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L’UNESCO et l’éducation des adultes au Cameroun

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 107-111)

CHAPITRE III : L’ÉDUCATION DES ADULTES

3.1. L’éducation des adultes au Cameroun

3.1.3. L’alphabétisation et l’éducation non formelle : palliatifs aux carences du système formel ?

3.1.4.2. L’UNESCO et l’éducation des adultes au Cameroun

Alors que la communauté internationale, lors de la Conférence Mondiale sur l’Éducation Pour Tous à Jomtien en 1990 déclarait que « L'éducation est un droit fondamental pour tous, femmes et hommes, à tout âge et dans le monde entier », elle constatait que plus de 100 millions d’enfants à travers le monde n’avaient pas accès à l’enseignement primaire. Elle remarquait également qu’en 1990, près 960 millions d’adultes connaissent « un grave problème d’analphabétisme fonctionnel ».

Ce constat concerne autant les pays industrialisés que ceux en voie de développement. En conformité avec les objectifs de l’UNESCO, le Cameroun a conçu des programmes scolaires et développé de façon globale des politiques

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éducatives progressives, par lesquelles il a assigné à l’école des fonctions et des objectifs précis. Il en est ainsi de l’un des six objectifs adoptés à Dakar par la communauté internationale en 2000 : répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition de connaissances ainsi que de compétences liées à la vie courante. Partant du constat que près du tiers des adultes n'ont pas accès aux savoirs fondamentaux, encore moins aux nouveaux savoir-faire et non plus aux technologies qui pourraient améliorer la qualité de leur vie et les aider à façonner, ou du moins à suivre le changement social et culturel de leur pays, le pays va engager très tôt après les indépendances une vaste campagne d’alphabétisation (École sous l’arbre).

Si on intègre qu’en 1949, on pensait à l’Unesco que « Seuls les pays qui ont atteint le stade le plus élevé de développement peuvent concevoir l’éducation des adultes indépendamment d’une campagne contre l’analphabétisme » (UNESCO, 1949), on comprend alors pourquoi l’éducation des adultes au Cameroun n’avait pour perspectives principales que l’alphabétisation des citoyens.

Le Cameroun a d’autant plus accordé de l’importance à l’alphabétisation que le droit à l’éducation était devenu l’un des droits fondamentaux de l’homme. À sa sixième session, en 1951, la Conférence générale de l’UNESCO invitait les États membres dont le Cameroun, « à entreprendre et à développer les activités d’éducation de base [...] en faisant porter particulièrement leurs efforts sur la lutte contre l’analphabétisme

».

La perspective fonctionnelle donnée aux campagnes d’alphabétisation par l’Unesco dès 1970 va rendre celles-ci plus efficaces. Nous comprenons ainsi que pour mieux travailler, il faut comprendre le langage professionnel. L’alphabétisation, vue sous cette forme, donnerait des possibilités non seulement d’apprentissage, mais aussi de communication au-delà de l’espace local et du temps présent.

Le Symposium International sur l’Alphabétisation réuni à Persépolis en septembre 1975, a voulu voir aussi dans l’alphabétisation, « par-delà l’apprentissage de la lecture de l’écriture et du calcul, une contribution à la libération et à l’épanouissement de l’homme », ajoutant que,

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Ainsi conçue, l’alphabétisation crée les conditions d’une prise de conscience critique des contradictions de la société dans laquelle l’homme vit et de ses fins. Elle permet aussi de stimuler l’initiative de l’homme et de sa participation à la conception des projets susceptibles d’agir sur le monde, de le transformer et définir les fins d’un authentique développement humain. Elle doit donner accès à la maîtrise des techniques et des rapports humains.

L’alphabétisation simple n’est donc pas une fin en soi, pour qu’elle apparaisse vraiment comme un droit fondamental de tout être humain. Ce dernier devrait y trouver le moyen d’insertion sociale par le travail productif notamment. Il est permis ici de penser que cette orientation des activités de l’alphabétisation reconnait le fait que le développement ne nécessite pas seulement l’acquisition des fondamentaux, mais qu’il exige aussi un changement des attitudes avec des aspects qualitatifs et quantitatifs dans le savoir-être, le savoir-faire. La perspective du développement économique imposait d’ailleurs cette alphabétisation fonctionnelle : les pays sous développés tels le Cameroun ne pouvaient se contenter des produits d’un système scolaire dont on entrevoyait les limites. Un système dont l’exclusion était le principe.

Un système qui créait une frange importante de « marginaux éducatifs ». L’éducation de base et les campagnes d’alphabétisation devenaient des bras séculiers de la justice sociale.

L’évolution de la pensée de l’Unesco associant, par le principe de la fonctionnalité, les autres formes d’éducation de l’adulte à l’alphabétisation devaient ne plus séparer une éducation des adultes d’ « évolués » et une éducation des adultes de

« pauvres ».

Toutefois, malgré la valeur générale du principe de fonctionnalité, on a encore pu voir appliqué simultanément au Cameroun, des programmes d’alphabétisation « fonctionnels » et des programmes « simples », autrement dit non fonctionnels (distinctions qui apparaissent dans « la classification type internationale de l’éducation » publiée par l’UNESCO en 1976).

Notons sans insister que selon cette terminologie, l’alphabétisation « simple » ne comporte pas nécessairement une orientation professionnelle. Mais du point de vue socio-pédagogique, politique, et d’intégration sociale, cette alphabétisation n’en a pas moins un caractère fonctionnel. Nous pouvons admettre que la fonctionnalité, découle d’une nécessité socio-économique, et de la vision personnelle de chacun.

On peut penser que celui qui acquiert des connaissances devrait grâce à celles-ci,

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pouvoir mieux remplir une fonction dans son groupe, et l’acquisition de ces connaissances doit pouvoir se faire dans la pratique des activités productives.

L’alphabétisation fonctionnelle devient alors, une action de promotion technique et culturelle, intégrant la formation professionnelle. Le programme de l'Éducation Pour Tous est devenu l’un des objectifs pour le développement de chaque nation.

La double orientation de l’alphabétisation camerounaise vient souligner que la volonté politique ne suffit pas, la mise en place d’une telle ambition de développement doit se faire avec des individus formés. Des individus qui eux-mêmes sont capables d’appréhender et d’opérationnaliser les concepts. Lors du séjour en 1980 du président de l’UNESCO au Cameroun du 23 au 29 juillet, le gouvernement lui a demandé de mettre à sa disposition « les services d’un consultant ayant pour mission d’aider à l’élaboration d’une politique nationale d’Éducation des Adultes et d’alphabétisation principalement en faveur des populations les plus défavorisées des zones rurales » (Lizarzaburu, 1983, p.1). Il apparait par la suite, à la lecture de plusieurs rapports (UNESCO, 2000) que les campagnes d’alphabétisation menées n’ont pas abouti aux objectifs fixés et attendus. Cependant, en 2002, a été lancé un vaste Programme National d’Alphabétisation pour répondre aux grands besoins d’éducation des adultes. Ce programme est piloté par le ministère de la Jeunesse et des Sports, il s’inscrit dans le sillage de Campagne National d’Alphabétisation (CNA) des années 60 et a pour objectif de réduire de façon significative la pauvreté en résolvant le problème d’alphabétisme qui touche près d’un tiers de la population camerounaise.

Au Cameroun, entre 1981 et 2002, les activités d’alphabétisation promues par le gouvernement ont connu un passage à vide : les responsables du Plan National d’Alphabétisation (PNA) confirment que toutes les activités d’alphabétisation ont été suspendues. La seconde période étape qui marque réellement « l’alphabétisation fonctionnelle » a un parcours dont la genèse est expliquée ci-dessus. En effet, ce fut l’une des priorités de l’action de l’Organisation des Nations Unies pour la Science l’Éducation et la Culture depuis le célèbre " Programme Expérimental Mondial d’Alphabétisation" mis en œuvre en 1966 en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Cette initiative venait en application la Conférence Générale de l’UNESCO en 1964 qui visait trois objectifs :

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- Promouvoir l’éducation de masse dans les pays en voie de développement, afin de les aider à tenir la double gageure que constituaient la scolarisation universelle et le relèvement significatif des taux de scolarisation des jeunes,

- Amorcer un développement de masse, notamment par une amélioration des capacités populaires de production,

- Compenser les carences des systèmes éducatifs formels en matière d’accès aux formations, d’amélioration de la qualité des apprentissages et de diversification des offres de services et des formes d’éducation.

Aujourd’hui, une conjonction de faits et de facteurs nouveaux tels que les crises économiques, la paupérisation des couches populaires interpellent le Cameroun en faveur d’une relance, d’une intensification et d’une réorientation de l’alphabétisation fonctionnelle. Cette alphabétisation fonctionnelle pourrait en conclusion répondre aux exigences de mutations économiques car elle est centrée sur un apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul en étroite collaboration avec le vécu quotidien de l’apprenant. Il s’agit de procéder à plus grand éveil par une meilleure lecture de son environnement, ce qui indubitablement pourrait ouvrir les champs et les perspectives nouveaux pour l’amélioration des conditions de vie de la population camerounaise, mais malheureusement, le taux d’analphabètes au Cameroun reste très élevé malgré la volonté politique et les œuvres de l’UNESCO.

3.2. Analyse comparée des systèmes d’éducation des adultes à travers le

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