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Participation et rôle du tourisme dans les stratégies gouvernementales

et basé sur les réalités locales et les attentes des

2. Thérapie : traitement annexe des problèmes rencontrés par les habitants, sans aborder les vrais enjeux.

6.4 Participation et rôle du tourisme dans les stratégies gouvernementales

La participation au développement du tourisme demanderait, dans un premier temps, une réflexion de la définition des politiques touristiques, qui devraient considérer davantage la dimension sociale de cette activité. Dans un second temps, il conviendrait d'envisager également un partage équitable des bénéfices (économiques, sociaux, etc.) qui en résultent.

"Le tourisme est une opportunité stratégique pour les territoires, mais pour autant, on doit être l'observer avec une perspective locale, adaptée à la réalité socio-économique et socioculturelle. Tout au long des multiples phases de production de l'activité, les acteurs, publics et privés, doivent être impliqués et avec la population locale, diriger des alliances stratégiques pour la construction de destinations émergentes et de produits touristiques. Autrement il peut devenir une activité agressive pour l'environnement et génératrice de nouvelles difficultés." (Lopez Lopez et De Esteban Curiel, 2010, p. 124-125).

Il est indispensable d'avoir une planification stratégique qui permet de mesurer les aspects territoriaux, socio-économiques et culturels, afin de pouvoir dessiner et exécuter les objectifs tout en tenant compte des risques inhérents à l'activité touristique. Du point de vue des acteurs, comme nous l'avons déjà évoqué auparavant, il est nécessaire d'établir des dynamiques de planification et de coordination entre les parties prenantes ainsi qu'un dialogue fluide entre les différentes personnes concernées, sans jamais oublier que "la prise en compte de la satisfaction de la population locale constitue une dimension majeure du tourisme durable" (Caccomo, 2007, p. 217).

Tout comme la préservation et la valorisation de l'environnement, des patrimoines et des cultures, assurés par des politiques sérieuses qui prennent en compte le développement durable, le développement participatif du tourisme basé sur une collaboration élargie de toutes les parties prenantes est essentiel à la mise en place de modèles durables ainsi qu'au développement afin que celui-ci devienne une réalité possible sur les moyen et long termes (Lopez Lopez et De Esteban Curiel, 2010).

Cependant, il faudrait considérer ici, dans une vision moins romantique, que le tourisme est une activité souvent planifiée, développée et gérée par les pouvoirs publics, tel qu'au Brésil. Autrement dit, il ne s'agit pas d'une activité qui se développe librement mais bien au contraire, qui incarne une fonction spécifique au sein des stratégies des gouvernements, et de ceux-ci avec des acteurs économiques. Comprendre le rôle du tourisme dans ces stratégies est alors fondamental afin de pouvoir saisir l'importance qui y est accordée à la participation.

Le tourisme est l'une des activités économiques qui s'est largement développée depuis le XXème siècle et qui se trouve aujourd'hui au centre des stratégies gouvernementales pour le développement. En effet, la plupart des discours des gouvernements affirment que le tourisme contribue à l'économie locale et nationale, combat les inégalités et la pauvreté, et favorise le développement (durable).

83 D'autres exemples où le tourisme est développé de façon plus durable et harmonieuse avec la population

locale, notamment grâce à l'implication de celle-ci, peuvent être retrouvés sur la page du prix ToDo! qui a été mentionné auparavant : <http://www.to-do-contest.org/award-winners.html>.

133 Cependant, le tourisme n'est pas une activité "pure" et libre de l'interférence de l'État, bien au contraire. Les forces révélées par notre recherche ont confirmé l'idée que le tourisme (au Brésil) est un outil étatique parmi d'autres, et qu'il s'adapte souvent à des objectifs et volontés plus globaux des gouvernements. Ainsi, si le développement durable ou encore la participation ne constituent pas de priorités des gouvernements, ils seront rarement incorporés au développement du tourisme.

En Inde, par exemple, le ministère du Tourisme et de la Culture gère la politique touristique nationale sans consulter d'autres organismes importants tels que le ministère de l'Environnement et des Forêts ou le ministère du Commerce et de l'Industrie (Suresh, 2006). Sans cette coordination, le processus participatif aura beaucoup de difficultés à se mettre en place et à se maintenir. Un développement participatif du tourisme requiert une coordination au sein des acteurs publics, qui sont en général à l'initiative de la démarche.

L'idée de "démocratisation du tourisme" (Suresh, 2006) exige que la population soit soutenue dans sa lutte contre un tourisme inattentif et écoutée dans toutes les phases du développement, même au moment de l'élaboration de politiques : si elles sont issues d'une procédure démocratique, elles seront un outil plus efficace afin d'atténuer les effets négatifs d'un projet touristique. En outre, l'ensemble du processus politique peut être amélioré en faisant ressortir les hypothèses, les intérêts et les valeurs cachés derrière les différentes opinions (HarmoniCOP, 2005).

Le fait d'inclure les habitants à l'élaboration de politiques favorise, par ailleurs, le flux d'information, la responsabilité et la régularité du processus, en donnant la voix à ceux qui sont les plus affectés par ces mêmes politiques. Le danger réside notamment dans le fait que la participation devienne uniquement une notion utopique (Sisk et al., 2001) et sans effet réel. Notre recherche a montré que, malgré une reconnaissance récente de la part des gouvernements brésiliens du retard en termes de développement durable, les intérêts de l'État moderne vis-à-vis du tourisme n'ont pas vraiment changé par rapport aux intérêts ‒ essentiellement économiques ‒ de l'État du XXème siècle, du début du développement de l'activité touristique au Brésil.

Il convient pourtant de comprendre ces affirmations non comme une généralisation et une critique à tous les gouvernements mais plutôt comme une constatation à plusieurs niveaux (du local au national), à différentes époques, d'une posture commune vis-à-vis du tourisme, traduite en politiques et actions précises. Cette posture est particulièrement adoptée à l'échelle nationale (mais aussi des États fédérés), comme nous analysons dans les chapitres 7, 8 et 9. Nous estimons que les premières barrières à franchir sont celles d'un changement des politiques et que, par la suite, le défi est celui de faire intervenir d'autres acteurs et institutions qui n'appartiennent pas forcément aux gouvernements mais qui sont associés à l'action collective ‒ la gouvernance. Puisque le tourisme est une activité sensible aux différences régionales, il est important de laisser intervenir les acteurs locaux : on parle alors de gouvernance locale et de la capacité des acteurs locaux à gérer leurs territoires, et ce avec les populations qui sont partie intégrante de la prise de décision.

Dans le chapitre 1, nous avons parlé de différentes formes de tourisme pratiquées aujourd'hui et qui sont dites "plus durables" car elles essaient de respecter les lieux visités dans les diverses acceptions de la durabilité ‒ environnementale, culturelle, économique et sociale. Parmi ces pratiques, nous avons mentionné celle du tourisme participatif. Il convient de

134 préciser, avant de conclure ce chapitre, les différents usages du terme tourisme participatif et de souligner celui que nous utilisons dans cette recherche.