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Participation et tourisme participatif

2.2 Différentes définitions et les cadres de la participation

Globalement, la participation désigne des procédures et démarches qui donnent un rôle aux individus dans la prise de décision affectant la communauté. Une définition de la participation a été formulée par les Nations Unies en 1986 et la considère comme étant "un processus global, économique, social, culturel et politique, qui vise à améliorer sans cesse le bien-être de l'ensemble de la population sur la base de leur participation active, libre et significative au développement et au partage équitable des bienfaits qui en découlent".

Dix ans plus tard, la définition élaborée par la banque mondiale47 reste assez proche à celle des Nations Unies mais inclue la notion d'acteurs : la participation est "un processus à travers lequel les acteurs influencent et partagent le contrôle sur le développement des initiatives, des décisions et des ressources qui les affectent". Le terme acteur en français fait référence à la fois aux termes anglais public et stakeholder.

L'acteur peut être compris comme étant une personne, un groupe ou une organisation qui, rassemblés ou pas, partagent un intérêt commun sur une question (Grimble et Wellard, 1997) et peuvent affecter ou être affectés par les décisions et les actions. L'acteur est un sujet qui se trouve en situation d'action, quels que soient le niveau d'implication et sa place dans les systèmes de décision. Il participe de façon intentionnelle à un processus, dans le cadre de la défense d'intérêts particuliers ou collectifs (Gumuchian et al., 2003, p. 110)48.

En sciences politiques, la participation est un terme qui recouvre les différents moyens par lesquels les citoyens peuvent contribuer aux décisions politiques. On parle ainsi de participation citoyenne. Sur ce dernier terme, nous comprenons qu'il inclut sans s'y limiter la participation publique (Lanmafankpotin et al., 2013). De la même façon, il est également possible de parler de participation publique et comprendre qu'il s'agit d'une forme de participation citoyenne en lien avec les affaires publiques. Les termes participation citoyenne et participation publique sont fréquemment employés pour faire référence à cette participation de l'habitant à la vie de son territoire.

La participation citoyenne est définie par Cunningham (1972) comme un processus dans lequel les personnes participent à la prise de décisions relatives aux affaires générales de leur

47 Banque mondiale (1996), The World Bank participation sourcebook, Washington DC, 253 p. 48 La question de l'acteur sera reprise et mieux développée ultérieurement dans ce chapitre.

74 communauté. Certains affirment, par ailleurs, qu'elle s'inscrit dans la recherche d'un modèle de démocratie plus proche des citoyens, s'approchant en ce sens de la démocratie participative.

La démocratie participative peut être comprise comme l'ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et d'accroître leur rôle dans les prises de décision. La démocratie participative se présente comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais conserve cependant le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions.

Concernant la participation publique, bien qu'il n'existe pas une définition indiscutée de ce qu'elle constitue (Frankish et al., 2002), elle évoque l'idée d'une implication directe de la population dans des affaires publiques. Ainsi, la participation publique est souvent perçue comme étant l'action de prendre part aux décisions collectives au sein du gouvernement, d'une institution publique ou d'un organisme de la société civile (Thibault et al., 2000), dans des dispositifs formels régis par des règles établies et ayant des objectifs explicites. Ces dispositifs peuvent être des structures ou des processus, permanents ou ponctuels.

Nous entendons que ces idées ne sont pas identiques ‒ même si souvent les deux se chevauchent (André et al., 2006) ‒ dans le sens où la participation publique, avec une échelle territoriale bien définie, encadrées par des institutions publiques, serait plus limitée dans son champ d'actions (liée aux politiques publiques) que la participation citoyenne, qui concerne de multiples thèmes (non uniquement ceux liés aux politiques locales) et qui peut ainsi avoir lieu à plusieurs échelles, voire être mise en place par la propre communauté, sans passer nécessairement par les mains des pouvoirs publics.

Ainsi, la notion que nous retenons pour cette thèse est que, de manière générale, la participation citoyenne inclut sans s'y limiter la participation publique (Lanmafankpotin et al., 2013). À partir de là, il est possible de parler de participation publique et comprendre qu'il s'agit en même temps d'une forme de participation citoyenne, celle en lien avec les affaires (et les politiques) publiques.

Cependant, une question nous semble importante quand on parle d'affaire publique. Deux pays ont-ils les mêmes affaires publiques ? Peut-on parler d'affaire publique en France de la même façon qu'en Chine ou aux États-Unis ? Est-ce que cela ne serait finalement pas un concept global mais qui ne peut être bien défini qu'avec une prise en compte de l'organisation politique, sociale et culturelle du pays en question ?

Sans l'ambition de répondre à ces questions, nous nous baserons sur cette réflexion et nous utiliserons alors pour cette thèse le terme tout court de participation pour représenter la prise de connaissance sur les affaires de la communauté et l'inclusion d'individus et de groupes qui sont positivement ou négativement affectés ou intéressés par une intervention proposée (un projet, un programme, une politique, etc.) soumise à un processus de prise de décision (André et al., 2006).

Cette idée se rapproche à la notion de participation communautaire, qui est "[...] l'implication des personnes d'une communauté dans des projets objectivant la solution de leurs propres problèmes" (Harvey et al., 2002, p. 177), sans pour autant limiter cette participation aux

75 citoyens49. Souvent, les textes sur la participation prêtent peu d'attention à la différence entre ces termes (habitant, population, citoyen...). Nous estimons que la participation doit être libre et ouverte à toute personne qui se sent concernée par une question, une action ou un projet sur son territoire de vie. Des exceptions existent, notamment pour des processus liés au domaine politique, tels que les référendums, dans lesquels une participation citoyenne est plus légitime. Nous comprenons, par ailleurs, que cette participation peut avoir lieu dans un cadre institutionnalisé (organisée sous l'initiative des membres de la société civile ou des décideurs) ou pas. Dans le premier cas, les dispositifs institutionnalisés se partagent entre obligatoires (juridiquement définis et qui obligent les personnes à participer) et volontaires (juridiquement ou administrativement définis et qui invitent les personnes à participer, tout en les laissant libres de le faire). Les dispositifs non institutionnalisés, quant à eux, sont des formes moins rigides de participation que pratiquent des personnes, seules, en groupes structurés ou en rassemblements spontanés (Lanmafankpotin et al., 2013, p. 6).

Compte tenu de notre propos, nous ne retiendrons pas pour cette étude les dispositifs institutionnalisés obligatoires car c'est plutôt la participation libre qui nous intéresse, plus dans un cadre de dispositifs institutionnalisés volontaires, étant donné que nos études de cas sont juridiquement ou administrativement définis et encadrés par un organisme public ou autre. Néanmoins, nous ne limitons pas la réflexion en excluant les dispositifs non institutionnalisés et les initiatives participatives générées au sein des communautés.

2.3 Importance de la communication pour le développement de la participation