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Lorsque la Compagnie lyonnaise des omnibus est créée en 1855, les hommes d'affaires parisiens à l'origine de cette création envisagent d'installer comme à Paris depuis 1852 un réseau de voie ferrées. Le système permettant d'escamoter complètement le rail dans la chaussée, inventé par le français Alphonse Loubat, avait déjà fait ses preuves aux États-Unis quand il fut inauguré à Broadway1. Avec les succès de New-York et de Paris, les

dirigeants de la CLO ambitionnent de développer le système à Lyon. Le 17 septembre 1855, la compagnie obtient du préfet Vaïsse, une concession pour trente ans des voies ferrées envisagées2. En 1856, la CLO reçoit ainsi une livraison de douze voitures et des

rails nécessaires à la construction des futures voies. Plus tard, l'administration municipale se rétracte en remplaçant la concession par une autorisation temporaire enlevant toute garantie de durée à la CLO « Les édiles locaux furent-ils contrariés par ce projet émanant d'hommes d'affaires étrangers à la ville ? »3. Face aux réticences de l'administration locale,

la CLO abandonne l'idée de mettre en place un transport en commun sur rail dans l'intérieur de Lyon.

Il faut attendre vingt-cinq années durant lesquelles la plupart des villes de France ont le temps de s'équiper d'un réseau de tramway. En 1872, la CLO est rachetée par une société parisienne, la Compagnie Travaux et transports, présidé par le Baron Haussmann. Face à cette nouvelle ingérence parisienne, la municipalité impose des conditions draconiennes à la société, dans le but de décourager son entreprise et de protéger les intérêts lyonnais4. Elle y parvient puisque la compagnie de Haussmann finit par se retirer.

Les 21 juin et 2 juillet 1879, la Compagnie des Omnibus et tramway de Lyon (OTL), administrée par des Lyonnais et dont le siège social est établi à Lyon, est créée. Elle reprend le matériel de l'ancienne CLO et obtient la concession de dix lignes de tramway. « Les Lyonnais sont enfin arrivés à leurs fins : évincer toute origine parisienne. »5. Du

moins en apparence puisque la CLO reste une filiale des Transports et travaux6. Le retard

1 Racine, Roland, op. cit., p. 15. 2 Arrivetz, Jean, op,. Cit, p. 8.

3 Borgé, Guy et Marjorie et Clavaud, René, Les transports à Lyon, du tram au métro, Lyon, Jean Honoré, 1984, p. 19.

4 Tricoire, Jean, Le tramay en France, Paris, La vie du rail, 2007, p. 57. 5 Arrivetz, Jean, op,. cit, p. 9.

que prend l'installation du tramway à Lyon s'explique ainsi par la résistance des pouvoirs locaux face a des acteurs économiques étrangers à la ville. Cette résistance permet au « mouches » de concurrencer sans difficultés un service de voitures bien moins performant. Néanmoins à partir de l'année 1879, l'OTL, ancêtre des Transports en communs lyonnais (TCL) s'emploie activement à l'implantation d'un réseau de tramway. Le projet comprend dix lignes (cf. annexe 36). Les travaux débutent en juillet 1880. Les rues de la presqu'île sont « éventrées »1 et les quais sont « défoncés »2 pour permettre l’installation

des lignes. La ligne n° 5 de Bellecour au pont d'Ecully3, puis la ligne n°6 de la place des

Terreaux jusqu'à la gare de Vaise, sont rapidement achevées. Elles sont inaugurées, respectivement le 11 et le 30 octobre 1880. En quatorze mois, l'ensemble des lignes, formant « l'ossature du réseau urbain contemporain » est achevé4. La figure ci-dessous

nous montre le plan du réseau en 1883. A la fin du XIXe siècle, on remarque que les transports tendent à se développer vers l'est de Lyon, or seul le chemin de fer urbain est en mesure de répondre à cette demande puisque les « mouches » ne peuvent s'affranchir de la rivière. Cette évolution de la géographie des transports tend à rendre le rail davantage compétitif.

1 Borgé, Guy et Marjorie et Clavaud, René, op. cit., p. 20. 2 Arrivetz, Jean, Lyon, du tram au tram, p. 10.

3 Le pont d'Ecully se situe à Vaise.

4 Borgé, Guy et Marjorie et Clavaud, René, op. cit., p. 20.

Pour mettre en place son service de transport, la Compagnie des Omnibus et tramway de Lyon utilise des voitures tractée par des chevaux. En héritant du matériel de l'ancienne Compagnie lyonnaise des omnibus, l'OTL devient propriétaire de 313 véhicules et de 696 chevaux1 qu'elle utilise alors pour tracter ses voitures. On parle de « tramway

hippomobile ». L'annexe 37, montre une série de photographies représentant les véhicules utilisés par l'OTL dans les années 1880.

Avec la création de la Compagnie des Omnibus et tramway de Lyon, un nouvel acteur fait son apparition sur la scène du transport lyonnais. L'entreprise sonne le glas des voitures omnibus que les « mouches » avaient réussi à mettre en échec sans trop de difficultés. Il faut attendre bien longtemps pour voir l'inauguration du tramway dans une ville pourtant pionnière dans les transports. N'oublions pas l'attachement de Lyon à la navigation du fait de sa situation géographique. Les deux première lignes inaugurées en octobre 18802, longent toutes deux les quais de Saône venant concurrencer directement le

service fluvial. Lors de la planification du réseau, les entrepreneurs de la CLO s'attaquent au service des mouches par une double ligne. Dès lors, l'idée d'une éventuelle connexion entre le transport par voie d'eau et par voie de terre est vite balayée.