• Aucun résultat trouvé

Durant l’adolescence, l’encouragement à l’autonomie psychologique, des exigences adaptées à l’âge de l’enfant, une saine implication parentale et tout cela combiné à un encadrement et une supervision parentale dans des limites bien définies contribuent à la régulation des émotions qui sous-tendent une saine

adaptation sociale, psychologique et comportementale des adolescents (Baumrind, 1991; Steinberg,

Dornbusch et Brown, 1992; Steinberg, Darling et Fletcher, 1995). Le maintien de l’attachement envers les figures parentales demeure important pour le développement de l’autonomie et pour l’adaptation durant l’adolescence, malgré la baisse des interactions et des activités partagées avec les parents (Bowlby, 1969/1982, 1973, 1980;Larson, Richards, 1994; Larson, Richards, Moneta, Holmbeck, Duckett, 1996). Même si les adolescents sont plus indépendants que les enfants dans bien des aspects de leur vie, ils ont encore besoin de sentir l’engagement et le soutien de leurs parents.

De bonnes pratiques parentales seraient positivement associées à l’estime de soi des adolescents (Lee et al., 2006). À l’opposé, des pratiques parentales surprotectrices et intrusives contribueraient à entretenir l'anxiété à l'adolescence (Ginsburg & Schlossberg, 2002; Tiwari, Podell, Martin, Mychailyszyn, Furr & Kendall 2008). Il semble que les parents d'adolescents anxieux interviendraient plus promptement dans des situations anxiogènes, surtout lorsque leur enfant démontrerait de l'émotivité (émotions négatives) ou de la détresse. Cependant, il n'apparaît pas évident de saisir pourquoi ces parents éprouvent des difficultés à tolérer le fait que leurs enfants affichent des émotions négatives. L’explication proposée à cet égard est que ces parents auraient eux-mêmes une incapacité ou de la réticence à tolérer leur propre détresse interne; cette incapacité personnelle se traduirait par la manifestation de comportements intrusifs afin de réduire la détresse de leur adolescent et, de ce fait, réduire leur propre détresse interne (Tiwari et al., 2008).

L’incidence du contrôle parental sur le bien-être des adolescents a donné lieu à plusieurs études. La méta-analyse conduite par Hoeve et ses collaborateurs (2009) montre que le contrôle psychologique, tout comme la surveillance parentale ainsi que le rejet parental et l'hostilité, seraient parmi les dimensions qui

expliquent le plus fortement les liens entre le parentage et la délinquance à l’adolescence. Cependant, cette méta-analyse met aussi en relief l’idée que l’importance des comportements de parentage varie selon le contexte et que l’âge du jeune a un effet modérateur quant à l’influence potentielle du comportement des parents sur les risques de délinquance à l’adolescence (Hoeve et al., 2009). Selon une autre méta–analyse, le contrôle parental excessif (overinvolvement) contribuerait à l’anxiété et la dépression des adolescents (McLeod et al., 2007). En outre, les répercussions possibles du contrôle parental sur le bien-être des adolescents varieraient selon les antécédents culturels (Chao & Aque, 2009).L’étude de Chao et Aque (2009) portait sur les réactions affectives des adolescents en fonction du contrôle parental perçu (c.-à-d., leurs sentiments de colère face au contrôle) et sur la manière dont l’interprétation du contrôle parental par le jeune pouvait modérer la relation entre les manifestations de contrôle et l'adaptation comportementale des adolescents. Cette étude a révélé des différences significatives entre les adolescents de cultures d’origine distinctes. Les résultats suggèrent que la colère, face à l'utilisation par les parents du contrôle psychologique, se manifesterait moins et aurait une fonction moins protectrice chez adolescents d’origine culturelle asiatique (Chao & Aque, 2009).

L’engagement parental par ailleurs aurait un apport bénéfique au bien-être psychologique de l’enfant (Amato & Riviera, 1999; Knoester, Petts, & Eggebeen, 2007; Kratochwill, McDonald, Levin, Scalia, & Coover, 2009; Valentiner et al., 1994). De façon générale, les études démontrent que l’engagement parental est positivement associé, entre autres, sur la motivation, le sentiment d’autoefficacité et l’estime de soi (Dearing et al, 2006; Gonzalez-Pienda et al., 2002; Griffith, 2001; Marchant et al., 2001; Osyerman et al., 2007). L’engagement du père, aussi bien que celui de la mère, est positivement associé au comportement (Amato et al., 1999) et à l’adaptation psychologique de l’adolescent (Valentiner et al., 1994). L’étude de Marchant et de ses collègues (2001) suggère que le style parental et la motivation sont significativement reliés au sentiment d’autoefficacité et à l’engagement parental dans l’apprentissage cognitif des adolescents. Les résultats de cette étude confirment le rôle significatif du soutien parental et des relations qu’entretiennent les élèves avec leurs parents ainsi que l’importance de la contribution de ces deux facteurs à la réussite scolaire. Toutefois, selon les résultats de l’étude, l’action combinée de la famille et de l’environnement scolaire aurait une plus grande contribution à la réussite scolaire que chacune des variables prises isolément (Marchant et al., 2001). Ces variables contextuelles (famille et école) ne semblent pas agir directement sur les résultats scolaires, mais plutôt par l'intermédiaire de la motivation des élèves et de leur sentiment de compétence. En fait, la motivation des élèves et leur sentiment de compétence sont des prédicteurs plus importants que toutes autres caractéristiques contextuelles. Marchant et ses collègues (2001) soulignent l’importance des perceptions des élèves quant à leur propre capacité. En outre, les perceptions des adolescents quant à la valeur que leurs

parents accordent à la réussite scolaire présentent la plus forte relation avec leur propre motivation et leur sentiment de compétence académique.

En somme, de bonnes pratiques parentales contribuent à établir des relations parents/enfants positives qui, à leur tour, favorisent un développement sain (Doyle et al., 2003) et l'adaptation psychosociale des adolescents (Steinberg et al., 2002). Le soutien affectif, l’acceptation de l’individualité, l’écoute active, la surveillance des comportements, l’établissement de limites claires et la négociation sont parmi les compétences parentales qui contribuent à des pratiques parentales plus adéquates, favorisant ainsi l’adaptation, psychosociale de l’enfant (Doyle et al., 2003). À l’opposé, des pratiques parentales plus sévères (élever la voix, recourir à des punitions corporelles) incitent les enfants à percevoir plus de rejet et de froideur de la part de leurs parents (Doyle et al., 2003; Belsky, 2005). Dooley et Stewart (2007) ajoutent qu’un parentage adéquat a un apport nettement plus positif sur le bien-être de leur enfant que le revenu familial qui, lui, semble avoir un effet négligeable.

Chapitre 6. Travail des parents

Dans un contexte caractérisé par la mondialisation de l’économie et la modification des structures industrielles et démographiques, les entreprises et conséquemment les travailleurs sont bousculés par des changements organisationnels multiples : diversification des formes d’emploi, exigences de flexibilité dans l’organisation du travail, intensification du travail et autres. Le contexte et l’organisation du travail des sociétés modernes subissent une constante transformation.

Les sociétés contemporaines et industrialisées ont effectivement connu une évolution remarquable des conditions de travail et d’emploi. Au début de l’ère industrielle, les conditions de travail, en particulier celles des ouvriers d’usine, se sont généralement avérées éprouvantes, jusqu’à l’adoption de législations du travail favorables au développement de syndicats et de commissions; ces instances ayant contribué à l'obtention de conditions de travail plus décentes et plus sécuritaires (De Gaudemar, 1979). Toutefois, vers la fin du 20ième siècle, l’apparition des technologies dans le domaine organisationnel et la forte concurrence mondiale ont contribué à la multiplication des emplois précaires et à l’apparition des horaires atypiques (Gorz, 1997; Rifkin, 1996). Un rapport préparé pour l’OMS, en 2007, documente la détérioration des conditions de travail et les conséquences pour la santé des travailleurs à travers le monde (Benach, Muntaner & Santana, 2007). Les nouvelles tendances observées au regard des conditions de travail et d’emploi combinées aux changements majeurs du contexte de travail ne sont évidemment pas sans conséquence sur l’articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle.