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maison de ville et le frais bangalow dans la montagne; dont

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 193-200)

jouit le ministre protestant, et où, la nuit, il dort à la brise tiède du

pankah

qu'un coolie agite sur sa tète?

Le

missionnai-re catholique dort

il peut, dehors, sous

un

abri

en

feuilles,

ou

dans l'air étouffant d'une chapelle. Nuits d'insomnies, sui-vies de journées de labeurs. Les épreuves ne

manquent

pas, je

ne

parle

que

dés épreuves morales. Les Indiens,

même

convertis, ont leurs défauts de race. Ils sont

menteurs

dans

LES INDES 191

le sang, ou,^

pour

parlerplus exactement,

comme beaucoup

d'autres de ces races inférieures, ils n'ont pas l'idée exacte de ce

que

peut être la vérité. Il

ne

leur vient pas en pen-sée

non

plus

que

le missionnaire soit pressé, ou qu'il ait besoin, de. repos. D'uneingratitude naïve qui déconcerte, se

mu-. tinant

pour une

bagatelle. Mais voici l'autre côté dé la

mé-daille. Ils ont

une

foi sincère et vivante. Ils aiment à prier, ils multiplient les petites chapelles de quartier

ils, prient en

commun

soir et matin. Ils ont le culte de la messe.

Les

veilles des fêtes, les missionnaires

ne

peuvent suffire

aux

confessions.

Que ne

sont-ils dixfois, vingtfoisplus

nombreux

:

la besogne encore

ne

manquerait pas.

Gar, en certains quartiers, dans le .sud surtout,lesconversions se multiplient

au

delàde toute prévision. Pendant longtemps elles avaient été assez clair-semées. Vint la grande famine de 1876.

Dans

ces populations pauvres, aftreusementdécimées par

la faim et le choléra,

un mouvement

se fit vers le christia-nisme, qui ne s'est pas encore arrêté.

Avant

le fléau, dans son

pangou

de Satancoulam, le père

Guchen

avait 47.000 chré-tiens ; après, il en comptait 52.000, puis 60.000 en 1886, 68.000

en

1891.

Eux

aussi les protestants, avaient alors fait

de

nombreuses

recrues : mais, la famine passée, des villages entiers les quittèrent et se donnèrent

aux

missionnaires ca-tholiques.

Vers la fin de 1889, autre poussée vers l'Église dans les environs de Tuticorin.

Dés

villages envoyaient leurs députa-tions

au

père Caussanel.

En décembre

1890, le R. P. Verdier écrivait

que

600 personnes demandaient le

baptême

;enjanvier,

que

ce

nombre

avait décuplé.

Ce

n'était pas

une

caste,

c'était cinq, six castes, parias, paliers, sanars, mais aussi des maravers, des voilages, des nayakers, des rettis, lesuns idolâ-tres, les autres protestants.

En

février 1891, le P. Caussanel

. écrivait qu'il était prêt à fonder 12 nouvelles églises :

en

juin

il

en

avait fondé 20 ;

en novembre,

le

mouvement

continuait à grandir dans la

même

proportion: « Jesuis presqueeffrayé, disait-il, du champ,qui s'ouvre devant nous. »

Aujourd'hui encore

nous

lisons, dans les lettres desmission, naires, des lignés

comme

celles-ci : «

Ce

qui

me

frappe

par-192 CliAPITRK Vil

tout, et tout d'abord, c'est l'immensitéde la tâche,àaccomplir.

Nous sommes

trois : il y a

du

travail

pour

six.

Le

P. J.

me

disait qu'il y a dans notre

pangou

plus de 60 églises ou cha-pelles et quelque

7o

villages ayant

un groupe

de chrétiens plus

ou moins

considérable. Or, 8 à 10 villages suffiraient

ample-ment pour

occuper

un

pangou-swâmi, s'il veutvisiter

chacun

d'eux

une

fois ])ar mois. » Anciens chrétiens chezqui il faut

empêcher

lesabus dese glisser, néophytesqu'ilfautinstruire,

catéchumènes

àpréparer au baptême. « J'étais l'autrejour ii Sivagassi :

on me

parlait do 18 à 20 villages

maravers

des environs qui sont bien disposés et parlent de se convertir. Ici, à Kaluqumulai, d'où je vous écris, le P. Joganather

me

dit

que

les villages sanars des environs,

une

vingtaine environ, sont tout disposés à imiter leurs [larents de Kaluqumulai, et à se faire chrétiens

comme

eux... Je vous parlais de 7o villages chrétiens : vous le voyez, tout fait espérer

que

d'ici quelques années, le

nombre

en sera doublé. Et alors ce ne seront plus six missionnaires qu'il faudra dans notre pangou, mais douze, quinze !....

Nous

avons

une

dizaine d'écoles, il en faudrait 60 de plus.. )>

Partout la

même

plainte: a Messis multa, messis multa; j'ai six villages de païens qui m'attendent, environ un millier

d'à-mes,

pai'toul

on

sait les prières, et la ferveur

que

tous ces

catéchumènes

font paraître est merveilleuse.... J'ai reçu cinq fois la visite d'un village éloigné, converti depuis six mois.

Tous

ont appris les prières et se sont préparés au

baptême

presque par

eux-mêmes.

C'est à peine si une fois par

mois un

catéchiste du voisinage lés a visités. Ils insistent toujours

pour

qu'un prêtre vienne au

moins pour

leur conférer le baptême. J'ai promis de l'envoyer au plus tôt. J'ai écrità cinq missionnairesdifférents pour leur

recommander

cespauvresgens.

Chacun

a cherché le

moyen

de répondre à cet appel, et tous jusqu'ici ont été retenus par

un

travail accablant... Voilà

où nous

en

sommes. Y

a-t-il eu des situations plus lamentables?

Nous sommes

ici

pour

sauver les

âmes

qui se perdent par millions et

nous

ne le

pouvons

pas, faute de temps. Faute

d'hommes

surtout, et faute de ressources.

Le

personnel

du

diocèse de Trichinopoly comprenait en 1906-1907,

un évoque [W

F.

M.

Barthe, S. J.), 96 prêtres de la

LES lA'DES

i93

Compagnie

dont 24 indigènes,-IS prêtres séculiers également indigènes, 11 séminaristes en cours d'études à

Kandy

et 17 scolastiques indigènes. Ajoutez

une

vingtaine desanniasis, sorte de religieux laïques, catéchistes et maîtres d'école,

une

qua-rantaine de religieuses européennes et plus de

200

indiennes, environ 260 catéchistes, et 85 baptiseuses.

Sur

ime

population totale de S.576.000 habitants, les catho-liques sont au

nombre

de 245.218, contre environ 104.000 protestants, avec 2.903 catéchumènes.

La

mission est divisée en 3 districts, 45 pangus, 1.093 églises etchapelles,2.620postes,

et, dans les écoles, 14.229 enfants.

Ces chiffres mettent la mission

du Maduré

au tout pre-mier rang des missions de l'Inde. Seul l'archidiocèse de

Goa

la dépasse avec ses 327,000 fidèles.

Immédiatement

après vien-nent celui de

Colombo,

20o..521 baptisés, et celui de Pondi-chéry 143.124.

La semence

jetée jadis le long de la côte des Paravers par saint François Xavier n'a

donc

pas encore épuisé toute sa fécondité.

La

moisson

un

instant ravagée par

l'homme ennemi

est plus abondante

que

jamais; elle déborde ses ancien-nes limites. C'est

que

l'esprit

du

grand apôtre est toujours

présent, présidant au travail de la grâce dans cette terre privilégiée.

X

Reste à parler de l'importante mission- belge

du

Bengale occidental.

Durant les premières années, les Pères ont

concentrer leur zèle dans les limites de Calcutta.

encore, avant tout,

il y avait des ruines à relever. Mais par bonheur, l'influence goanaise, très sensible, était cependant

moins

profonde qu'au Madux'é et à

Bombay. Donc on

se partagea entre le collège et quelques paroisses de ville et de banlieue. Ces paroisses sont aujourd'hui au

nombre

de 6, avec écoles, hôpitaux, asiles, et toutes les

œuvres

indispensables dans

une com-munauté

cathohqùe de 12.750 âmes.

Quant

au collège de Saint François-Xavier, très vite, il se

fit entre les établissements analogues de la capitale indienne,

une

place honorable.

En

1894, il y était encore le seul qui

13

194 CHAPITRÉ Vil

préparât à tous les

examens

universitaires, le

M,

A. (maîtrise es arts) y compris.

D'où

ce résultat piquant:

on

vit assister

aux

classes jusqu'à de futurs ministres protestants. Il a

donc

largement rempli le but

que

se proposaient les fondateurs, relever le prestige intellectuel et moral

du

catholicisme. Il a aujourd'hui 769 élèves de races et de cultes variés.

On

ne pouvait s'en tenir à ces

œuvres

urbaines.

Les

mis-sionnaires aspiraient à entrer

en

pleine gentilité. Il est vrai, la gentilité les entouraitde tous côtés, et de près, sans sor-tir

même

de Calcutta et de la banlieue. Mais le terrain était

singulièrement ingrat.

Ceux

qu'on appelle les Bengalis, qui vi-vent autour de la capitale; ont

une

réputationfaite depuis long-temps.

On

les dit fourbes, lâches, sans scrupules,quoique intel-ligents et polis. Ilsont trop subi l'influence européenne. A- leurs vices natifs ils

en

ont ajouté d'autres d'importation étrangère.

De

plus, vivant

parmi

vingt sectes protestantes, ilssont à l'égard du christianisme, quelqu'ilsoit, d'un complet scepticisme. Aussi les chrétiens indigènes de Calcutta api3artiennent-ils en grande partie à des castes étrangères : ce sont surtout des

ïamouls

venus du sud, et qu'on appelle les Madrasis.

Mais, en s'éloignant

un

peu. des centres civihsés, vers les jungles et les

marécages du

sud, par exemple,

ou

versles

mon-tagnes de l'ouest,

ne

pourrait-on pas être plus

heureux?

Tout

d'abord

on

put_croire

que

les premières conquêtes se feraient dans l'Orissa. C'est

une

région qui continue vers le sud le delta

du

Gange.

En

1866,

deux

formidables famines ve-naient de ravager la contrée.

On

y était làau pays classiquede

la faim. Pas assez de pluies, trop de pluies, le résultat était toujoursle

même

: lafamine. Cette

année

on

avait

commen-cé par la sécheresse et les moissons étaient brûlées

en

herbe.

Puis la saison changea. Grossies

démesurément

parles pluies, trois rivières,qui entrelacent à cet endroit les

canaux

deleurs deltas, serépandirent surles

immenses

plaines d'alluvions, cou-vrirent 27.500hectares, etdétruisirentles villages par milliers.

Famine

sur famine.

Un

quart de la population disparut, plus d'un million d'habitants.

Que

faire devant cette épouvantable misère?

La

mission recueillit toutce qu'elle put d'orphelins et bâtit

pour eux

la

maison de

Balasore (1868). Elle devaitservirde

LES INDES 19o

centre

aux

futures chrétientés dela région.

Le

résultat

en

con-versions futmédiocre.L'Orissa ne

compte

encoreaujourd'hui

que deux

stations, 633 baptisés, et 1400 catéchumènes. Mais cette stérilité s'explique assez.Ici, la populationest

purement

hindoue,

donc

étroitement liée par le réseau infrangible des castes.

Les

Oiirias ont tous les défauts

de

leurs frères les

Benga-lis. Par ailleurs leur pays est saint entre les terres saintes.

Il se divise

en

quatre régions de pèlerinages,

ou

«parvis

du

cieb).

se trouveDjaganât, le célèbre sanctuaire de Vichnou,

plus de SOO.OOO dévots viennent par année, de tous les points de l'Inde. L'idolâtrie indienne sous toutes ses

formes

s'y étale triomphante : fétichisme sanglantdesraces autochtones, cultefleuri des Védas,

brahmanisme

pur, les plusvieilles

formes

de l'hindouisme

comme

les plus neuves. Il y

en

a pour tous les goûts. C'est qu'il faut venir étudier sur le vif les for-midables obstacles

moraux,

sociaux, intellectuels, historiques,

que

rinde peut opposer à l'Evangile.

Ailleurs

on

put croh-e

que

le protestantisme avait travaillé

pour

ouvrir les voies à la foi romaine. Depuis quarante ans,

il s'était fait son petit

domaine

dans cette partie de la

Prési-dence

qui s'étend entre Calcutta et la mer, ce qu'on appelle les

XXIV

Parganas, avec sa frange d'alluvions deltaïques

ma-récageuses, les Sandarbans. Ilsy avaient enregistré 15.000 prosé-lytes, et l'on se demandait pourquoi

ne

pas aller sur leurs brisées. Certains indices faisaient espérer de

bons

résultats.

En

1868,le choléra ayant éclaté dans cette région malsaine,les ministres protestants s'étaient

prudemment

mis

en

sûreté. In-dignés de cet abandon, plusieurs indigènes se tournèrent vers les catholiques, et le

Père

Goffinet répondit à leur appel. Il s'installa parmieux.

Sur

son étroit canot, à travers les rivières et les étangs, il

commença

à.aller de village en village, annon-çant la parole

de

Dieu.

En

1873, le

Père

E. Delplace vint le rejoindre et descendit plus avant vers la mer. -D'autres en-core les suivirent. Ils habitaient

une

hutte de paille, viyaient de lavie des indigènes, n'avaient

guèrepour menu que

du riz et, les jours de fête,

du

poisson salé.

Les

pauvres païens et les protestants comprirent ce genre de

dévouement. En

trois anslesmissionnaires eurent fondéentre le

Mutlah

etl'Hugly

une

196 CHAl'lTBEVII

trentaine fie clirétientés,' avec 3.000 fidèles conquis en partie sur le proteslantisme.

Cette

même

année, 1873,

un

autre missionnaire, le V. Sclioff attaquait

une

autre région, le

Burdwan,

au nord et à l'ouest deCalcutta, véritahle jardin

du

Bengale. Mais, dans ce paysricliei ce n'était pas

aux

riches qu'il fallait s'adresser

pour

l'aire ac-cepter l'Evangile.

Le Père

s'en prit à

une

des castes les plus méprisées, les Haris, porteurs de palanquins,

marchands

de

peaux

et de cuir. Ils sont la lie du peuple, rejetés liors des villages, vivant en de misérahles huttes, volant

pour

vivre, redoutés

comme

un fléau, etse

compensant

de leurmisèredans

les orgies.

La

diftlculté fut grande de faire brèche parmi eux!

Vingt fois, les supérieurs se

demandèrent

s'il

ne

fallait pas

abandonner

la partie. Aujourd'hui les Haris ont

un

joli village, desjardins proprets. L'ordre, la piété, la probité ont remplacé l'ivrognerie et la

débauche

d'autrefois. D'autres stations ont été fondées dans le

Burdwan

et

comptent

aujourd'hui 5.285fidèles'.

Dans

ces divers districts c'est au pur système hindou

que

l'on se heurtait, à cette organisation sociale qui repose surla liiérarchie des castes et y englobe si bien l'individu qu'if ne l)0urra se convertir sans déchoir, sans perdre sa caste, sans

tomber

dans la tourbe vile des gens hors la loi. Obstacle elîrayant à la propagation de la foi,

comme

il ne s'en est rencontré nulle |)art ailleurs. Mais si l'ons'éloigne versl'ouest du Bengale jusqu'au cœui' de la province

du

Chota-Nagpore, tout change.

On

est en

un

pays de demi-sauvages: indigènes lamentables, refoulés sur les hauteurs et dans les forêts, il y a des siècles, par les conquérants aryens de la plaine.

Ce

sont les

Ouraons

(350.000), tribus d'origine dravidienne, petits, noirs

comme

des nègres, sales, souvent enduits de

bouse

de vache, tatoués, mais gais, braves gens, robustes, excellents ouvriers et s'inlitulant

eux-mêmes

la « tribu

du

travail». Puis les

K

vies, de i-ace plus ancienne, descendantpeut-êtredes abo-rigènes : avec leur faciès large et aplati, ils font songer

aux

Mongols. Ils se divisent en

Mundans,

Hos, Kharvars, Larkas, etc. Koles et

Ouraons

vivent de chasse et de petite culture.

Quelques uns se sont laissés teinter de civilisation au contact de leurs vainqueurs. 'Les autres

- ont tout gardé de leurs

LES INBES 197

grossièreté première.

Leur

religion est des pitis éléiiientaîres':

acIbratiÔTi'

vague

d'un Dieu suprême, crainte

du mauvais

génie,

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