• Aucun résultat trouvé

Quelques outils théoriques pour comprendre la relation entre agronomes, systèmes de connaissance et territoires

1. Les « agronomes de terrain » en Argentine, une catégorie à part dans la profession

1.1. Particularités d’une profession attachée à l’avenir de l’agriculture

Les agronomes en Argentine, contrairement à la France, sont issus d’une formation universitaire acquise dans les facultés d’agronomie ou de sciences agraires, lesquelles sont intégrées dans des universités nationales publiques ou privées7. Leur discipline scientifique, qui se trouve en constante évolution, nous y reviendrons, a été définie en France par Michel Sebillotte comme

« l’étude, menée simultanément dans le temps et dans l’espace, des relations au sein de l’ensemble constitué par le peuplement végétal et le milieu physique, chimique et biologique et sur lequel l’homme agit pour en obtenir une production » (1974 ; p : 6).

En Argentine, nous n’avons pas trouvé aucun courant de pensée ayant tenté de définir l’agronomie en tant que discipline. En revanche, certains chercheurs ont, à partir d’apports de théoriciens étrangers, proposé une discussion sur les objets d’intervention de l’ingénieur agronome ainsi que sur ses fonctions professionnelles. Ces travaux visaient, pour la plupart, l’amélioration des formations universitaires existantes (Piñeiro, 1969 – agronome de l’INTA à Pergamino ; Golberg, 1988 – enseignant à l’Université Nationale de La Pampa – ainsi que Norero et Pilatti, 2002, etc.). Parmi eux, nous souhaitons souligner l’apport de Miguel Pilatti8 et de son groupe qui, depuis plus de 20 ans dans notre région d’étude, conduisent des analyses de systèmes appliquées à la production agricole. Dans la Faculté, ils ont contribué à faire émerger une réflexion qui a abouti à un changement profond du programme des études d’ingénieur agronome en 1998. À cette époque, cette proposition était très novatrice à l’échelle nationale. Elle reposait sur une approche semblable à celle de Sebillotte (comme nous verrons par la suite) notamment à propos des « échelles d’intervention ». Pilatti n’a pas développé une analyse aussi profonde que celle de Sebillotte, car son intention était de

5 Dans toute la thèse, nous utilisons le terme « agronome » pour désigner les ingénieurs agronomes

6 En Argentine, on désigne généralement par le vocable de « professionnel » toute personne ayant effectué plus de cinq ans d’études après le baccalauréat. Mais, dans le cas des ingénieurs agronomes, le terme de profession désigne aussi une volonté collective de se penser selon le mode des learned professions, autrement dit, de corps techniques clos protégés par un diplôme garantissant la conformité de leurs savoirs et pratiques et recevant de la part de l’Etat une fonction dans le société (soigner, éduquer, appliquer les lois) (Albaladejo, 2002).

7 La Loi Nº 14 557 de 1958 autorise l’enseignement universitaire dans le cadre privé.

construire un fondement théorique à l’utilisation de la modélisation des systèmes de production en tant qu’outil pour résoudre les problèmes agricoles et non d’avancer dans la discussion de la discipline.

En suivant les réflexions portant sur la discipline agronomique qui ont été conduites en France, certains auteurs font remarquer que ces évolutions étaient dues « d’une part à une

augmentation générale des connaissances scientifiques et techniques, et d’autre part à une complexification des conditions d’exercice de l’agriculture » Doré (2006 ; p : 24). Ce second moteur de dynamisme de la discipline est lié aux attentes que la société, au sens large, a de l’agriculture. Ces attentes sont différentes d’un pays à un autre et elles se renouvellent au cours du temps. Elles suivent quand même de grandes tendances à l’échelle mondiale telles que le retour récent des préoccupations pour l’alimentation de la population mais aussi, depuis plus de temps en Europe tout au moins, les risques sanitaires, l’attention portée aux problèmes environnementaux, à la préservation des ressources naturelles et à l’aménagement de l’espace pour de multiples usages, etc. En Argentine, ce sont des préoccupations de production, de rentrée de devises, de croissance économique et, depuis la crise de 2001, de sécurité alimentaire qui se font plus sentir. Les inquiétudes de la société argentine pour les questions environnementales sont encore très faibles en ce qui concerne l’impact de l’agriculture, malgré les efforts du monde scientifique.

L’élargissement des préoccupations de l’agronomie dans la sphère internationale a conduit à diversifier la tâche des agronomes et a requis la construction de nouveaux concepts et méthodes. Les agronomes ont dû faire appel à d’autres disciplines, comme l’écologie ou la sociologie, et définir de nouveaux objets, plus complexes, afin de mieux s’ancrer dans l’action et son accompagnement qui a toujours été, tant en France qu’en Argentine, une préoccupation importante de ce monde d’ingénieurs.

1.1.1. Les objets d’étude de l’agronome : diversité des domaines d’action

Selon Michel Sebillotte (2002, 2006), l’observation est une méthode commune aux agronomes mais les préoccupations, qui ont mobilisé la discipline tout au long de son histoire, ont élargi leurs domaines d’action : de la parcelle (ou un ensemble de parcelles, un système de cultures, recevant de mêmes décisions techniques de la part d’un agriculteur) en allant vers l’exploitation agricole elle-même et jusqu’au au territoire, dans lequel s’intègrent les décisions prises sur les diverses parcelles. Chacune de ces trois domaines d’action requiert des méthodes et des concepts différents pour les aborder, donnant lieu à trois types d’agronomes ayant des approches distinctes, que l’auteur ne nomme pas mais numérote : l’agronome numéro 1, l’agronome numéro 2 et l’agronome numéro 3, en précisant que ces trois types d’agronomes sont indissociables et interagissent les uns avec les autres (tableau nº 1).

Chacun de ces agronomes n’entretient pas nécessairement le même genre de rapport avec ces trois domaines d’action, ce qui engendre une tension constante entre « une production de

(Sebillotte, 2002 ; p : 481). À présent, nous retiendrons certaines particularités des trois types des agronomes de Sebillotte pour mieux comprendre les enjeux professionnels de ceux-ci.

L’« agronome numéro 1 » voit dans la parcelle, fruit de l’activité de l’agriculteur, son objet d’étude et d’action. Cette portion d’espace, elle-même insérée dans un espace plus vaste – ensemble de parcelles et d’éléments non cultivés qui forment un paysage – reçoit, parce qu’elle est cultivée, des objectifs de production quantitatifs et qualitatifs. La compétence de l’agronome consiste « non

seulement à pouvoir comprendre ce qui se passe dans les parcelles des agriculteurs – et pas seulement dans ses parcelles expérimentales - mais aussi à fournir des conseils d’action, ce qui suppose qu’il soit capable de faire un diagnostic et des pronostics, d’estimer des potentialités »

(Boiffin et Sebillotte, 1982 ; in Sebillotte 2006 ; p : 6).

Pour étudier la parcelle, l’agronomie a développé progressivement des méthodes en construisant des indicateurs car l’observation visuelle n’est pas suffisante. La meilleure connaissance de l’objet que permettent les méthodes, a conduit à formuler des concepts pour pouvoir parler de cet objet dans un langage commun entre collègues.

L’« agriculteur cultivant ses parcelles » est le deuxième domaine d’action qui donne naissance à « l’agronome numéro 2 ». L’agriculteur et l’agronome, en réfléchissant sur un même objet (la parcelle, l’exploitation), mettent en relation deux types de savoir, deux modes d’agir car ils ont des intérêts et des enjeux différents derrière le même objectif. Selon les mots de Sebillotte « la

construction d’un savoir professionnel [pour l’agriculteur] est contextuelle, elle a pour objectif de

permettre l’action, ici et maintenant, et non de produire des connaissances à vocation universelle »

(2006 ; p : 11). Cela conduit à distinguer deux diagnostics : le premier, interne, celui de l’agriculteur, est fondé sur son expérience, son savoir professionnel donc sur son histoire et, le second, externe, celui de l’agronome, qui est fondé sur ses connaissances théoriques, ses expériences et la manière dont il les mobilise. L’agronome numéro 2 devra, donc, disposer des outils pour comprendre la rationalité des agriculteurs et leurs logiques d’action ce qui a ouvert de nouvelles perspectives scientifiques, du fait du changement du domaine d’action étudié et de la transformation de son objet de recherche, qui est passé de la parcelle à l’exploitation.

Le troisième domaine d’action étudié par l’agronome est le territoire. L’« agronome numéro

3 » doit élargir sa pensée et ses méthodes de recherche sur l’action à des espaces allant au-delà de l’exploitation : une commune ou un bassin versant par exemple. Mais le territoire n’est pas un domaine d’action comme la parcelle ou l’exploitation, il « est un construit social » (Sebillotte, 2006 ; p : 12) lié à l’existence d’institutions et d’acteurs individuels et collectifs ayant des usages, des attentes, des responsabilités qui ne sont pas nécessairement cohérents entre eux, ni vis-à-vis des ressources, et qu’ils sont, de fait, obligés d’organiser. Cette complexité amène à la naissance d’un nouvel objet scientifique : le territoire. Il n’appartient, selon Sebillotte, à aucune discipline particulière :

« c’est un objet scientifique transdisciplinaire qui exige un collectif pluridisciplinaire » (2006 ; p : 12). Ainsi, l’agronome doit être capable de communiquer et travailler avec des autres disciplines pour pouvoir « déterminer des problèmes et des questions de la pratique sur lesquels, avec ses

Tableau n° 1 : Diversité des domaines d’action de l ’agronome Les objets de recherche

de l’agronome La parcelle L’exploitation Le territoire

Les types L’agronome 1 L’agronome 2 L’agronome 3

Source : adapté de Sebillotte, 2002 et 2006

1.1.2. Les intérêts par rapport aux objets : diversité des pratiques professionnelles L’élargissement de l’attention de la parcelle à l’exploitation, laquelle se produit essentiellement dans le contexte sociopolitique de la modernisation agricole des années 1950, conduit des agronomes de la station expérimentale à l’exploitation réelle, dans le but améliorer la pratique agricole des producteurs pour accroître la production globale. Ainsi selon Doré, « l’orientation de l’agronomie vers

l’action a conduit à la production de connaissances originales – destinées à faciliter la mise en œuvre de cette action - à aider les décisions de différents types d’acteurs (pas seulement l’agriculteur) et aux coordinations entre acteurs qu’exigent aujourd’hui la plupart des questions de gestion de l’espace agricole et rural…» (2006 ; p : 28).

En plus d’une différenciation des types par leurs objets, comme le fait Sebillotte, une distinction transversale des agronomes consiste à les différencier selon des attitudes méthodologiques différentes. Ces attitudes conduisent à des pratiques spatiales et de recherche distinctes. Tandis que certains agronomes demeurent confinés au laboratoire ou à la parcelle expérimentale, dans le but de produire des connaissances nouvelles sur son objet, d’élargir les limites de la discipline et de faciliter un développement technologique, d’autres vont sur le terrain pour observer des parcelles réelles, gérées par les agriculteurs, certes pour produire des connaissances mais aussi pour agir sur la réalité observée à travers le conseil.

Une séparation se produit alors en fonction de la relation à l’espace qui conditionne les pratiques professionnelles : l’agronome vulgarisateur (qui a donné lieu, plus tard, au métier de agent de développement), l’agronome technologue et l’agronome chercheur. Cependant, la pratique du chercheur est proche, dans son rapport à l’espace agricole, de celle de l’enseignant, une des plus anciennes activités de l’agronomie, et du fonctionnaire politique, expert dans la création et/ou l’application des politiques publiques sectorielles (tableau nº 2).

Ces mondes doivent communiquer et le dialogue est possible car ils partagent, en principe, les concepts de la discipline (« les concepts spécifiques qui la font dialoguer » Sebillotte, 2006 ; p : 5). En revanche, des temporalités distinctes produisent des enjeux différents. La tâche du conseiller consiste en une prescription réalisée à partir d’un diagnostic incomplet et il est pressé par l’urgence de la situation et par l’agriculteur. Sa tâche n’est donc pas comparable avec celle du chercheur qui doit créer des connaissances pour affirmer ou élargir les fondements de la discipline. Ainsi, ni les rythmes, ni les conditions, ni les types de références mobilisées ne sont identiques. Certes, tous les deux sont des agronomes, ils travaillent sur les mêmes objets – la parcelle, l’exploitation et peut-être aussi le

territoire - mais ils sont distincts de par leurs intérêts et leurs quotidiennetés car ils sont différemment évalués par la discipline et confrontés à leurs collègues.

Si l’on prend en compte le champ des agronomes en Argentine au cours des soixante dernières années, nous pouvons voir que cette pluralité de pratiques professionnelles et spatiales ont différencié des groupes d’intérêt à l’intérieur de la profession avec des objectifs, des enjeux et jusque des règles propres. Ces groupes professionnels ont pris, ou se sont vus assigner, des responsabilités distinctes dans les Systèmes d’Information et de Connaissance Agricole (SICA), comme nous verrons par la suite.

Tableau n° 2 : Diversité des pratiques professionne lles et spatiales de l’agronome Les intérêts par rapports aux objets L’étude pour élargir les limites de la discipline L’étude pour élargir les limites de la discipline et transmettre les connaissances L’étude pour mieux encadrer et réguler le secteur agricole L’étude et l’expérimentation pour chercher des solutions applicables aux problèmes agricoles Le diagnostic et la recherche de solution en relation directe avec l’agriculteur / acteur territorial Les pratiques professionnell es La recherche La recherche et l’enseignement La création et / ou application des politiques publiques La recherche finalisée et l’expérimentation Le conseil technique ou l’expertise Les pratiques

spatiales Au laboratoire / station expérimentale A l’école ou à l’université Au Ministère ou organisme similaire A la station expérimentale campagne A la / territoire local

1.1.3. Les relations de travail : diversité des enjeux professionnels

Les agronomes en Argentine, depuis la naissance de cette profession, ont deux types dominants de relation de travail : soit ils sont employés par un organisme public ou privé, soit ils exercent leur profession dans un cadre libéral, à leur compte, et quelques-uns parmi eux exercent les deux activités en même temps. Dans le premier cas, ils peuvent travailler pour l’Etat ou pour des organisations économiques privées tandis que dans le second cas, l’hétérogénéité des situations est très grande (tableau nº 3).

Les agronomes qui travaillent pour l’Etat, national ou provincial, le font dans les domaines de la recherche, de l’enseignement, du développement technologique ou de l’expérimentation, de l’extensión9, de la sécurité alimentaire ou de la création et de la mise en place des politiques

9 Le terme « extensión » en espagnol vient de l’anglais « extension », qui, comme le mot français « vulgarisation », suggère la popularisation des connaissances. En Argentine, la pratique de l’extensión rurale et

publiques. Ces fonctionnaires, peu présents dans le cadre d’un Etat en train de s’organiser à la fin du XIX siècle, ont connu leur essor au moment de la mise en place du « programme institutionnel du développement agricole » (Albaladejo, 2006) à la fin des années 1950. À partir de ce moment, ils ont travaillé dans le but de renforcer un Etat qui avait besoin de se professionnaliser et, pendant 30 ans, ils ont profité, malgré l’instabilité institutionnelle du pays, de la reconnaissance d’une société et d’un secteur agricole qui avait besoin d’eux. Au début des années 1990, avec le changement de modèle politique et économique à l’échelle du pays tout entier, ces agronomes commencent à percevoir qu’une nouvelle société doute de leur utilité et questionne leur légitimité ce qui se traduit concrètement par la perte de postes de travail.

Les agronomes qui travaillent en tant qu’employés dans des organisations économiques privées ont une histoire plus récente que leurs collègues fonctionnaires, à l’exception des administrateurs des « estancias », une figure inaugurée sous sa forme professionnalisée à la fin du XIX siècle. Ils sont essentiellement apparus au cours la décennie 1970 lorsque les coopératives agricoles ont commencé à les embaucher et vingt ans plus tard, ils étaient présents dans la grande majorité d’entre elles. Leur expansion ultérieure est due aux entreprises fournisseuses d’intrants, aux des grandes entreprises agricoles, au développement de cabinets d’études et d’organisations non gouvernementales (ONG’s). Leurs revenus proviennent d’un salaire fixe mais, la plupart du temps, ils perçoivent aussi un pourcentage sur les ventes d’intrants ou sur les bénéfices de la production agricole. Aujourd’hui, ces organisations économiques offrent la plus grande part des emplois aux agronomes, du moins dans la région centrale de la province de Santa Fe.

Il existe l’exercice libéral de la profession. En Argentine, il s’agit de la plus ancienne relation de travail des agronomes. C’est elle qui a construit l’image de « la profession » basée sur le « type professionnel idéal10 », selon la construction théorique de Parson réalisée à partir des caractéristiques essentielles des professions établies, dans son article « Structure sociale et processus dynamiques :

le cas de la pratique médicale moderne » (1955 ; cité par Dubar, 2002 ; p : 133). Cette notion, reprise par Chapoulie, a établi un modèle de relation entre un professionnel (le médecin, dans l’étude de Parson,) et un client, en considérant la profession comme « une compétence technique et

scientifiquement fondée, et l'acceptation et la mise en pratique d'un code éthique réglant l'exercice de l'activité professionnelle » (1973 ; p : 92). Dans cette analyse, Parson appelle « professions établies » le médecin, l'ingénieur, l’avocat, l'enseignant. Il les distingue « du monde des affaires » et des administrations. Ainsi, l’auteur pose une opposition entre le professionnel qui prête des « services

non formelle qui a la finalité d’améliorer le bien-être de la population rurale, à travers l’incorporation des techniques et connaissances dans l’activité agricole » (Barrientos, 2008 ; p : 141).

10 Le type-idéal des professions a les propriétés suivantes : « 1) Le droit d’exercer suppose une formation

professionnelle longue, délivrée dans des établissements spécialisés. 2) Le contrôle des activités professionnelles est effectué par l’ensemble des collègues, seuls compétents pour effectuer un contrôle technique et éthique. La profession règle donc à la fois la formation professionnelle, l’entrée dans le métier et l’exercice de celui-ci. 3) Le contrôle est généralement reconnu légalement, et organisé sous des formes qui font l’objet d’un accord entre la profession et les autorités légales. 4) Les professions constituent des communautés réelles dans la mesure où, exerçant leur activité à plein temps, n’abandonnant leur métier qu’exceptionnellement au cours de leur existence active, leurs membres partagent des « identités » et des intérêts spécifiques. 5) Les revenus, le prestige, le pouvoir des membres des professions sont élevés : en un mot ils appartiennent aux fractions supérieures des classes moyennes. » (Chapoulie, 1973 ; p : 93).

efficaces à des clients » et l'homme d'affaires qui est « compromis dans la réalisation d'un bénéfice

personnel » et qui vend des produits aux consommateurs. Pour Dubar et al., en revanche, cette différence existe mais elle n’est pas aussi nette. Il affirme que « le professionnel place le prestige

avant l'argent, bien qu’il soit aussi intéressé, tout comme l'homme d'affaires, par la richesse, symbole principal de son statut » (2003 ; p : 87).

En Argentine, le profil de conseiller d’entreprise s’est développé sur l’image du modèle professionnel de Parson, entretenant des relations de travail « indépendantes », soucieux de rendre des services à ses clients et, à travers eux, à la société. Les représentations qui dominent au sein de ce profil conduisent à concevoir l’activité professionnelle comme totalement étrangère à des intérêts qui ne soient pas scientifiques et techniques. Ces agronomes se différencient en mettant en évidence que leurs revenus proviennent de la « vente » de connaissances et non de la « vente » d’un produit ou intrant agricole.

La profession libérale, tout comme les emplois de fonctionnaire, s’est développée en lien avec la modernisation de l’agriculture. Au début, les agronomes ont cultivé un style technique-productiviste puis, pendant les années 1990, ils se sont orientés vers un style plus économico-financier. Ils occupent peu d’emplois actuellement mais ils représentent encore l’élite des agronomes et ils marquent les repères de l’idéal de la profession.

Tableau n° 3 : Diversité des relations de travail d e l’agronome

Salariat Profession libérale

Agronome embauché

par l’État Agronome embauché par des organisations économiques privées

Vente de services aux exploitations L’agronome

fonctionnaire L’agronome employé L’agronome consultant

1.2. Les profils professionnels : une manière de comprendre la diversité de modes d’action

Outline

Documents relatifs