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9.1.3.1.7 1959 : LE SONDAGE S UD B IBLIOTHEQUE

9.2. A L ’ INTERIEUR DES TERRES : T ELL M ISHRIFEH – Q ATNA ET LE TOMBEAU

9.2.3. L A CERAMIQUE DU TOMBEAU IV AU M USEE DU L OUVRE : PRESENTATION DU CORPUS

9.2.3.2. R EPARTITION DE L ’ ASSEMBLAGE

Les répartitions chronologique et morpho-fonctionnelle des vases du corpus de Qatna sont assez différentes de nos autres assemblages. Le caractère funéraire du contexte induit à la fois une relative homogénéité chronologique des dépôts et une sélection des types morpho-fonctionnels introduits dans le tombeau. Nous ne sommes pas en mesure de proposer de graphe de répartition chronologique des échantillons : tous sont à dater du BA IV selon Robert du Mesnil du Buisson539, ou

535 Aucune restauration ou collage n’a bien sûr été effectué mais, dans certains cas, des tessons avaient

été rapprochés d’un vase auquel ils n’appartenaient pas : nous avons alors recherché les bonnes correspondances, afin d’harmoniser la collection.

536 Les microphotographies ont été prises grâce à un microscope numérique (Veho Discovery) à deux

grossissements. Leur emplacement – en section ou en surface – dépend de l’état de conservation des vases, et leur qualité est inégale ; nous n’avons pu réaliser de meilleures prises de vue que sur les échantillons prélevés.

537 Qu’il soit ici remercié de sa confiance et de la qualité de ses dessins, qui nous ont fait gagner un

temps précieux.

538 De plus, les variations morphologiques au sein d’un même type sont particulièrement limitées dans

cet assemblage. Il ne nous a donc pas semblé utile de dessiner l’intégralité du corpus.

du BA IVB selon Claude Schaeffer540. En réalité, d’après la réévaluation récente de la

chronostratigraphie des gobelets de Hama, nous pourrions rapprocher les gobelets du tombeau IV de ceux des niveaux J8 à J6, et donc dater l’ensemble plutôt du BA IVA541. Il est probable que, puisqu’il s’agit d’une inhumation multiple, le tombeau ait

été utilisé sur un temps assez long, mais nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour distinguer plusieurs phases chronologiques542.

D’un point de vue fonctionnel, seules deux catégories sont représentées : service (largement dominant) et transfert (Graphique 13). Nous avons séparé les miniatures, qui n’ont vraisemblablement pas la même fonction malgré des similarités de forme, et dans la catégorie « Autre » se trouve le hochet (4091). Aucun vase de stockage ou de cuisson ne semble avoir été déposé dans le tombeau IV – c’est du moins certain pour la collection conservée au Louvre.

Une répartition plus détaillée par forme montre que les types sont assez peu variés (Graphique 13) : parmi les vases de service, gobelets, cruches et pots à bec543 ;

parmi les vases de transferts, pots et petites jarres. Plusieurs classes dimensionnelles de gobelets sont clairement distinctes : les grands gobelets sont hauts de 11 à 13 cm (Figure 91 : 4017, 4021, 4050, 4064, 4069), les petits gobelets de 6 à 7,5 cm (Figure 91 : 4004, 4032, 4048, 4075, 4083, 4096, 4100, 4112) ; et l’unique gobelet miniature mesure environ 3 cm (4019). La plupart de ces gobelets présentent une forme simple, légèrement ventrue, et un bord droit (par exemple Figure 91 : 4069), ils sont parfois peints de bandes horizontales blanchâtres (comme Figure 91 : 4078) et un seul exemplaire comporte trois tenons horizontaux perforés (Figure 91 : 4017). Certains gobelets adoptent une forme différente, avec des parois droites légèrement évasées en partie haute (Figure 91 : 4024, 4029).

La morphologie des cruches est elle aussi homogène, avec une base plate, une panse très arrondie, un col court et étroit et une petite anse sur l’épaule ; la hauteur moyenne est de 20 à 25 cm (Figure 92 : 4008, 4040, 4047, 4074, 4101, 4122). La seule exception est la cruche 4015 (Figure 92), qui correspond à un cas très particulier et probablement à un import544. Dans les vases de service, nous avons

aussi inclus les pots à bec, ou teapots : leur forme est identique à celle des pots, mais la présence d’un bec indique une fonction liée au service d’un liquide (Figure 93 : 4003, 4035, 4107).

540 Schaeffer 1948, p. 117.

541 Mouamar 2017.

542 Dans sa publication de 1935, le comte du Mesnil du Buisson propose des plans répartissant le

matériel entre « couches superficielles » et « couches inférieures » (pl. XLI-XLII). Il nous paraîtrait toutefois hasardeux de proposer un phasage sur cette seule base et, puisque l’étude typochronologique n’est pas le sujet de notre recherche, nous avons fait le choix de considérer cet ensemble céramique comme chronologiquement cohérent – sur la fourchette de temps en question.

543 Que nous avons appelés « teapots » dans notre catalogue, par analogie avec la terminologie

anglophone généralement employée au Levant pour désigner cette forme.

Graphique 13. Répartition fonctionnelle et typologique des 127 vases du corpus du tombeau IV de Qatna.

Dans la catégorie « transfert » à présent, se trouvent les pots, simples vases fermés de petites à moyennes dimensions (Figure 93 : 4001, 4012) dont un exemple à décor incisé (Figure 93 : 4037). L’unique jatte entre aussi dans cette catégorie (Figure 93 : 4076). Enfin, les jarres sont réparties en quatre classes dimensionnelles bien distinctes : les grandes jarres (en réalité de moindres dimensions que de véritables jarres de stockage) mesurent entre 30 et 35 cm, les jarres moyennes autour de 20 cm, les petites jarres entre 10 et 15 cm et les miniatures moins de 7 cm. Les formes des jarres moyennes, petites et miniatures sont similaires (Figure 94 : 4007, 4011, 4018, 4059, 4065, 4067, 4117). Deux jarres de moyennes dimensions font présentent une forme plus trapue (Figure 94 : 4042, 4043) ; tandis que les grandes jarres ont une morphologie plus élancée et une ouverture plus resserrée (Figure 94 : 4046, 4049, 4061).

L’assemblage du tombeau IV de Qatna conservé au Musée du Louvre présente donc plusieurs spécificités. C’est d’abord le seul ensemble de vases presque

tous archéologiquement complets. Le contexte funéraire implique une répartition morpho-fonctionnelle différente des sites d’habitat, ainsi qu’une homogénéité chronologique limitée au BA IV, sans remaniement ultérieur à la fermeture du tombeau. Nous espérons, à partir de ce corpus, obtenir un jeu de données particulièrement riche et cohérent ; il faudra toutefois garder à l’esprit que cet assemblage ne reflète qu’une partie de la réalité de la production céramique.

Dans ce chapitre, l’exposé des contextes de Ras Shamra et Qatna nous fournit des points de comparaison en Syrie occidentale, sur deux sites importants du Levant nord. Ras Shamra, sur la côte, est étudié grâce à du matériel fragmenté issu de différents sondages. À Qatna, c’est le tombeau IV qui nous fournit un vaste ensemble de vases bien conservés. Bien que les contextes diffèrent et que la documentation disponible soit variable, nous pouvons donc donner un cadre archéologie à l’étude du matériel.

CONCLUSION

Avec les sept sites présentés dans cette partie, nous disposons d’éléments riches et diversifiés pour entreprendre notre recherche. Chaque séquence stratigraphique a été investiguée de façon approfondie, à travers données de fouilles inédites et publications. Les contextes et les séquences céramiques sont documentés du mieux possible :

 À Tell Arqa, la séquence couvre l’ensemble du IIIe millénaire. Elle est

interrompue par deux niveaux d’incendie et les contextes fouillés ne comprennent que de l’habitat. La typochronologie céramique est clairement établie, et tend vers une diversification progressive du répertoire. Des éléments de caractérisation technologique documentent les chaînes opératoires de production. L’échantillonnage comprend 2120 individus, représentatifs des caractéristiques chronostratigraphiques et morpho-fonctionnelles de l’assemblage.

 Pour Tell Bseisé et Tell Laha, le matériel provient de sondages stratigraphiques. Les occupations sont datées du BA III et IV et les corpus comprennent respectivement 42 et 9 échantillons.

 Le Liban nord est représenté par les sites d’Enfeh et Byblos. Enfeh n’a livré des tessons du IIIe millénaire qu’en position secondaire : les contextes d’origine

ne sont pas documentés. L’assemblage est dominé par les jarres de stockage du BA III ; nous avons étudié 24 tessons. Pour Byblos, le matériel est issu de ramassages de surface : nous ne disposons d’aucun contexte et la datation repose uniquement sur des critères typologiques. 51 individus ont été analysés.

 Pour la Syrie occidentale, les collections étudiées proviennent du Musée du Louvre. Les 108 individus de Ras Shamra ont d’abord été sélectionnés d’après

leurs caractères typologiques, puis replacés du mieux possible dans les séquences stratigraphiques du site. Ils couvrent a priori toute la durée du IIIe

millénaire. À Qatna, nous avons étudié le matériel du Tombeau IV, soit 127 vases, souvent complets : c’est l’ensemble le moins fragmenté de cette thèse, et le seul issu d’un contexte funéraire. Tous les échantillons sont datés du BA IV.

Une fois ce travail de fond effectué, nous avons sélectionné les échantillons intégrés à notre étude, parvenant finalement à la constitution d’un corpus de 2481 individus correspondant à autant d’entrées dans notre catalogue de base de données. L’échantillonnage d’Arqa est, de loin, le plus abondant : c’est donc de celui-ci que nous pouvons attendre la plus grande finesse d’analyse et sur lequel nous appuyons une grande partie de notre démonstration. Les autres corpus, bien que plus réduits, apportent également des ensembles de données inédites, puisqu’aucune étude de ce genre n’a à ce jour été menée sur aucun des sites considérés. Ils étaient notre raisonnement en offrant des données comparatives à l’échelle régionale. Nous souhaitons ainsi fournir matière à un certain renouvellement des données de la recherche au Levant nord, dans l’optique d’une redéfinition des paramètres fondamentaux de l’urbanisation levantine que sont la spécialisation socio- économique des artisanats et la polarisation des échanges.

a bonne connaissance des caractéristiques archéologiques, chronologiques et typologiques notre corpus est, comme indiqué dans le détail de notre présentation méthodologique, un préalable essentiel à la réalisation d’une étude matérielle signifiante. Dans cette troisième partie, nous mettons en pratique le protocole analytique que nous avons décrit et l’appliquons systématiquement à tous les corpus de notre thèse.

Nous exposons les résultats de notre travail, site par site. Une brève description technologique documente les phases de façonnage, finition et décor de la chaîne opératoire de production céramique. C’est la caractérisation macroscopique puis microscopique des assemblages qui est au cœur de notre étude : nous présentons les groupes de pâtes définis aux deux échelles d’observation. Ce sont 2481 échantillons qui ont été analysés au total en macroscopie. Le corpus ainsi constitué est très vaste, tant par le nombre d’individus qu’il inclut que par son extension géographique et chronologique. Ensuite, 181 échantillons issus de nos sept sites ont été sélectionnés pour une étude microscopique en lames minces. C’est à partir des données macro- et microscopiques que nous avons défini les groupes de pâtes.

Nous avons ainsi établi un catalogue pétrographique illustré de la céramique du IIIe millénaire du Levant nord (Volume III). Conçu comme un objet indépendant,

très visuel, devant permettre une compréhension rapide de notre classement et une comparaison efficace avec tout autre matériel archéologique, ce catalogue est le pivot de notre travail. Nous souhaitons mettre à l’épreuve son potentiel explicatif et illustratif et nous espérons, de ce fait, pouvoir rendre notre étude accessible et compréhensible.