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Pédagogie ou andragogie ?

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 152-155)

CHAPITRE IV : FONDEMENTS CONCEPTUELS : DU SENS DES MOTS À UNE QUÊTE DE SENS DU SENS DES MOTS À UNE QUÊTE DE SENS

4.3. Le cadre praxéologique

4.3.3. Pédagogie ou andragogie ?

Le concept d’éducation des adultes renvoie aussi au terme de l’«andragogie ». Dans sa définition de l’andragogie (Ntebe Bomba, 1981)26, souligne que c’est

« l’éducation-à-être-adulte ». On peut ainsi penser que le concept de l’éducation des adultes qui renvoie à l’andragogie relève de la responsabilisation, et de l’autonomie à acquérir comme donnée vitale tout au long de la vie. Le terme andragogie est utilisé comme synonyme d’éducation des adultes.

Si l’on revient sur l’étymologie grecque, le terme est forgé sur le modèle de pédagogie, le mot pédagogie étant emprunté au grec paidagogia, composé de paidos, « enfant », et « agogos », conduire (le pédagogue étant étymologiquement l’esclave chargé de conduire un enfant à l’école). De la même façon a été inventé le terme andragogie, à l’aide de la racine anêr (andros), signifiant « l’homme », « l’être humain de sexe masculin ». On trouve dans andragogie, le préfixe « aner » (andros) qui veut dire homme/responsable et le préfix «-agogo »/conduire, d’où l’action d’éduquer à la responsabilité ou à la prise en charge individuelle ou collective.

26 Ntebe Bomba La formation institutionnelle et extra-scolaire au Cameroun, Un essai typologique de modèles éducatifs, Clé, 1981

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Étymologiquement, « andragogie » ne renverrait donc qu’à une formation de l’homme par opposition à la femme et à l’enfant. Cette équivoque sémantique rend son usage problématique. L’utilisateur de la langue soucieux de se faire comprendre lui préfère l’expression « éducation pour adulte ».

Malgré toutes ces différences entre pédagogie et andragogie, rien ne dit qu’il y a des différences significatives dans les façons d’apprendre. Si l’adulte est expérimenté, l’enfant n’est pas une tête vide. D’ailleurs, force est de constater que certaines méthodes utilisées avec les adultes sont reprises à l’école (contrôle continu, différenciation pédagogique, aide méthodologique...). Jean-Paul Martin et Émile Savary (1996)27 considèrent même que ces débats renvoient plus à des conceptions de l’acte d’apprendre et à des finalités éducatives divergentes qu’à des différences d’âge. Nous pensons qu’il est indispensable de prendre surtout en compte les particularités des publics et notamment les contextes sociaux, les acquis des populations pour concevoir les actions de formation au Cameroun. Car un adulte en formation recherche un dialogue entre le monde des savoirs et des savoir-faire et de celui de la connaissance de soi et de son environnement. Il s’agit bien dans une pratique de vie, de voir quelles attitudes prend le sujet dans les espaces personnels, organisationnels, institutionnels.

Au cours de ce travail, nous essayerons de comprendre comment le Cameroun s’est ajusté à un vaste mouvement d’ « Éducation populaire » dans son élaboration d’un cadre d’andragogie, et comment l’opération de la prise en charge à la responsabilité des jeunes adultes a été mise en place. La pédagogie, terme venant du grec

« pais-paido » enfant et « agogo » guide (le pédagogue était l’esclave qui conduisait l’enfant chez le maître), est l’ensemble des principes et des méthodes ayant pour visée de faire apprendre les enfants. Lorsqu’il s’adresse à des adultes, le formateur peut-il utiliser les mêmes méthodes ou doit-il en forger de nouvelles qui constitueraient l’andragogie (du grec « Anèr », l’homme) ?

Les formateurs intervenant auprès des adultes se rendent vite compte que ces principes de pédagogie traditionnelle ne peuvent convenir à des adultes, car ceux –ci sont profondément différents des enfants, tant sur les plans biologique, juridique (responsable de ses actes), économique que psychologique (conscience de sa responsabilité).

27 Martin et Savary Formateur d’adultes. Se professionnaliser, Exercer au quotidien, Chronique sociale, 1999

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Du point de vue éducatif, c’est ce dernier élément qui est privilégié et mis au centre du concept « d’andragogie », terme utilisé dès les années 1920 par des chercheurs et praticiens.

L’éducation des adultes sera envisagée sous l’angle des situations et non sous celui des contenus. Dans notre système pédagogique, c’est l’inverse : l’élève est censé s’adapter à un programme scolaire établi. En revanche le programme de formation pour adultes doit être conçu autour des besoins et des centres d’intérêt de l’apprenant. (Lindemann, 1926).

Edward Lindeman (1926) nous invite à penser aux pratiques employées dans la formation professionnelle des adultes. Il s’agit d’une approche comparée qui essaie d’étudier les deux concepts en étude (pédagogie et andragogie). Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer du tableau de Malcolm Knowles (1990).

Tableau 7 : Comparaison d’une approche pédagogique (traditionnelle) et andragogique

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Les principes qui fondent cette approche relative à la façon d’apprendre des adultes sont les suivants :

L’adulte apprend pendant toute sa vie. Les activités qu’il mène, les expériences qu’il accumule, les relations qu’il établit sont sources d’acquisition de savoirs et de compétences multiples tant dans les domaines professionnels que personnels. Le processus d’éducation et de formation pour l’adulte est un processus permanent.

Le besoin de savoir pourquoi il doit apprendre est capital pour l’adulte. Faire prendre conscience du « besoin d’apprendre » est le premier devoir du formateur en expliquant ce que la formation vise à améliorer et changer. La perspective du diplôme ne suffit pas, celle d’une action plus efficace dans la vie sociale et professionnelle doit être valorisée. Les adultes sont motivés pour une formation lorsqu’ils découvrent quels besoins ils pourraient satisfaire grâce à elle.

Les adultes ont conscience d’être responsables de leurs propres décisions et de leur vie. Dès lors, ils ont besoin d’être traités par les autres comme des personnes capables de s’organiser et d’assumer leurs décisions. Les adultes aspirent profondément à se déterminer eux-mêmes.

Le rôle de l’expérience est important. L’expérience est constructrice de l’identité même de la personne. C’est le plus grand facteur d’apprentissage des adultes.

L’orientation de l’apprentissage se fait autour de la vie à partir d’une tâche ou d’un problème. Elle ne peut se contenter d’un thème général. Ce qui est central en formation, c’est le développement de compétences.

La motivation est constituée de pressions internes : estime de soi, désir d’accroître sa satisfaction personnelle, sa qualité de vie... L’adulte en formation puise en lui-même l’énergie pour apprendre, se former, s’auto-transformer.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 152-155)