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D’un point de vue th´eorique, l’objectif de la pr´esente th`ese est de montrer qu’il existe d’autres avenues satisfaisantes, qui n’ont pas encore ´et´e explor´ee dans la litt´erature, afin de mod´eliser les inf´erences normatives conditionnelles et inconditionnelles. Ainsi, l’une des principales motivations de cette th`ese est le rejet de trois dogmes: l’interpr´etation modale de la logique d´eontique, l’utilisation des alg`ebres de Boole pour mod´eliser l’action humaine et la n´ecessit´e des logiques non-monotones ou adaptatives afin de mod´eliser les conflits d’obligations et les obligations conditionnelles. On voit donc se tracer les trois principaux axes sur lesquels sont fond´es les articles de cette deuxi`eme partie:

1. d´eveloppement d’un cadre conceptuel permettant l’analyse de la validit´e des in- f´erences l´egales inconditionnelles;

2. d´eveloppement d’une logique de l’action ad´equate `a la repr´esentation des actions humaines;

3. mod´elisation des raisonnements normatifs conditionnels et des conflits d’obligations. En premier lieu, cette th`ese vise le d´eveloppement d’un cadre de travail diff´erent de la logique modale K afin de mod´eliser ad´equatement les inf´erences normatives in- conditionnelles et non-conflictuelles. Cela fait l’objet principalement des chapitres 11 et 12, o`u la logique propos´ee vise la repr´esentation de la transmission de la propri´et´e « obligation » entre les actions.

Actuellement, on ne trouve pas de cadre de travail permettant l’analyse des inf´erences normatives inconditionnelles et visant `a ˆetre enseign´e dans les cours de pens´ee critique et d’introduction `a la logique. En effet, seules la logique propositionnelle classique et le calcul de premier ordre sont usuellement pr´esent´es dans les cours d’introduction, et il faut attendre un cours de logique avanc´ee (lorsqu’il y en a) o`u l’on traite de la logique modale avant de pouvoir mˆeme penser `a introduire l’´etudiant `a la logique d´eontique et `a l’analyse des inf´erences normatives.

Historiquement, la logique est apparue afin d’offrir un cadre de travail permettant l’analyse des raisonnements math´ematiques et scientifiques. En quelques mots, l’objectif ´etait d’obtenir une m´ethode capable de garantir qu’une conclusion peut effectivement ˆetre d´eriv´ee de certaines hypoth`eses. Cela dit, au fils du temps, la logique s’est vue ˆetre appliqu´ee `a l’analyse des inf´erences en g´en´eral. Ainsi, ayant perdu de vue son objectif originel, la logique est utilis´ee afin d’analyser des raisonnements qui ne sont pas n´eces- sairement math´ematiques ou scientifiques. En philosophie, par exemple, il est pratique courante d’initier les ´etudiants `a la logique propositionnelle et au calcul de premier ordre de fa¸con a les pr´eparer `a bien structurer leur pens´ee et `a pouvoir analyser la forme de diff´erents arguments.

Or, il s’av`ere que les inf´erences normatives ont une place importante au sein des d´ebats philosophiques. A ce titre, on peut juger que les cours de pens´` ee critique et d’introduction `a la logique ´echouent `a pr´eparer l’´etudiant `a l’analyse des raisonnements. En effet, nonobstant le dilemme de Jørgensen, ces logiques sont insuffisantes `a la mod´eli- sation des inf´erences normatives, qui requi`erent un degr´e d’analyse plus fin. Par surcroˆıt, mˆeme si l’on restreint l’utilisation de la logique d´eontique standard `a l’analyse des obliga- tions inconditionnelles et non-conflictuelles, il n’en demeure pas moins que celle-ci poss`ede des lacunes philosophiques consid´erables, comme nous l’avons expos´e au chapitre 9. En cons´equence, un des objectifs de cette th`ese est de r´epondre `a ces deux insuffisances en fournissant un syst`eme de base alternatif `a la logique modale K pour traiter des obligations inconditionnelles et qui puisse ˆetre adapt´e `a des cours de pens´ee critique afin d’analyser les inf´erences normatives. L’alternative `a la logique modale K est pr´esent´ee au chapitre 11 et le chapitre 12 en fait l’adaptation pour l’analyse des raisonnements inconditionnels. Dans un second temps, cette th`ese propose une analyse des diff´erentes logiques de l’action que l’on retrouve au sein de la litt´erature et propose une nouvelle approche qui, selon nous, est plus appropri´ee `a la mod´elisation des actions humaines. Alors que la ma- jorit´e des logiques de l’action vise une application en informatique, ce sont usuellement les alg`ebres de Boole qui sont utilis´ees afin de repr´esenter l’action humaine. Nous tˆachons d’expliquer en quoi ces logiques ´echouent `a mod´eliser ad´equatement l’action humaine en insistant sur les propri´et´es des connecteurs logiques utilis´es. Cet objectif est atteint au chapitre 14, o`u une distinction entre une logique de l’action AL et une logique proposi- tionnelle d’action PAL est faite.

Troisi`emement, les probl`emes reli´es aux inf´erences normatives conditionnelles et aux conflits d’obligations sont analys´es au chapitre 15. Les principaux arguments en faveur de fondations non-monotones pour la logique d´eontique sont expos´es et les probl`emes de l’augmentation et du d´etachement ainsi que les conflits d’obligations sont analys´es `a la lumi`ere de la th´eorie des cat´egorie. D’un point de vue th´eorique, la contribution de ce chapitre est de montrer que plusieurs probl`emes fondamentaux `a la mod´elisation des inf´erences normatives conditionnelles peuvent ˆetre corr´el´es aux propri´et´es structurelles des logiques utilis´ees lorsque celles-ci sont analys´ee selon la perspective de la th´eorie des cat´egories.

Finalement, le chapitre 16 r´eunit les trois objectifs de la th`ese et propose un cadre de travail unificateur qui incorpore une logique des obligations inconditionnelles et une logique pour les inf´erences normatives conditionnelles, les deux ´etant fond´ees sur une logique de l’action pertinente `a la mod´elisation des actions humaines. Ce chapitre fait la synth`ese des articles pr´ec´edents et propose une logique typ´ee (cf. chapitre 13) qui r´eunit `a la fois une logique de l’action, une logique propositionnelle d’action (cf. chapitre 14), une logique pour les obligations inconditionnelles (cf. chapitre 11) et une logique pour les inf´erences normatives conditionnelles (cf. chapitre 15). Cette logique typ´ee est bas´ee principalement sur les r´esultats pr´esent´es au chapitre 13, qui fait le pont entre les travaux initiaux de Lambek en linguistique, la th´eorie des cat´egories et la logique d´eontique en montrant la pertinence de l’utilisation d’une logique typ´ee afin d’´eviter (ou de r´esoudre) les paradoxes.

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A l’instar de la logique pr´esent´ee au chapitre 11, le syst`eme pr´esent´e au chapitre 16 vise explicitement la mod´elisation des inf´erences l´egales et est fond´e sur des principes admis en droit.

Les relations entre les chapitres sont repr´esent´ees `a la figure 10.1. Notons que chaque chapitre a fait l’objet d’un article et a ´et´e r´edig´e en vue d’ˆetre autonome. Ainsi, malgr´e cette interd´ependance, chaque article poss`ede ses objectifs propres et contient tout le mat´eriel n´ecessaire `a sa compr´ehension.

Chapitre 16

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15

Figure 10.1: Structure des chapitres