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L’éducation des adultes pour une promotion sociale

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 124-128)

CHAPITRE III : L’ÉDUCATION DES ADULTES

3.2. Analyse comparée des systèmes d’éducation des adultes à travers le monde

3.2.3. L’éducation des adultes et le monde capitaliste

3.2.4.3. L’éducation des adultes pour une promotion sociale

Dans les années qui suivent la guerre, les entreprises, en même temps que croissent leurs effectifs, ont besoin d’encadrement. La promotion par la seule formation sur le tas est insuffisante et trop lente. Afin d’accélérer l’immobilité sociale et l’ascension hiérarchique, les universités et les établissements scolaires techniques organisent des cours : il s’agit de permettre aux ouvriers de devenir techniciens et aux techniciens de devenir ingénieurs. Le CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) qui forme des ingénieurs crée des centres régionaux en 1952. En marge des universités, des organismes apparaissent comme les « Instituts de promotion sociale du travail » à Grenoble et Nantes. Le CESI (Centre d’études supérieures industrielles) est créé par quelques grandes entreprises nationales avec une gestion paritaire (employeurs et syndicats ouvriers). L’ESEU (examen spécial d’entrée à l’université) est institué dans la même perspective. En 1956 Michel Debré, premier ministre du général De Gaulle, a développé la promotion sociale. La loi de 1959 codifie les dispositifs, fixe les aides de l’État aux centres de formation et aux stagiaires, crée la Délégation à la promotion sociale (qui deviendra la « Délégation à la formation professionnelle » en 1971). La forme pédagogique la plus courante est le cours du soir.

124 3.2.4.4. Une formation permanente pour tous

L’éducation permanente se distingue de la formation initiale qui concerne les enfants et adolescents. Elle est qualifiée de continue dans la mesure où elle veut se situer dans la suite de la formation initiale, et ainsi permettre aux individus de développer leurs compétences tout au long de leur vie (d’où le qualificatif de permanente). En fait, Condorcet en a fait une des bases de l’éducation dans son rapport à l’Assemblée Nationale, 1792. Il a fallu attendre la loi de 1971 pour que l’éducation des adultes soit inscrite dans l’espace social, et reconnue officiellement comme un indispensable atout de l’insertion professionnelle et sociale. Les formations sont alors organisées en fonction d’objectifs et s’adressent à un public spécifique, « les adultes », salariés ou non.

Au cours du XXe siècle, la rapidité d’évolution du monde économique contribue au développement des formations des adultes, car le monde n’a jamais au cours de son histoire évolué aussi rapidement. Jusqu’au XIXe siècle, les sociétés changeaient lentement avec des périodes longues de stabilité, interrompues par des crises et des guerres. Le bouleversement de la vie sociale a ébranlé ce long fleuve tranquille en réduisant la durée de vie des savoirs et en rendant nécessaire l’adaptation des personnes. Aussi la formation a-t-elle pour but d’aider les personnes et les organisations à s’adapter, à anticiper les changements en faisant acquérir des compétences professionnelles et personnelles aux apprenants. Après avoir formé rapidement les ouvriers qualifiés pour les besoins de reconstruction, dès les années 1950, la France a cherché à voir la formation des adultes autrement. C’est ainsi qu’à cette période, apparait la notion de l’éducation permanente, qui est une réponse aux besoins de chacun de se former tout au long de la vie. Par ailleurs, l’entreprise doit se préoccuper aussi de l’évolution des compétences de ses salariés, et ne pas seulement se contenter de produire et de vendre.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 n’a pas favorisé le retour de l’éducation des adultes voulue par le Front Populaire. Dans les années 1980, un chômage de masse persistant (environ 10% de la population active) incite les pouvoirs publics à investir plus dans l’insertion professionnelle des adultes peu qualifiés que dans leur éducation au sens large. En effet, Il a fallu attendre la loi de 1971 pour que la

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formation professionnelle soit inscrite dans l’espace social, et reconnue officiellement comme un indispensable atout de l’insertion professionnelle.

La formation permanente sera organisée en fonction d’objectifs précis et s’adressera à un public spécifique, les adultes, qu’ils soient salariés d’entreprise, demandeurs d’emploi ou jeunes ayant quitté l’école sans qualification et s’engageant dans la vie active. Il devient possible de faire des reconversions inévitables dans un monde en évolution rapide : chacun doit se tenir au courant des modifications que le progrès a introduites dans son domaine et maintenir l’esprit de recherche et d’invention. Tout cela conduit à organiser le développement d’une éducation permanente, car en fait le monde n’a jamais, au cours de son histoire, évolué aussi rapidement. Au cours de l’enfance et de l’adolescence, il s’agissait de se préparer au travail, aussi apprenait-on les règles sociales et le métier. À l’âge adulte, il s’agissait de produire, c’est-à-dire de mettre en œuvre pour soi et ses proches les compétences acquises. Au cours du XXe siècle, la rapidité d’évolution du monde économique et le bouleversement de la vie sociale ont ébranlé ce long fleuve tranquille, en réduisant la durée de vie des savoirs et en rendant nécessaire l’adaptation des personnes. La formation aura alors pour but d’aider les personnes et les organisations à s’adapter, à anticiper les changements en leur faisant acquérir des compétences professionnelles (formation professionnelle) et personnelles (formation, développement personnel). En ce sens cette formation génère des changements, des transformations des personnes. C’est pourquoi nous pensons que l’insertion sociale et professionnelle des jeunes Camerounais ne peut passer que par des formations adaptées efficaces et efficientes. La formation a pour visée de mobiliser autant la personne, le citoyen, que le travailleur, même si la dimension professionnelle l’emporte dans les faits. Des actions de formation centrées sur les méthodes de travail, la créativité et adaptées au contexte sociale et qui abordent les aspects juridiques, économiques, et politiques sont indispensables pour remplir les objectifs que Bertrand Schwartz (1994)22 assigne, dès les origines, à l’éducation permanente : « rendre capable toute personne de devenir agent de changement, c’est-à-dire de mieux comprendre le monde technique, social, culturel qui l’entoure et d’agir sur les structures dans lesquelles elle vit et de les modifier. »

22 Schwartz B. Moderniser sans exclure, La Découverte, 1994

126 3.2.4.5. L’éducation populaire

Il faut remonter dans le temps pour constater que Comenius et sa Grande didactique inscrira en pertinence une éducation « pour tous, de toutes les façons possibles, et en tous lieux ». C’est en effet Comenius, qui le premier insiste sur la nécessité d’une instruction destinée à tout public, dans un effort de démocratisation jusqu’alors tout à fait ignorée des pédagogues, Condorcet se contente de reprendre les orientations écrites dans la « Grande Didactique », et de prôner une instruction continue, postscolaire, devant concerner tout individu quelque soit son statut social.

En fait, l’histoire de l’éducation populaire a des ramifications avec l’histoire de la France et, dans notre approche, nous allons subjectivement mettre en avant quelques points qui nous semblaient intéressants, ce d’autant plus qu’il n’y a pas de définition unique mais une pluralité de définitions de l’éducation populaire. Les acteurs s’accordent à penser que l’éducation populaire consiste à permettre à tous d’acquérir des connaissances pour comprendre le monde, s’y situer, participer à la vie du pays, être un citoyen actif, transformer ce monde. D’après Caceres (1964)23, l’éducation populaire c’est l’ensemble des moyens qui permettent de donner à tous les hommes l’instruction et la formation nécessaires afin qu’ils deviennent des citoyens aptes à participer activement à la vie du pays. Cette définition nous renvoie à celle de Jean Henri (dans Laurain, 1977) qui pensent que « l’éducation populaire est avant tout la pratique de la démocratie ! C’est apprendre aux gens à se prendre en charge, à traiter eux-mêmes leurs propres problèmes ». Selon André Philip

L’idée essentielle est de réaliser une culture générale des jeunes par eux-mêmes. Il importe que se fasse, entre les jeunes, la véritable éducation démocratique, c’est-à-dire la recherche, en groupe, d’une solution à tous les problèmes posés. La recherche de la Vérité dans l’esprit d’humilité qui est celui de la véritable recherche scientifique avec le sentiment qu’aucun d’entre nous n’est capable d’atteindre jamais la vérité totale mais que chacun peut la rechercher.

Cette définition rejoint celle de Jean Laurain (ibid.) qui disait : «Nous appellerons Éducation Populaire la préparation des Esprits et la mise en place des structures associatives permettant le développement communautaire de l’ensemble de la population. »

23 Begnito Caceres, Histoire de l’éducation populaire, Le Seuil, 1964

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Quant à Jean Guehenno (1952)24, ce qu’il dit de l’éducation populaire nous renvoie aux raisons et aux besoins réels qu’ont manifestés les peuples et qui ont donné naissances à une éducation dite populaire. On peut alors dire que l’éducation populaire vise à préparer les personnes à la vie citoyenne. Outre ces différentes approches, il existe une définition plus récente qui nous renvoie à l’institutionnalisation de l’éducation populaire. Une éducation qui est considérée comme un projet de démocratisation de l’enseignement porté par des associations, dans le but de compléter l’enseignement scolaire et de former des citoyens. En effet, l’éducation populaire est officialisée dès 1792 avec le rapport Condorcet qui évoquait

“l’éducation pour tous les âges”.

Il s’agit de diffuser la connaissance au plus grand nombre et de permettre à chacun de prendre sa place dans la société par des activités culturelles, sportives et de loisirs accessibles à tous. Il faut agir en complément des actions de l’Éducation nationale pour donner une seconde chance à ceux qui ont quitté l’école sans diplôme, pour permettre l’éveil des consciences et favoriser la prise de responsabilité. Au final, il est question de reconnaître à chacun le droit de progresser dans sa connaissance du monde, en bénéficiant d’une pédagogie adaptée et globale, pédagogie qui considère l’homme dans sa totalité, en tenant compte de son parcours de vie et de son environnement.

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