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La relation entre le parentage et la réussite scolaire a fait l’objet de bon nombre d’études (Fletcher et al, 2008; de Bruyn et al., 2003; Marchant et al., 2001; Gray & Steinberg, 1999; Dearing et al., 2006; Gonzalez - Pienda et al., 2002; Griffith, 2001; Levin et al., 1997; Osyerman et al., 2007; Zellman et al.,1998; Miliotis et al., 1999). Il a été observé que certains parents réussissent mieux que d’autres à promouvoir l’importance de la réussite scolaire pour leurs enfants (ex: Darling & Steinberg, 1993; Hart & Risley, 1995).

Spera (2005) présente une revue de la littérature portant sur la relation entre le style parental, les pratiques parentales et la réussite scolaire. L’auteur s’appuie sur le modèle contextuel de Darling et Steinberg (1993). L’analyse d’une vingtaine de recherches empiriques démontre que l’engagement parental et la supervision parentale demeurent des facteurs robustes de réussite scolaire. En outre, la revue de littérature semble confirmer l’apport positif d’un style parental «autoritatif» sur la réussite scolaire, bien que ce constat ne soit pas consistant à travers la culture, l'appartenance ethnique, et le statut socio-économique.

Pomerantz et ses collègues (2006) ont réalisé une étude qui met plutôt en relief l’importance de la compétence parentale en contexte scolaire. Leur hypothèse de recherche s’appuie sur les résultats de plusieurs études suggérant que l'adoption des pratiques orientées vers le développement de compétences peut être particulièrement bénéfique pour les enfants qui perçoivent leurs compétences négativement. Selon les résultats de l’étude, les pratiques maternelles orientées vers la maîtrise des compétences sont plus fortement associées à un meilleur fonctionnement psychologique pour les enfants qui perçoivent leur compétence scolaire négativement. Ces pratiques semblent fournir, aux enfants qui perçoivent leur compétence scolaire négativement, des ressources psychologiques qui favorisent le développement du sentiment de compétence. Ainsi, des pratiques parentales orientées vers la maîtrise de compétence peuvent contribuer à développer un contexte favorable à l'amélioration du bien-être des enfants qui entretiennent une croyance négative au sujet de leur compétence scolaire. À l’opposé et comme mentionné précédemment, des interventions parentales dénotant un manque d’habiletés sociocognitives peuvent avoir des répercussions indésirables. Par exemple, lorsque l'aide apportée induit de la frustration ou d’autres émotions négatives chez la mère, et s’accompagne de tensions entre la mère et l’enfant, elle devient beaucoup moins bénéfique et n’exerce alors aucun effet sur la performance scolaire de l’enfant. Une telle aide étant donnée la plupart du temps aux élèves ayant plus de difficultés au niveau scolaire, elle peut contribuer à cultiver des tendances indésirables comme la dépendance ou la perte d’estime chez l'enfant. Si, en plus, ce type d'aide soulève des tensions entre les parents et les enfants, elle peut devenir une cause de découragement et de déception (Levin et al., 1997). L’aide maternelle peut donc s’avérer contre-productive pour l’enfant au niveau académique et au niveau de son bien-être en général (Pomerantz et al., 2007; Kohn, 2006; Solomon, Warin &

Lewis, 2002; Smilansky, Fisher & Shefatya, 1896). Cette étude donne donc un éclairage plus nuancé de l’engagement parental en suggérant l’importance de la compétence parentale.

Parmi les études portant sur la relation entre le style parental et la réussite scolaire de l’enfant, un certain nombre d’entre elles se sont attardées à démontrer l’effet médiateur du sentiment de compétence (ou d’autoefficacité) ou de la motivation. Par exemple, Grolnick et ses collègues (1991), ainsi que Leung et Kwan (1998), ont proposé deux modèles intégrant les effets médiateurs de la motivation de l’élève entre le parentage et la réussite éducative. Les résultats de l’étude de Gray et Steinberg (1999) suggèrent que le parentage est particulièrement approprié pour expliquer certains facteurs de la réussite scolaire des adolescents tels que la motivation, la compétence et l’accomplissement. De Bruyn et ses collègues (2003) ont exploré pour leur part la chaîne d’associations entre le parentage et la réussite scolaire en début d’adolescence, à partir d’un échantillon de 372 élèves de première année secondaire. Les auteurs se sont concentrés sur les dimensions du parentage qui régissent et structurent le comportement des enfants, à savoir: le style parental et les exigences des parents en termes de maturité et d’organisation. Les résultats ont démontré qu’un parentage caractérisé par la discussion et le raisonnement logique, plutôt que par des pratiques coercitives axées sur la punition, stimule l’adolescent à développer des comportements positifs face à l'école, aux professeurs, et à l’environnement social (les pairs). Cette attitude positive de l’élève semble contribuer favorablement au succès scolaire (De Bruyn et al., 2003).

Bon nombre d’études semblent suggérer que l’engagement parental dans le domaine scolaire demeure important à l’adolescence (Keith, 1993 ; DePlanty, Coulter-Kern & Duchane, 2007). Ces études relèvent l’apport positif des discussions à la maison et de l'engagement en général des parents en milieu scolaire (Sheldon & Epstein, 2005; Van Voorhis, 2003; Sui-Chu & Wilms, 1996). En outre, un engagement parental élevé serait lié à un fonctionnement plus efficace des adolescents dans leur milieu scolaire (Bronstein, Duncan, D'Ari, Pieniadz, Fitzgerald et al., 1996). Cependant les adolescents semblent accorder plus d’importance à l'engagement des parents à la maison, comme les discussions à propos de l'école, en comparaison avec l'engagement en milieu scolaire pour leur réussite dans ce domaine (Deplanty et al., 2007). Selon Gonzalez-Pienda et ses collaborateurs (2002), les comportements dérivés de l’engagement parental affecteraient de manière significative la réussite scolaire des adolescents et préadolescents. Toutefois et comme présumé, cet effet ne serait pas direct. L’engagement parental agirait plutôt indirectement par

l'intermédiaire de l'influence de variables personnelles telles que les aptitudes scolaires, la perception et estime de soi et la façon d’attribuer les causes des succès et des échecs scolaires. La perception de soi en contexte scolaire serait la variable la plus fortement liée à l’engagement parental. Ce constat est d’autant plus intéressant que, dans cette étude, la perception de soi des élèves aurait un effet puissant sur la réussite académique (Gonzalez-Pienda et al., 2002).

D’autres études suggèrent qu’à l’adolescence, l’engagement parental au niveau scolaire aurait une contribution moins importante dans la réussite éducative (Fan & Chen, 2001; Hill, Castellino, Lansford, Nowlin, Dodge, et al., 2004). La contribution positive de l'engagement parental à la réussite scolaire reposerait surtout

sur « un paradigme social généralement accepté voulant que l'engagement soit un ingrédient important dans la solution de nombreux problèmes dans la sphère de l'éducation » (Fan & Chen, 2001, p.1). Les études empiriques sur le sujet donnent lieu à des contradictions notables, notamment par le fait que la définition opérationnelle de l’engagement parental varie d’une étude à l’autre (Keith & Keith, 1993; Fan & Chen, 2001). Les résultats de la méta-analyse de Fan et Chen (2001) indiquent que la supervision parentale, des tâches scolaires réalisées à la maison, est faiblement associée à la réussite scolaire. À l’opposé, les aspirations ou les attentes parentales dans ce domaine sont associées à la réussite scolaire (Fan & Chen, 2001). Selon cette même étude, l'appartenance ethnique et l'âge exercent des effets de modération très faibles, ce qui implique notamment que ces constats s'appliquent, peu importe le niveau de scolarité, primaire ou secondaire (Fan & Chen, 2001). En outre, toujours selon cette même étude, les relations seraient plus fortes quand la réussite scolaire est mesurée par un indicateur global que par un indicateur spécifique (comme les résultats en mathématique ou en lecture). Ces résultats soutiennent les constats de recherches antérieures suggérant que certaines dimensions de l'engagement parental ont plus d'incidences que d'autres sur la réussite éducative des adolescents. Notamment, l'aspiration des parents au niveau scolaire serait le facteur prédictif le plus fort pour la réussite scolaire parmi toutes les dimensions de participation parentale alors que le mode de fonctionnement familial en matière d’activités scolaires serait très faiblement lié à la réussite scolaire (Singh, Bickley, Trivette, Keith et al., 1995). Solomon (2002) fait ressortir les possibles effets négatifs sur la famille de l’encadrement aux devoirs durant la période de l’adolescence; les interactions et la dynamique subtile entourant l'aide aux devoirs rendant le processus plus complexe qu'il n'y paraît. L'encadrement des devoirs à la maison pourrait devenir un lieu de tensions significatives entre parents et adolescents, d’une part parce que certains parents seraient confrontés à un sentiment d’incompétence dans ce domaine et d’autre part, parce que l'aide aux devoirs serait une occasion pour d’autres parents de pallier leurs propres échecs scolaires ou aux opportunités manquées (Solomon, 2002). Dans cette même étude, les adolescents rapportent que l'inquiétude des parents crée un climat de tension et une pression à performer ou que certains parents imposent un agenda de travail qui ne correspond pas nécessairement à ce qu'ils veulent tout en se sentant impuissants à influencer les décisions à cet égard. Ainsi, et en dépit de la croyance généralisée, l'efficacité réelle de l'engagement parental ne semble pas avoir encore été clairement démontrée (Fan et Chen, 2001). Enfin, même s’il semble y avoir un déclin de l’engagement parental à l'adolescence, les causes et les conséquences de ce déclin sont encore méconnues et devraient faire l’objet de recherches futures (Spera, 2005).

En somme, les résultats de l’étude appuient l’existence d’une chaîne d’association reliant le parentage à la réussite scolaire. D’autre part, les résultats globaux confirment la continuité dans la prime adolescence, de la relation entre des pratiques de parentage positives et le comportement en milieu scolaire. Des pratiques parentales caractérisées par la discussion et s’inscrivant dans une approche plus démocratique (moins autoritaire) semblent stimuler les aspirations éducatives.