• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1. Institution et histoire des pôles de compétitivité

1.1. La notion de pôle de compétitivité : revue de littérature

Le sujet des pôles de compétitivité a été traité sous de multiples aspects par la littérature académique depuis leur mise en place en 2005. Ce traitement a évolué dans le temps puisque les premiers travaux abordent le sujet de manière relativement généraliste, par une série de réflexions qui replacent cette initiative dans son contexte et discutent des mécanismes institutionnels qui président à son pilotage (Bellanger, 2006 ; Albertini, 2008 ; Bruhat, 2008 ; Arzeniet al., 2008). Quelques travaux cherchent également à positionner les pôles par rapport aux systèmes territoriaux qui les ont précédés, tels les districts, les Systèmes Productifs Locaux (SPL) et les clusters (Perrat, 2007 ; Bouinot, 2007 ; Duranton et al., 2008 ; Guillaume, 2008).

Après quelques années d'existence, la littérature académique focalise son attention sur la structure de gouvernance des pôles parce qu'elle joue un rôle important en tant que tiers médiateur dans la mise en place de la politique publique (Gadille, 2008), malgré les stratégies hétérogènes des acteurs qui composent cette structure (Goncalves et al., 2012). Du point de vue des missions de la cellule d'animation, dans la mesure où elle soutient des projets innovants (Bidan et Dherment-Férère, 2009 ; Poncet, 2012), des études s'interrogent sur la capacité des pôles à diffuser des connaissances auprès des PME (Dussuc et Geindre, 2013), par exemple dans le cadre de missions liées à

l'internationalisation (Colovic, 2013). D'autres études analysent le potentiel de R&D des pôles de compétitivité, à travers les membres qui les composent et les financements qui les alimentent (Carréet al., 2008 ; Chabault, 2010). À partir de 2009, les pouvoirs publics mettent l'accent sur la performance des pôles de compétitivité. La littérature académique s'intéresse alors à la relation entre la gouvernance des pôles et leur performance (Chalaye et Massard, 2009 ; Gomez, 2009), en particulier pour les pôles composés de PME (Boquet, 2009 ; Mendel et Bardet, 2009). Ces pôles sont considérés comme essentiels au regard de la croissance économique (Hussler et Hamza, 2013 ; Froehlicher et Barès, 2014) et de l'attractivité territoriale (Delaplace, 2012). Le lien établi entre les caractéristiques structurelles et la performance permet finalement d'établir une typologie des pôles de compétitivité selon cinq catégories (Hussler et al., 2013) : 2 pôles majeurs (Systematic et Aerospace Valley), 16 pôles de services mixtes, 16 systèmes d'innovation locaux, 9 pôles de production et 28 systèmes de sous-traitance ouverts.

Au niveau des projets collaboratifs de R&D, la confiance partagée permet aux acteurs de mobiliser plus facilement les ressources dont ils disposent (Boughanbouz et Aliouat, 2011), suivant un processus de transformation d'actifs génériques en actifs spécifiques (Pecqueur, 2008). La combinaison de ces ressources entraîne des productions de connaissances nouvelles (Forest, 2010 ; Barbier et Boissonnet, 2014). À un autre niveau d'analyse, quelques études se sont penchées sur la gestion des ressources humaines (Defélix et al., 2008 ; Alpha et Geste, 2008 ; Colle et al., 2009 ; Calamelet al., 2011) et la régulation du marché du travail (Gadille et al., 2013). Parmi les acteurs de l'innovation, le savoir-faire détenu par les PME dans les projets fait l'objet d'une attention particulière dans la littérature académique (Carré et Levratto, 2009 ; Olosutean, 2011 ; Rosa, 2012 ; Bellégo et Dortet-Bernadet, 2014), par rapport à l'implication des universités (Lachmann, 2010) ou des grandes entreprises.

Sur les 71 pôles de compétitivité, certains sont davantage abordés que d'autres par la littérature académique, notamment le pôle Minalogic consacré au numérique (Defélix et al., 2008 ; Pecqueur, 2008 ; Iritie, 2012), le pôle PASS pour les cosmétiques (Boquet et al., 2009 ; Mendel et Bardet, 2009) ou le pôle Cosmetic Valley également pour les cosmétiques (Chabault, 2010 ; Goncalves et al., 2012). Les secteurs étudiés sont variés, parfois spécifiquement dédiés aux technologies de pointe (Iritie, 2012) et parfois dédiés aux secteurs low-tech, tels que la valorisation de la filière fruits et légumes (Fulconis et

Joubert, 2009) ou la création variétale végétale (Leroux et al., 2014). De manière générale, la région Rhône-Alpes est particulièrement bien représentée dans la littérature académique avec de nombreuses études de cas à Grenoble, Annecy et Lyon. Dans une moindre mesure, les pôles de la région PACA sont également étudiés dans la littérature académique, en particulier ceux de Toulon, Grasse, Avignon et Marseille. Quelques études sur des clusters étrangers utilisent le concept français de pôle de compétitivité pour se positionner au niveau européen, c'est le cas des pôles belges (Fallon et Delvenne 2009 ; Capron, 2011) et marocains avec le technopark de Casablanca (Assens et Abittan, 2010). De manière générale, quel que soit le niveau d'analyse, les travaux ont tendance à mentionner les succès et non pas les cas d'échecs. Une étude est toutefois consacrée à un projet dans le secteur du vin, et aux apprentissages liés à la non obtention de la labellisation (Charreire Petit et al., 2013).

Les articles de la littérature académique consacrés aux pôles de compétitivité et publiés sur le site Google Scholar (figure 1) ont connu une nette augmentation à partir du lancement de cette politique publique en 2005.

Figure 1 – Le nombre d'articles scientifiques mentionnant les termes « pôle de compétitivité » dans la littérature académique de 2003 à 2015, sur le site Google Scholar

Source : Google Scholar (2015)

Cela ne signifie pas que tous les articles sont intégralement consacrés à ces systèmes territoriaux (certains ne font que mentionner brièvement l'existence de cette politique). Ce graphique montre que les pôles de compétitivité sont signalés dans un nombre croissant de travaux. Pourtant, depuis 2013, cette tendance s'est inversée.

Plusieurs hypothèses peuvent être formulées : une baisse d'intérêt de la littérature pour ces systèmes au profit d'autres institutions mises en place depuis le Programme d'Investissements d'Avenir (en 2010), ou bien tout simplement un décalage temporel lié à l'indexation des documents scientifiques sur ce site.

Outline

Documents relatifs