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Chapitre 3 : Une cartographie analytique aux perspectives futures harmonisées

2. Les plateformes collaboratives et libres d’utilisation comme socles

2.1 Une suprématie contestée : le cas de l’IGN

Pendant de nombreuses années, il a été assez compliqué d’utiliser les données provenant de cartes topographiques et des photographies aériennes à cause de la taille des fichiers générée sur les équipements informatiques. Les petites structures ont notamment éprouvé beaucoup de difficultés à pouvoir traiter et analyser ces données. L’arrivée du streaming web altère ce jugement.

Dans les faits, un enseignant-chercheur porte à notre connaissance que « le fond de carte redevient

un fond de carte et n'est plus une donnée qu'on doit récupérer, mettre à jour et gérer. C'est un fond de cartes qu'on affiche en fond de quelque chose qu'on est en train de faire. Et ce fond est mis à jour par subsidiarité, par ceux qui font la gestion. » (Cf. Annexe A, p 142)

Cela signifie que désormais, il n’est plus nécessaire de télécharger les données de l’IGN (Institut national de l'information géographique et forestière) et de les intégrer à son SIG. Il suffit à présent d’utiliser les plateformes web, à l’image de Géoportail, sur lesquelles sont à disposition

88 un grand nombre de données. L’inconvénient reste que l’usage de ces données n’est pas forcément gratuit et requiert un abonnement.

Ces avancées bouleversent quelque peu le marché jusqu’alors fortement influencé par l’IGN. Il faut aussi ajouter que parallèlement à ses progrès concernant l’emploi de données géographiques, les données statistiques n’ont pas suivi la même direction à l’image de l’INSEE et cela en dépit d’une plus grande faisabilité.

Malgré ces désagréments, le climat actuel n’est plus au téléchargement de données mais à des abonnements sur le web et des données de plus en plus précises. Fort de ce constat établi, une plus grande concurrence est apparue pour l’IGN qui s’est même fait supplanter sur le marché par OpenStreetMap.

L’utilisateur se retrouve désormais face à un choix à faire entre des données IGN précises mais lourdes et mises à jour tous les 6 à 10 ans et les données OSM disponibles en ligne, régulièrement mises à jour mais plus difficiles à trouver et à adapter.

Cette libéralisation du marché a entrouvert de nouvelles formes de niches dans le secteur. Ainsi, à présent, il est possible de personnaliser les données et la visualisation de celles-ci. Des entreprises sous les modèles de pure player (vente uniquement en ligne) mais aussi du click and mortar (vente physique et en ligne) se sont développées et spécialisées dans ces besoins-là. C’est notamment le cas de la société toulousaine Makina Corpus qui travaillent aussi bien pour des particuliers que pour des professionnels et proposent des fonds de cartes personnalisés, des cartographies ludiques ou des applications thématiques.

Ici, le webmapping et la cartographie apportent une réponse aux acteurs du tourisme désireux de pouvoir utiliser des dispositifs numériques (cartographie interactive, parcours d’orientation, …) dans le but gérer un territoire, de gérer des données mais aussi de proposer un visuel plus attractif pour le client et autre utilisateur potentiel.

2.2 Une réflexion sur l’usage de l’outil : le webmapping et les logiciels libres

Avant l’arrivée de logiciels gratuits et de plateformes libres, un des logiciels de cartographie de référence était ArcGIS et celui-ci était très performant mais assez cher. Par ailleurs, ces outils coûteux comprenaient des versions de base et des versions premium à tarifs plus élevés et offrant plus de possibilités à ses utilisateurs. L’arrivée de logiciels et de plateformes en ligne libres a transformé le marché.

Un intervenant s’exprime à ce sujet et attire l’attention sur le fait que « les évolutions sont énormes.

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dessiner à la main alors que là en 3 clics, je les fais sur l'ordinateur mais après, il faut savoir comment les faire et ça, c'est une autre question. » (Cf. Annexe B, p 155)

Le potentiel proposé par les acteurs tels que Qgis, OSM ou uMap est très important et entraîne une certaine forme de popularisation de la cartographie au travers de ce type de solutions informatiques. Désormais, la rapidité de la diffusion des informations permises par le webmapping offre le moyen de faire des cartes connectées et interactives directement sur Internet. Derrière ces capacités, se dévoile l’idée que les tâches effectuées concernent plus le domaine de la programmation informatique que celui de la géographie et des sciences humaines. Cependant, il faut admettre que ces instruments numériques, pour certains compatibles entre eux, ont ainsi facilité, voire augmenté les échanges. L’usager ne se voit pas obligé de l’acheter pour pouvoir le manipuler.

Enfin, il se manifeste aussi une certaine forme de rupture dans ce microcosme du web avec des utilisateurs à présent soumis à des méthodes de travail assez similaires et semblables. En effet, les données sont stockées sur des outils analogues et seuls les traitements des données diffèrent. Avant l’apparition des dispositifs de cartographie en libre accès sur Internet, il était très difficile de déterminer une quelconque traçabilité sur la méthodologie employée. Aujourd’hui, on constate à un retour d’une forme de transversalité dans le stockage des données incarné par les formats Post GIS ou PostgreSQL. Les raisonnements de travail tendent alors vers une homogénéisation.

2.3 Une cartographie à la croisée des chemins

La cartographie se retrouve en quelque sorte au milieu du gué, entre un désir de profiter des nouvelles technologies offertes par le numérique et d’un autre de faire machine arrière et de préserver ces aspects qui la caractérisent depuis ses origines.

Dans bien des ramifications de la cartographie, on observe des complexifications et des quantités de données qui augmentent mais il est aussi question dans d’autres secteurs d’apercevoir des retours à ce qui se faisait auparavant. C’est d’ailleurs le cas en ce qui concerne les images satellite où on a pu observer durant de nombreuses années une course à la précision qui a générée des fichiers beaucoup lourds et peu adaptés aux équipements informatiques. La politique entreprise a été celle de miser sur des problématiques d’observation, de connaissance et d’ingénierie de terrain et non sur une imagerie améliorée difficilement exploitable. Il est ici question d’imagerie satellite d’observation territoriale et non d’imagerie satellite de surveillance ou d’exploration spatiale qui ont quant à elles toujours recours à une précision prononcée.

90 Ces problématiques se sont aussi posées pour les utilisateurs de données géographiques. Comme évoqué précédemment, l’IGN met à disposition des données précises mais plutôt exhaustives, donc très lourdes à télécharger et qui bien souvent ne s’ouvrent pas dans les logiciels SIG. Il s’agit alors de passer par une étape assez longue et peu appréciée, le nettoyage des données. Confrontés à ces obstacles, les concepteurs ont développé le webmapping qui répond ainsi à un besoin et permet à ses utilisateurs de ne pas s’encombrer avec la question des mises à jour à effectuer et des téléchargements de données lourdes.

Le recours à la cartographie est intimement lié à ce que l’on veut en faire. En matière de tourisme et de développement territorial, les travaux menés par les observatoires réclament une certaine finesse dans les données collectées alors que les diagnostics territoriaux nécessitent des données plus générales et synthétiques.

C’est dans cette visée que les chercheurs mondiaux planchent sur la création de nouveaux indicateurs plus pertinents et plus à même de répondre aux besoins des populations. Il importe pour ces scientifiques de réfléchir et d’élaborer des solutions qui prendraient plus en compte la vie des territoires et leurs acteurs. Des études sont d’ailleurs menées en ce sens par le CGET (Commissariat général à l'Égalité des territoires) en collaboration avec l'Insee.