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Chapitre 2 : Un usage de la cartographie contrarié pour les professionnels du tourisme en raison

3. Phénomènes de dépendances et d’interdépendances

3.1 Une adaptation nécessaire aux évolutions technologiques pour exister

Les professionnels qui utilisent des SIG sont contraints de s’accommoder un milieu professionnel sujet à des mutations perpétuelles de par les évolutions et autres avancées technologiques. Ces agissements vont de soi pour un intervenant qui révèle qu’auparavant :

« On récupérait auparavant un vieux plan faxé en noir et blanc avec la ligne parce que c'était une donnée confidentielle. Maintenant, j'ai tout pour toute la France en un clic. Donc avant, je passais des journées entières et là donc, il y a une évolution positive. Par contre, je l'ai su parce que je fais de la veille technologique, donc cette information, je suis allé la chercher sur un site spécialisé. […] Oui, il faut. Il faut s'intéresser à son métier. J'ai fait un tri par rapport aux réseaux sociaux que je suis parce qu'au bout d'un moment, on est submergé. […] Donc oui, il faut savoir où aller chercher, savoir qu'est ce qui sort, faire un minimum de suivi. Après la difficulté, c'est ce de savoir ce que l'on en fait donc la pertinence aussi. Si vous voulez, c'est la confiance et la pertinence de qui est le diffuseur de l'information. » (Cf. Annexe B, p 156)

Les usagers de la cartographie numérique doivent donc être présents sur la sphère internet à travers les réseaux sociaux, les blogs et autres sites web afin de garder un contact avec ce qu’il se fait dans l’univers des cartes. Cette veille technique leur permet de voir apparaître les nouveautés en premier et notamment en ce qui concerne les outils et les jeux de données numériques.

79 Dans le cadre du tourisme, ces missions sont essentielles dans un marché très compétitif et sujet à une concurrence à échelle locale, intercommunale, départementale, régionale, nationale voire même internationale. Sur le plan entrepreneurial, les employés permettent au collectif de faire évoluer ou non sa politique face aux nouvelles innovations du marché dans un souci de proposer une offre adéquate aux attentes des consommateurs et ainsi de se démarquer d’une éventuelle concurrence.

L’employé lui-même y trouve également un intérêt dans une conjoncture où la sécurité de l’emploi n’est pas garantie. Il est important pour le salarié de rester alerte à ses nouveautés technologiques dans l’optique d’élargir son champ de compétence et de présenter un curriculum vitae toujours plus étoffé pour l’employeur ou pour une candidature.

Néanmoins, à l’instar d’un journaliste, il est essentiel de faire appel à des sources d’informations fiables et de les vérifier avant de diffuser une cartographie interactive sous peine de voir sa création perdre en pertinence.

3.2 Une cartographie au service du numérique

Le progrès technologique aspire à être un soutien à diverses disciplines dans le but de les développer, de les démocratiser et de faciliter leur compréhension et leur utilisation. Dans le cas de la cartographie, le numérique semble avoir pris le pas sur la discipline d’origine. La finalité est d’obtenir une carte mais il difficile de faire respecter les codes et usages de la cartographie traditionnelle.

Deux visions s’opposent alors entre un expert de la cartographie qui perçoit l’évolution numérique et la carte informatisée comme une aide dans ses fonctions mais qui le rend aussi plus attentif dans ses choix, dans ses valeurs et dans ses idées et un simple usager.

La cartographie informatisée permet ainsi d’expérimenter différents ensembles de priorités ; elle doit rendre le cartographe plus attentif à ses choix, à ses valeurs et à ses idées préconçues. Mais le fait qu’un outil soit très utile n’implique pas automatiquement que le cartographe en fera usage. Certains d’entre eux utiliseront le logiciel comme complément et d’autres chercheront à découvrir les possibilités du produit dans les moindres détails afin d’en connaître tous les rouages mais aussi ses limites. Ils opteront quoi qu’il en soit pour une approche dans laquelle le numérique restera une assistance complémentaire.

L’utilisateur lambda ayant recours régulièrement à des solutions SIG y verra quant à lui l’opportunité d’élaborer des supports assez rapidement. Biens souvent, il privilégiera la solution standard proposée par le logiciel et rester dans une certaine zone de confort sans véritablement

80 chercher à aller plus loin dans l’exploration du logiciel. Ils adopteront de fait une approche dans laquelle la cartographie est accessoire.

Ces dernières années toutefois, l’informatique tend aussi à prendre le dessus et à influer sur les cartographes actuels mais surtout sur les futurs acteurs de la profession. C’est l’avis partagé par un intervenant cartographe consulté qui juge que :

« C’est plus de l'informatique. Avant, on disait que cartographie et géomatique étaient le mélange de géographie et d'informatique. Personnellement, on pourrait dire que je fais 60% de géographie et 40% d'informatique. Le Web Mapping, c'est 90% d'informatique et 10% de géographie, parce qu'on travaille avec des données qui sont localisées dans l'espace. Et après, c'est un travail de développeur web. » (Cf. Annexe B, p 157)

3.3 Un recours à la sous-traitance pour les institutionnels publics du tourisme

Pendant de nombreuses années, il a été assez difficile pour certains institutionnels du tourisme de se procurer des données face à l’investissement que cela représentait car les données privées comme publiques étaient payantes. Un décalage existait entre des communes déjà au fait avec l’éveil du numérique et les autres qui étaient encore dotées de cartes papier anciennes de l’IGN. La propagation du numérique a pu faire basculer ces derniers acteurs dans la sphère digitale. Cependant, l’accès au numérique garanti par l’arrivée des logiciels libres n’apporte pas forcément toutes les réponses à des territoires désireux de disposer d’outils et autres dispositifs leur permettant de gérer leur territoire.

Face ces besoins, on assiste depuis quelques années à des institutionnels qui n’hésitent pas à faire appel à des ressources extérieures. Un phénomène qu’a pu observer de près un enseignant- chercheur sondé qui assure que :

« Ça se développe de plus en plus. On le voit, nous, au travers des stagiaires de Master qui vont dans ces entreprises là pour aider à développer des outils. Et il y a de plus en plus d'outils qui sont des outils Web sur abonnement auprès des communes où la commune paye tous les mois mais ce n’est pas horriblement cher et a en retour un service qui est un service de datavisualisation dans lequel il y a de la cartographie sur des thématiques particulières. » (Cf. Annexe A, p 137)

Cette tendance de plus en plus présente s’appelle l’infogérance. De nombreuses structures touristiques choisissent cette option et réussissent parfois le double pari d'améliorer les prestations de leur système d'information tout en réduisant ses coûts. Mais cette solution doit être effectuée avec des intention louables et positives. C’est-à-dire que le recours à une entreprise de services du numérique (ESN) peut permettre aux commanditaires de réduire le budget informatique, de réorienter les investissements lourds sur d'autres fonctions, de se recentrer sur

81 d’autres activités, de se polariser uniquement sur la stratégie de communication au niveau informatique, de bénéficier d’un accompagnement et d’experts en informatique à l’écoute et d’optimiser le temps de travail.

A l’inverse, certaines entreprises en appellent à ces sociétés dans l’optique de faire baisser leurs coûts, de se débarrasser du personnel surnuméraire dans un contexte économique difficile, de s’alléger de toute tâche liée à l’informatique ou encore pour pallier aux déficiences de ses équipements informatique en ne comptant que sur le prestataire extérieur.

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