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Introduction

Cette partie porte sur le paysage d’acteurs du secteur agricole à Galim et à Fokoué. Apres avoir analysé celui-ci à l’échelle de la région Bamiléké (Partie II), nous nous intéressons ici à deux arrondissements (ou communes130) pour étudier le paysage d’acteurs au niveau local, dans les villages où vivent les agriculteurs. A l’échelle du pays Bamiléké, nous avons eu à faire à des acteurs dont l’action a une envergure relativement importante, mais celle-ci ne nous permettait pas d’aborder ce qui se passe localement et de comprendre comment les acteurs précédemment répertoriés (cf. Partie II) interagissent d’une part avec les agriculteurs et d’autre part entre eux au niveau du village. Par ailleurs, notre travail à l’échelle du pays Bamiléké s’étant limité à des acteurs d’envergure régionale, une étude locale s’avère a priori complémentaire en ce sens qu’elle pourra révéler des acteurs non identifiés à l’échelle régionale.

Une telle déclinaison trouve aussi son fondement dans des hypothèses de notre recherche. Le concept de dispositif qui structure notre démarche invite à une meilleure compréhension des situations à différentes échelles et envisage d’ailleurs des variations en fonction du niveau où on se situe. Nous postulons donc que la diversité des conditions locales du pays Bamiléké interpelle quant au risque d’une généralisation qui ne tiendrait pas compte des particularités locales. Ceci se trouve d’ailleurs conforté par les analyses précédentes (partie II) montrant un contexte régional particulier soumis à des forces et à des enjeux plus globaux qui dépassent le cadre de la région, indiquant ainsi que l’échelle locale tout en étant différente de celle globale, se trouve fortement influencée par elle. Aussi, au regard des spécificités propres (agro-écologiques, historiques, etc.) respectivement de Galim et de Fokoué, il est intéressant de savoir comment le paysage d’acteurs à l’échelle du pays Bamiléké influence celui de chacune de ces localités.

Par ailleurs, compte tenu de la diversité des organismes d’appui intervenant dans la région et de notre préoccupation portant sur les services effectivement reçus par les agriculteurs bamiléké, il est pertinent de voir qui intervient dans quelle zone,

130 Rappelons que, au Cameroun, la commune désigne l’unité territoriale de base correspondant au territoire de

pour quelles raisons, quelles sont les localités couvertes par les organismes d’appui (OA). Du côté des organisations paysannes, leur effectif considérable au niveau global du pays Bamiléké suggère d’étudier celles-ci au niveau des villages et de comprendre comment elles s’insèrent localement dans le paysage d’acteurs du secteur agricole, comment les paysans s’y retrouvent et comment interagissent-elles avec les organismes d’appui qui les présentent comme étant les seuls moyens d’entrer en contact avec les agriculteurs.

Enfin, dans la perspective de la décentralisation à venir, qu’en est-il des relations entre tous ces organismes du secteur agricole et avec leurs autres interlocuteurs « naturels » pour le développement local de Galim et de Fokoué : le député, le conseil municipal, les chefs traditionnels, les responsables religieux, les entrepreneurs locaux ?

Dans un premier temps (chapitre VII), nous allons présenter les contextes locaux de Galim et Fokoué. Ces deux localités ont eu des histoires différentes sur le plan agricole, avec en particulier sur les bonnes terres de Galim des plantations d’exploitants européens (jusqu’à la fin des années 50), puis les installations de migrants camerounais par l’Etat et aussi par le Diocèse local de l’église catholique romaine, en particulier les « pionniers » du lieu dit « Village pilote », qui ont impulsé une dynamique différente de celle de Fokoué. Sur le plan des productions, Galim a connu une introduction précoce du maraîchage (dès le début des années 1970) et en est actuellement une zone de forte production, contrairement à Fokoué où la caféiculture était la principale activité et où le maraîchage n’a été introduit qu’après la chute de la caféiculture dans les années 1980.

Puis, pour analyser ce paysage d’acteurs au niveau local, nous allons partir de la présentation des interventions, de l’organisation et du fonctionnement de certaines de ces structures. Cette présentation servira à décrypter les relations et les partenariats en présence. Elle sera faite suivant l’ordre adopté pour les différentes catégories d'acteurs identifiées dans les chapitres précédents et en tenant compte de la configuration de ce paysage d’acteurs en terme de types des dispositifs déjà identifiés au niveau régional. D’abord (chapitre VIII et IX), seront présentés les organismes d'appui au secteur

agricole : les dispositifs de l’Etat avec ses Programmes / Projets, ceux des ONG et des associations, ceux des acteurs du secteur commercial et enfin celui de l’UCCAO. Nous traiterons ensuite des organisations paysannes agricoles, et enfin nous présenterons les agriculteurs individuels pour nous interroger sur leur positionnement dans cet environnement local.

Le chapitre X aborde les nouveaux leaders agricoles, une des principales mutations sociales locales à partir du début des années 90. Le choix de traiter d’eux ne suppose pas qu’a priori nous postulons qu’ils aient un rôle très important mais se justifie plutôt par le fait que les organisations paysannes sont l’élément clé de la stratégie d’intervention des principaux partenaires au développement agricole, les leaders en étant les personnes de contact.

Chapitre VII

Galim et Fokoué : la diversité des contextes agraires locaux en