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et basé sur les réalités locales et les attentes des

2. Thérapie : traitement annexe des problèmes rencontrés par les habitants, sans aborder les vrais enjeux.

6.2 Essai de définition de la participation au tourisme

Ces questions nous amènent à clarifier l'idée de participation au tourisme présentée dans ce travail. Pour ce faire, nous nous appuyons sur l'approche à la participation développée auparavant ainsi qu'aux questions de développement durable et de démocratie participative. La participation au tourisme est une ouverture, une démocratisation (Suresh, 2006) des systèmes décisionnels liés aux différentes phases du développement touristique (planification, prise de décision, suivi, etc.) à la population des localités touristiques, comme le font d'autres disciplines territoriales (aménagement, urbanisme, etc.).

La population locale des destinations touristiques sont alors capables (dans l'idée d'Amartya Sen) d'exprimer leurs opinions, ressentis, envies et attentes vis-à-vis du tourisme développé sur leur territoire au travers de différents dispositifs et niveaux de participation. Tout comme dans d'autres matières, dans le cas du tourisme, cette participation reprend les idées de l'échelle de Sherry Arnstein (1969) et d'autres développées plus tard.

Développer une participation au développement du tourisme, c'est créer un processus qui permet d'abord l'accès à l'information (sur des projets, plans, politiques, législations... mais aussi sur les effets et les répercussions du tourisme) pour toutes les parties concernées et intéressées (individus, groupes et organismes qui peuvent être affectés), et qui envisage un travail au moins de sensibilisation auprès des habitants.

Puis, il peut s'agir de niveaux intermédiaires d'implication des habitants tels que dans les consultations, lors desquelles les habitants sont invités à donner leurs avis sur un thème en particulier (mais la décision finale ne les prend pas nécessairement en compte), ou les concertations qui, contrairement aux consultations, doivent prendre en compte les avis des participants lors de la décision finale.

Les processus de concertation cherchent à mettre en place des moments et des espaces pour le débat et la proposition d'idées entre les différents acteurs (publics, économiques, institutionnel

129 et société civile). Ce niveau est, d'après nous, la première étape d'une vraie démarche d'inclusion des habitants à la prise de décision puisque leurs opinions peuvent influencer la prise de décision.

À un niveau d'implication un peu plus élevé, lors des collaborations, le public est associé à chaque aspect de la décision et celle-ci est prise après une négociation avec toutes les parties prenantes. Enfin, le niveau plus haut de participation correspond à un pouvoir décisionnel placé entièrement dans les mains des habitants, soit via une délégation de ce pouvoir, soit par une gestion autonome du projet (il peut bien s'agir aussi d'un équipement, d'une activité, d'un quartier, etc.), ceci étant souvent le cas des projets de tourisme communautaire.

Enfin, la participation au développement du tourisme peut être ciblée vers des groupes ou des domaines spécifiques, ou faire participer les acteurs de manière plus globale. Cependant, elle ne doit pas être un geste symbolique qui ne prend finalement pas en compte les opinions, comme nous l'avons vérifié dans certains de nos cas d'études. Les différents aspects inhérents à ces niveaux de participation seront mieux explorés lors de la présentation de nos études de cas empiriques dans le chapitre 4 et approfondis dans les analyses du chapitre 10.

6.2.1 Prise en compte des réalités locales et sensibilisation des habitants : aspects

essentiels pour le développement participatif du tourisme

De manière globale, nous considérons que, quel que soit le degré d'implication des habitants, exprimé par cette échelle de participation, toute action d'inclusion de la population dans le développement du tourisme requiert un travail auprès des habitants de prise de conscience de leur territoire et des enjeux de l'activité touristique. En effet, la maîtrise de différents éléments du tourisme n'est pas une compétence naturelle des habitants ; elle requiert ainsi des formations et des informations constantes.

Pour cette raison, nous croyons que les deux premiers niveaux d'implication mentionnés auparavant (information et sensibilisation) sont des critères fondamentaux pour le développement touristique lui-même et dans n'importe quel territoire, ainsi que pour la mise en place de niveaux plus élevés de participation, tels que la consultation, la concertation, etc. Il paraît logique, par exemple, que consulter voire déléguer le pouvoir à une population qui ne connaît pas les enjeux du tourisme est une mission impossible. Comment serait-il possible de recueillir l'avis d'une communauté sur un projet touristique si les habitants ne sont pas en mesure d'analyser les divers aspects qui rentrent en jeu ? D'où l'importance de l'empowerment par l'éducation générale et, plus spécifiquement, l'éducation au tourisme.

Cette prise de conscience du tourisme serait la base, un premier pas vers l'établissement d'une bonne gouvernance dans le développement de cette activité. Il s'agit d'une gouvernance qui prône la responsabilité, la solidarité (dans l'idée d'Hélène Combe) et la participation (aussi dans l'idéee d'empowerment) des membres de la communauté.

Pour ce faire, les différentes réalités des communautés doivent être prises en compte, y compris leurs dynamiques de pouvoir et structures sociales, politiques... celles que révèlent les pratiques locales, les rapports de force et les débats locaux et pas seulement celles qu'indiquent les organisations institutionnelles. Pars ailleurs, il convient de ne pas imposer d'idées et de structures étrangères qui puissent renforcer les oppressions et les injustices déjà existantes (Suresh, 2006).

130 Cette idée est centrale dans notre travail : nous ne cherchons pas à déterminer des modèles figés de "démocratisation du tourisme" à travers nos études de cas ; nous nous intéressons plutôt à l'étude de quelques possibilités appliquées à des terrains précis pour pouvoir vérifier si malgré leurs spécificités, il existe des points convergents qui nous permettent de proposer – et non d'imposer – certaines idées à d'autres terrains à la fin.