories organisationnelles

DISPOSITIF DE CONTROLE DE GESTION : PROPOSITION D’UN MODELE EXPLICATIF

Chapitre 3. Vers un modèle général de la place relative des budgets dans le dispositif de contrôle de gestion budgets dans le dispositif de contrôle de gestion

3.1. De la mise en œuvre de la méthodologie de recherche

3.1.1. La nature du problème et les démarches de résolution possibles

3.1.1.2. Le positionnement de la modélisation par rapport aux différentes démarches disponibles au sein des théories organisationnelles

Même si les théories organisationnelles apparaissent, dans leur ensemble, plus adéquates pour aborder la question de recherche que nous avons posée, au sein même de ces théories très diverses certaines peuvent s’avérer plus pertinentes que d’autres compte tenu de notre objectif de recherche. Ainsi, pendant les années 1970 des démarches divergentes se

1 Il est vrais néanmoins que les études empiriques entreprises dans ce sens n’on pas toujours donné des résultats convaincants. Cela semble toutefois provenir plutôt des insuffisances dans le design des recherches que du principe théorique employé. Par exemple, Löfsten et Lindelöf (2005) qui étudient l’influence de l’hostilité de l’environnement et de l’orientation stratégique comme facteurs de contingence pour l’utilisation des outils traditionnels de contrôle (analyse des coûts, budgets) dans les entreprises suédoises de nouvelles technologies ne trouvent pas de preuves suffisantes en faveur de leurs hypothèses. Ils reconnaissent toutefois que cela devrait être dû plutôt au type d’entreprises étudiées et à la méthode statistique employée qu’aux fondements théoriques mobilisés.

2 Par exemple une relation très faible entre la satisfaction des clients et la performance financière a été détectée par Ittner et Larcker (1998) alors que cette relation est significativement positive dans une étude récente de Bughin (2006).

profilent dans la tradition des théories organisationnelles en Europe et aux Etats-Unis. Kasssem (1976) propose une synthèse des ces approches fondée sur la comparaison des différences culturelles des deux côtés de l’Atlantique (cf. Schéma 3.1.).

Alors que la tradition américaine est organisée autour des approches « micro » d’analyse de comportements individuels et qui sont inspirées par les théories psychologiques, la tradition européenne gravite autour des approches plus « macro » et inspirées par les théories sociologiques. De surcroit, les approches américaines sont assez pragmatiques et cherchent à éclairer les problèmes et proposer des solutions en vue de la concordance entre le comportement des personnes et les objectifs organisationnels. Les approches européennes sont en revanche d’une inspiration plus structuraliste et posent comme objectifs la correspondance entre la technologie et la structure organisationnelle en vue de la solution de problèmes de pouvoir ou de confrontation sociale. Enfin, les méthodes de recherche américaines sont généralement des expériences en laboratoire et des études empiriques ponctuelles (cross-sectional studies) sur les comportements des acteurs pris dans des situations particulières, alors que les méthodes européennes sont plutôt des études de cas, parfois longitudinales, et intéressées fortement par l’interaction entre les acteurs et leur environnement.

Schéma 3.1. Axes de développement des recherches en organisation en Europe

et aux États-Unis (adapté de : Kassem, 1976: p. 49)

1. Structure

(théorie classique des organisations avec sa logique d’efficience)

2. Personnes

(théorie des relations humaines ; la dynamique des ressources humaines avec une logique de sentiment et de coopération) 4. Objectifs 3. Technologie Néo-Wébériens 5. Environnement 5. Environnement 5. Envir onne ment 5. Envir onne ment Axe Européen Axe Américain

Pour Ryan et al. (2002) ces deux traditions de la recherche en organisation sont accompagnées de deux approches assez différentes dans les recherches en contrôle de gestion sur les deux bords de l’Atlantique : une tradition européenne très inspirée par les théories sociologiques et une recherche américaine plus pragmatique et faisant référence plutôt aux théories psychologiques. Un retour en arrière vers la première partie du présent travail illustre bien cette différence : alors qu’une grande partie des recherches américaines était consacrée aux questions de la pression au travail, du slack budgétaire et de la performance individuelle, les auteurs britanniques et européens s’intéressaient aux contexte général d’exercice du contrôle de gestion ou encore à l’histoire et aux confrontations entre groupes socioprofessionnels. La généralisation absolue de ce constat serait bien sûr exagérée car des travaux différents existent dans les deux cas. Nous pouvons néanmoins utiliser ce schéma pour mieux situer la direction que nous entendons donner à la présente recherche, au modèle qui sera développé dans le chapitre suivant et à la manière dont ce modèle sera testé.

En effet, l’objectif que nous nous fixons est de réconcilier ces deux approches, différentes à première vue mais, au fond, complémentaires. Cette démarche de réconciliation a déjà été entamée avec l’étude du développement historique des budgets et la mise en évidences des facteurs environnementaux et sociologiques dans ce processus. Pour retrouver l’équilibre recherché le modèle développé dans le chapitre suivant sera en revanche plus concentré sur les conditions « micro » de la décision d’utiliser ou non les budgets dans le contrôle de gestion. Naturellement, lors du développement du modèle la liaison sera faite entre d’une part les facteurs sociologiques et environnementaux mis en évidence dans la première partie du travail comme étant les moteurs du développement historique des budgets et, d’autre part, les facteurs de contingence au niveau individuel provoquant la différenciation des pratiques dans les entreprises. Par ailleurs, la vérification de la validité du modèle s’effectuera au moyen d’une étude empirique quantitative dont l’objectif est de « valider »1 à travers des tests statistiques l’application générale du modèle proposé.

1 Dans les études quantitatives le terme de « validation » d’un modèle est souvent utilisé bien qu’il ne soit pas très approprié. En réalité les tests statistiques qui seront effectués sur les données quantitatives collectées vont permettre de vérifier si ces donnés sont suffisamment divergentes du modèle théorique proposé pour permettre de le rejeter dans un intervalle de confiance statistique raisonnable. Le non rejet du modèle par les données quantitatives serait ainsi une validation au sens de K. Popper – les observations ne fournissent pas de preuves nécessaires permettant de rejeter la théorie.

3.1.2. L’utilisation de l’approche contingente pour expliquer la place actuelle des

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