Il y a aujourd'hui dans la Rhodésiahuit églises avec leurs annexes. Ecoles et hôpitaux sont tenus par les religieuses Dominicaines allemandes.
On
amême
fondéune
Trappe,Monte
Casino,pour donner
aux noirs l'exemple et le goûtdu
travail.
En
1903,on
comptait 636 catholiques d'origine euro-péenne, 1328noirs baptisés etISO catéchumènes.A
ces chiffres,il faut ajouter
ceux que
fournissent les missions cafres établies dans la coloniemême
du Gap, autour des résidences etdu
collège. L'ensemble donnait en 1906 le total de 3.504fidèles.Le
personnelcomprend
en tout 46 prêtres, 30 frèresetune
cinquantaine de religieuses.Maisdéjà l'onse
demande
ceque
sera l'avenir, et l'avenir très prochain de cette jeune colonie et de son église improvisée.C'est une histoire qui s'ouvre, et dont à peine la première page est écrite.
La
préfecture apostoliquedu Haut Zambèze
s'étend sur lesdeux
tiers de la Rhodésia; 1200 kilomètresdu
nord au sud et 700 de l'est à l'ouest. Jusqu'à ces dernierstemps
elle avaitdû
confiner son action dans l'anciendomaine
deLo
Bengula, au suddu
fleuve. Mais voilàque
lefameux chemin
de fer qui doit relier leCap
et l'Egypte, aprèsavoiratteintBulawayo,
puis leZambèze
près des chutes Victoria, a franchi le fleuvel'Afrique australe 7S
et pénétré versle nord jusqu'àplus de 600 kilomètres. Sans
au-cun
doutela civilisationeuropéenne
va encore se précipiter de ce côté.Le
pays est riche, le climat est bon, l'on signale desmines
de diamant, de cuivre,de
plomb. Il y a bientôt 30ans, les missionnairesavaientpoussé une
pointe dece côté, et visité lesBarotsé.Le temps
estvenu
de reprendrelesprojets d'autre-fois et de devancer les protestants sur ces terres encore àpeu
près vierges.En
1905,deux
stations ont été fondées chez les Batongas par les PèresMoreau
et ïorrend et ont déjàdonné
quelques résultats.TV
La
missiondu
Bas-Zambèze, constituée en 1889, n'apour
ainsi dire pas d'histoire. Si
nous
voulions en rédiger lachronique, les épisodes à euregistrer seraient de
ceux
qu'on rencontreà chacfue pas dans les chrétientés noires d'Afrique: l'arrivée de nouvelles recrues, pères, frères, religieuses;une
famine,une
épidémie,une
révolte d'indigènes; la lutte continu-elle, à force de quinine, contre la fièvre qui prendau
mis-sionnaireun bon
quart de sontemps
; les morts prématurées, etdanscertains cas,non
sans gravesoupçon d'empoisonnement
;les progrès dans la connaissance
du
pays, lieux, climat, saisons, permettant demieux ménager
sesforceset défaire plusdebesogne
avecmoins
de risques; les rapports facilesou
tendus avec les autorités coloniales; les modifications dans l'apostolatimposées par la pénétration progressivedu
pays par la civilisation euro-péenne. Il faudrait signaler encore les longs et pénibles tâtonnements des premières années, les postes fondés, puis détruits par des voisinsremuants
ouabandonnés comme
inféconds
ou
par trop malsains. Il y aurait surtout à dresser par année la courbe lente mais ascendante de la chrétienté qui grandit,un peu
par les conversions d'adultes,beaucoup
plus par les naissances et les rachats d'esclaves. Là,comme
partout, les
œuvres
scolaires sont le seul espoir sérieux de l'avenir.En
théorie, ledomaine
de la mission s'étend sur toute la colonie,du
cap Belgado à Delagoa Bay,comme
qui dirait, à76 CHAPITRE"111
vol d'oiseau, de Marseille à Berlin, et, en remontant le
Zambèze,
de l'emboucliure du fleuve ùZumbo. Immense
teri'i-toire,où
vivent des millions d'idolâtres et demusulmans. Sur
cette,large étendue sombre, à peine si quatre
ou
cinq postes chrétiens l'ontune
tache lumineuse. Ils jalonnent le cours duZambèze
surune
longueur de plus de 800 kilomètres.On
avait essayé, dans les premiers temps, d'avoir quelques stations, dans la partie sud, au Sot'ala, et l'on fonda (1890)le poste d'Inhabamé. L'endroit était cher au
cœur
des Jé-suites, car leurs anciens Pères avaientun moment
travaillé là.De
plus,on
espérait par ce côté pouvoir atteindre les tribus guerrièresdu
Gazaland, chez lesquelles étaitmort
lePère
Law,
et exécuterune
partie des plans primitifs du.Père
Depelchin. Les résultats furent si maigres qu'on dut y renon-cer, et l'on préféra concentrer ses forces dans la seule valléedu Zambèze.
Là,
on
se trouvait en pays connu. Depuis trois cents ans, les Portugais y entretiennent de petites garnisons et y font lecommerce. On
y rencontre des ruines d'églises et de cou-vents, et quelques groupes de noirs soi-disant chrétiens. Les Gafres infidèles de la région sont en général pacifiques. Intel-ligences enfantines, ils vivent d'une religion très élémentaire, soumis à l'autorité despotique des devins. Ils sont polygames.On
a ])u, dans les quartiers oii l'influenceeuropéenne
se fait eflicacement sentir, supprimer àpeu
prèsl'esclavage etla traite des noirs. Mais si l'on s'éloigne,on
entre dans l'affreux paysoù
la puissance des chefs est sans contrôle, et où ils font leur plus clair revenu de la vente de leurs sujets.Lutter de front contre l'odieux trafic, les Pères étaient trop faiblespour y songer. Restaitàracheterleplus possible d'enfants, à les élever et à en faire de
bons
chrétiens. C'est l'œuvre qu'on poursuit toutspécialement au grandorphelinat deBoroma
;'etlàles fruitsobtenus
dédommagent amplement
lesmissionnaires de leurs fatigues et de leurs fièvres.Les
négrillons sïm-prègnent facilement d'esprit cbrétien.Leur
àine s'ouvre à la piété et au goût des.choses religieuses.On ne
parvient pas à tuer eneux
l'indolence qui est dans leur sang, maison
la combat, et les Gafres finissent par se plier à la loidu
tra-l'afrique australe 77
vail.
La
mission les transforme en maçons, charpentiers, jar-diniers, typographes.Les stations actuelles
du Bas-Zambèze
sont, en remontantla vallée, Quilimané, Cliupanga,
Boroma
etZumbo. On
porte à oou
600.000âmes
la populationtotaledu Mozambique
: sur lenombre,
il n'y a pasbeaucoup
plus de 3.300 catholiques, euro-péens y compris.Parmi
eux travaillent 36 missionnaires de laCompagnie,
dont 16 prêtres.Eux
et leurs confrères de la,Rhodésia attendent le jour, qui n'est ])eut-être pas loin,