• Aucun résultat trouvé

34 CHAPITRE PREMIER

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 37-40)

vivres réglementaires, étaient obligésdegrappillerquelque

chose

dans les étables à porcs; mais ils restaient à la mission. Et

le palais scolaire avec son électricité, son calorifère, son garde

manger

bien garni, demeurait vide. Il n'en était pas de

même

partout, bien entendu, et la lutte s'imposait avec les écoles officielles sans Dieu, souvent hélas ! très fréquentées.

Alors, à défaut

du gouvernement,

la charité privée vint

au

secours.

Une

société se.fonda pourla « préservationdela foichez les enfants indiens». Rien qu'en 1903, les catholiques dépen-sèrent

en

faveur des écoles

[TiAM

dollarset197.780 en 1903, Mais kl persécution scolaire à l'état aigu avait duré sept ans.

Depuis elle s'est atténuée. Hierencore le

gouvernement

passait

un

contrat avec les Jésuites de St Francis Mission au Dakota,

pour un

boardiny school indien, destiné i\ 2oO enfants, etcela à la grande colère des protestants.' Il est

même

arrivé parfois que, sous main, par l'intermédiaire

du

«

Bureau

catholique)), le

gouvernement

faisaitparveniraux-écolesdessubventions prove-nant des fonds publics et

de

réserve, qui appartiennent

aux

Indiens mais restent entre les mains de l'Etat, leur tuteur.

Du

reste, au plus fort de la persécution scolaire, les

œuvres

catlioliques avaient trouvé,

même

chez les protestants, d'ardents apologistes. Ainsi plusieurs fois le sénateur Vest,

du

Missouri,

s'est constitué,devant les

commissions

parlementaires, l'avocat des Indiens catholiques du Montana. Il s'en est presquefait

une

spécialité. (1)

Il était, raconte-t-il, parti en inspection dans les

montagnes

Roclieuses, plein de préjugés. Il en revint déclarant : «

Dans

cevoyage deplusieurssemaines, je n'ai pasrencontré

une

seule école faisant vraiment

œuvre

d'éducation, ailleurs

que

sousla direction des Jésuites. Je n'ai pas

vu une

seule école

du

gou-vernement, etsurtoutpas un seul deces externats ant vantés

l'onfîtquoi

que

ce soitquivaille.... J'ai voulu, au cours de

mon

enquête, leur

demander un

ou

deux

écoliers

comme

interprètes;

ils

ne

savaientqu'unechose, voler les

chevaux

qui paissent dans

la plaine. Mais dans cet art, le général Shéridan

en

conve-(I)Nons avons sous les yeux deux rapports de M. Vost, l'un de 1834, -l'autre de 1900.

AMÉRIQUE DU NORD 85

nait avec moi, ils n'ont pas leurs pareils.

Leur temps

d'école

fini, ils retombent dans lasauvagerie.

«Mais

voyez les écoles -catholiques. Voilà cinquante ans

que

les Jésuites sont chez les Indiens. Quel est lerésultat?

Parmi

ces tribus Shoshones, Arapahoes, Gros-Ventres, Pieds-Noirs, Pieganes, River-Crows, Bloods, Âssiniboines, le seul rayon de lumière

que

j'ai trouvé, c'était chez les Têtes-Plates, dans les écoles des Jésuites. » Etle sénateur poursuit décrivantces écoles

les boys indiens apprennent les métiers utiles, gardent les troupeaux, l'ont

marcher

les moulins, travaillent àla forge, bâtissent les maisons. « Jamais, dans les Etats, ajoute-t-il, à égalité d'âge, je n'ai assisté à de meilleurs examens.«

Et d'oîi vient celte différence ? Elle tient à ce

que

le mis-sionnaire catholique consacre entièrementsa vie à son

œuvre.

« Prenez

un

clergyman protestant, envoyez-le dans l'Ouest, aussi actif et aussi zélé

que

vous voudrez; il y va avec ses liens de famille, il y va jetant des regards

en

arrière vers la civilisation, il y va par devoir, ne se dévouant qu'a moitié à cette vie pénible. Prenez

un

Jésuite.

Que

fait-il ? Moitié soldat, moitié prédicateur, il est de la «

Compagnie

de Jésus «; iln'a à lui

que

sa robe noire sur le dos. Si, en pleine nuit, il

regoit

du

chef de la

Compagnie

l'ordre de se lever et d'aller

en

Asie, il se lève et part... Il n'est plus du

monde.

J'ai

causé avec le P. Ravalli à la mission Saint-Mary. Voilà

42

ans qu'il est

au

Montana,, chez les Indiens. Il leur a

donné

sa vie. Il était

venu

d'ttahe, excellent médecin.

Quand

je l'ai vu, dans sa petite

chambre

de mission, il était couché, cloué sur son lit depuis cinq ans, mais administrant toujours des remèdes, et,à l'occasion, faisant de la chirugie. Toute la viede cet

homme

a été

donnée

à cette

œuvre.

Quel estle résultat?

Aujourd'hui les Têtes-Platessontcent fois plus avancésdans la civilisation

que

n'importequel,Indien,

du moins

dansle Montana.»

. Et le sénateur concluait: «Si, detoute

ma

carrière politique,

il

me

reste

une

fierté, c'est d'avoir obtenu àl'école industrielle de Saint-Ignace, au Montana, une" subventionde 10,000 dollars.

Me

rendant à la côte du Pacifique quelques années après, je m'arrêtai

pour

visiter cette école.

Au

bruit de

mon

arrivée, la fanfare des boys vint

me

recevoir à la gare.,.. Je pénétrai

36 CHAPITRE PRE3FIER

dans la maison, les enfants y étaient occupés à confectionner-chapeaux, casquettes, bottes, souliers.

On

y voyait tous les métiers depuis lemaréchal-ferrant etle

meunier

jiiscpi'au cocher et au pâtre. Filles et gar(;ons, au

terme

de leurs études, fon-daientdesfoyers aussi honorables, aussi

dévoués

au

christianis-me

qu'aucunefamilledesEtats-Unis. Mais ilsétaient catholiques :

pour

certaines gens {VA.P. E.) c'est

un

crime. «

Le

sénateur Vest n'est point catholique. « Je suisprotestant, dit-ll,

protestant, élevé protestant, de la vieille église presby-térienne d'Ecosse, et je

compte

bien mourir protestant.

Dans ma

])etite enfance,

on

m'a appris

que

lesJésuitesontdes cornes,

une

queue, des pieds fourchus et exhalent

une

vague odeur de soulre. »

VU

Et maintenant oii en sont les choses? L'Indien continue à disparaître. Les missionnaires prévoient lejour

leui-s

œuvres

dans le Montana, le

Wyoming,

l'Idaho auront

complètement changé

d'objet.

Fondées

pour les

Peaux

Ptouges, elles ne trou-veront devant elles

que

des blancs, des jaunes aussi peut-être, avec de rares ilôts de sauvages civilisés et fixés

au

sol. Déjà

aux montagnes

Rocheuses, il faut administrer des paroisses exclusivement

composées

de blancs.

On

a

pour eux

ouvert les

deux

collèges de

Spokane

et de Seatle. Les fondateurs de la mission, s'ils revenaient au

monde,

devj-aient, poui- retrouver leurs vrais sauvages de 1840, passer dans la Colombie Brita-nique, sur le territoire des Pères Oblats de Marie

Immaculée.

Aux

ELtats-Unis

même

cependantilya encorefort à faire, etil s'en faut

que

tous les Indiens soient convertis. oo.OOO

seule-ment

sur 520.000 sont catholiques; 90.000 en 1903 étaient protestants.

Le

reste

demeure

idolâtre. Sur ce

nombre,

la'part des Jésuites,

aux montagnes

Rocheuses, est d'un peu plus de 10.000 fidèles,

un

tiers de la population indienne. Ils sont répartis en 17 postes sur les cinq états de

Wyoming,

Montana, Idaho, Wasliington et Orégon.

Les

principales tribus-évangéli-séessont lesPieds-Noirs, les Assiniboines, les Gros-ventres, les Corbeaux, les Shoshones,lesAraphoes, lesNez-Persés, les

Pends

d'Oreilles, les

Cœurs

d'Alêne, les Kalispels, les Spokanes. les

AMÉRIQUE nu ?{ORI) 37

Okanagans, les Yakimas. Tribustrèsinégales

comme

importance et très inégalement conquises par le christianisme. Elles sont toutes confiées

aux

Jésuites de la province de Turin, parmi lesquels travaillent

nombre

de Français : en tout lo9 mission-naires dont 71 prêtres.

Depuis I880, les Jésuites allemamls ont eu aussi leur mis-sion chez les Sioux

du

Dakota : ^ prêtres, 3 scolastiques, 21 frères coadjuteurs ; ce dernierchiffre indique assez l'importan-ce

donnée

aux écoles industrielles. Mais ces stations viennent d'être rattachéesà celles des

montagnes

Rocheuses.

Les

Jésuites s'y partagent plus de 10.000 catholiques avec les pères

Béné-dictins.

A

ces missions indiennes des Etats-Unis, ajoutons celles

du

Canada, Rentrés en 1842 sur cette terre autrefois témoin des labeurs héroïques des

Brébeuf

et des Lallemand, des Jogueset des

Chaumonot,

ils s'étaient sans tarder mis en quête de ce qui pouvait rester de sauvages sur les bords des grands lacs

et'

du

Saint-Laurent.

Là comme

ailleurs lespremières stations ont

disparaître devant le progrèsincessant delacivilisation et desblancs.Aujourd'hui le centre des

œuvres

indiennes con-fiéesauxJésuites canadiensest dans l'ilé Manitouline (lacHuron).

lyiais les

Peaux Rouges Odjibwées

sont loin d'absorber toute

l'activité des missionnaires.

Eux

aussi, les blancs,' réclament leur large part de soins et de travaux. Il faut s'occuper des cliasseurs, mineurs,fermiers, bûcherons, ouvriers detoutesorte, épars le long du. Central Pacific Railivay

ou

au fond des forets. Paroisses flottantes, qui exigent

du

prêtre une vraie vie de

nomade,

toujours encanot surles rivièresou entraîneaux sur la neige, à la recherche de sesouailles. Il faut aller re-lancer les

moindres

groupesà de grandes distances, porterles sacrements aufond des bois, à des

âmes

qui, sans cela, n'en-tendraient jamais parler de Dieu, retourneraient à l'infidélité

ou

seraient-la proie des protestants. Profit

médiocre

en appa-rence,

abondance

de croix. « Mais quoi, disait

un

mission-naire, le travail

ne

serait point fait, si

nous

n'étions

pour

le faire, car dans ce désert, iln'y a pas d'autres prêtres

que

nous, n

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 37-40)

Documents relatifs