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Les militaires issus des colonies françaises et de l'outremer

Paris et le département de la Seine, une destination sous surveillance

2.2. Typologie des permissionnaires parisiens

2.2.2. Les permissionnaires étrangers à Paris

2.2.2.2. Les militaires issus des colonies françaises et de l'outremer

Cette catégorie regroupe tous les militaires arrivés sur le continent européen à l'issue de la mobilisation générale : Créoles, "indigènes" du Maghreb, hommes aux statuts personnels divers issus de l'Afrique noire, de l'Indochine ou de la Nouvelle-Calédonie. Nous y avons ajouté les Corses et les Français de l'étranger, dont le retour au pays subit des contraintes identiques liées au transport et font l'objet d'une réglementation spécifique. Tout l'Empire français est représenté : dans quelle mesure sa diversité s'est-elle traduite dans la réglementation des permissions, déjà bien complexe dans le cas des militaires français ?

Un régime hétérogène

La France est la seule puissance coloniale à avoir recruté systématiquement des soldats dans ses colonies pendant la Première Guerre mondiale, et à les avoir envoyés sur le front occidental. Formant 6 % du contingent français, les soldats originaires des colonies ont été 7 % à être engagés en Europe491. Si ces militaires sont sur bien des plans traités sur

un pied d'égalité avec les Français, ce n'est pas le cas en matière de permission : les soldats des colonies restent pendant toute la guerre très largement défavorisés par un système de permission qui reflète la hiérarchie des statuts territoriaux et personnels de l'Empire français492. La circulaire de Joffre du 30 juin 1915 ne semble pas exclure tous ces militaires de la règle commune des militaires des Armées, sans toutefois les mentionner explicitement. Au cours de l'été, plusieurs circulaires précisent leur situation. Le 1er juillet 1915, on apprend que seuls les Corses, les Algériens et les Tunisiens bénéficient des permissions de six jours à destination de leur domicile, une durée totalement irréaliste

491 Sur la participation des colonies françaises à la Première Guerre mondiale : M. Echenberg, Colonial

Conscripts, The "tirailleurs sénégalais" in French West Africa, 1857-1960, Portsmouth, Heineman et

Londres, James Currey, 1991 ; G. Meynier, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du

XXe siècle, Genève, Droz, 1981 ; M. Michel, L'Appel à l'Afrique. Contributions et réaction à la Première Guerre mondiale en AOF, 1914-1919, Publications de la Sorbonne, 1982.

puisqu'elle inclut le trajet du port de débarquement au domicile493. Les critères de

l'attribution de ces congés sont précisés à la fin du mois494. Le ministre de la Guerre a délégué au Général en chef le pouvoir de réglementer ces permissions, comme c'est alors la règle, en le priant toutefois "de n'envoyer en Afrique que des militaires qui ne soient pas susceptibles de tenir des propos de nature à jeter le trouble parmi nos populations indigènes"495.

Cette sélection met en évidence la priorité donnée au maintien de l'ordre colonial sur le moral combattant. Elle hérite des pratiques des permissions des années 1914 et 1915 pour les soldats des colonies mobilisés à l'Intérieur, "choisis avec soin parmi ceux dont l'état d'esprit présente toute garantie et dont le retour en Afrique ne présente aucun inconvénient du point de vue du maintien du loyalisme des régions destinataires"496.

Les catégories construites pour les permissions des colonies traduisent le statut différencié des territoires coloniaux. S'il est logique que les Algériens, issus d'un département français, bénéficient du même régime que les Français, ce n'est pas le cas des Tunisiens. En théorie, le statut de protectorat rend impossible la conscription, mais les Tunisiens ont fourni avec les Algériens l'essentiel du contingent colonial en Europe avec la généralisation de la conscription à partir de 1915 dans les deux pays, aboutissant à la mobilisation de 170 000 Algériens et de 56 000 Tunisiens pendant la guerre497. La politique des permissions à leur égard traduit cette spécificité, et s'inscrit dans la tradition de la permission-récompense, puisque la question de leurs "droits" n'est jamais au premier plan des débats, comme elle l'est dans le cas des Français. L'inégalité règne aussi entre les "indigènes" d'origine géographique différente. C'est ainsi que les Marocains ne sont pas traités à l'égal des autres Maghrébins avant le printemps 1917. Jusqu'à cette date, leur régime est fixé par le Commissaire Résident général du Maroc, Lyautey, qui s'avère extrêmement réticent à permettre à ces soldats de revenir dans leur pays le temps d'une permission. En juillet 1915, il réclame ainsi que les permissions du front ne soient accordées qu'à "titre exceptionnel et aux seuls militaires que leurs chefs de corps jugeraient susceptibles d'entretenir la confiance de leur tribu"498. En janvier 1917, devenu ministre de

493 SHAT, 16N444, télégramme du GQG pour les commandants d'Armées, 1er juillet 1915. 494 SHAT, 16N444, circulaire du GQG n° 15027 sur les permissions indigènes, 29 juillet 1915.

495 SHAT, 16N444, note n°4005 9/11 du ministre de la Guerre au Général commandant en chef, 26 juillet

1915.

496 SHAT, 16N444, note n°4005 9/11 du ministre de la Guerre au Général commandant en chef, 26 juillet

1915.

497 G. Meynier, L'Algérie révélée, op.cit.

la Guerre, Lyautey s'oppose à ce que les Marocains bénéficient du droit à la permission reconnu aux indigènes d'Afrique du Nord le 23 octobre 1916499. Il demande à son successeur au Maroc de ne pas considérer ces règles "comme absolument impératives", et de faire primer la nécessité qui s'impose de "maintenir hors de toute atteinte la sécurité du Maroc"500. L'arrivée en septembre 1917 de Paul Painlevé au ministère de la Guerre signe le début d'une politique plus juste envers les Marocains, dont le régime des permissions est désormais aligné sur celui de l'Algérie et de la Tunisie501.

Les rapports complexes de la métropole à ses colonies influencent donc le régime des permissions de ces soldats. Le poids des enjeux locaux prime souvent les intérêts des permissionnaires, dont le sort est bien peu débattu par les parlementaires. C'est particulièrement vrai des soldats issus des colonies d'Afrique noire, pour lesquels un retour au pays est exclu avant février 1917. Les sources hésitent sur le statut de ces hommes, désignés parfois par le terme "d'indigènes", comme les Maghrébins, ou par celui de "Créoles", comme les Martiniquais, Guadeloupéens et Réunionnais. Le règlement des permissions du 5 septembre 1917 précise ces catégories en définissant d'une part des indigènes, sujets français, et d'autre part des "Créoles", catégorie qui regroupe les "militaires soumis à la loi du recrutement originaires des colonies autres que l'Algérie, la Tunisie ou le Maroc "502. Cette exclusion s'explique largement par les modalités de

recrutement des tirailleurs dans les années précédant la guerre.

En effet, si les colonies d'Afrique noire sont soumises aux obligations militaires depuis février 1912, les Africains ont résisté de différentes manières à un recrutement largement forcé qu'ils assimilaient à la traite503. Bien que ces troupes soient finalement dociles, désertant peu et ayant peu participé au mouvement de révolte de 1917, les conditions de leur recrutement expliquent sans doute les réticences à les envoyer en permission au pays. L'immensité des distances à parcourir et le manque d'infrastructures

circulaire du 29 juillet 1916 sur les permissions indigènes laisse au Commissaire Résident Général au Maroc une totale liberté pour accepter en permission dans leur pays les soldats marocains.

499 Circulaire ministérielle n°21.188k du 23 octobre 1916, op.cit.

500 SHAT, 7N149, note n°1197 du ministre de la Guerre au Commissaire Résident Général de France au

Maroc, 13 janvier 1917.

501 L'affaire des permissions des soldats marocains illustre le mythe entourant la personnalité de Lyautey,

figure énergique qui se donne pour un modèle du colonisateur indigènophile. Cette image a été remise en question par la thèse de Daniel Rivet, Lyautey et l'institution du protectorat marocain, Paris, l'Harmattan, 1988.

502 Op.cit., chapitre VII.

503 Le service militaire, d'une durée de quatre ans, concerne les hommes de 20 à 28 ans. Les pratiques de

résistance passent par la fuite, massive dès la première campagne de recrutement, les révoltes ou les mutilations volontaires. Une pratique courante consiste à présenter des éclopés au moment du recrutement. M. Michel, L'Appel à l'Afrique, op.cit.

locales rendent les transports extrêmement longs. Ces facteurs, ajoutés à la sous administration chronique des territoires colonisés, expliquent que la bonne volonté des permissionnaires ait pu paraître insuffisante à garantir leur prompt retour sur le front français504. La crainte de voir les permissionnaires rester dans leur pays n'est d'ailleurs pas limitée aux Africains, puisque tous les militaires de l'armée française qui résidaient avant la guerre à l'étranger doivent produire un "certificat du loyalisme" fourni par leur consulat avant d'être autorisés à rentrer chez eux.

On voit donc que le régime des permissions coloniales est très hétérogène. Les plus défavorisés sont les Noirs, les Malgaches et les Annamites, dont les possibilités de retour au pays sont très réduites. Pour tous cependant, il est aussi extrêmement aléatoire et soumis aux contraintes du transport maritime.

La crise des permissions indigènes

La crise du transport maritime

En dépit de l'extension progressive du régime des permissions du front à l'ensemble des soldats des colonies, ces derniers rentrent rarement chez eux, et beaucoup ont été amenés à passer leur permission en France, y compris des Algériens et des Tunisiens qui ont pourtant la possibilité dès juillet 1915 de retourner dans leurs pays. En pratique, l'irrégularité du service des paquebots aboutit pendant de longues périodes à la suspension totale des permissions pour les colonies. Dans ces conditions, les soldats des colonies ont bénéficié de permissions non seulement beaucoup plus rares que les Français, mais ont surtout beaucoup moins retrouvé leur famille à cette occasion.

- Les Maghrébins

Dès la fin de l'année 1915, les permissions pour le Maghreb prennent du retard par rapport aux permissions pour la France, en raison de l'interruption fréquente des liaisons maritimes. Le taux de 10 % de permissions qui leur est appliqué à partir de décembre 1915, soit le double de celui des métropolitains, ne parvient pas à endiguer la montée d'un mécontentement qui devient critique en mai 1916, au point que le GQG réclame au

ministre de la Guerre une augmentation conséquente du nombre de places mises à leur disposition sur les paquebots à destination de l'Algérie et de la Tunisie505. Il est frappant de constater qu'à l'inverse de ce qui se passe pour les combattants français, le GQG se retrouve en position de lutter pour l'amélioration de la fréquence des permissions indigènes, signe des énormes contraintes logistiques qui pèsent sur le trafic, mais aussi du manque d'empressement du gouvernement à considérer ce problème comme prioritaire. Tout au long de la guerre, le Haut Commandement ne cesse de demander au ministre de la Guerre une augmentation du quota des places réservées aux permissionnaires sur les paquebots, qui reste cependant toujours en deçà des besoins au cours de la guerre, ce que le sous-secrétariat d'Etat aux transports maritimes justifie en juillet 1917 par des problèmes de sécurité :

"La menace sous-marine retarde et espace souvent le départ des courriers. Les vapeurs actuellement en circulation sont les plus vieux, les plus négligés des flottes des compagnies, leur matériel de sauvetage est précaire : ils n'en prennent pas moins, à chacun de leurs voyages, le maximum de permissionnaires, qui se trouvent ainsi exposés à un évident surcroît de dangers sur lequel je ne saurais trop appeler votre attention"506.

Le transport des permissionnaires indigènes fonctionne à la limite de sa capacité et dans des conditions très précaires qui mériteraient d'être mieux connues. Le rapport Bouilloux-Lafont de juillet 1916 est à juste titre sévère à l'égard de la gestion des permissions indigènes. Il évoque alors le "concert de protestations" des Algériens :

"Les départs pour l'Algérie sont interrompus souvent, soit que les bateaux servent au transport des troupes, au matériel de guerre, etc…, soit aussi que pour d'autres raisons le nombre en soit limité. D'où retards considérables et même désorganisation des tours de départ. N'y aurait-il pas lieu, dans ce cas, pour ces unités spéciales, d'élever le pourcentage des départs des permissionnaires ?"507. La suspension de toutes les permissions à destination des colonies entre le 10mars et le 1er octobre 1917, justifiée par l'offensive du Chemin des Dames, puis par des

préoccupations d'ordre disciplinaire, renforce cette crise508. Le retard s'accumule au point

qu'au 1er octobre 1917, 8 000 Algériens et Tunisiens n'ont pas bénéficié de la permission

annuelle à laquelle ils ont droit, à une période où ils peuvent constater que les combattants

505 SHAT, 16N444, circulaire n°2316 du GQG pour les commandants d'Armées, 5 décembre 1915. Le GQG

signale ce mécontentement au ministère de la Guerre en mai 1916, et réclame une augmentation du nombre de places de paquebots mises à la disposition des permissionnaires pour l'Algérie et la Tunisie. SHAT, 16N444, note 3677 du 6 mai 1917

506 SHAT, 16N444, cité dans la note n°19503K du ministre de la Guerre au GQG, 25 juillet 1917. 507 SHAT 16N444, Bouilloux-Lafont, Rapport sur les permissions, op.cit., p. 12.

508 SHAT, 16N444, circulaire n°21.644K du ministre de la Guerre, 17 août 1917. La suspension a été

français en ont profité massivement. Le Service du moral du GQG indique à la fin du mois d'octobre que, dans les régiments mixtes en particulier, "les Africains voient d'un œil jaloux leurs camarades de la métropole bénéficier de permissions de détente dont ils sont privés. Ils comprennent difficilement cette différence de traitement, se croient lésés et se persuadent qu'on se désintéresse d'eux". Au 4ème Tirailleurs, un commandant de compagnie connaissant l'arabe a ainsi "entendu quelques fortes têtes parler de « changer de tranchées » en secteur"509. Pétain, qui a remarqué au cours d'inspections la "fâcheuse répercussion morale" de ce retard sur les troupes, téléphone au ministre de la Guerre pour qu'il trouve une solution le 12 octobre 1917510. Il obtient le 3 novembre 1917, après plusieurs mois de siège, l'augmentation du quota de places sur les paquebots511. Les permissionnaires indigènes n'en profitent pourtant que très brièvement, puisque les permissions pour les colonies sont de nouveau suspendues entre le 2 avril et le 1er octobre 1918512.

Figure 3 : Nombre de places hebdomadaires réservées aux permissionnaires sur les paquebots à

destination de l'Algérie et de la Tunisie.513

Printemps 1916 30 novembre 1916 3 novembre 1917 Quota de places 1500 25001 3500

La date aléatoire de départ des bateaux, l'annonce tardive du nombre de places disponibles et le manque de coordination avec les services ferroviaires français obligent les permissionnaires à des longs séjours dans les camps situés à proximité des ports d'embarquement à l'aller et au retour, et allongent la durée de leur absence, qui se monte normalement à 40 jours au total pour les permissions de 21 jours à destination de l'Algérie en septembre 1917. Avec le régime de 30 jours de congé en vigueur à partir du 1er octobre 1917, ils restent absents en moyenne 50 jours514. Avant d'embarquer à Marseille, les

509 SHAT, 16N445, Service du moral du GQG, rapport sur l'urgence d'accorder des permissions de détente

aux indigènes de l'Afrique du Nord servant sur notre front, 23 octobre 1917. 70 % des rapports sur l'état moral des troupes d'Afrique du Nord signalent alors "l'urgence" de remédier au problème.

510 36 730 indigènes et 19 425 nationaux sont alors concernés par les permissions à destination de l'Algérie et

de la Tunisie. La majorité d'entre eux fait partie de la IVème Armée. SHAT, 16N445, message téléphoné du GQG au ministère de la Guerre du 12 octobre 1917 sur l'effectif indigène, lors duquel Pétain rappelle ses courriers du 3 juillet 1917 (n°2625), du 22 août 1917 (n°24894) et du 30 septembre 1917 (n°32842), restés lettre morte. Voir aussi la note n°18547 du GQG au ministre de la Guerre,16 octobre 1917.

511 300 places sont allouées en permanence aux divisions ayant un contingent indigène (37ème DI, 38èmeDI,

45ème DI, 48ème DI, 153ème DI, et Division marocaine). Le reste est réparti au prorata des contingents

indigènes des divisions. SHAT, 16N445, Note n°6259 du GQG pour les commandants d'Armées, 6 novembre 1917.

512 SHAT, 16N445, circulaire n°4175K du ministre de la Guerre, 2 avril 1918. 513 SHAT 16N444 et 16N445, Permissions des militaires indigènes.

permissionnaires séjournent indéfiniment dans des camps aux conditions d'hygiène déplorables, tel l'American Park, où certains d'entre eux restent près d'un mois. Cette situation pousse certains d'entre eux à chercher du travail en ville dans les usines de munition, les restaurants et les hôtels car ils ne peuvent, "par leurs propres moyens, subvenir à leur entretien". La tentation de s'absenter illégalement n'est jamais loin, sans compter qu'ils entrent en contact avec les nombreux étrangers peu recommandables que la porte de l'Orient attire. La même situation se produit aux ports d'embarquement d'Algérie et de Tunisie, si bien que l'absence dépasse 60 jours alors qu'elle pourrait n'être que de 35 ou 40515.

L'urgence de la coordination, manifeste à l'automne 1917, passe au second plan dans le courant de l'année 1918, puisque les suspensions obligent les hommes à prendre leurs congés en France, dans les centres d'hébergement comme les annexes des Parrains de Reuilly dans le Sud de la France. La crise des permissions indigènes est donc à son comble pendant l'année 1918, à tel point que le commandant d'une division indigène propose, pour calmer les esprits, de verser aux militaires qui renoncent à rentrer chez eux une prime correspondant au coût pour l'Etat de leur permission516. Le ministre de la Guerre refuse le principe de la prime, et choisit le 4 novembre 1918 de créer des centres d'hébergement en France pour les 50 000 militaires Algériens et Tunisiens présents aux Armées517. Ces

centres ne commencent à fonctionner qu'à partir de la mi-janvier 1919, ce qui traduit bien l'état de délaissement dans lequel les permissions indigènes ont été longtemps laissées par le gouvernement.

-Les autres "indigènes"

Si le retour au pays est très aléatoire pour les militaires Tunisiens et Algériens, il est pratiquement exclu pour ceux qui viennent des autres colonies. En effet, alors que l'on accorde à ces derniers de retourner chez eux à partir de février 1917, les permissions pour les colonies subissent plus contraintes que les autres en période d'opérations, et sont ainsi

en chef, 2 septembre 1917.

515 SHAT, 16N444, rapport du général de Salins, commandant la 38ème DI au Général commandant en Chef

s/c de M. le général commandant le IIème CA, 19 août 1917.

516 Soit 100 francs pour une permission de 20 jours, et 150 francs pour une permission de 30 jours. SHAT,

16N445, note n°38222 du GQG pour le ministre de la Guerre.

totalement suspendues entre le 1er avril et le 1er octobre 1918518. Pendant cette période,

seuls les militaires qui n'ont encore eu aucune permission peuvent continuer à partir, ce qui favorise a priori les plus récemment incorporés. Or, 18 mois de présence en Europe sont nécessaires pour partir, ce qui exclut pratiquement tous les militaires des colonies de la mesure.

Le séjour en France, une alternative au retour au pays

Ce système complexe implique donc l'hébergement en France d'une partie des militaires issus des colonies. La réglementation l'impose dans le cas des Marocains, des troupes noires, malgaches et indochinoises, ainsi que des Français de l'étranger, tandis que l'engorgement constant du trafic maritime pour l'Afrique du Nord le rend nécessaire en pratique pour les Tunisiens et les Algériens.

Les Tirailleurs Sénégalais, regroupant tous les soldats noirs d'AOF, sont envoyés dans le Midi ou en Afrique du Nord pour l'hiver à partir de 1916. Pendant cette période de cinq mois, ils sont installés dans les camps de Fréjus et Saint-Raphaël, qui regroupent jusqu'à 40 000 hommes, et sont astreints à l'instruction. Ils ont alors droit à huit jours de permission en arrivant dans le Midi, et à huit jours avant de retourner au front519. Les Tirailleurs des bataillons indochinois et malgaches n'obtiennent ainsi de véritables permissions de détente qu'à partir du 16 septembre 1917, à titre de récompense520. La