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III. Le choix des banlieues de Beyrouth comme terrain d’étude

2 La recherche productive de connaissance 79 sur Beyrouth

2.3 Les mouvements communautaires

C’est cet autre aspect politique du communautaire – non pas les modes de régulation et de participation des communautés dans un Etat pluricommunautaire, ni l’articulation de la dimension communautaire dans son rapport aux autres structures sociales en place dans l’espace politique – mais ces mouvements communautaires qui s’organisent et agissent hors des cadres de l’Etat, sinon contre lui, qui commence dans les années 80 à intéresser les chercheurs et dominer le discours scientifique sur le sujet.

La montée de l’islamisme politique et sa capacité dans beaucoup de pays du monde arabe de se présenter comme la principale force contestataire dans beaucoup de ces pays, contribue bien sûr à l’intérêt que portent les chercheurs à ces mouvements. En fait, beaucoup de questions se posent: la coexistence de deux logiques, l’une étatique pensant la ville comme un levier de la construction du territoire national, et l’autre communautaire la considérant comme un espace à conquérir à partir des quartiers, est-elle possible – surtout en situation d’absence et de refus de négociation? Quelles conséquences sur les politiques urbaines et leurs applications? Sur l’avenir de la ville? En réalité des mouvements aussi radicaux, se rattachant à des cadres idéologiques cherchant à imposer à la ville des images de référence telle celle de la Médina des premiers temps de l’Islam (Hadj Ali, 1997), sont-ils capables de négocier?

Pour certains chercheurs, la confrontation semble la seule issue et les mouvements communautaires ont une longueur d’avance dans cette confrontation. Les nouvelles spatialisations de l’appareil religieux (mosquées, salles de prières, centres associatifs…) dominées et contrôlées par ces acteurs contribuent d’une manière décisive à «l’établissement d’une nouvelle centralité, une sorte de contre-centralité, face à celle de l’Etat, dans laquelle la fonction symbolique (religion) et la fonction politico-administrative (prise du pouvoir) vont entretenir une relation dialectique et un rapport d’osmose, et travailler à la mise en place de l’Etat théocratique totalitaire.» (Hadj Ali, 1997). On est dans une logique révolutionnaire radicale qui ne cherche pas à traiter avec le pouvoir mais à rompre pour instituer un ordre nouveau. Cette «action est qualifiée de Jihad101 par ses acteurs». Si le principal adversaire est l’Etat, les autres acteurs sont

aussi relégués à la marge, à la subordination.

Ainsi Seurat (1985) voit émerger dans plusieurs communautés libanaises des mouvements communautaires qui ne cherchent plus le compromis que représente l’Etat libanais et son régime consociationnel102 et tiennent un discours mettant en avant un espace symbolique pas forcément

territorial auquel leur projet se rattache, un espace qui ne tient plus compte de l’Etat et ses

101 Lutte sacrée

102 La démocratie consociationnelle est une théorie avancée par Arent Lijphart pour traiter les sociétés plurielles et

segmentées sur des clivages de différenciation sociale objective. Le cas du Liban et ses communautaires pour les tenants de cette théorie représente un cas d’école. Pour une présentation de cette théorie, ses défenseurs et critiques dans le monde des sciences politiques au Liban voir (Kabbara, 1990)

frontières. Il cite l’espace de la «chrétienté orientale» pour une nouvelle élite dirigeante issue du champ de bataille, ainsi que celui de l’Umma chez le Hezbollah chiite, ou encore chez les mouvances islamistes sunnites au quartier de Bab El Tebbané à Tripoli au Nord qu’il étudie pendant la guerre libanaise. Pour ces acteurs il n’y a plus d’Etat au Liban. La guerre représente un moment extrême duquel peuvent ressortir des nouvelles réalités politiques et de nouvelles territorialités. Ces mouvements prétendent offrir à leur communauté une alternative radicale à l’espace étatique libanais, et dressent leur propres espaces et régimes politiques. Toutefois, paradoxalement, ces territorialités finissent par se matérialiser en des micro-territoires qui n’ont rien à voir avec les vastes espaces de l’Umma ou de la chrétienté orientale.

Seurat (1985) trouve, concernant les mouvances islamiques de Bab El Tebbané, que l’identitaire et l’idéologique voire l’utopique saturent tout l’espace du politique chez ces groupes. Toutefois, il souligne que même ces acteurs intransigeants ont aussi le sens du politique: S’ils «ne font pas de la politique» dans le sens de la participation au processus politique formel et aux institutions étatiques, ils la font au jour le jour dans leurs rapports aux autres acteurs de la ville.

Concernant Beyrouth, c’est le parti chiite Hezbollah qui fait couler le plus d’encre. Fer de lance de la résistance à Israël et premier acteur politique de la communauté chiite, il représente un acteur incontournable dans le paysage politique libanais. Toutefois, le Hezbollah n’est ni l’unique ni le premier mouvement communautaire de masse de la communauté chiite, et certains auteurs s’étaient intéressés à un autre mouvement communautaire chiite: le mouvement des déshérités. Ce mouvement donne plus tard Amal et le Hezbollah. La comparaison des rapports que maintiennent ces trois mouvements communautaires dans la même communauté chiite est assez révélateur de la complexité des rapports que peuvent entretenir les mouvements communautaires avec le politique.

Le mouvement des déshérités est lancé par l’Imam Moussa AlSadr dans l’avant-guerre. C’est avant tout un mouvement de contestation qui cherche à intégrer une communauté marginalisée – ou plus justement déshéritée, «mahrouma», dans le jargon du mouvement. Ce mouvement des déshérités cherche notamment avant la guerre de 1975 par la mobilisation communautaire à faire pression pour la mise en place par l’Etat de ses revendications à caractères notamment socioéconomiques et politiques (Nar, 1985): des projets de développement dans les régions périphériques de l’Etat libanais ainsi que x de Beyrouth, notamment les quartiers informels103,

défense des frontières contre les agressions israéliennes et soutien à la résistance palestinienne, instauration de la proportionnelle dans la loi électorale…

Le mouvement se veut «le porte-parole d’une communauté d’opprimés, mais aussi d’opprimés de toutes les communautés» (Nasr, 1985). S’il est fortement marqué par le religieux sur le plan

103 La communauté chiite est surtout implantée dans le Sud et dans le nord-est de la Beqaa, ainsi que dans les

symbolique – notamment en faisant référence aux martyrs historiques du chiisme et leur combat pour la justice et la droiture – il s’exprime en termes socioéconomiques (exploitation, domination, ascension sociale…). «Les besoins auxquels veut répondre le Mouvement sont surtout axés sur l’ascension: son blocage par la classe dirigeante libanaise et le système confessionnel; ses conditions et sa nécessité pour la communauté chiite, les déshérités en général et l’avenir même du pays.» (Nasr, 1985). L’Imam AlSadr tout en prônant une moralisation de la communauté chiite, procède à un effort d’organisation et de provision de services à sa communauté . Il fonde une association pour les orphelins et les nécessiteux, une autre pour les vieillards et une troisième pour l’éducation des femmes (Harb, 2005). Au-delà de cet effort, toute somme, limité en soi, il cherche une mobilisation de masse qu’il conduit à travers l’organe communautaire chiite reconnu par l’Etat: le Conseil suprême Islamique Chiite104, dont il devient lui-même le président à partir

de 1969.

Après la disparition de l’Imam AlSadr105, son mouvement entre dans une période de confusion.

Petit à petit des personnalités qui ont travaillé dans son ombre, commencent à prendre le devant du mouvement. Le cheikh Chamseddine le remplace à la tête du Conseil Suprême Islamique Chiite, dirige ses associations sans toutefois reprendre dans son action ni le dynamisme, ni le radicalisme de l’Imam (Harb, 2005). Le pendant politique est repris pendant un temps par Hussein AlHusseini106 avant que Nabih Berri 107 se présente comme le leader tout puissant du

mouvement qui prend désormais le nom d’Amal. Amal est en réalité l’acronyme arabe de «Brigades de la résistance libanaise», le bras armé du mouvement, entraîné au début par la résistance palestinienne pour des opérations sur la frontière Sud. Toutefois, après AlSadr et au cours de la guerre libanaise, Amal devient le parti et la milice de la communauté chiite. Le mouvement sous Berri affiche clairement sa couleur communautaire. En participant à la guerre, le mouvement cherche à repositionner la communauté chiite sur l’échiquier politique libanais. Sa stratégie est double, d’une part amener par les armes l’establishment traditionnel libanais dominé par des zaïms108 communautaires traditionnels 109 contrôlant officiellement l’Etat, à inclure la

communauté chiite représentée par le mouvement dans tout entente politique future. D’autre part l’insertion de la communauté à travers l’augmentation de son quota au sein des administrations de l’Etat consociationnel. Amal incorpore de fait les gouvernements d’union nationale de la guerre.

104 Cet organe communautaire a des attributions reconnues par l’Etat analogues à celles des églises chrétiennes ou le

Dar AlIftaa de la communauté sunnite dans l’organisation des affaires religieuses et de statut civil de leurs communautés.

105 Les principaux acteurs de la communauté chiite accusent la Libye du colonel Kadhafi de son enlèvement lors

d’une tournée internationale.

106 Homme politique libanais, député et président de la chambre du parlement (1984-1992)

107 Homme politique libanais, leader du mouvement Amal, important acteur de la guerre civile et du Liban de l’après-

guerre, député et président de la chambre du parlement continuellement depuis 1992.

108 Grands notables ayant réussi à s’imposer au niveau de la politique nationale

109 Notamment des communautés maronite et sunnite depuis le fameux compromis dit le Pacte National de 1943.

Cet engagement oral entre d’un côté le zaïm communautaire maronite Béchara ElKhoury et le zaïm communautaire sunnite Riad ElSolh où ces deux communautés se répartiraient le gros des pouvoirs en sorte que le président de la république serait désormais maronite et le premier ministre sunnite

En 1984 des dissidents du mouvement chiite Amal, 110 avec le soutien de la révolution iranienne,

fondent le Hezbollah. Ce parti se présente d’abord comme «la révolution islamique au Liban». Il réussit rapidement à bien s’ancrer dans la communauté chiite suite à ses exploits militaires dans la résistance à Israël d’une part et la mise en place d’une grande nébuleuse d’associations offrant des services de tout genre allant du social, à l’éducatif, au sanitaire et même au financier et aux infrastructures d’autre part. Sa montée en puissance le mène à une confrontation armée avec Amal pendant la guerre libanaise. Une entente est signée sous les auspices de la Syrie et l’Iran. Elle répartit les zones d'influence entre les deux organisations communautaires.

Après la guerre les deux partis choisissent deux parcours différents. Amal accepte les accords de Taëf et intègre pratiquement tous les gouvernements de l’après-guerre. Son président est à la tête du parlement depuis 1992. Le Hezbollah par contre, tout en finissant par accepter les accords, en est fort critique. Il n’intègre pas l’exécutif et se suffit d’une représentation parlementaire. Il maintient sa stratégie de construction de son espace politique par le bas via l’encadrement de la vie quotidienne de la communauté et la continuation de la résistance à Israël. Toutefois, un changement notable se fait au niveau des instances intérieures et des priorités du parti: un nouveau leadership et le changement du slogan du parti pour devenir «la résistance islamique au Liban». Le projet révolutionnaire islamique du parti est reconsidéré et son charismatique secrétaire général Nasrallah affirme que l’Etat islamique prôné par le parti n’est plus une priorité et que le Hezbollah ne serait pour sa mise en application qu’après l’acquiescement de toutes les communautés111. Ce repositionnement stratégique du parti inclut aussi une ouverture et même

des relations solides avec des formations d’autres communautés112 et des partis laïques113. A partir

de 2005, il rejoint même le gouvernement114.

Si assurément la politique des mouvements communautaires a ses racines dans la contestation de l’ordre établi et la définition d’un espace politique révolutionnaire, la coupure avec le système politique en place n’est jamais totale. Les relations avec l’autorité centrale et le système politique traditionnel peuvent se limiter à des procédés et de compromis informels comme on peut voir à l’exemple du cas des deux partis chiites – la nature consociationnelle du régime politique libanais aidant une association au gouvernement. Ceci affaiblit certainement l’intérêt du concept de mouvement communautaire comme espace politique de contestation radicale et révolutionnaire.

110 Ce mouvement qui représente à l’époque la principale force organisée de la communauté chiite, choisit de

participer à des négociations pour l’arrêt des combats et des réformes avec les représentants des Forces Libanaises (la principale milice chrétienne) et le Parti Socialiste Progressiste (la principale milice druze) sous les auspices de la Syrie. Les dissidents refusent les accords tripartites signés par les trois partis.

111 Article de Nasser Charara dans l’hebdomadaire AlChiraa - 1998

112 Notamment les Maradas de Suleiman Frangié et le Courant Patriotique Libre du général Aoun dans les

communautés chrétiennes, le Parti Démocratique Libanais dans la communauté druze, le Parti de la Libération Arabe de Karami et le Parti de l’Union Nassérienne de Mourad dans les communautés sunnites

113 Notamment le Parti Syrien Nationaliste Social, le Parti Communiste et un grand nombre de petits partis

nationalistes arabes

114 Certains auteurs comme (Hamzah, 1993 cité dans Harb, 1996) voient cette réorientation commencer en 1989 et

Toutefois, comme acteur contrôlant et organisant, en temps de guerre ou en temps de paix, un territoire urbain – à travers une mobilisation et une organisation de masse de la communauté ainsi que des logiques de territorialisation, de sécuritarisation et de provision de services – le concept de mouvement communautaire devient incontournable pour comprendre la gouvernance urbaine ainsi que les processus de différenciation sociospatiale des villes concernées.

L’action urbaine du Hezbollah est étudiée et analysée notamment dans les travaux de Mona Harb, Mona Fawaz et Nancy Hilal. Ces travaux couvrent d’une part, le rôle du parti comme un acteur urbain fournissant des services à la population, comme un entrepreneur et aménageur urbain agissant directement sur l’espace ainsi que comme un interlocuteur du pouvoir central dans la mise en place de projets publiques dans la banlieue sud. Le Hezbollah est un pivot essentiel des politiques urbaines dans la banlieue sud de Beyrouth et ceci depuis 1984: il gère un circuit de provision d’eau notamment dans les quartiers informels, il produit de l’électricité115, il répare et

développe le réseau d’égouts pendant la guerre (Harb, 1996). Devant la crise du logement d’une banlieue surpeuplée, à travers des réseaux d’entrepreneurs qui lui sont proches ainsi que l’organisation du crédit, il contribue à la mise en place d’un marché immobilier pour logements au sud de la banlieue, aidant beaucoup de ménages à accéder au logement depuis les années 90 (Bou Akar, 2005). Après la guerre de 2006116, il met en place un projet de reconstruction de la banlieue

sud Waed toujours en cours117. Ce projet consacre le passage du Hezbollah du statut de

fournisseur de services à celui d’aménageur urbain (Hilal, 2008; Fawaz M, 2009). Toutefois, il est depuis longtemps un acteur incontournable dans la mise en place des projets de l’Etat dans la banlieue sud. Ainsi, il est présent, avec le mouvement Amal, dans toutes les négociations officieuses, concernant les grands projets que les gouvernements du premier ministre Hariri dans l’après-guerre envisagent de mettre en place dans la banlieue sud, notamment le projet Elyssar118

(Harb, 1999). Enfin en 1998, le Hezbollah gagne les élections municipales des quatre municipalités de la banlieue sud. Les conseils municipaux tenus par le Hezbollah sont d’importants acteurs de l’urbain dans le sens où ils agissent massivement sur l’espace urbain et la provision des services. L’une de ces municipalités, celle de Ghobeiri, est considérée par nombre

115 A travers des générateurs privés auxquels se connectent les ménages, chose courante au Liban depuis la guerre et

qui se transforme en marché alternatif opérant toujours à cause des coupes récurrentes de l’Electricité du Liban société publique ayant le monopole officiel de la production d’électricité.

116 Cette guerre oppose sur 33 jours l’armée israélienne contre le Hezbollah. En réponse à un enlèvement du

Hezbollah de deux soldats israéliens en vue d’échanges de prisonniers pour libérer des résistants tenus par Israël, ce dernier lance une offensive de grande ampleur en vue de la destruction du Hezbollah et de ses infrastructures au Liban. Toutefois, malgré la grande agressivité des attaques et l’ampleur des destructions et des morts (plus de 1200 morts, milliers de bâtiments détruits et pratiquement la totalité des infrastructures du pays) le Hezbollah se maintient et sort plus renforcé de cette guerre. Notamment après avoir réussi à forcer Israël à négocier et à s’engager dans un échange de prisonniers qui rappatrie les résistants libanais, ainsi que les dépouilles de centaines de résistants de différentes nationalités arabes.

117 Dans une situation de tension avec le gouvernement Siniora à l’époque, et par suite ne pouvant garantir un statut

officiel à son projet pour lui permettre d’intervenir sur l’espace publique, il compte sur l’adhésion de la population qui lui livre massivement des procurations lui permettant de mettre en place le projet en agissant sur les domaines privés.

d’institutions internationales et d’observateurs locaux comme un véritable succès, une «best practice» de la bonne gouvernance locale (Fawaz, 2002).

On est bien loin de l’image des mouvements communautaires décrits par Seurat (1985), Nasr (1985) et Hadj Ali (1997). Les éléments centraux du concept de mouvements communautaires notamment la prédominance de la rhétorique religieuse communautaire et la contestation du pouvoir central sont toujours présents. Toutefois, d’autres logiques s’imposent et complexifient la relation de ces mouvements à l’Etat et aux autres acteurs de leur communauté et de la ville, comme elles les invitent à recourir à d’autres formes d’actions et de mobilisations. Ces logiques sont surtout celles de la territorialité. En cherchant à matérialiser leur idéal dans un certain territoire urbain, ils se retrouvent confrontés à la nécessité de traiter avec les acteurs de ce territoire, notamment les représentants des corps sociaux traditionnels (chefs de clans familiaux, de corps professionnels…) ainsi qu’avec les acteurs externes de ce territoire (l’Etat, les institutions urbaines, les acteurs des territoires voisins…). Ces mouvements sont en fait face à un dilemme. D’un côté la nécessité de présenter un cas modèle qui renforce la crédibilité de leur message, agit en propagande pour leur projet à une échelle plus large, et s’impose comme une priorité. D’un autre côté, il est impératif de s’assurer le soutien d’une population qui a ses pratiques et des rapports préétablis dans le territoire et avec le reste de la ville - mais risquent d'être bouleversés par les projets du mouvement. Les mouvements sont à la fois les leaders d’une contestation contre l’ordre public établi et l’acteur public dans leur territoire. Ils se retrouvent en fait, face à des situations inédites où ils doivent improviser.

Toutefois, l’Etat qui devient depuis sa création le premier acteur urbain aux dépens des notables traditionnels se retrouve lui aussi face à un dilemme: user de la violence et par suite accréditer le discours de ces mouvements ou voir sa souveraineté fortement lésée en perdant le contrôle de quartiers urbains. Par suite l’Etat doit lui aussi improviser. Toutes ces improvisations rendent la lisibilité de l’impact du communautarisme – dans sa version mouvements communautaires – sur la gouvernance urbaine difficilement saisissable, et encore plus difficilement conceptualisable en termes de logiques de causalités et de modèles.

Une première entrée d’analyse est celle des négociations dans le cadre de projets publics mis en place par les acteurs centraux ou dans le cadre de projets mis en place par les mouvements eux-

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