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Nouveau-Mexique, on dépend encore de la province de Naples :

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 32-36)

sej)t résidences,

un

collège,

un

noviciat, 93 missionnaires dont 06 prêtres. Mais la fondation des noviciats laisse entrevoir le jour où, se suffisant à

eux-mêmes,

les missions auront leur pleine autonomie.

V

Dans

cette extension de la vie civilisée,

que

sont

devenues

depuis cinquante ans les missions au sens rigoureux

du mot?

D'année en année le

domaine

des

Peaux Rouges

a été se rétrécissant. Partout s'est organisé le système des réserves, en-fermant les indigènes dans

un

territoire assez vasteencore

pour

qu'ils pussent y garder quelque cliosede leur vie errante,mais que, endépit de toutes lespromesses, detous les traités, on ne cessait d'entamer et de réduire au profit des blancs.

En même

temps, les guerres, les brigandages, les épidémies quelquefois systématiquement provoquées, par dessus tout la contagion des vices européens,ont

décimé

lestribus. SiquelquejourlesIndiens disparaissent

complètement

des Etats-Unis, ilsera tlifficile peut-êtrede faire la part équitabledes responsabilités.

Beaucoup

ont

été massacrés dans lesguerres de tribusà tribus..Il y a

eu

aussi des causes qu'on peut bien appeler naturelles et fatales : mais pourra-t-on jamais innocenter

complètement

les envabisseurs européens et yankees, et

mémo

les agents dvi

gouverne-ment

?

Parfois, dans les révoltes des sauvages contre l'intolérable oppression, l'autorité civile et militaire fut obligée de recourir

aux

missionnaires catboliques, les seuls dontla voixfût écoutée sous la tente des

Peaux

Rouges, car ils avaient la réputation de

ne

jamais mentir.

Deux

fois au moins, le P.

de Smet

fut invité à s'interposer, en

1859

cbez les sauvages de l'Orégon, en 1868 cbez les Sioux.

Ce

dernier épisode estresté célèbre; il a valu au missionnaire les remerciements officiels de

Washington

avec le titre de citoyen américain.

On

s'épuisait dans

une

guerre ruineuseethumiliante.

Un

gé-néral avait déclaré que,

pour

en finir dans les seuls états

du

^^0 CHAPITRE PREMIER

Kentuchy

et de

Tennesee

il en coûterait des millions, et qu'il faudrait

une armée

de 200.000

hommes. Le

vieuxmissionnaire,

il avaitalors

68

ans,s'otïriti\courir lesrisquesd'uneintervention.

Il avait .d'autant

moins

de chance

de

réussir qu'en

somme

les révoltés avaient

pour eux

le droit. Mais

on

le connaissait de longue date sous les tentes indiennes et il

partit, confiant

en

Dieu. Il franchitles700 millesdeplaines désertes quile séparaient du

camp

sioux.

Dès

qu'onapprit son arrivée, les chefs à cheval coururentà sarencontre. Il était«

l'homme

de la

Grande

méde-cine », le seul blanc qui n'eût pas la « langue fourchue ».

Son

entréeau

camp

fut

un

triomplie.

Pendant

la nuit, les chefs, Sitting Bull et Black

Moon,

le firent coucher entre

eux deux pour

le défendre.

Le

jour,il étaitassiégé parles

mères

et lesenfants.

Bref ses paroles

de

paix furentécoutées etles Indiens consenti-j'ent à traiter.

En temps

ordinaire,

que

ne croyait-on davantage les mission-naires

quand

ils réclamaient en faveur de leurs Indiens, plus de justice courante, et plus de

bonne

foi !

La

situation changeait

donc

avecles années.

La

démoralisation souventsuivaitde près l'invasion des«

visages pâles», et ilfaut entendre les plaintes navrantes des missionnaires.

Un

d'eux écrivait en 1877 :

«Jusqu'à

ce jour les Poltowatoniies avaient atteint

un

haut degréd'industrie. Ilsétaient réguliers dansleursdevoirsreligieux.

Par la pureté de leurs

mœurs

et la vivacité de lem^ foi, ils

étaient l'admiration des blancs, leurs voisins. Mais maintenant, en

conséquence

de certains traités, le

gouvernement

leur paie de larges

sommes

d'argent.

Le wiskey

est

venu

avec l'argent, et coule à torrents.

Presque

toutes les maisons, à Saint Mary, sont

devenues

descabarets.

De

vrais requins de toutessortes les suivent partout où ils vont, ne les perdent de vue ni jour ni nuit. Touteslesfraudes leur sont

bonnes pour

enlever

aux

Indiens leur argent et leurs biens. Se voyantdépouillés par

ceux

qu'ils croyaient leurs amis, lespauvresIndiens, désespérés de pouvoir jamais se relever, se plongent deplus enplus dans l'ivrognerie etautres excès.

De

grande négligence danslesdevoirsreligieux.

Beaucoup

ont

vendu

leurs terres et sont sans asile. D'autres s'exposent

imprudemment

aux inclémences de l'air et

meurent

AMÉRIQUE DU NORD 31

d'une

mort

prématurée. Il y en a de noyés, d'écrasés sous les chariots, d'assassinés.

ceQuel triste spectacle

pour un

missionnaire de voir détruire l'œuvre de tant d'années et le troupeau

décimé

par les loups sans pitié !

Comme

le prophète, debout au milieu des ruines,

que

lui reste-t-il, si ce n'est de gémir sur cette

œuvre

de destruction, de pleurer ses péchés, d'implorer la miséricorde divine et d'aspirer après

une

patrie meilleure ?,Une chose

me

console pourtant, dans

mon amer

chagrin : quelques-uns, pas beaucoup, sont

demeurés

fermes. Pas

un

de

ceux

qui ont

per-du

le sentier de la vertu n'a

du moins

perdu la Toi.Elle revit en

eux

tôt ou tard, surtout

quand

vientlamaladieetl'adversité. «

La

simplicité idyllique des premiers

temps ne

setrouveplus guère

que

dans certains coins privilégiés

la Toi a

eu

le

temps

de pousser des racines profondes,

l'on est resté plus longtemps à l'écart des influences mauvaises, encore

il

s'est trouvé des blancs pour

donner

de

bons

exemples. II. est vrai que- là, chez les

Cœurs

d'Alêne,par exemple, et chez les Têtes-Plates, chez certains Sioux

du

Dakota, tout ravit le

cœur du

prêtreet l'onassure

que

certains protestants se sont convertis àlaseulevue de ces

Peaux Rouges

transformés parlecatholicisme.

Ailleurs, il faut renoncer à rien faire de sérieux chez les adultes déjà contaminéset abrutis par l'alcool. Restent les en-fants. Mais des précautions spéciales s'imposent.

Le

voisinage des blancs est funeste. Celui des tribus ne l'est pas moins.

Il faut

donc

les isoler, les arracher à la séduction de la vie sauvage,

aux moqueries

et

aux mauvais exemples

de leurs pro-ches,

donc

les élever à la mission, puis les marier sur place et les fixer

au

sol. Les résultats ainsiobtenus sont consolants, mais, on le conçoit,

peu

étendus, faute de ressources.

Et aussi faute de liberté suffisante.

L'arrivée au pouvoir

du

général Grant avait été le triomphe des protestants radicaux et des incrédules. Lors des élections, on en avaitappelé

aux Allemands

desEtats-Unis, leurprésentant

le candidat à la présidence

comme un

allié de

Bismark

dans

la luttecontrel'Eglise etlesJésuites. Il fut élu et mit sur son

programme

la guerre au catholicisme. (1869-1877)

Le

clergé s'était préoccupé d'évangéliserles nègres :

on

fit

32 CHAPITRE PREMIKR

tout pour les lui soustraire etles

donner aux

protestants.

Tout

de

même

i\ l'égard des Indiens:

on

avaittrafiquéde leurs terres, on dispose maintenant des âmes. Prenant prétexte decertains contlits, leprésidentrégla

que

désormais les «agences»indiennes seraient confiées

aux

« dénominations» religieuses qui déjà y auraient fondé

une

mission,

ou

s'engageraient à en fonder

une aux

conditions ordinaires. C'était resteindre singulièrement la liberté d'apostolat,

fermer

aux prêtres catholiques certaines régions, etsurtout blesserla liberté de conscience desIndiens.

On

leurimposait dessectes dont peut-être ilsnevoulaient pas, et

on

les privait des missionnaires de leur choix.

La

loi était inique : l'exécution fut odieuse.

Aux termes du

décret, les catholiques eussent

avoir la moitié

ou

les trois quarts des tribus. Ils eurent

une

agence sursix etcinq sections sur quarante-quatre. On, leur laissa les Indiens de

Grand

River

au

Dakota, quelques groupes au

Nouveau

Mexique,

une

réserve de ridaho et celle des Têtes Plates.

Le

reste, plus de 80.000 Indiens fut d'office enchainé

au

protestantisme. Et par exemple, les

Nez

Percés de l'agence

Lapway

(Idaho) étaient au

nombre

de 4000, à peu près touscatholiques. Ilsfurent livrés aux presby-tériens qui touchèrent

une

forte

somme

pour administrer

une

poignée d'adeptes, et l'on fit

bonne

garde à la frontière pour maiutenir la

Robe

Noire à' distance. Ceux-là

môme

qu'on voulut bien laisserà leurs missionnaireseui-ent à souffrir. Les Têtes-Plates étaient sous

un

agent catholi-ciue dont ils n'avaient qu'à se louer;

on

le remplaça par

un

sectaire de vie scandaleuse, et haineux de l'Eglise romaine.

Pour

surintendant des affaires indiennes dans l'Orégon, il n'y avait

que

des catholiques

on envoya

le

Dr

Bendell, israëlite.

Tout

cela, Grant l'appelait

la politique de la paix, peace poliey. Bismark, son modèle, n'appelait-il pas sa persécution à lui le «

combat pour

la

civi-lisation )) ?

Ces injustices

ne

passèrent pas sans protestations fort vives.

Les Indiensréclamaientleurs

Robes

Noires.

On

eut beau leur im-poser des missionnairesprotestants,fis

ne

les écoutèrentpas.

Aux

Osages

du Kansas

etde l'IndianTerritory

on envoya

des maîtres quakers : les sauvages résistèrent.

On menaça,

ils tinrent

bon

et restèrent fidèles. Et de

même

les Sioux

du

Dakota : païens et

AMÉRIQUE DU NOBT) 38

catholiques s'entendaient

pour

repousser les pasteurs. Spotted-tail, leur grand chef, répétait à toutes les instances : «Il n'y a

que

les

Rohes

Noires à ne pas

mentir.» Le gouvernement

répondit en assignant les

deux

grandes réserves de

Rosebud

et de Pine Ridge aux Episcopaliens, et l'on fit dire

aux Peaux Rouges que

pasteurset

Rohes

Noiresétant égalementcatholiques,

on

avait à se tenir traiiquille.

Le

clergé lésé

du

Colorado,

du Nouveau-Mexique, du

Dajcota,

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 32-36)

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