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Les écoles privées au Cameroun

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 50-55)

CHAPITRE II : LE SYSTÈME ÉDUCATIF CAMEROUNAIS

2.1. Présentation du système éducatif Camerounais

2.1.3. Les écoles privées au Cameroun

Le Cameroun, comme tous les pays de l’Afrique subsaharienne, est confronté à une insuffisance chronique dans l’offre d’éducation publique. Le choix historique des colonisateurs et le nombre insuffisant d’écoles publiques créées après l’indépendance a favorisé le développement des écoles privées. L’État, incapable de financer tout seul l’éducation, encourage la création et le fonctionnement d’écoles privées. Il s’agira de traiter, suivant les travaux d’Henri Ngonga (2010)8, du cadre législatif et réglementaire dans lequel évoluent les écoles primaires privées et des différentes composantes de l’enseignement privé, en plus des problèmes que rencontrent les écoles privées.

2.1.3.1. Cadre réglementaire

Plusieurs textes législatifs et règlementaires organisent l’enseignement privé laïc au Cameroun.

1. La constitution de 1996, révisée en 2010, dans son préambule stipule que « L’État assure à l’enfant le droit à l’instruction. L’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont des devoirs de l’État ».

2. La Loi 98/004 du 14 avril 1998 d’orientation de l’éducation au Cameroun.

3. La Loi 2004/022 du 22 juillet. 2004 fixant les règles relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’enseignement privé au Cameroun.

4. La Loi N°87/023 du 17 novembre 1987 qui fixe les règles relatives aux activités des établissements scolaires ou des formations privées.

8 NGONGA H. Efficacité comparée de l’enseignement public et privé au Cameroun, Thèse de doctorat, Université de Bourgogne, 2010

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5. Le Décret N° 90/1461 du 09 Nov. 1990 fixant les modalités de création, d’ouverture et de fonctionnement et de financement des Etablissements Scolaires et de formations privées au Cameroun.

6. L’Arrêté 51/386 du 25 septembre 1991 sur les montants de la scolarité dans le privé.

7. La Circulaire N° 02/11/23/MINEDUC/DEP/SECP relative au traitement de la demande d’autorisation de création et d’ouverture des activités privées.

8. La Loi N° 092/007 du 14 aout 1992 portant code du travail.

Par ailleurs, le décret N°2008/3043/PM du 25 décembre 2008 vise à encourager les Camerounais à s’intéresser à la création et à l’ouverture des établissements scolaires afin de réduire le déficit d’établissements, de salles de classe et d’enseignants. Le décret indique que :

Le nouveau promoteur devrait faire la déclaration pour l’ouverture, la création ou l’extension de son établissement auprès des responsables déconcentrés du ministère de l’Éducation de la localité contre l’obtention d’une autorisation par le passé. Les responsables de l’éducation disposent toutefois d’un délai pour prononcer leur refus.

Selon le même décret,

La désignation des responsables dirigeants de cet établissement devraient être agréés par les responsables déconcentrés du ministère de l’éducation de la localité en même temps que l’État va poursuivre ses missions d’inspections pédagogiques et de formation continue de leurs enseignants. Les établissements scolaires privés créés doivent obligatoirement appliquer le programme officiel en vigueur au Cameroun. Tout autre programme ou ajout de programme doit préalablement obtenir l’agrément des autorités éducatives.

Les futurs promoteurs d’établissements scolaires privés devraient être titulaires d’un baccalauréat pour les établissements primaires et maternels et d’une licence pour les établissements secondaires afin d’exclure des aventuriers beaucoup plus préoccupés par la recherche du gain que part l’éducation.

Le gouvernement camerounais envisage même dans l’avenir d’affecter des enseignants recrutés au sein de ces établissements privés afin de promouvoir la qualité de l’enseignement.

2.1.3.2. Les composantes de l’enseignement du privé L’enseignement privé a deux composantes.

• L’enseignement confessionnel organisé par les communautés catholiques, protestantes ou les musulmanes.

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• L’enseignement non confessionnel qui comprend les écoles laïques fondées par des individus, les écoles communautaires créées par les communes et les écoles créées par les parents des zones enclavées.

Chaque composante est gérée administrativement par un Secrétariat National de l’Organisation.

L’enseignement confessionnel comprend trois secrétariats à l’éducation

• Le Secrétariat National de l’Organisation privé catholique.

• Secrétariat National de l’Organisation privé protestant.

• Secrétariat National de l’Organisation privé islamique.

L’enseignement privé est coiffé par le Secrétariat National à l’enseignement privé.

2.1.3.3. L’enseignement privé catholique

Cet enseignement trouve son origine pendant la colonisation Allemande. En 1981, les missionnaires catholiques mirent en place la première école à Mariemberg. Après la première guerre mondiale de 1914-1918, les nouveaux maîtres français renouvellent leur confiance à ces missionnaires. Les missionnaires catholiques profitent de cette place privilégiée pour créer des écoles en tant que vecteur de la foi chrétienne aux peuples indigènes. Les pères pallottins adoptèrent la politique qui consistait à créer une école pour préparer la création d’une nouvelle mission.

Les responsables catholiques actuels du système éducatif camerounais n’ont fait qu’entériner ce choix colonial qui ne demandait qu’à créer des écoles même dans les localités les plus reculées pour évangéliser les villageois, là même où les pouvoirs publics n’avaient pas installé des structures scolaires. Dans chaque zone, à côté des églises, les missionnaires catholiques ont toujours construit des écoles primaires.

Aujourd’hui, l’église catholique est particulièrement bien implantée dans l’enseignement primaire au Cameroun. Il scolarise 56% des élèves de l’enseignement privé confessionnel. Comme dans le public, les difficultés financières (absence de subvention de l’État et de la contribution financière des églises) ont amené le secteur privé catholique à enregistré des baisses d’effectifs d’élèves après les années 1990, conduisant dans certaines localités à la fermeture d’écoles.

Dans l’enseignement catholique, on compte 6% de maîtres qualifiés (c’est-à-dire ayant suivi une formation préparatoire à cette activité) et 94% d’enseignants non qualifiés. Plusieurs raisons pourraient expliquer le nombre élevé de maîtres non qualifiés qui enseignent dans les écoles catholiques. Dans le contexte camerounais

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les maîtres formés sont d’office recrutés par l’État, et ceux qui veulent enseigner dans les écoles catholiques doivent revoir leurs prétentions salariales à la baisse.

L’écart salarial entre les deux ordres d’enseignement n’est pas un facteur de motivation. On comprend que les responsables d’écoles catholiques préfèrent recruter les maîtres non formés pour leur octroyer des bas salaires.

2.1.3.4. L’enseignement privé protestant

Contrairement à l’enseignement privé catholique, son origine se situe bien avant la colonisation. Les missionnaires allemands ont été les premiers à créer des écoles protestantes au Cameroun, dans le but premier d’assurer l’évangélisation des indigènes et l’école avait pour rôle de servir également de vecteur de la religion. Le pasteur Noir Joseph Merrick créa en 1884 à Bimbia dans le Sud-Ouest la première école. La deuxième école protestante été créée le 23 juin 1945 à Béthel prés de la ville de Douala par Alfred Saker appartenant aussi à la Baptist Missionary Society.

L’enseignement privé protestant est beaucoup plus présent dans la création d’écoles primaire que des collèges. Il accueille 35% d’élèves scolarisés dans les écoles confessionnelles. L’enseignement privé protestant regroupe plusieurs familles d’écoles appartenant à plusieurs églises protestantes :

L’Eglise Evangélique du Cameroun L’Eglise Presbytérienne Camerounaise L’Eglise Adventiste

Les Eglises Baptistes

Selon Henri Ngonga (ibid.), seuls 2% de maîtres qualifiés et 98% d’enseignants non qualifiés enseignent dans l’enseignement protestant. Comme pour l’enseignement catholique, on pourrait expliquer le nombre élevé de maîtres non qualifiés qui enseignent dans les écoles protestantes par des raisons d’ordre financiers.

2.1.3.5. L’enseignement privé islamique

Cet enseignement date de l’introduction de l’islam suite à la conquête de la partie septentrionale du pays par les Arabes et bien avant la colonisation. Les écoles islamiques scolarisent 30 000 élèves environ dans le primaire. L’enseignement islamique est beaucoup plus concentré dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et

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de l’Extrême-Nord où est fortement implantée la religion islamique. Deux types d’écoles coexistent :

Les écoles franco-arabes mises en place depuis la colonisation française. Depuis l’avènement de l’indépendance. Les écoles Franco-arabes ont été reversées dans les réseaux d’écoles privées communautaires.

Les écoles islamiques, de création récente, consacrent un temps important à l’enseignement religieux. Ces écoles connaissent un succès certains auprès des riches musulmans qui acceptent une contribution volontaire.

2.1.3.6. L’enseignement privé laïc

L’enseignement privé non confessionnel apparaît dans les années 1949 pendant la colonisation française. La création des écoles privées laïques est l’œuvre de promoteurs individuels qui en assurent la gestion administrative, financière et pédagogique. Les écoles privées non confessionnelles comprennent : les « écoles des parents », les écoles communales, les écoles laïques créées par des particuliers et des personnes morales. Sur le terrain, l’enseignement privé laïc est plus représenté dans le secondaire que dans le primaire, puisque un camerounais sur six fréquente les établissements privés laïcs secondaires contre un sur huit pour les écoles primaires privées (Ngonga, ibid.). Comme l’enseignement protestant, on distingue plusieurs sous- groupes :

• Les écoles privées communautaires implantées surtout dans les zones rurales pour suppléer au manque d’écoles publiques. Les écoles communautaires implantées dans la zone anglophone sont généralement l’œuvre d’un village

• L’enseignement privé laïc qui fonctionnant dans les grandes villes où les parents peuvent payer une scolarité relativement élevée.

• Les écoles créées par les parents dans certaines localités très enclavées.

Les établissements clandestins qui fonctionnent sans autorisation viennent gonfler les effectifs des écoles privés laïcs. Ces établissements de création spontanée et de mauvaise qualité mènent une concurrence déloyale aux écoles privées laïques autorisées. Les frais de scolarité sont bas et les bâtiments souvent sommaires. Ils sont surtout situés dans les zones insalubres et inadaptées aux constructions. Dans les écoles privées non confessionnelles les salaires sont encore plus bas que dans

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les écoles privées confessionnelles. Les maîtres qualifiés ne représentent que 1% de l’ensemble d’enseignants du secteur.

Les écoles primaires privées rencontrent d’énormes difficultés dans leur fonctionnement quotidien. Seulement, ces difficultés n’épargnent aucun type d’école, qu’elles soient d’obédience catholique, protestante, islamique ou laïque.

La question du financement des investissements hante tout créateur d’une école privée. Les conditions de création d’une école, prescrites par les textes, exigent du promoteur un terrain avec titre foncier. Or, la procédure d’obtention de ce document peut durer 3 ans. Il est aujourd’hui difficile de trouver des terrains disponibles de plus de 3000 m2, comme l’exige la réglementation, dans les grandes métropoles. Lorsque ceux-ci existent, leur coût très élevé, n’encourage pas le futur promoteur. Les mêmes conditions exigent également la disponibilité des bâtiments et des équipements répondant à certains critères bien précis.

Un dépôt représentant trois mois de salaire est un préalable à l’octroi de l’autorisation d’ouverture de l’école. L’accès au crédit est un parcours du combattant pour les fondateurs car ils ne disposent pas de garanties nécessaires à l’obtention de crédits bancaires. Les difficultés dans les collectes des frais de scolarité constituent également un obstacle important.

Quant aux problèmes pédagogiques, les écoles primaires privées camerounaises souffrent d’une insuffisance chronique d’enseignants qualifiés, due au niveau de rémunération assez bas pratiqué. Ces bas salaires n’attirent pas les enseignants suffisamment qualifiés. Les écoles se contentent d’utiliser les maîtres titulaires d’un CEPE ou du BEPC. Les inspecteurs pédagogiques nationaux, régionaux et d’arrondissement pour l’éducation de base limitent leurs actions dans les écoles publiques. Les écoles primaires privées ne bénéficient que peu souvent de stages, de séminaires et de journées pédagogiques. Pourtant ces écoles font l’objet des fréquentes visites de contrôle de l’état en matière sanitaire.

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