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Comme nous l’avons précédemment annoncé, nous avons suivi le travail documentaire et les interactions collectives de Lucien pendant deux années consécutives. Nous avons développé notre méthodologie pour le suivi de ce premier terrain expérimental dans une perspective de conception dans l’usage (§ 3.1.6). De ce fait, la première année de suivi de Lucien nous a donné l’opportunité de développer notre méthodologie pour l’année suivante.

Dans un premier temps, nous présentons dans cette partie les outils méthodologiques que nous avons mis en place au cours de la première année de suivi de Lucien. Nous explicitons dans un second temps l’ajustement de la méthodologie au cours de la deuxième année de suivi.

Outils méthodologiques mis en œuvre au cours de la première année de suivi

Certains outils méthodologiques, parmi ceux que nous avons précédemment présentés (§ 3.2) n’étaient pas développés au moment de la première année de suivi de Lucien (année

méthodologiques que nous avons mis en place pour suivre la documentation et le travail collectif de Lucien au cours de cette première année d’étude :

- Des entretiens : nous avons conduit quatre entretiens avec Lucien au cours de la première année de son suivi. Il s’agit d’un entretien général au début de la période de suivi, d’un entretien avant la séance observée, d’un entretien à chaud juste après la séance observée et d’un entretien final qui a pris la forme d’un entretien d’auto-confrontation (§ 3.2.2) ;

- Des représentations schématiques : nous avons demandé à Lucien de tracer deux types de représentations schématiques : une RSSR (représentation schématique du système de ressources) et une RSTC (représentation schématique du travail collectif) (§ 3.2.3). Celles-ci ont été réalisées par Lucien une première fois au début de son suivi lors de l’entretien général. Chacune d’elle a été ensuite reprise et retouchée par lui. En effet, au cours de l’entretien précédant l’observation de classe, nous avons proposé à Lucien de reprendre les représentations schématiques qu’il a réalisées au cours de l’entretien général. Nous lui avons précisément demandé de noter sur un papier calque les changements éventuels dans son système de ressources ainsi que les ressources qu’il a mobilisées pour concevoir sa ressource-fille fondée sur les DI (dans le cas de la RSSR) ou son travail collectif et ses interactions avec ses collègues et leurs ressources en vue de préparer la séance qui sera observée (dans le cas de la RSTC). Suivant le même principe, nous avons également suggéré à Lucien au cours de l’entretien final de noter sur ces représentations schématiques des modifications éventuelles dans son système de ressources ou dans ses interactions collectives ;

- Un journal de bord : nous avons demandé à Lucien de noter, dans une démarche réflexive, toutes ses activités, tant individuelles que collectives, qui se déroulent en classe et hors classe, et qui concernent en particulier la conception, la mise en œuvre et la révision de la ressource-fille basée sur les DI et portant sur l’enseignement du thème de la quantité de matière (§ 3.2.4). Lucien a renseigné ce journal de bord pendant presque un mois pour une classe de seconde que nous avons suivie de près ; - Observation de classe enregistrée en vidéo : nous avons observé en classe la

ressource-fille fondée sur les DI que Lucien a conçue et sur laquelle il a rapporté des faits dans son journal de bord. Cette ressource-fille concerne plus particulièrement l’enseignement du thème de la quantité de matière. L’observation de la séance de classe a été, par ailleurs, filmée (§ 3.2.6) ;

- Observation du travail collectif de Lucien : nous avons cherché à approfondir le travail documentaire de Lucien dans ses composantes collectives. Pour ce faire, nous avons suivi les interactions collectives de Lucien au sein de diverses communautés à travers le suivi du wiki, des échanges de mails, ou par la participation à des réunions en présence de ses collègues. Nous avons centré en particulier ce suivi au moment de la mise en place de l’enseignement du thème de la quantité de matière. Notons que la première année de suivi de Lucien était caractérisée surtout par ses interactions collectives au sein de la communauté des professeurs de SPC de son lycée (§ 5.1).

Ainsi, nous avons listé les outils méthodologiques que nous avons mis en œuvre sur un terrain expérimental au cours de sa première année de suivi. Dans ce qui suit, nous présentons la mise en œuvre de notre méthodologie au cours de l’année suivante.

Outils méthodologiques mis en œuvre au cours de la deuxième année de suivi

La méthodologie projetée sur la deuxième année de suivi de Lucien a connu des développements liés à la première mise à l’épreuve, sur ce même terrain d’étude, l’année précédente. Ces développements touchent en particulier la mise en place d’un journal d’interactions au lieu du journal de bord (§ 3.2.5) et une immersion encore plus profonde dans le lycée de Lucien, au contact de ses élèves et de ses collègues.

Comme au cours de la première année de suivi, nous avons mené avec Lucien différents types d’entretiens : un entretien général, un entretien avant et après chaque observation de séance de classe et un entretien final. Nous avons également demandé à Lucien de réaliser une RSSR et une RSTC pendant ces entretiens. Il est intéressant, cependant, de souligner qu’au cours de la deuxième année de suivi, nous avons proposé à Lucien de faire de nouvelles représentations schématiques et de ne pas donc noter des modifications sur les anciennes, tracées l’année précédente. Nous visons de fait un suivi de l’évolution des représentations schématiques et par conséquent des ressources et du travail collectif de Lucien sur deux ans. Nous avons en plus demandé à Lucien de commenter et de comparer les représentations schématiques réalisées au cours des deux années consécutives. Ceci s’est déroulé précisément au cours de l’entretien général avec Lucien. En appliquant le principe de suivi continu du travail documentaire de Lucien (§ 3.1.3), nous avons repris le suivi des représentations schématiques, d’un entretien à un autre, comme nous l’avons fait au cours de la première année d’étude. De ce fait, au cours de l’entretien avant l’observation de classe, nous avons demandé à Lucien de reprendre sa RSSR et sa RSTC réalisées au cours de l’entretien général et de noter sur un papier calque des changements éventuels. Des représentations schématiques retouchées ont été ainsi obtenues. De même, nous avons sollicité Lucien au cours des entretiens suivants afin qu’il note d’autres modifications, le cas échéant.

La première année de mise à l’épreuve de notre méthodologie nous a montré que les effets du travail collectif de l’enseignant sur son développement professionnel sont à saisir à travers un suivi à long terme, mais également au moyen d’un suivi continu durant chaque année. En nous appuyant sur la conception dans l’usage, nous avons donc mis en place un nouvel outil méthodologique, à savoir le journal d’interactions (JI) qui est venu remplacer le journal de bord et qui nous a permis de suivre les interactions collectives de Lucien dans la perspective de DI pendant six mois (§ 3.2.5). En effet, Lucien a renseigné le JI de janvier à juin 2011 en rendant compte de ses interactions, tournées vers les DI, au sein de diverses communautés. Bien entendu, Lucien rapporte encore dans ce JI ses interactions collectives concernant l’enseignement du thème de la quantité de matière. Ainsi, ce JI nous permet d’approcher le système d’interactions de Lucien, et par conséquent la multiplicité de ses systèmes d’activité et des liens qui les articulent. Notons que, suivant le principe de

d’un entretien mené auprès d’un protagoniste avec lequel Lucien interagit souvent suivant les données renseignées dans le JI (§ 3.2.5).

Par ailleurs, nous avons procédé lors de la deuxième année de suivi de Lucien à une immersion plus profonde dans son travail en classe et hors classe. Ceci s’est traduit par des visites fréquentes à son lycée et par des observations de classe qui correspondaient à des séquences d’enseignement pour pouvoir saisir des moments de ses interactions collectives au sein de la communauté de classe et de la communauté de ses collègues du lycée. Ajoutons aussi que cette immersion nous a permis de rendre le suivi plus ordinaire et de relever des interactions et des échanges informels entre l’enseignant et ses collègues. Ceci nous a, sans doute, aidé à comprendre davantage le travail documentaire de Lucien dans ses composantes individuelles et collectives. Les séquences d’enseignement que nous avons observées et enregistrées en vidéo impliquent le thème de la quantité de matière et par conséquent le même thème que nous avons examiné l’année précédente. Elles correspondent à huit séances de classes (quatre séances de TP et quatre séances de cours).