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L’école républicaine après l’indépendance

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 36-40)

1.2. Cadre et contexte de l’étude

1.2.2. Contexte général de l’éducation

1.2.2.7. L’école républicaine après l’indépendance

Le développement du système éducatif peut être caractérisé par trois grandes tendances :

- Une expansion massive quantitative et qualitative à tous les niveaux - un enseignement technique et professionnel

- Une relative « africanisation » des curriculums

Les deux premières tendances peuvent s’expliquer par des changements sociaux et les transformations économiques et politiques dues à la modernisation et à l’avènement du tissu économico-industriel du fait des indépendances. La dernière tendance s’explique par l’avènement d’une nouvelle élite africaine qui essaye de faire pression pour que l’éducation soit le reflet de leur civilisation. En ce qui

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concerne les curricula développés pour l’enseignement, Firmin Oyono (1985) affirme qu’il y a trois courants de pensée qui s’affrontent alternativement depuis l’indépendance pour imposer des contenus. Ces courants sont les suivants :

- Les « traditionalistes » qui prônent la prééminence de la théorie scientifique et des humanités dans l’éducation.

- Les « spécialistes » qui veulent mettre en exergue la fonction économique de l’école dans la construction d’un État fort et qui prônent de mettre l’accent sur la formation du capital humain spécialisé, en privilégiant la formation technique et scientifique.

- Les « généralistes » qui pensent que le pays a plus besoin des ressources humaines généralistes dans leur éducation pour occuper des fonctions politiques et managériales que des spécialistes pour les fonctions techniques. Pour eux, les curricula en Humanités doivent être aussi sinon plus importants que ceux en science et technologie.

Cette époque est aussi marquée par le développement de la formation universitaire au niveau local, avec des investissements dans les constructions de plusieurs universités, écoles supérieures et instituts supérieurs d’enseignement technologiques et professionnels6. La logique éducative développée s’est faite sous le prisme de l’instruction. L’objectif était de former des hommes et des femmes instruits, en leur permettant d’acquérir et d’accroitre leurs connaissances dans divers domaines.

L’enseignement prodigué allait conférer une reconnaissance sociale et du pouvoir aux détenteurs de cette instruction.

La fonction de socialisation liée à l’éducation était appréhendée sous l’angle de l’insertion sociale par les diplômes. Il fallait en même temps gommer l’image d’un retard civilisationnel et rester dans la construction identitaire du peuple. La quête devait fondre l’individu africain dans « la civilisation de l’universel », concept abstrait pour nous. Étrangement, la langue de cette double quête, la langue de la transmission des savoirs reste essentiellement celle des anciens colonisateurs à savoir le français et l’anglais.

6Avant les indépendances, jusqu’aux années 1970-80, il fallait s’exiler en Occident pour pouvoir faire des études universitaires et spécialisés. Il est maintenant possible de passer tout type de cursus et de diplômes académiques au Cameroun allant jusqu’au doctorat et à l’agrégation.

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Le Cameroun francophone a accédé à la souveraineté internationale en 1960 et la partie anglophone en octobre 1961. Au moment de cette dernière indépendance, les deux parties opéraient leur réunification. Le Cameroun héritait en même temps de deux systèmes scolaires mis en place par les deux colonisateurs. Il s’agit du système scolaire français et du système scolaire britannique que nous venons de décrire dans le chapitre précédent. Les choix opérés par les responsables du système scolaire actuel portent donc largement les marques du passé colonial. Les problèmes scolaires qui se succèdent aujourd’hui sont donc en partie liés à l’héritage issu de l’occupation.

Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics pour doter le pays d’écoles, de nombreux problèmes continuent à ternir l’image de son l’école républicaine : taux de redoublement et d’abandon très élevés, faible taux de rétention des élèves dans l’enseignement de base, fortes disparités entre les différentes régions du pays, accès limité de certaines couches sociales à l’éducation et insuffisance quantitative et qualitative des enseignants (MINEFI, ECAM II, enquête réalisée en 2000/2001).

Le système éducatif est marqué par de fortes disparités qui entravent le développement harmonieux de la scolarisation. Ces disparités sont liées entre autre aux revenus des familles, au sexe et à la situation géographique de l’élève, en rapport avec la carte scolaire (région, département, l’arrondissement, district). Ces disparités peuvent alors tenir des caractéristiques du lieu de résidence (urbain et rural).

Les revenus des ménages constituent un des facteurs qui influence la scolarisation au Cameroun : on sait que la chance pour un enfant d’aller à l’école est fonction du revenu des parents.

Un enfant au Cameroun dont le revenu des parents se trouve dans la tranche des 20% les plus pauvres a 40% environ moins de chance d’être scolarisé. Plus le revenu des parents s’élève, plus l’enfant a la chance d’aller à l’école, et plus il a de chance de fréquenter une école privée. Cette disparité par rapport au revenu est plus marquée à chaque niveau d’enseignement car le coût des études varie selon le niveau d’enseignement.

Plus les revenus des parents sont élevés, plus les chances d’atteindre le secondaire sont élevées et plus encore les chances d’atteindre le secondaire privé confessionnel sont élevées. En ce qui concerne la fréquentation dans l’enseignement supérieur, il

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n’existe pratiquement pas d’étudiant dont le revenu des parents se situe dans les 20% les plus pauvres. Il n’existe pas comme en France, de « bourses sur critères sociaux ».

L’ECAM II note des disparités plus ou moins considérables en termes de dépenses d’éducation selon la région et le milieu. En termes de disparités régionales, les dépenses annuelles moyennes par élève sont d’environ 11 500 FCFA soit environ 13 euros ; dans la région de l’Extrême-Nord contre 94 300 FCFA soit environ 140 euros à Douala dans la région du Littoral et 97 200 FCFA à Yaoundé dans la région du Centre. Dans le même temps, le poids des dépenses de l’éducation dans le budget des ménages représente quant à lui 1,1% des dépenses totales dans l’Extrême-Nord contre 6,4% à Douala et 7,5% à Yaoundé. Un enfant en âge scolaire résidant dans les régions du Nord a un peu plus de deux fois moins de chances d’être scolarisé que son concitoyen résidant à Yaoundé. Ceci est la résultante d’un ensemble de facteurs dont certains peuvent être mis en exergue ici : les parents vivant dans ces régions sont souvent peu instruits et donc cernent mal l’importance de l’éducation dans la vie future de l’enfant. En outre, les parents préfèrent utiliser les enfants comme main d’œuvre dans les plantations plutôt que de les envoyer à l’école. La pauvreté aussi déterminante : les enfants exercent des petits métiers pour apporter quelques pièces nécessaires à la survie des familles.

Pour conclure, l’école camerounaise est passée par trois phases. La première phase concerne l’éducation traditionnelle ou l’école avant la colonisation. Elle concerne l’éducation des enfants avant le contact du pays avec l’Occident. La deuxième décrit la rencontre des populations indigènes avec l’éduction l’occidentale. La troisième représente le système éducatif après l’accession du pays à l’Indépendance. Le diagnostic de l’enseignement public et privé montre des disparités dans l’éducation, les différenciations géographiques et sexuelles dont souffre l’école camerounaise.

L’existence d’écoles publiques et privées au Cameroun est une pratique héritée de la colonisation, époque pendant laquelle les écoles privées catholiques fonctionnaient sous l’œil bienveillant de l’administration coloniale.

S’agissant de l’école républicaine on constate, malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics et les progrès accomplis au cours des années qui ont suivi l’indépendance, de nombreuses difficultés financières et des insuffisances sur le plan de l’offre d’éducation.

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1.2.2.8. Différences et complémentarités entre l’éducation moderne et

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