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3 1990 : une loi favorise la création d’ONG et d’associations

IV- A partir de 2000, le retour de l’Etat

Onze organismes d’appui au développement agricole relèvent de l'État et surtout du ministère de l'agriculture (cf. Tableau 5: Les organismes d’appui au développement agricole d’envergure régionale en Pays Bamiléké, p. 138 ; Tableau 7: Effectif des OA d’envergure régionale du Pays Bamiléké par statut juridique, p. 141). Il s'agit de la Délégation provinciale de l'agriculture pour l'Ouest et des 9 projets ou programmes mis en oeuvre sous le couvert de cette même délégation, mais autonomes par rapport au dispositif classique de la délégation (sur le plan du budget, de la gestion et des activités). Jusqu’en 2000, seulement deux de ces programmes existaient, à savoir le Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA) et le projet ASPPA (Appui aux Stratégies Paysannes et à la Professionnalisation de l’Agriculture) actuellement dénommé Professionnalisation Agricole et Renforcement Institutionnel (PARI). Les autres projets et programmes ont vu le jour après 2000 et plusieurs sont financés par les fonds issus de la remise de la dette à travers l’initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) initiée par le FMI et la Banque Mondiale.

Le personnel du ministère de l’agriculture dans l’Ouest Cameroun

La délégation provinciale du ministère de l’agriculture pour l’Ouest dispose d’un effectif de 721 personnes sur toute la province de l’Ouest dont 7 des 8 départements constitue le pays Bamiléké. Cet effectif comporte :

- 64 ingénieurs agronomes (Bac +5), 117 ingénieurs de travaux agricoles (Bac + 3) et 1 ingénieur des techniques du génie rural

- 360 techniciens d’agricultures (Probatoire + 2) et 23 techniciens principaux du génie rural

- 51 agents techniques d’agriculture

On constate donc le retour de l’Etat suivant un nouveau mode de déploiement. Si, dans les années 1970, on assistait à la création des sociétés et missions de développement, la décennie 2000 est celle de grands programmes ou projets. Chacun d’eux concerne plusieurs régions agro écologiques du pays, avec la particularité que sa structure d’exécution (ou coordination) est basée au ministère de l’agriculture à Yaoundé. Au niveau régional (province et département), n’existent que des responsables locaux appelés « points focaux ». A l’inverse des Projets et Missions de développement des années 1970, les activités sont fortement dispersées sur les territoires avec des impacts très souvent peu significatifs au regard du nombre de personnes effectivement touchées et de l’effet d’entraînement.

Par exemple, un de ces programmes mis en place après 2000 n’a concerné au total que 10 groupes de 50 agriculteurs dans toute la province de l’Ouest et il a essentiellement consisté en des missions de cadres techniques (équipe de coordination de Yaoundé et responsable provincial) dans toute la région pour identifier ces agriculteurs. Chacun de ces groupes a seulement reçu un matériel ne valant pas plus de 150 000 f cfa (environ 230 euros). Par ailleurs, pour toute la région, ce programme ne dispose que d’un seul agent, le responsable local qui est en même temps membre du

L’action du ministère de l’agriculture dans la province de l’Ouest Cameroun

Depuis 2000, ce sont les programmes et projets nationaux de développement agricole qui mobilisent quelques agents du ministère qui sont actifs auprès des agriculteurs.

Avec l’arrêt du financement de la Banque mondiale en 2004, le personnel n’est plus en réalité en activité. « Ne venez pas demander ce que fait un

fonctionnaire. Il est en fonction, point. Ce n’est pas lui qui doit inventer le travail à faire. Ce n’est pas son champ. Si on lui donne du travail et des moyens il le fait, sinon il est en fonction », relève un haut responsable de la délégation qui était gêné

et ne voulait pas aborder avec nous le travail effectivement réalisé par le personnel de cette délégation.

personnel de la délégation provinciale du ministère de l’agriculture et du développement rural à l’Ouest.

Le PNUD à la recherche des pauvres : Le sous programme de réduction de la pauvreté à la base

L’un des nouveaux acteurs du secteur agricole bamiléké est le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui assure lui-même l’exécution de son projet. Son action dans la région fait suite à une délocalisation des actions du PNUD autrefois basé à Yaoundé. Celui-ci met en oeuvre le « sous programme de réduction de la pauvreté à la base » à travers une convention avec le gouvernement camerounais qui contribue financièrement et, avec le concours d’autres partenaires, au développement. Ce programme fait partie de la stratégie de coopération du PNUD qui s’inscrit dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le financement est assuré par des bailleurs de fonds, constituant ainsi un « basket fund ». D’après nos entretiens avec les responsables rencontrés, les principaux financements proviennent actuellement du Fonds du golfe arabe (Arab Gulf Programme for United Nations Development Organizations), du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (The Global Fund) et des ressources PPTE. Le document de projet signé par le gouvernement camerounais, le PNUD et l’UNOPS112, fait état d’un budget de 33 275 320 dollars américains pour la période 2003-2007(Gouvernement camerounais et PNUD, 2002).

Ce programme couvre toutes les provinces du Cameroun à travers quatre Cellules Régionales. Celle basée à Bafoussam dans la province de l’Ouest Cameroun couvre les provinces de l’Ouest et du Nord Ouest. Elle fut ouverte le 27 novembre 2005 et le lancement officiel de ses activités eût lieu le 16 mars 2006. Pratiquement, son action consiste à financer des micro-projets en faveur de paysans organisés en GIC. Jusqu’en août 2008, environ 70 projets avaient été financés dans l’Ouest et le Nord Ouest pour un montant de près de 350 millions de francs cfa (533 536 euros).

Dans la stratégie d’intervention de ce programme, seuls les groupes de paysans (GIC) bénéficient de son soutien. Par ailleurs, un dossier de demande doit être déposé et il est exigé une contribution du groupe ou de ses partenaires. Cette exigence fait que ce sont les groupes se trouvant déjà dans des réseaux avec des ONG qui peuvent facilement soumissionner avec une proposition de contrepartie de ces ONG.

Souvent, les groupes de paysans pauvres que vise le programme sont mal placés pour accéder à ce soutien faute de contribution propre. A titre d’exemple, le groupe de Fokoué qui a bénéficié du soutien de ce programme produit des semences de pomme de terre et est par ailleurs bénéficiaire de l’appui du PNDRT financé par le FIDA. Il a reçu un tracteur coûtant 2 500 000 f cfa (environ 3800 euros) pour lequel il a dû apporter une contribution. Certes, il ne s’agit pas d’une situation générale, notre travail n’ayant pas fait une analyse de tous les projets financés par ce programme. Mais c’est seulement une illustration d’une conséquence de telles démarches qui, tout en s’adressant aux pauvres, leur sont malheureusement peu accessibles à cause des procédures de mise en oeuvre. En particulier, il leur est demandé des documents dont la rédaction n’est pas à la portée de la plupart des groupes paysans à savoir : le canevas général de la proposition dit« cadre logique », la présentation des liens du projet avec les autres initiatives de développement ou le plan de développement de la localité. Cette situation les oblige à recourir à des prestataires.