• Aucun résultat trouvé

Alphabétisation au Cameroun

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 92-99)

CHAPITRE III : L’ÉDUCATION DES ADULTES

3.1. L’éducation des adultes au Cameroun

3.1.2. Alphabétisation au Cameroun

La volonté politique en matière d’alphabétisation est nettement exprimée par le développement du PNA (Plan National d’Alphabétisation). Bien avant l’organisation à Dakar en 1982 du colloque : « Universités, Alphabétisation et Éducation des Adultes », dont l’une des recommandations allait dans le sens de l’incitation des États membres à mettre sur pied dans leurs universités les filières de formation en cadres supérieurs de l’alphabétisation, le Cameroun s’est engagé dans cette option.

92

En 2002, le gouvernement a lancé ce Programme National d’Alphabétisation, pour répondre à l’impérieux besoin d’éducation des adultes. Tout en s’inscrivant dans le sillage de la 1ère Campagne Nationale d’Alphabétisation des années 60, l’actuel programme se veut une véritable réponse pour résoudre le problème des 5 millions d’adultes victimes de l’analphabétisme au Cameroun.

Plusieurs conférences de l’UNESCO reconnaissent le rôle décisif de l’éducation dans l’autonomisation des individus et de la transformation des sociétés. Or les statistiques indiquent que près d’un milliard d’adultes sur la planète sont analphabètes. Le Cameroun est l’un des pays africain le plus touché par l’analphabétisme. Alors que la relance économique des pays en voie de développement, passe surtout par une meilleure planification de tout le secteur éducatif, pourvoyeur de capital humain. À travers l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’Éducation est un droit internationalement reconnu. La Charte Africaine des droits de l’Homme réaffirme ce droit à l’Éducation dans son article 17. Les États membres dont le Cameroun, ont le devoir légal et politique de le respecter. L’accès des Adultes à l’Education a été réitéré il ya plus de trente ans lors de la rencontre UNESCO à Nairobi au Kenya. L’Éducation des Adultes est alors considérée dès 1976, comme une composante fondamentale des autres droits, mieux, elle est indispensable à la réalisation des autres droits.

[…] L’alphabétisation fait partie intégrante de toute l’éducation des adultes pour l’édification d’une nation, car le progrès social, économique et culturel qu’ont accompli plusieurs pays, peut être mis au crédit de la suppression totale ou de l’analphabétisme […] (UNESCO, 2008).

Cependant, il existerait un décalage total, entre cette volonté politique avec ses textes et les résultats concernant l’éducation et la formation des adultes. Notre problématique s’inscrit dans ce contexte car l’alphabétisation au Cameroun apparait comme une des stratégies les plus efficaces pour l’améliorer des conditions de vie des populations.

Les données disponibles infra (UNESCO, 2008) montrent que l’analphabétisme sévit de manière préoccupante au Cameroun, en dépit de quelques efforts déployés par l’État et surtout par les organisations privées en vue de l’éradication de ce fléau.

Cependant, malgré la précarité des familles, le poids des traditions, l’école reste au cœur des préoccupations de nombreux parents, qui consentent souvent de gros sacrifices pour envoyer leurs enfants dans les écoles privées. La floraison des

93

institutions privées est la vivante illustration d’autant plus que l’Etat ne remplit pas son rôle. Cependant, au cours de la décennie, le gouvernement camerounais a mis en place un programme national avec le concours de certains partenaires dont l’UNICEF et l’UNESCO visant à développer l’éducation non formelle. L’objectif étant de faire acquérir des apprentissages de la vie courante en matière de santé, d’hygiène, de nutrition, d’environnement, de vie civique et de gestion d’activités simples.

Le tableau suivant nous donne l’évolution des taux en pourcentage d’alphabétisme par sexe de la population de 15 – 24 ans entre 1988 et 2000

Tableau 3 : Taux d’alphabétisme de la population de 15-24 ans et graphique

1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 HOMMES 85,29 85,61 85,91 86,21 86,5 86,79 87,07 87,34 87,61 87,87 88,13 88,38 88,63 FEMMES 71,11 71,63 72,15 72,66 73,16 73,64 74,12 74,6 75,06 75,51 75,96 76,4 76,83

Source : Bureau Centrale des Recensements et des Études de Population

Au regard de ce tableau, il ressort que le taux d’alphabétisme masculin de la population âgée de 15 à 24 ans est passé de 85,61 % en 1989 à 88,38 % en 1999 soit une amélioration de l’ordre de 2,77 points. Par contre, le taux d’alphabétisme des femmes du même groupe d’âge est passé de 71,63 % à 76,40 % soit une amélioration de l’ordre de 4,77 points. Ce résultat beaucoup plus significatif chez les

94

femmes est tributaire des actions de formation et de sensibilisation engagée ces dernières années par le gouvernement avec le concours des partenaires dont l’UNICEF et l’UNESCO. Surtout dans la partie septentrionale du pays où l’analphabétisme reste malgré tout un problème majeur.

Les taux d’analphabétisme les plus élevés du pays se trouvant dans les régions de l’Extrême-Nord, l’Adamaoua et le Nord avec respectivement pour les hommes 36,25%, 32,42 % et 28,92 % contre 72,49 %, 66,69 % et 61,14 % pour les femmes.

Les régions administratives du Centre, du Littoral, de l’Ouest et le Sud restent les plus alphabétisées tant en ce qui concerne les femmes que les hommes avec des taux très au-dessus de la moyenne nationale.

Le graphique ci-dessous montre l’évolution des taux d’alphabétisme par sexe et par région de la population jeune de 15 à 24 ans.

Graphique A : Taux d’alphabétisation par sexe et par âge

(Source : MINEDUC)

L’analyse de l’évolution du taux d’alphabétisme des adultes de plus de 15 ans révèle que le taux d’alphabétisme masculin au Cameroun est passé de 67,07 % en 1989 à

95

72,50 % en 1999 soit une augmentation annuelle de l’ordre de 0,6 point. Au cours de la même période, le taux d’alphabétisation des femmes est passé de 46,03% à 53,03

% soit une augmentation annuelle de l’ordre de 0,7 point. Cette amélioration sensible s’expliquerait aussi comme pour les jeunes par des actions de sensibilisation et de formation engagées par les pouvoirs publics ces dernières années avec l’appui de l’UNESCO et de l’UNICEF notamment dans les régions de l’Extrême-Nord, le Nord et l’Est en faveur d’éducation des filles et la réinsertion des Pygmées à la vie active.

Tableau 4 : évolution du taux d’alphabétisme des adultes de la population âgée de plus de 15 ans sachant lire et écrire. (Tableau et graphique)

1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 HOMMES 66,47 67,07 67,66 68,24 68,8 69,36 69,91 70,45 70,98 71,49 72 72,5 73

FEMMES 45,58 46,3 47,01 47,72 48,41 49,1 49,78 50,44 51,1 51,75 52,39 53,03 53,65

Source : Bureau Centrale des Recensements et des Études de Population

L’objectif de l’alphabétisation visait surtout l’amélioration de l’accès des groupes les plus vulnérables à des services sociaux essentiels (soins de santé primaires, éducation de base, approvisionnement en eau potable…). Mais aujourd’hui, avec les mutations sociales, il apparait essentiel que le programme d’alphabétisation soit partie intégrante des programmes de l’éducation nationale en vue fournir une

96

alphabétisation plutôt fonctionnelle, afin que les bénéficiaires s’en servent pour occuper un emploi.

Par ailleurs, l’analyse des disparités régionales révèle que les taux d’analphabétisme les plus élevés notamment ceux des femmes restent toujours concentrés dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua avec respectivement 83,72%, 72,79% et 78,15% alors que la moyenne nationale se situe autour de 46,97% en 1999. Il en est de même pour les taux d’analphabétisme masculin qui restent élevés dans lesdites régions : l’Extrême-Nord avec 59,41 %, le Nord avec 45,47% et l’Adamaoua avec 52,19%. Il faut noter que la moyenne nationale est de 27,50 %.

Cette situation, selon le DSCE, se justifierait par la pauvreté, plus présente dans cette partie du pays, et la forte demande de la main d’œuvre féminine pour les travaux agricoles et ménagers, la forte demande de la main d’œuvre féminine pour l’alimentation de la famille, la perception négative de l’éducation des filles et des femmes, la précocité des mariages et des grossesses, la fausse interprétation des principes religieux, le bas niveau d’instruction des parents.

Graphique B : Évolution des taux d’alphabétisme par sexe et par région de population de plus de 15 ans.

(Source : MINEDUC)

97

Tableau 5 : Évolution de l’indice par tableau et par graphique de la parité entre les sexes en matière d’alphabétisation.

1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 F/M 0,69 0,69 0,69 0,70 0,70 0,71 0,71 0,72 0,72 0,72 0,73 0,73 0,73

Source : MINEDUC

À l’analyse de cet indice, Femme/Homme, nous pouvons remarquer qu’il a évolué régulièrement, passant de 0,69 en 1989 à 0,73 en 1999, soit une augmentation de 0,04 point en dix ans. Cette situation se justifie par l’augmentation beaucoup plus rapide que nous avons souligné plus haut, du taux d’alphabétisme féminin par rapport au taux masculin en raison des actions suscitées.

98

3.1.3. L’alphabétisation et l’éducation non formelle : palliatifs aux carences du

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 92-99)