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Les conditions de travail font référence au contexte de travail, soit l’environnement dans lequel évoluent les employés sur leur lieu de travail. Le contexte de travail est défini par l’ensemble des conditions de travail, c’est-à-dire l’ensemble des composantes facilitantes et relationnelles (ex. : soutien des collègues) aussi bien que les dimensions éprouvantes, tels la pénibilité de la tâche, les risques physiques et psychosociaux associés aux conditions de travail et aux dimensions physiques de l’environnement (ex.: bruit). Depuis quelques années, beaucoup de chercheurs s’intéressent particulièrement à l’effet potentiel des changements et du contexte organisationnel sur les conditions de travail et la santé psychologique des travailleurs (ex.: Brun, Biron & Ivers, 2007 ; Dejours, 2008; Rhéaume, 2006, 2008; Vézina et al., 2011). De nombreuses études ont démontré l’existence de liens étroits entre les dimensions du contexte ou de l’organisation du travail et différents problèmes de santé mentale, tels que la dépression, la détresse psychologique, l’épuisement

professionnel de même qu’avec la consommation accrue de psychotropes (Marchand et al., 2006; Rugulies, Bultmann, Aust, & Burr, 2006; Siegrist, 2008; Ylipaavalniemi et al., 2005).

L’expression « conditions d’emploi » est habituellement réservée aux exigences imposées à un salarié au moment de son embauche même si, selon le Code canadien du travail, les conditions d’emploi revêtent un sens large englobant autant les conditions générales de travail que le salaire, les avantages sociaux, les congés, le nombre d’heures et l’horaire de travail. Le salaire, l’horaire de travail et les heures de travail sont les trois conditions les plus saillantes qui caractérisent l’emploi d’un travailleur.

Le salaire

Il est encore largement présumé que le salaire représente un facteur clé d’embauche et de rétention ainsi qu’une source importante de motivation à performer (ex: Rynes, Gerhart & Minette, 2004; Rynes, Gerhart, & Parks, 2005; Werner & Ward, 2004). Les bénéfices socioéconomiques rattachés au fait d’avoir accès à un revenu suffisant sont difficilement discutables. À l’opposé, un salaire insuffisant engendre potentiellement un revenu familial insuffisant, lequel peut générer des effets délétères sur le bien-être familial (Adams & Ryan, 2000) et celui des enfants (ex: Dearing et al., 2006; Gennetian, Lopoo & London, 2008; Hsueh & Yoshikawa, 2007; Miliotis , Sesma & Masten 1999; Reynolds et Ou, 2004). La qualité du fonctionnement familial serait donc fortement influencée par le revenu; la vie familiale étant meilleure chez les familles ayant un revenu plus élevé (Adams & Ryan, 2000). Il est donc peu étonnant que, depuis plusieurs années déjà, les familles à double revenu représentent la norme dans les pays industrialisés comme au Canada, où 65 % des couples ayant des enfants bénéficient de deux revenus (Statistique Canada, 2006).

De nombreuses études se sont attardées à examiner la contribution du revenu sur le bien-être. Par exemple, l’étude récente de Vézina et de ses collaborateurs (2011) indique que les hommes ayant un revenu plus élevé manifestent moins de détresse psychologique. D’autres études suggèrent que les répercussions négatives de certaines conditions de travail sont plus marquées lorsque le statut socio-économique des parents est faible (Dearing et al., 2006; Hsueh et al., 2007; Gennetian et al., 2008; Miliotis et al., 1999; Reynolds et al., 2004). Par exemple, il semble que dans les milieux à faible revenu, le travail des parents est négativement associé à l’engagement parental dans le domaine scolaire (Heymann & Earle, 2000; Hsueh et al., 2007). Ce constat est particulièrement important étant donné que plusieurs autres études démontrent que la relation positive entre l’engagement parental et la réussite éducative est plus prononcée dans les milieux à faible revenu (Dearing et al., 2006; Miliotis et al, 1999; Reynolds et al., 2004). Notamment, l’augmentation du nombre d’heures travaillées pourrait avoir une incidence plus défavorable sur la réussite

scolaire et le comportement des adolescents dans les familles à faible revenu (Gennetian et al., 2008). Par ailleurs, un contexte de pauvreté peut avoir une incidence négative sur le bien-être des jeunes, notamment parce qu’il les surexposent à un ensemble de facteurs de risque (Dunifon, Kalil & Bajracharya, 2005; Evans, 2004; Japel et al., 2008).

Toutefois, certaines études insistent sur le fait que ce n’est pas tant le revenu familial, mais la stabilité du revenu qui est en lien avec le bien-être de la famille (Goldberg, Greenberger, Hamill & O'Neil, 1992; Jones et al, 2002). La stabilité du revenu renvoie au phénomène grandissant de l’insécurité d’emploi. Ce phénomène s’instaure généralement en réponse à une période de chômage récent ou en raison d’un processus de restructuration en cours, même si dans les faits les personnes peuvent occuper un emploi (Vézina et al., 2011). L’insécurité d’emploi concerne également les personnes qui entrent et sortent du marché du travail de manière régulière (Malenfant, LaRue & Vézina, 2007). Plus de 35% de la population visée par l’enquête de Vézina et de ses collaborateurs (2011) est dans une situation rattachée à l’insécurité d’emploi et la proportion de ceux qui ressentent de l’insécurité est plus grande dans les tranches de revenus d’emploi les plus faibles (revenu inférieur à 40,000$ par année ainsi que pour des niveaux de scolarité moins élevés).

Un sentiment d’insécurité ou perception négative quant à sa situation financière ou encore une crainte de manquer d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille serait associé à un dysfonctionnement familial. En d’autres termes, l’insécurité financière ou des fluctuations sur le plan du revenu, en causant un stress familial accru, pourraient nuire significativement à la dynamique familiale (Jones et al, 2002).

La précarité d’emploi fait aussi l’objet d’un intérêt de plus en plus marqué dans la recherche (ex: Bernier, Vallée & Jobin, 2003; Dejours, 2008; Gollac & Volkoff, 2006). La précarité d’emploi concerne les travailleurs qui vivent à la fois une précarité contractuelle et une insécurité d’emploi (Vézina et al., 2011). Des tensions sont associées à la précarité du lien d’emploi et à l’obligation de chercher toujours des nouveaux contrats (Clarke, Lewchuk, de Wolff & King, 2007). Plusieurs auteurs soulèvent aussi la difficulté de concilier vie professionnelle, vie sociale et vie familiale pour le travailleur en situation de précarité professionnelle (ex; Cooksey et al., 1997; Fournier, Bourassa & Béji, 2003).