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ET POLARISATION DES INTERACTIONS

5.4. O BSERVATIONS TECHNOLOGIQUES

5.4.1. PROBLEMATIQUES TECHNOLOGIQUES : INTERETS ET LIMITES

Si la pétrographie permet d’appréhender les premières étapes de la production céramique, celles-ci font en fait partie d’une chaîne opératoire, qu’il convient d’observer dans son entier pour accéder au système et au milieu technique et, plus avant, à la compréhension d’un système social et économique316. Les modes

de façonnage, de traitement de surface, de décor et de cuisson sont autant d’éléments à observer et à connecter aux observations menées sur les pâtes. Dans le cadre d’une approche globale de notre corpus, nous avons donc systématiquement enregistré quelques observations technologiques qui nous ont semblé être un pré-requis minimum à la prise en main de notre corpus, autour de trois étapes de la chaîne opératoire : le façonnage, le traitement de surface/décor et la cuisson.

À propos du façonnage et la finition des vases, nous avons noté la présence ou non de stigmates d’emploi de colombins et/ou de rotation (par un jeu de cases à cocher). La rotation a été notée chaque fois qu’elle a été identifiée, non seulement lorsqu’elle correspond à une rotation rapide en cours de façonnage mais aussi

314 D’après la classification typologique en vigueur à Arqa et publiée dans Thalmann 2006a, p. 107-108

et fig. 38.

315 Thalmann 2006a, fig. 38. Cette démarche aurait en effet largement dépassé les limites de notre

sujet ; nous nous en sommes tenue à une désignation générale des types, complétée parfois d’une description et de séries de dessins.

lorsqu’elle intervient au stade de la finition317, sans modification de la forme du vase

mais simplement pour en régulariser les parois, sur tout ou partie du vase318. La

rotation rapide peut être désignée sous le terme d’Énergie Cinétique Rotative ou ECR, tel que définie par Valentine Roux (RKE pour Rotative Kinetic Energy en anglais)319. Cette expression correspondrait à un mouvement rotatif suffisamment

rapide pour provoquer une montée de terre ou fluage320 ; bien qu’il nous paraisse

restrictif, nous emploierons le terme lorsque nous présenterons l’étude technologique de l’assemblage d’Arqa, réalisée par Valentine Roux321. Dans les autres cas, nous nous

contenterons simplement de noter la présence de stigmates de rotation. L’emploi d’un dispositif rotatif nous a en effet semblé, en soi, correspondre déjà à une démarche technique différente du montage aux colombins et nous avons souhaité représenter les stades intermédiaires dans notre système d’enregistrement.

L’identification de ces deux techniques de façonnage – colombins et/ou rotation – repose sur l’observation de macrotraces caractéristiques définies dans plusieurs ouvrages322. Les modes de traitement de surface et décor sont ensuite

consignés comme autant d’indications stylistiques mais aussi pour leur valeur culturelle, chronologique et fonctionnelle323. Enfin, les couleurs des échantillons

témoignent, en macroscopie, des variations de modes de cuisson et ont été enregistrées en face interne, externe ainsi qu’au cœur. L’ensemble de ces données a été entré dans notre base de données, avec un vocabulaire formalisé que nous exposons ci-après.

Là aussi, la qualité des observations technologiques est en grande partie tributaire de l’état de conservation du matériel (du tesson au vase complet, remonté ou intact), de l’ampleur de l’assemblage à disposition et de la préexistence ou non d’une étude technologique sur le matériel concerné324. Malgré ces contraintes, cette

étape nous a été très utile pour comprendre les résultats de l’étude pétrographique ; particulièrement avec l’assemblage de Qatna, pour lequel la combinaison des

317 Sur l’emploi de la rotation à différents stades de la chaîne opératoire et les techniques mixtes, voir

Méry, Dupont-Delaleuf et van der Leeuw 2010.

318 Ainsi des jarres de stockage d’Arqa, qui sont généralement montées aux colombins de la base à

l’épaule et auxquelles on ajoute ensuite une ouverture – col et bord – tournée ou, du moins, résultant d’une technique mixte colombins-rotation/ECR.

319 Voir par exemple Roux et Courty 1998. 320 Méry, Dupont-Delaleuf et van der Leeuw 2010.

321 Roux 2013 ; Roux et Thalmann 2016 ; voir partie 6.3.3.).

322 Nous avons été formée à la technologie céramique lors de plusieurs cours et stages organisés par

Sophie Méry et François Giligny ; nous avons également bénéficié des conseils d’Armance Dupont- Delaleuf et de nos lectures (Shepard 1956 ; Rye 1981).

323 Jean-Paul Thalmann a ainsi clairement démontré que dans l’assemblage d’Arqa, les différents

traitements de surface et leurs variantes correspondent à des classes dimensionnelles et fonctionnelles distinctes, et que leur évolution correspond au phasage chronologique de l’occupation du site (voir partie 6.3.) ; cette remarque est également valable pour les autres assemblages de notre corpus.

324 Arqa est le seul assemblage pour lequel nous disposions de données technologiques au préalable,

l’étude ayant été menée en 2012 par Valentine Roux et publiée dans Roux 2013 et, surtout, Roux et Thalmann 2016.

observations technologiques et pétrographiques nous a permis de distinguer des productions bien différentes.

5.4.2. SYSTEMES D’ENREGISTREMENT ET DEFINITION DES TERMES

La majeure partie des informations technologiques sont enregistrées sous forme de cases à cocher, complétées de champs descriptifs.

FAÇONNAGE

 Colombins, rotation : cases à cocher.

 Cassures : les cassures de joints de colombins ou « en becs » (ou « en escaliers ») sont des marqueurs d’un façonnage aux colombins.

 Observations : description des macrotraces et interprétation. TRAITEMENT DE SURFACE ET DECOR

 Peignage : horizontal, croisé, interne.

Le terme de « peignage » désigne un traitement de surface fait de motifs incisés réalisés avec un outil à plusieurs dents, qui peut être lié à la fois au façonnage (jonction de colombins, notamment pour le peignage interne) et à la finition (régularisation des parois, réalisation de motifs plus ou moins complexes)325.

 Lustrage : croisé, vertical, horizontal.

Le terme de « lustrage » est employé ici par analogie avec les publications d’Arqa, dans lesquelles il est abondamment employé ; il doit en fait être entendu au sens de « brunissage » et est d’ailleurs traduit par « burnishing » dans les publications de langue anglaise. Ce dernier terme est préféré dans la littérature de technologie céramique, pour désigner un traitement de surface réalisé à consistance cuir ou sur pièce sèche à l’aide d’un outil dur et lisse, de type galet, os ou corne, dont l’emploi donne un lustre dû à la compaction et réorientation des minéraux argileux ; il se distingue du polissage car il ne recouvre pas uniformément l’intégralité de la surface du vase, mais permet au contraire de tracer des lignes ou des motifs326.

 Lissage seul : régularisation simple de la surface.

 Impression,  Incision,  Peinture,  Engobe, 325 Rye 1981, p. 90 ; Rice 1987, p. 140.

326 Rye 1981, p. 90 ; Rice 1987, p. 138 ; Roux 2017, p. 130-132 ; ce brunissage s’exprime sous forme de

 Autre.

 Observations : description des traitements de surface et décors. COULEURS

La première notation repose sur une évaluation visuelle des couleurs, en trois termes, destinés à rendre compte de variations de coloration : la première teinte est dominante, les autres sont des nuances (par exemple, rouge-brun-rouge, brun-beige- gris). Lorsque nous en avions la possibilité, nous avons complété ces observations par la codification Munsell327.

L’étude pétrographique à proprement parler est ensuite échelonnée en deux niveaux d’analyse imbriqués, en macroscopie puis en microscopie en lames minces.