I
Eq
continuant notre excursion à travers les pays de mission, et reprenant lechemin
de l'Occident,nous
rencontrons plu-sieurs églisesque
les Jésuites avaient fondées jadis, culti-vées et arrosées de leur sang, etque
Dieu, auXIX"
siècle,destinait à d'autres apôtres et àd'autres martyrs.
Nous venons
de parler du Japon. Mais voici, au passage, le Tonkin,la Cochincliine, Malacca, glorieux héritage
que
les prêtres des Missions étrangères .devaient exploiter pour, leur compte, on sait avec quelle dépense d'héroïsme, de sueurs et de sang.Aux
Indes, le terrain se trouva plus libre devant lesnou-veaux
Jésuites,quand
ils se virent enmesure
de reprendre les traces de leurs aînés. C'est le paysdu monde où
ils ont aujourd'hui le plus d'églises à leurcompte
: sept diocèses.C'était aussi
pour
eux, par excellence,une
terrede souvenirs.Là, saint François Xavier avait ouvert le sillon. ÀA^ec
Goa pour
pointde départ, sonœuvre
avait successivementgagné
la Pê-cherie et le Travancore, le Malabar et le Maduré, le Maïssour,le Carnate, lé Bengale et le 31ogol.
l^armi ses successeurs dans ces
immenses
régions, six ont, à sa suite, été mis par l'Eglise sur les autels, avec l'auréoledu
martyre :un
autre, déjà presque canonisé par lui, attend lesmêmes
honneurs, (i)Ce
futdonc
avec reconnaissanceque,en(I) Le B.Jean de BriUo lue au Marava,le B.Rodolphed'Aquaviva etses (Iiialre compagnons, tués prés de Goa; et le P. Antoine Griminali, luea la Pêcherie du vivant
même
de Xavier, et considéré par la Compagniecomme
son-proto-martyr.Il
16^ CHAPITRE
VU
1837, les Jésuites reçurent de Grégoire
XVI
l'invitation d'aller reprendre sur place leurs traditions interrompues.Mais
en
quel état allaient-ils trouver les chrétientés indien-nes?La
triste politique dePombal,
la destructionde
laCom-pagnie, la Révolution française, avaient tari les sources de l'apostolat.
Moins
de prêtres, et par suitemoins
de chrétiens.On
en comptait 1.500.000 auxl environs de 17S0.Un
demi-siècle après, il
en
restait peut-être 500.000.Pour
tout clergé, quelques'
prêtres des Missions étrangères, quelques
Carmes
et -Capucins : en tout,une
vingtaine de missionnaires. Il y avait bien aussi la- hiérarchie goanaise,deux
archevêques,deux
évêques et 400 prêtres. Mais quels prêtres ! ivrognes, querel-leurs, violents,ordonnés
sans études, sans préparation, au hasard, pris parmi les métis portugais, c'est-à-dire chez des familles ayant presque toujoursune
tare honteuse à leur ori- .gine, réputés parias par les indigènes, et dont toute la théolo-gie consistait en
un dogme,
le patronat portugais.Le
patronat, cemot
vadominer
toute l'histoire des missions indiennes pendant soixante ans. Ilnous
faut, endeux
mots, l'expliquer.En récompense
des services rendus à l'Eglise dans les pays infidèles, le Saint Siège avait accordé à la cour de Lisbonne de grands privilèges, et tout spécialement le droit denommer aux
évêchés d'Afrique et d'Asie.Aucun
siègenouveau
n'yétait créé sans son aveu. Elle avait lemonopole
des missions, et nul missionnairene
pouvait se rendre en Orientque
sur ses vaisseaux.En
retour, elle veillait à l'entretien deséglises, sub-venaitaux
fraisdu
culte, etc.Le régime
ne laissait pasque
d'être astreignant
pour
l'Eglise: il l'entrava plus d'une fois dans sondéveloppement
normal. Maisun
jour vint,où
lepro-blème
se posa très net.Le
Portugal voltairien ne remplissait plusaucun
de ses engagements. Il avait jadischasséles Jésui-tes, ruinant ainsien
Asie, en Afrique,en Amérique,
de gran-des et belles missions. Maintenant,en
4833, il mettait le com-ble à ses fautes. Il décrétaitl'extinction des ordres monastiques.Puis,
en
1834, il incorporait' leurs biensaux
propriétés nationa-les. Couvents, collèges, hospices de Goa, deMozambique, du
Zarabèze, de l'Angola étaient confisqués.La
cour de LisbonneLES INDES 163
non
seulementne
remplissait plus ses engagements, mais elle détruisait, de gaîté de cœur, ce qu'elle avaitpromis
d'éditier..Rome
restait-elle liéeparlesanciennes conventions?Assurément, répondaient les régalistes portugais. GrégoireXVI
fut d'un autre avis. Iln'avaitpasl'intentiondedénoncer
le patronat; mais, pourle
moment,
lebiendesâmes
etla dignitédu
Siège apostoliquelui imposaient de ne pas s'en tenir àla lettremorte
desconventions.Donc,
aux
inqualifiables actes des anciens«patrons)>des Indes,il répondit par des actes. Il érigealesvicariatsapostoliques de
Madras
et de Calcutta; puis ceux de Ceylan et de Pondiché-.ry, au
moment
où se vidaient les couvents deGoa;
entln la préfecture apostoliquedu
Maduré. Il renvoyaitdu même coup
les Jésuites
dans
cette dernière mission et au Bengale.Les frères de François Xavier revenaient
donc
à leur poste decombat
:les circonstances étaient tristes. Depuis soixante ans "lès ruines s'étaient accumulées.
Aux
anciens adversaires d'au-tres s'ajoutaient maintenant.Comme
Nobili, Britto,Cœurdoux,
ils avaient devant
eux
l'idolâtrie, lesmœurs
païennes, l'orgueildescastes.
Comme eux
encore, lesexemples
d'immoralitédonnés
par les Européens. Mais voici qui étaitnouveau
: lapropa-gande
protestante, insignifiante pendant longtemps, semblait avoir profitédu
désarroi des missions catholiquespour
s'étendre.L'année 1780
marque pour
les anglicans le point de départ de leurs conquêtes dans le Tinnevelly (partie méridionaledu
Maduré).En
1850, anglicans et luthériens enregistraient Icà 34.600 adhérents, baptisésou
non. Mais il y avait pis : lescandale d'une .lutte intestine entre catholiques, les
menaces
de schisme, l'hostilité des Indo-portugais,ou
Goanais, à l'égard des Propagandistes, les insubordinations des vieux chrétiens, les abus qui allaient se multipliant.Ce
n'était pas àune
con-quête pacifiqueque
le pape envoyait les Jésuites : c'était à laguerre sansgloire, etlongtemps sans autreprofit
que
la calomnie.II
Elle s'ouvrit à Calcutta.
En
cetemps
là, les Goanais y. sont les maîtres.La
com-munauté
catholiquemeurt
d'épuisement. Pas d'écoles, ou, s'il164 CHAPITREVU
y en a, pas d'élèves. Âiiciiii scrupule de fréquenterles maîtres protestants. Pas de sacremenits, pas de
sermons; on ne
va aux églises qu'aux cinq ou six grandes t'êtes.Le
catliolicisme est méprisé, et desEuropéens
et des indigènes.Hors
de la ville, il n'y a rien ni prêtres, ni écoles, ni églises;beaucoup
de gens, (|uijadis étaient catholiques, ont passé à l'hérésiepom*
ne pas rester al)solunient sans culte extérieur.
Résultat, des pertes etï'rayantes. Faut-il en croire les chiiï'res
<iqu<?i donnent les lettres contemporaines?
A
la lindu
XVIII^' siècle, il yavaitau Bengale 40.000fidèles.En
1834, ilsont bais.sé de moitié.En
f845, de 20.000, ils tombent à 8.000. « Et en-core, écrivait-on en 1860, ce chiffre de 8,000 iiourrait bien être exagéré, ou il fautque
depuis lors lenombre
des apostatsait été considérable. «C'est dans ce
champ
désoléque
GrégoireXVI
envoyait lepère
Robert
de Saint-Léger,comme
vicaire a])ostolique, avecune
poignée de Jésuites anglais. Ils firent de leurmieux pour
enrayercet effrayantmouvement
de recul. Ils prêchèrent jusque dans les l'ues, fondèrentune
écolepour
les pauvres, afin d'enlever aumoins
quek(ues enfants à lapropagande
pro-testante. Ils ouvrirentun
collège eui'opéen, bâtirentune
église.Immédiatemment
grande colère à Goa.Les
Anglais furent priés de faire cesser le scandale de cette usurpation propagandiste.On
|)assa outre et les Goanais en furent pour leurs frais d'in-dignation.Dans
lemême
temps, un richeHindou
qui fondaitun
collègepour
ses coreligionnaires, eut l'idéede le confier aux Jésuites.Accepter,c'étaits'exposerà biendesinterprétations malveillantes;
c'était immobiliser des religieux, qui eussentété plus
fructueu-sement
occupés ailleurs, dansune œuvre
de laquelle il n'y avait rien à attendreen fait de conversions.Mais aussi, c'était procurer au catholicisme un relief etun
respect tout à fait inattendus. Consultée,laPropagande
réponditqu'il fallaitaccepter, et les Pères entrèrent à Seal collège, s'engageant à ydonner
un
enseignement strictement neutre.Tout
alla bien pendant quelquetemps
et les supérieurs de l'étrange établissement acquirent toutdesuiteune
assez grande influence.Mais la situ-ation était tropanormale pour
durer.Tous
lesHindous
n'ap-I-IÎS INDICS l6o
prouvaient pas cette présence de pi'èti'es chrétiens dans
un
collège de Bralimanistes.Une
infractionaux
lois de la caste servit de prétexte, et les Jésuites furent congédiés.Ilsse renfermèrent, sans l'ombre d'unregret, dans leurcollège SaintFrançois
Xavier/Malheureusement
desdifficultés survinrent entreeux
et le vicaire apostolique,Mgr Carew. Comme
ils'agis-sait
du
droit d'exemption, essentiel aux réguliers, pour le bien de la paix,' ils crurent devoir se retirer (1846).La
mission anglaise de Calcutta avait duré douze ans.III
Au
Maduré, la lutte avec le schisme fut plus longue et plus douloureuse, mais aussi le travail plus fécond.A
la suppression de la Compagnie, la Société des Missions Etrangères, déjà établie à Pondichéry, avaitdû
accepter l'héri-tage des Jésuites,Maduré,
Carnate, Maïssour, etc. Les Pères français restés à leur poste continuèrent à travailler près desnouveaux
missionnaires, puis il furent, les uns après lesautres, emportés par la mort. Bientôt la Révolution survint, dispersa couventset,séminaires, arrêtales vocations, etil n'yQut])lus dansle
Sud
de l'Indequ'un nonibre insignifiant de prêtres européens, les seuls qui tissent lionneur au catholicisme.Mais qui
donc
alors pouvait venir à leur secours? Cet état de langueur,où
tout ceque
pouvait l'aire l'Inde catholique était de ne pas mourir tout à fait, dura quarante ans et plus.Enfin
une
ère nouvelle avaitcommencé
pour les missions : elles renaissaient de toutes parts. Accablés sous le faix de leurs lourdes chrétientés, les prêtres des Missions étrangères prirent l'initiative de réclamer le retour des Jésuites. Les frères de Saint François Xavier furent tropheureux
de pouvoii' répon-dre à cet appel, et, en 4837, ils étaient à leur poste, sous la juridiction provisoiredu
saint et vaillant vicaire apostolique de Pondichéry,Mgr Bonand.
Pour
territoire, laPropagande
leur assignait, dans l'extrême pointe de la péninsule, la partie qui regarde Ceylan, sorte de triangleappuyé
à l'ouest sur lesmonts
Rerdaraon, aunord
sur le fleuve Cavery, au sud-est sur la mer.Aucun
ter-166 CHAPITRE
VU
ritoire de l'Inde,
Goa
excepté,ne
pouvait leur être plus cher.Pas
un
canton qui n'y eût ses glorieux souvenirs.La
côte dela Pècberie,
du
capComorin
àRamnad
avait été cent fois parcourue par François Xavier.Les
environs deRamnad
avaient vu
mourir
le proto-martyrde
laCompagnie,
Antoine Criminali. Plus au nord, dans le Marava, le B. Jean de Britto était aussimort pour
la foi.A Négapatam
encore, dansle ïanjore, François Xavier avait séjourné.
Quant aux
pro-vinces de l'intérieur, leMaduré
avait été le théâtre de l'au-dacieux et héroïque apostolat deRobert
de Nobili, et là, plusque
partout ailleurs, les Jésuites avaientpu
sentir d'expérience qu'il y aun
martyre aussi parfois dans l'obéissance aveugle.Malheureusement, elle aussi, la terre des saints était alors dans
un
état déplorable.Avec un
clergé local absolument au dessous de sa tâche, il n'y avait plusombre
de vie chré-tienne, plus de sacrements, plus de catéchismes, plus deser-mons
; des troubles, des divisions, des scandales sans fin.C'était chose délicate, mais nécessaire, de
donner
à ce pauvre peuple d'autres pasteurs.Donc, les Jésuites se présentèrent : la guerre était inévi-table. Laissés à
eux-mêmes,
les catholiques indigènes eussent accepté sans difficulté les frères de leurs anciens mission-naii'es; et de fait, le premier contact fut pacifique. Maisun mot
d'ordre vintde
Goa.Les
prêtres indo-lusitaniens partirent encampagne,
traitant lesnouveaux
venus d'intrus, d'usurpa-teurs, de faussaires.Le
bref Multa praedare était supposé, subreptice, fabriqué par les propagandistes. Partis de ce pas, où s'arrêteraient les Goaiiais?Im[)ossible de raconter ici les épisodes de cette lutte lamen-table. Les chrétiens paravers de la côte, enfants chéris de Saint François Xavier, s'étaient jetés dans la querelle avec toute la fougue de leur
mauvaise
tête.Non
i)as tous pourtant, carbeaucoup
restèrent fidèlesaux
vrais pasteurs. Mais dès lors, conflits et violences furent de tous les jours. Procès pour la possession des églises: la cause était portée devant les tribunaux anglais, et,comme on
pouvait le prévoir, c'est àBorne que
l'on donnait tort. Par forceon
pai' ruse, les Goanais s'emparent d'une ])aroisse : survient la police, quiLES INDES 167
met
les scellés sur l'édifice et le maintientfermé
pendant 7 à 8 ans. Puis,campagne
de calomnies : le P. Garnier est accusé de s'êtreemparé
d'une église à latête de SOOhommes^
et traduit devant
un
conseil de guerre ;—
desémeutes
:celui qu'on appelle le roi des Paravers soulève la caste contre le P. Martin;
—
des tentatives d'assassinat : le P. Bertrand, pendantdeux
mois, estempoisonné
àpetites doses.Tout
cela s'ajoutait aux épreuves coutumières des missions enformation. Inutiledeparler delapauvreté, elle était extrême : c'était la misère. Mais le travail était vraiment au-dessus des forces humaines, et les morts prématurées s'accumulaient; il yeneut sept rien qu*en 1843.En
1863,après 23 ans, la mission avait déjàperdu 44
ouvriers.Morts fécondes; car,
en
dépitdu
schisme, la mission était en progrès. Les Paravers,un
instant séduits, étaient revenus a des sentiments plus raisonnables. INombreuses conversions de schismatiqués, de païens, de protestants.En
1842, la mission comptait 118,400 catholiques, surune
population d'environ six millions d'âmes, contre 36,500 schismatiqués et 38,000 protes-tants.Un
collège hindo-européen était fondé àNégapatam.
En
1847, leMaduré
était constitué vicariat apostoliqueauto-nome,
sousMgr
Alexis Ganoz, S. J., dont l'épiscopat de 40 ans se trouveramêlé
à toutes.les luttes et à tous les progrès de l'Eglise indienne. Il avaitpour
collaborateurs 24 missionnaires.Cependant lalutteavec le schismecontinuait toujours.
En
1843,un
nouvel archevêque de Goa, après avoir juré entre lesmains du nonce
d'observer le brefMuUn
praeclare, qui éta-blissait les droits épiscopaux des vicaires apostoliques, aussitôt entré en charge,excommuniait
ces prélats, multipliait les ordi-nationsetinondait l'Indedeprêtresimprovisés.Surquoi, incendiedu
collège deNégapatam
pardeux
ecclésiastiques goanais, nou-velle révoltedu
roi des Paravers avec pillages, tentatives de meurtres, et,comme
toujours, pluie de procès. Par bonheur, les magistrats anglaiscommençaient
à voir clair : ils rendaient quelque justiceaux
orthodoxes. Sans préjuger la questionde
fond, ni discuterle droitdes Propagandistesappuyé
surl'autorilésuprême du
pape,ils posèrent le principe de la possession paci-fique, indiquant aux missionnaires la tactique à suivre : toute468 CHAPITREVII
église leur serait
reconnue où
ilsparviendraientà entreren paix.Ce
fut en s'appuyant sur cette jurisprudence qu'en 1852. le supérieurdu Marava
put arracher au schisme 12,000 chrétiens et reconquérir Jes principales églises.En
d'autres points de l'Inde, les Goanais menaient aussi cam-pagne. Luttemoins
violente peut-être, mais plus scandaleuse, étant le fait,non
de pauvres prêtres, ignorants et improvisés, mais des hauts dignitaires indo-portugais.Le
vrai centre dela résistance se trouvaità
Bombay.
Il y avait làune
population goanaisenombreuse,
laquelle détenait presque toutes les églises.Aux
Propagandistes, desCarmes
italiens, restaientquatreparoisses sur une vingtaine, etdeux
chapelles. Entre lesdeux
partis, les conflits étaient incessants;on ne
sortait pas des polémiques de presse. Exténués, à bout de patience, les pèresCarmes
se retirèrent, laissant faire l'intérimaux Capucinsdu
vicariat voisin de Patna (1849). Les- excès ne cessèrent pas pour si peu.Qu'on en juge :un
jour le nouvel administrateurdu
vicariat,Mgr
Hart-mann,
fut assiégédansune
églisepar les schismatiques, lesquels,pour
le réduire, clouèrent portes et fenêtres.Dans
lemême
temps, l'évêque de
Macao
parcourait les divers centres goanais, et partout,même
surles territoires dépendant des vicaires apos-toliques, bâclait les ordinations, grossissant d'autantTarmée
sçhismatique.C'est alors
que Mgr Hartmann
se tourna vers le vicaire apos-toliquedu Maduré,
le suppliant de lui venir en aide et de luienvoyer
un
de ses pères. Il alla plus loin, il suppliaRome
de confier le vicariat quasi
abandonné
deBombay
à la Compa-gnie de Jésus.La
requête fut agréée : en 1856 des jésuites allemands venaient se mettre aux ordres de l'évêque capucin.Deux
ans après, le prélat se retirait, et le Saint-Siège chargeaitMgr Canoz
d'administrer et d'organiser la mission. L'intérim dura de 1858à 1861, jusqu'au jouroù
arriva lenouveau
vicaire apostolique,Mgr
Steins, S. J.A
cette date, le schisme avait pris fin; mais à quelles con-ditions!Un
des derniers actes deMgr
Canoz, avant de repartirpour
le Maduré, avait été depromulguer
cet étrange concoi'dat de 1857,qui fut
pour
les Propagandistesune
si rude épreuve etun
sujet de joie scandaleusepour
les Goanais.On
avaitLES.INDES 1B9
été aussi loin
que
possible dans la voie des concessions.Le
patronatétaitrétablisurtoutesleséglises de fondation ancienne.Le
Portugalétaitautorisé à en créer de nouvelles, et, à mesure, les vicaires apostoliques devaient se retirer et disparaître. A.l'arclievêque de
Goa
l'on reconnaissait juridiction sur tous les fidèles qui, aumoment
de la signature du traité,ne seraient pas encoresoumis aux
vicaires apostoliques.Sur quoi, cris dé triomphe dans le
camp
goanais.Donc
les Propagandistes en avaient menti : ilsn'avaient pas le pape poureux
; les bulles qu'ils alléguaient étaient fausses; à bref délai,on
allait voir di-sparaitre ces vicaires apostoliques usurpateurs.En
pratique,un peu
partout, mais àBombay
et auMaduré
plus qu'ailleurs,
chacun
resta provisoirement sur ses positions.Deux
juridictionsallaient setrouveren
présence, mêlant partout leurs territoires, et continuant à se disputer les fidèles. C'était la lutte prolongée, inévitable. Situation d'autant plus critiqueque
le nouvel archevêque de Goa,Mgr d'Âmorim
Pessoa, était Portugais jusqu'aux ongles et tenait les prélats propagandistespour
personnes négligeables. Ainsi, passant àBombay
avec le commissaire apostolique,Mgr
Saba,pour faire exécuter le con-cordat, il relusamême
decommuniquer
avecle vicaire aposto-lique.On
allaitenavoirpour
trenteans dece déplorable régime.Restait à en tirer le meilleur parti possible.
IV
Restait surtout, dans toutes les villes e:. missions oii sé-vissait l'influence goanaise, à relever l'Église catholique
aux yeux
des cultes rivaux, à faire cesser le méprisque
lui avaient attiré tant de luttes intestines, tant de scandales et tant d'apostasies.Ce
fut en grande partie le rôle descollèges que, partout, dans leurs églises, fidèles en celaaux
vieilles traditions de leur ordre, les Jésuites se hâtèrent de fonder.D'autres raisons