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La deuxième zone choisie est Fokoué pour trois raisons. La première est que Fokoué contraste avec Galim pour les éléments ci-dessus évoqués : développement récent des organisations paysannes, intervention de peu d’organismes du secteur agricole40. La deuxième raison est que, après avoir choisi Galim, nous avons fait des visites exploratoires dans plusieurs localités : Foreké, Bafou, Santchou et bien sûr Fokoué. Bafou se trouve être une zone qui, comme Galim, a connu un développement des cultures maraîchères notamment de la pomme de terre, ce qui ne contraste pas en ce point avec Galim et n’est certes pas représentatif du pays bamiléké. Santchou bénéficie de la proximité de l’axe routier Dschang-Douala ; c’est une zone de basse altitude où prédominent le café robusta et le cacao ; il est peuplé majoritairement de Mbô et les bamiléké qu’on y trouve sont issus de migrations récentes. Foréké se trouve très proche du centre ville de Dschang et est traversée par le nouvel axe bitumé Dschang-Melong, situation exceptionnelle pouvant avoir des conséquences du fait de

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Lors des visites exploratoires, GTZ Cameroun (coopération allemande au Cameroun) est le seul organisme d’appui dont les paysans ont évoqué une action dans la zone en dehors de l’intervention des chercheurs en pisciculture.

la proximité du marché urbain. Par ailleurs Foreké est un des foyers anciens du mouvement paysans camerounais41 et de la production maraîchère (tomate, piment etc). Ceci ne contrastait pas avec Galim.

La troisième raison pour retenir Fokoué est une question d’opportunité. Une équipe de chercheurs en pisciculture travaillant dans cette zone nous a suggéré de venir à Fokoué afin de les aider à mieux appréhender le contexte des exploitations agricoles de la localité. Depuis le début de leur intervention en 2002, ces chercheurs s’étaient polarisés sur les étangs piscicoles et ressentaient désormais le besoin de mieux comprendre le contexte local au sein duquel cette activité se développe. Cette proposition nous arrangeait du fait qu’ainsi notre introduction dans la localité était facilitée et que nous bénéficions aussi des moyens de déplacement qu’utilisait cette équipe. Toutefois, dans nos approches d’investigation sur le terrain, il a fallu prendre des précautions pour que notre relation avec cette équipe de chercheurs ne biaise pas la perception que les agriculteurs aient de nous et donc la qualité de nos entretiens.

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Présentation de Fokoué et Galim

Sur le plan administratif, les localités de Galim et de Fokoué sont des arrondissements. Elles correspondent chacune à une commune rurale42 dont les limites géographiques sont celles des arrondissements correspondants.

Sur le plan territorial, l’organisation traditionnelle du pays Bamiléké est basée sur la chefferie. Celle-ci regroupe l’ensemble de la population d’une étendue géographique soumise à un chef. Ce dernier en est le chef sur les plans politique, spirituel et juridique. Il administre à travers des organisations locales (Loung), des sous-chefs (Fô Tchô) et des notables locaux (Nkem, Sofô, etc). Les chefferies n’ont pas toutes la même importance et à l’origine celle-ci est fonction de la puissance magico-religieuse du chef et de l’effectif de la population. Chacune des plus importantes regroupe quelques-unes moins importantes et qui sont donc des sous

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Comme Galim, Foréké connut un développement précoce du mouvement paysan notamment par la création de l’Union des groupes agricoles et pastoraux pour l'autopromotion de la Menoua, UGAPAM (Fongang, 1999).

42 Selon la loi 74/23 du 5 décembre 1974, la commune est « urbaine » ou « rurale » selon que son ressort

territorial se réduit à une « agglomération urbanisée » ou qu’il « s’étend à la fois sur des agglomérations urbanisées ou non et sur des zones rurales »3.

chefferies vis-à-vis d’elles et leur sont soumises. L’administration coloniale, et plus tard celle d’aujourd’hui, ont utilisé ces chefs en tant qu’auxiliaires de cette administration et elles ont opéré un regroupement et une catégorisation des chefferies. Nous en avons de 1er degré, 2eme degré et 3eme degré. Celles de 1er dégré sont les plus importantes. Chaque arrondissement est constitué d’un ensemble de groupements de villages, chaque village correspondant à une chefferie. Le village comporte plusieurs quartiers.

a) Galim

L’arrondissement de Galim compte quatre groupements de villages : Bamendjing, Bati, Bagam et Bamenyam. Chacun de ces groupements de villages correspond à une chefferie. Cet arrondissement couvre une superficie totale d’environ 513 km² pour une population totale d’environ 40 000 habitants. Le relief est quelque peu diversifié. Il est constitué de montagnes de faibles pentes vers Bamenyam. On observe aussi des plateaux, des vallées et des plaines dans les autres villages. Les altitudes moyennes varient entre 1000 m pour les villages localisés en zone de basse altitude et 1300 m pour Bamenyam situé donc à une altitude relativement plus élevée.

Galim dispose d’une délégation d’arrondissement relevant du Ministère de l’agriculture et du développement rural. Cette délégation a opéré un découpage en six zones couvertes chacune par un chef de poste agricole. Ces zones sont : Mefoung, Bamendjing, Bagam chefferie, Kiéneghang, Bati et Bamenyam. Cette subdivision est fonction de la superficie (donc des distances) et du nombre d’habitants. Selon les déclarations des services de l’agriculture de Galim, en juin 2007, cet arrondissement comptait 18 314 actifs agricoles et 6 476 exploitations agricoles (familles agricoles).

b) Fokoué

L’arrondissement de Fokoué est situé dans le département de la Menoua. Il couvre 203 km2. Il est constitué de 5 groupements de village : Fokoué, Fomopéa, Fontsa-Toula, Fotomena, Bamegwou. Le relief est très accidenté avec une altitude allant d’environ 1400 m en haute altitude à un peu moins de 1000 m en basse altitude. En juin 2007, Fokoué comptait environ 10 192 actifs agricoles et 2813 exploitants

agricoles sa délégation de l’agriculture. Fokoué compte 4 postes agricoles situés à Bamegwou, Fotomena, Fontsa Toula et Fomopea.

Conclusion

En résumé, le point de départ de cette thèse est constitué des questionnements suscités par les observations faites en temps que jeune agronome en pays Bamiléké (Cameroun), région de hautes terres qui fut principalement consacrée à la culture du café arabica jusqu’au milieu des années 1980. Cette région a connu d'importants changements à partir de 1985 : chute des prix payés aux planteurs de café, méfaits de la crise économique que traverse le Cameroun, évolutions sociopolitiques. Cette thèse porte sur les mutations de ce secteur agricole du pays Bamiléké.

Sur le plan du développement, les évolutions socio-économiques qu'a connues le Cameroun dans les années 80 et 90, ainsi que les orientations de principaux bailleurs de fonds internationaux ont eu des conséquences significatives sur le plan agricole, et les implications de ces conséquences au niveau du secteur agricole Bamiléké sont l’objet de cette thèse.

Dans ce contexte de changements et de mutations, la question centrale de notre recherche est de savoir comment les acteurs du secteur agricole en pays Bamiléké ont évolué suite aux crises des années 80 et 90.

Parmi les hypothèses étudiées dans cette thèse, citons en particulier l’hypothèse que la recherche de financements internationaux détermine les stratégies des acteurs (agriculteurs, organisations paysannes, services de l’Etat, commerçants, organismes d’appui) conduisant à une redéfinition de leurs rôles.

Les résultats attendus de cette recherche sont surtout de montrer la pertinence et les limites du concept de dispositif dans l'analyse du milieu agricole Bamiléké, d’affiner la connaissance des acteurs de ce milieu, tout en préparant de nouvelles pistes de recherche, et de créer un observatoire durable des agriculteurs de Fokoué et de Galim.

A côté de travaux bibliographiques, cette recherche sociologique, privilégie les enquêtes (au nombre de 177 dont 102 entretiens), d’abord à Fokoué et à Galim auprès

d'agriculteurs, des organisations paysannes de ces localités et de leurs responsables, des organismes d’appui au développement, des techniciens du ministère de l’agriculture et des « détaillants » locaux, mais aussi, au niveau régional ou national, auprès des organismes d'appui au développement agricole, des commerçants d'amont et d'aval, des cadres du ministère de l’agriculture et de responsables de l’UCCAO. Fokoué et Galim sont deux arrondissements (ou communes, unités territoriales de base au Cameroun) et Fokoué a une population de 16 000 habitants et 1800 familles agricoles tandis que Galim compte 40 000 habitants et 6400 familles agricoles.

Le chapitre suivant prolonge celui-ci en présentant les principaux concepts utilisés.

Chapitre II