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L’UNESCO et l’éducation des adultes à travers le monde

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 102-107)

CHAPITRE III : L’ÉDUCATION DES ADULTES

3.1. L’éducation des adultes au Cameroun

3.1.3. L’alphabétisation et l’éducation non formelle : palliatifs aux carences du système formel ?

3.1.4.1. L’UNESCO et l’éducation des adultes à travers le monde

L’action de l’UNESCO sur l’éducation des adultes, bien que remontant aux origines de l’organisation, est visible seulement depuis quelques années. En fait, le premier grand congrès mondial organisé en septembre 1965 à Téhéran vise l’élimination de l’analphabétisme dans le monde, avec la possibilité que chacun sache lire, écrire et compter dans sa langue. Ce Congrès mondial des ministres de l’éducation recommande que l’alphabétisation fonctionnelle prenne le pas sur l’alphabétisation traditionnelle afin qu’elle puisse offrir :

Plus que les connaissances superficielles en lecture et écriture lesquelles s’avèrent souvent insuffisantes, parfois chimériques. L’alphabétisation doit permettre aux analphabètes dépassés par les événements, et ayant des niveaux de production très bas, de s’intéresser sur le plan socio-économique, au nouvel ordre mondial, où les progrès scientifiques et technologiques exigent des connaissances de plus en plus spécialisées (Unesco 1965).

Même si le processus global implique le déploiement des idées et des grands moyens nécessaires à son essor à travers le monde, l’UNESCO, consciente de l’importance du phénomène a toujours organisé des sessions pour encourager ce mouvement et afin de promouvoir le développement humain et économique durable des États. L’éducation des adultes est au cœur de la mission de l’organisation. À cet effet, dès 1949 se tient à Elseneur au Danemark la Conférence Internationale sur l’Éducation des Adultes patronnée par l’UNESCO. Depuis sa création, l’UNESCO a joué un rôle pionnier en proclamant le rôle crucial de l’éducation des adultes dans le développement du peuple. L’UNESCO œuvre avec les États membres dont le Cameroun, pour garantir aux adultes un droit fondamental à l’éducation. Elle établit les modalités pratiques d’élaboration des programmes de formation des adultes, ainsi que les limites pour éviter tout égarement sur les plans de la méthode et des pratiques. L’UNESCO préconise une approche globale de l’apprentissage tout au long de la vie. En 1960, à Montréal au Canada, toujours sous l’égide de l’UNESCO,

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se tient la deuxième Conférence sur l’éducation des adultes. L’UNESCO consacre l’engagement des États à promouvoir l’éducation des adultes en tant que partie intégrante de leurs systèmes éducatifs dans une perspective de formation tout au long de la vie.

Le Congrès des ministres de l’éducation des États africains membres de l’UNESCO préconise au Congrès de Lagos en 1976, l’accélération d’une exploitation de toutes les forces productives nationales pour un développement plus harmonieux.

En 1982, se tient à Harare au Zimbabwe le Congrès des ministres de l’éducation et des responsables de la planification économique des États membres Africains. La déclaration de Harare numéro 2 vise une campagne de lutte vigoureuse et soutenue contre l’analphabétisme sur le thème : « La génération de l’éducation primaire pour enfants et adolescents, est celui de démocratisation de l’éducation des adultes sur une grande échelle ».

L’objectif en fait de cette recommandation est la formation d’un plan intégré pour la suppression de l’analphabétisme par le ralliement de l’éducation primaire à l’éducation des adultes et l’élaboration d’une politique linguistique mettant l’accent sur l’utilisation des langues nationales.

La Conférence générale de l’UNESCO a approuvé, à sa quatrième session extraordinaire qui s’est tenue à Paris du 23 novembre au 3 décembre 1982, le 3e sous-programme relatif aux relations entre Éducation et l’Emploi, à l’expansion et l’amélioration de l’enseignement technique et professionnel. Dans le sous-programme Éducation des adultes et travail, les objectifs sont de chercher à

« faciliter les insertions dans le monde de travail, le recyclage et les reconversions en cours d’emploi notamment par le recours à des activités permettant des périodes alternées d’études et d’activités professionnelles et les études en cours d’emploi » (Unesco 1982).

En 1984, à la Conférence Internationale de l’Éducation des adultes de Paris, l’accent est mis sur la Recommandation internationale de 1974 de l’UNESCO sur l’introduction des notions de technologie dans les programmes de l’éducation de

« base ». En effet, selon cette recommandation, nous pouvons constater qu’à cette ère de la mondialisation, caractérisée par des mutations et les progrès

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technologiques, l’éducation et la formation des adultes, plus que jamais comptent et occupent une place fondamentale dans les actions des États. À juste titre car l’éducation autonomise l’adulte en lui transmettant les savoirs et les compétences pour construire une vie meilleure. On peut noter l’importance de l’éducation des adultes en tant que droit et moyens permettant aux personnes de réclamer autres droits.

L'Éducation Pour Tous devient ainsi le cœur des initiatives de l'UNESCO en matière d'éducation. Au Forum mondial sur l'éducation qui s'est tenu à Dakar en 2000, les 1100 participants ont confirmé le maintien d'une impulsion collective en éducation.

L'UNESCO veille à ce que l'éducation demeure une priorité inscrite à l'ordre du jour des grandes rencontres internationales et s'assure que les ressources humaines et financières soient mobilisées afin d'aider les gouvernements à respecter leurs engagements. L’UNESCO met l'accent sur les besoins des adultes dans le but de permettre à chacun, partout dans le monde, de jouer un rôle actif et indépendant en tant que citoyen au sein de sa communauté et au-delà. Elle met l'accent également sur l'apprentissage tout au long de la vie en célébrant chaque année la semaine internationale des apprenants adultes. Depuis septembre 2002, le Canada souligne cet événement de concert avec une trentaine de pays à travers le monde.

En 1967, la Déclaration du Congrès d’Arusha en Tanzanie maintient la volonté politique des États de supprimer l’analphabétisme et de promouvoir le développement de l’extension de l’alphabétisme, qui devrait se lancer dans une politique de libération et d’autosuffisance. Ainsi conçue, l’alphabétisation créait des conditions nécessaires pour l’acquisition d’une compétence critique à l’égard des contributions et des objectifs de la société dans laquelle on vit. Elle stimule également l’initiative à la création des projets capables d’agir sur le monde, de le transformer et de définir les buts et les objectifs d’un authentique développement humain durable. La Conférence de Venise poursuit les mêmes objectifs. Le Congrès d’Addis Abeba, en 1971 lance un appel en direction de la démocratie : « La démocratisation est à la rénovation de l’éducation afin de permettre à tous les enfants de deux sexes d’examiner en profondeur leur droit à l’éducation, condition préalable de leur épanouissement personnel et de l’évolution sociale » (Unesco, 1971).

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Le combat contre l’analphabétisme devient alors l’une des préoccupations les plus urgentes de la communauté internationale. Malgré les efforts considérables déployés pendant ces dernières décennies, et bien que l’expérience de certains pays a clairement prouvé qu’il était possible d’enrayer ce fléau, l’UNESCO (2004, p.12) confirme : « qu’un habitant sur trois de notre planète est toujours privé de la connaissance élémentaire de la lecture et l’écriture et qu’il est ainsi frustré de la richesse culturelle de l’humanité et empêché de participer à la vie sociale, politique et économique ». L’UNESCO apporte donc son appui à la lutte contre l’analphabétisme dans les pays en développement de différentes manières : elle organise des recherches, entreprend des actions promotionnelles, anime des séminaires de formation des cadres, envoie ses experts et consultants sur le terrain pour soutenir et intensifier les efforts nationaux et fournit une assistance financière pour l’équipement des centres d’alphabétisation. Elle favorise enfin l’échange d’expériences par la publication d’études sur l’alphabétisation.

Le concept d’alphabétisation fonctionnelle a été débattu, on le réitère, pour la première fois au Congrès de Téhéran. Ce concept évolua ensuite dans les Conférences tenues à Paris et à Rome sur le même thème. L’alphabétisation fonctionnelle signifie concrètement qu’il faut alphabétiser davantage les gens s’exprimant dans leurs langues maternelles, dans un premier temps en s’appuyant sur leur vécu, leur environnement, leurs activités, les réalités socioculturelles, socioéconomiques et sociopolitiques qui sont les leurs. Les années 1960 sont en effet marquées par la mise en œuvre du P.E.M.E.A. – Programme Expérimental Mondial d’Alphabétisation. Ce cadre a réuni 11 pays de 1967 à 1973 et a développé des méthodes sélectives et extensives, qui consistent d’abord à former les leaders-relais qui formeront ensuite les masses populaires. Ensuite, l’évaluation qui doit précéder, accompagner et terminer toute action d’alphabétisation fonctionnelle, bien entendu avec les partenaires ayant participé à une activité du genre.

L'UNESCO a lancé également des projets d'éducation préventive pour lutter contre le VIH/SIDA à travers le monde car l'une des graves menaces à l'accès équitable à l'éducation dans les pays sous développé comme le Cameroun, est l'expansion alarmante du VIH qui met en péril les progrès accomplis en alphabétisation et, de façon générale, en éducation. L'UNESCO sait que l'éducation concourt à l'autonomisation des individus, qu'elle leur donne une voix tout en étant le principal

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outil qui leur permet de réaliser leur plein potentiel. L'éducation est à la base même de l'édification de sociétés démocratiques et pacifiques. L'UNESCO travaille à promouvoir l'éducation comme un droit humain fondamental en mettant l'accent sur l'amélioration de l'éducation de qualité, la promotion de l'égalité entre les sexes, l'expérimentation stimulante, l'innovation et le dialogue politique.

Les cinq conférences pionnières de la CONFINTEA ont eu lieu à Elseneur (Danemark) en 1949, à Montréal (Canada) en 1960, à Tokyo (Japon) en 1972, à Paris (France) en 1985, et à Hambourg (Allemagne) en 1997. La CONFINTEA V, conférence jugée historique, a instauré une conception holistique de l’éducation et de la formation des adultes dans l’optique de l’apprentissage tout au long de la vie.

L’éducation et la formation des adultes y ont été définies comme instruments clés pour relever les défis posés aujourd’hui dans le monde entier dans le domaine social et du développement. Pourtant, cette reconnaissance et l’engagement ferme exprimé en 1997 n’ont pas été suivis par l’intégration, la fixation des priorités politiques et l’affectation de ressources correspondantes en faveur de l’éducation et de la formation des adultes, tant au niveau national qu’international.

Dans le rapport de cette 5ème Conférence Internationale sur l'Éducation des Adultes en 1997, l'UNESCO précise que dans les programmes d'alphabétisation pour adultes, il est nécessaire de clarifier si l'objet est de transférer des compétences techniques, la capacité de coder et de décoder la relation entre signe et son, ou d'aborder des notions plus profondes sur la personnalité, l'identité et la nature du savoir. L'alphabétisation ne sert pas simplement à véhiculer des informations relatives au développement. Elle constitue un puissant allié au développement.

Ainsi, l’éducation des adultes joue un rôle important pour rendre les individus conscients des formes de préjudices qu'elles subissent, en les informant de leurs droits et en les encourageant à prendre leur vie en main. Elle ne poursuit pas le seul objectif de transmettre des compétences, mais aussi de permettre aux personnes d'utiliser leurs compétences pour négocier et traiter plus efficacement avec les structures du pouvoir par exemple. Elle permet dans sa pratique de donner à chaque membre du groupe social, les schèmes de comportement nécessaires dans les divers domaines de la vie. La capacité de lire et d’écrire, la possibilité d’avoir une formation, sont la condition première de la participation à la vie sociale, à l’ouverture

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au monde et la prise de conscience de ses droits. L'alphabétisation est non seulement la capacité de lire le « mot » mais aussi celle de lire le « monde »

La sixième Conférence internationale sur l’éducation des adultes (CONFINTEA VI) est accueillie par le Brésil en 2009. Conformément à la tradition, la CONFINTEA VI sera une conférence intergouvernementale de catégorie II de l’UNESCO. La conférence elle-même, ainsi que les processus de préparation et de suivi proposeront des plateformes favorisant le dialogue politique et la sensibilisation à l’éducation et à la formation des adultes au sein des pays et entre eux à une échelle planétaire, en faisant largement participer les États membres de l’UNESCO, les agences des Nations-Unies, les partenaires du développement international, ainsi que la société civile, les instituts de recherche. La CONFINTEA VI se propose de renouveler l’intérêt international pour l’éducation et la formation des adultes, et aussi de réduire l’écart entre les certitudes et les discours d’une part, et le manque de politiques et de conditions systématiques et efficaces en faveur de l’éducation et de la formation des adultes d’autre part. À partir de 1971, l’UNESCO a commencé à rendre compte, dans sa collection « Études et documents d’éducation », d’expériences d’alphabétisation dans différents pays du Tiers Monde. Des brochures de cette collection traitent de l’alphabétisation en République Unie de Tanzanie, au Mali, en Iran, au Brésil. Ces publications qui se poursuivaient permettaient de faire connaître à la communauté internationale les idées directrices et les modalités d’exécution de campagnes nationales d’alphabétisation de masse qui ont connu un succès incontestable

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