des païens, il sacrifie à Dieu les charges en
même temps que
104 CHAPITRE IV
les joies de la famille. Il poursuit sa lâche jusqu'au bout,
ne
pensant ni à l'établissement de ses enfants ni à sa retraite.Ilavance d'un pas assuré vers l'avenir, les
yeux
fixés auterme du
voyage, le ciel,où
son Dieu l'attend.«
Heureux
les forts à qui Dieu accordeune
telle grâce! Si nousne sommes
pas de cette taille,ne nous bornons
pas à admirer et à passer outre : rendons leur pleine justice. » (1)(1)JournaldesMissions Evangéluntes. Nov. 1900. LettreduRév. E. Péchiii.
Ambohibeloma, 8sept. 1900. L'auteur ajoute que le P. Laboucarie est une exception ; ne serait-ce pas qu'il n'a vu de près que ce Jésuite-là?
L'Océanie
CHAPITRE Y
L'OGÉANIE
I
En
1830, le préfet apostolique de la Réunion,M.
de Solages, de qui dépendaitMadagascar, et les petites ilesmalgaches, avaitpour domaine
illimité les «Ilesdu
sud «,autant dire l'Océanie,une
moitié de l'hémisphère austral. Bientôt cette église dis-proportionnée sedémembra
et l'on eut successivement le vica-riat del'Océanie orientale ('1833), celui d'Australie (1834), l'Océa-nie occidentale (1836).La Compagnie
de Jésusne
futpour
rien dans l'évangélisation de ces terres lointaines.Au moment
oii elle était rayéedu nombre
des ordres religieux, grandes iles et archipelsdu
sudcommençaient
à peine à se dessiner sur les cartes. L'année 1826marque
le première apparition des prêtres catholiques en Polynésie: ils appartenaient à la congré-gation de Picpus, et se fixaientaux
iles Sandwich. Puis vin-rent les Pères Maristes.Quant
à l'Australie, colonie pénitentiaire anglaise depuis 1788, elleresta obstinémentfermée aux
missionnairesk papistes» durant plus de 30 ans.Des
prêtres irlandais,venus
en 1798 au secours de leurs compatriotes déportés, furentimmédiate-ment
contraints de repartir.En
1818,un
autre prêtre,envoyé
par le Saint-Siège, accueilli d'enthousiasme à Sidney par les colons catholiques libres, fut jeté en prison, etrembarqué
de force sur le premier navire qui fit voilepour
l'Angleterre.A
cemoment,
dans toutes les colonnies britanniques, sévissaitune
crise aigûe d'antipapisme. Enfin, en 1820,on
autorisadeux
prêtres irlandais à se fixeren Australie.Ce
fut le début108 . CHAPITRE Y
(l'une mission qui, douze ans après, pour 20.000 catlioliques,
ne
comptait encoreque
trois prêtres,une
église inachevée,deux
misérables chapelles et quatre écoles, mais qui aujourd'hui^autour de ses trois archevêques, dont
un
cardinal, et de ses quatorze évêques,groupe
1.400 prêtres, 5.500 religieuses, et plus d'un cinquième de la population, 1.100.000catholiques.Dans
les archipelsdu
nord, Insulinde, Moluques, Philippines, Mariannes, Carolines, la foi étaitbeaucoup
plusanciennement
connue. Conquérants catholiques, les Espagnols et lesPortugais s'étaientconsidéréscomme
tenus en conscience deplanter partoutla croix. Poui'
nous
borner à la part qui, dans cet apostolat, revient aux Jésuites, c'esten 1346 que
Saint François Xavier avait ouvert lamission des Moluques.En
1582, sur les pas des Augustins, Franciscains, Dominicains, les llls de Saint Ignace avaient paruaux
Philippines.De
là, ils rayonnaient dansles Ma^riannes, les Palaos, lesCarolines,
semant un
peu partout leurs martyrs. Depuis, la mission desMoluques
avait disparu devantla conquête hollandaise. Ailleurs, sous le drapeau espagnol
on
fut plus heureux,et, lorsqueles Jésuites furent contraints de quitter leurs florissanteséglises de
Luçon
et de Mindanao, s'il y eut des ruines, elles nefurent pas irréparables.Vers
le milieu deXIX"
siècle, ils reparurenten
Océanie et les dates suivantesmarquent
les principales, étapes de leur apostolat :1849.
En
Austrahe, arrivée des Jésuites autrichiens dans lediocèse d'Adélaïde.
1859. Retour des Pères espagnols aux Philippines.
1863. Arrivée de Pères hollandais à Batavia.
1865. Fondation de la mission irlandaise à Sidney.
J882. Essai de mission chez les aborigènes
au nord
del'Australie. , ..
Il
La
première fondation australienne futdue
àun groupe
d'émigrants silésiens. Elleremonte
au milieudu
siècledernier.A
celte époque, la colonie de la South Australia, chef-lieu Adélaïde, sortait à peine de l'enfance. Ec'airéspar l'expérience des colonies voisines, systématiquement,on
avait exclu lesl'océanie 109
déportés, qui, la chose était Glaire,
une
lois libérés,ne
four-nissaientque
de médiocres colons etun
fond de population sans moralité,. Donc, rienque
des émigrés, petitspropriétaires, fer-miers,marchands
de blé, sérieux, bons travailleurs, prenant àcœur
le progrès de leur patrie nouvelle. Puis, après ladécou- ,verte de riches gisements- de cuivre, vinrentles
mineurs
etles artisans. Il y eut,comme
toujours, des années dures, mais elles passèrent; et, vers 1848 la South Australia était entrée déhnitivement dans une période de prospérité. L'afflux des étrangersne
ralentissait pas.Alléché par les belles
promesses
des prospectus,un
fermier siiésien, Francis Weikert, eut l'idée d'aller là-bas fonderune
petite colonie catholiqueallemande. Il avaitquelques ressources.
Il parvint à grouper 130 comi)atriotes. Mais il
ne
voulait pas partir sans être;sûr de retrouver, dans l'autre hémisphère, les secours religieux indispensables. Les évoques auxquels il s'adressa ne purent rien faire pour lui.Le moment
n'étaitpas encorevenu où
des paroisses entières, curé en tête, devaient s'embarquer pour la « plusgrandeAllemagne
», éparse aux pays d'ontre-mer. Il se tourna vers les Jésuites.Une
dispersionmomentanée,
lors des agitations de 1848, ayantdonné
du loisiraux
Pères autrichiens, quelques-uns étaient partispour
le Brésil ;deux
autres .se mirent à la dispo-sitiondu
Siiésien, et, le 8décembre,
colons et missionnaires, débarquaient à Adélaïde. L'évèque,Mgr Murphy,
les reçut à bras ouverts. Ils se. tixèrent à 80 millesau
nord, dans les en-virons de la ville de Clare.La
première résidence des Jésuites fut lecamion
de Francis Weikert, privé de ses roues et posé à plat sur le sol.On
y vécut longtemps dans la misère.Weikert
était malade, ses ressources épuisées ;ses.compagnons
d'émigration qui devaient l'indemniser des fraisde transportet d'établissementnetenaient pas leurs engagements.Un
desdeux
prêtres, vite épuisé, dut regagnerl'Europe, le père Kranewitter resta seul.On
seraitmort
de faim, sans.deux
frères coadjuteurs,nou-veaux
venus, gens solides et pratiques,qui défriclièrentle sol,semèrent, plantèrent, tirent la moisson,allaient au marché, à 25 milles de là,
vendre
le beurre et les œufs.En
1851,quand on
110 CllAPITRE V
se décida à choisir
un
séjourmoins incommode,
tout lemobilier de lamaison
put tenir dansune
brouette.En
souvenir deRome,
et à cause de l'aspect desenvirons,la résidence fut appeléeSevenhills, les« sept collines».
Ce
l'utle centre d'un apostolat très absorbant ettrès pénible. Il s'agis-sait de visiter sans relâcheles catholiques éparpillés. Territoire
immense
:ill'allaitallerleschercherjusqu'à centmillesdel'égiise;et pas de routes.
Les
Jésuites étaient les seuls prêtresdu
quartier. Ils ont été, en ce coin de l'Australie,'les premiers pionniers de la foi, au prix de quels labeurs, Dieu seulle sait.Mais les populations ne l'ont pas encore tout à fait oublié.
« Il y a quelques
mois
seulement, racontaitun
missionntu're en 1902,jedemandais
àun
vieil Irlandais d'Â.delaïde, qui avait longtemps vécu danslenord, s'ilse souvenaitdu
\K Pallhuber.—
Le
Père Pallhuber?me
dit-il d'une voixémue;
voyez-vous, matin et soir, touslesjours dema
vie, je priepour
le repos de l'âme jlema
pauvre mère, et chaque fois je lui associe lenom du
P. Pallhuber. »Depuis, la mission s'est agrandie, lespostes et les
hommes
se sont multipliés.Avec
letemps
aussi, le clergé séculier s'est constitué, les Jésuites ontpu
se retirer des paroisses qu'ils avaient fondées et laisser à d'autres des ministèresmoins en
rapport avec leur Institut. Aujourd'huitoutes leursœuvres
sont groupées autour dedeux
centres,Norwood
dans la banlieue d'Adélaïde, et Sevenhills.Il y avait dix-sept ans
que
les Pères autrichiens travaillaient dans la South Australia, quand,-en
1865, leur confrèresirlan-"
dais parurent à Melbourne.
Cette fois, ce qu'on leur demandait, c'étaitde collaborer
aux œuvres
d'enseignement.Depuis plusieurs années,
pour
suttire aux besoins crois-sants des diocèses, les évoques faisaient appelaux
ordres religieux d'Europe. Il y avait tant à travailler dans l'étrange })opulat.ion de certains états! Celledu New
SouthWales
s'était recrutée en partie chez les déportésdu
XYIIl" siècle : l'im-moralité, le blasphème, la violence, l'incrédulité y prenaient desformes
inouïes. Or, loin dedemander à
la religion son appui dans l'iBuvre de moralisation qui s'imposait, dès 1866,l'océanie
Mi
le
gouvernement
de Sidney, athée par principes, enlevaitaux
écoles confessionnelles leurs subsides et inauguraitle système, neuf alors, des écoles officielles neutres.On
allaitmoins
loin dans l'état voisin de Victoria. Mais la «période de l'or « ouverte en 'JSSl, y avait jeté par tous les
chemins
des flots d'émigrants, trop souventgens
sans foi ni loi. Surlenombre,
il y avait des catholiques dout il fallait se préocuper.
Devant
ces besoins urgents,on
conçoit les inquiétudes de l'Episcopat.Il fallait organiserl'enseignement catholique à
tousses
degrés.Aux
Jésuitesondemanda
d'ouvrir quelques collèges.Déjà, depuis 1856, ils avaient
un
pensionnat à Sevenhills.En
1865, le premierévêque
de Melbourne.Mgr
Goold, attira chez lui les Jésuites irlandais. Il les chargea de releverun
petit a boarding school » qui végétait.
En même
temps, illeur confiait le district de
Richmond,
englobant les importants faubourgs deKew
etdeHawthorn. Le
collège débordantd'élèves,il fallut en
1898
le transporter àKew. On
y était alors en pleinecampagne,
presque enpleine forêt :on
y est aujourd-hui en pleine ville. Cettemême année
1878, sur les instances deMgr Roger Beda Vaughan,
0. S. B., une autremaison
futouverte à Sidney etune
autre paroisse de banlieue confiée auxJésuites.En
1883, nouvelle fondation. Si legouvernement
austraUen se désintéressait des noirs aborigènes, ne souhaitant qu'une chose, s'en débarrasser le plus vite possible, les évoques catholiques eussent bien voulu les sauver,eu
faire deshom-mes
et des chrétiens.La
chose n'était pas irréalisable: les Bénédictins,dans leur abbaye de laNouvelle Nursie étaient làpour
prouver qu'avecdu
zèle, de la patience etdes ressources, le salut des nègres australiens n'était pasune
chimère.Rien
n'avait encore été essayéen
ce genre dans les régionsdu nord
etdu
nord-est.Or, dans le Northern Territory, près de la baie de Palmerston, il y avait des indigènes de race
un peu moins
abjecte qu'ailleurs. C'était au diocèse de Victoria, qui n'exista jamaisque
sur le papier. Sur lademande
de l'administrateur,Mgr
F. Quinn,èvêque
de'Brisbahe, les Jésuites autrichiensdela South Australia, acceptèrent de tenter l'entreprise.
On
412 CHAPITRE V
pouvait, semblait-il, y essayer à
nouveau
lesystème des réduc-tions, qui avait fait la prospérité du Paraguay.La
mission dura 17 ans. Mais, après des difficultés sansnombre,
des ruines, desdésastres, desrecommencements,
des apparences de succès, tout croula.Une
terribleinondation détruisitfermes
et écoles.Désormais que
faire? Oîi trouver ce sans quoi il était inutile de rien essayer,un
large terrain assez fertile, mais à l'abri des inondations, à pi-oximité des tribus, à distance des blancs, à distance surtout des émigrés chinois, dont l'effroyableimmoralitéest laterreur du missionnaire? L'expéri-ence était faite en ce quartier, cetteheureuse
région n'existait pas.Du
reste,peu ou
pas d'encouragement efficace de lapartdu gouvernement
: à ses yeux, le noir n'a qu'un droit, celui de disparaître.L'œuvre
détruite sera reprise sans doute, mais pard'autres ouvriers.Les
Pèresdu Sacré-Cœur
d'Issoudun qui déjà évan-gélisent la Nouvelle-Guinée viennent d'être chargésdu
diocèse australiendu
Victoria-Palmerston, et par conséquent des noirs aborigènes.Les deux
missions d'Australie, autrichiennetlans les diocèses d'Adélaïde et de Port-Augusta, irlandaise àMelbourne
et à Sidney, sont aujourd'hui fonduesen une
seule dépendant de la province d'Irlande. Ellecompte
dix maisons dont quatre collèges, et 84 religieux dont 63 prêtres.III
Montons
vers le nord.Gomme
l'Australie, les colonies hollandaisesdu monde
malais furent lentes à s'ouvrir devant l'apostolat catholique. Evangé-lisée d'abord par les prêtres portugais. Jésuites, Dominicains et Gai'mes, cetteimmense
région de grandes îles et demenus
archipels, possédait, dans les premières années
du
xvn"-' siècle d'asseznombreuses
chrétientés. Sumatra, Macassar,Ménado,
Florès, Solor, Timor, Banda,Amboine,
Ternate, Tidor, Morotaï,une
foule d'autres terres, avaient reçu lasemence
évangélique.En
bien des endroits elle avaitgermé
et s'était épanouieen
fleurs de martyre; car, en
même temps que
le christianismel'océanie 113
yfaisait son
œuvre
sous le drapeau portugais, l'Islam y menait vigoureusement sa propagande. Vint la conquête hollandaise;tout disparut. L'Insulinde se retrouva, au bout de quelques années, terre absolument païenne et
musulmane. La
vie chré-tienne ne se conservaque
dans lesdeux ou
trois îles restées auxmains du
Portugal. Partout ailleurs, interdiction formelle aux missionnaires papistes de semontrer
et d'exercer leur ministère,môme
en passant. Il y allait de la prisonou
de lamort.
La
détiance s'étendaitmôme aux
pasteurs protestants.Libre à
eux
demoissonner
dans lechamp
d'autrui, de trans-former, sansen
avoirl'air, les chrétientés « papistes» en églises réformées, mais il était interdit de faire des prosélyteschez les jnîidèles, surtout chez lesmusulmans.
Il importait,disait-on, de ne pas exciter le fanatisme de ces derniers ; et,pour
ce qui est des autres,-on voulait les maintenir dans cette demi-sauva-gerie qui les prédisposait assez bien à l'obéissance passive et à l'esclavage.Quant aux
catholiques européens, s'il s'en trouvait à Java,ou
ailleurs, personrie n'avait le droit de venir s'occuper d'eux.En
1808 seulement,un peu
d'air, futdonné
à la colonie.On
avaitproclamé
la liberté des cultesen
Hollande.Le
roi Louis-Napoléon retendit aux Indes.Immédiatement
quelquesprôti'es partirent
pour
Batavia.En
1842, lenombre
des tidèles avait assez augmenté,—
presque tous européens— pour que
la mission pCit être constituée
en
vicariat a^jostolique. Elle s'étendait à tout l'archipel malais, de la pointeextrême
deSumatra
à la Nouvelle Guinée, des Philippines à l'Australie, 4.000 kilomètres de l'est à l'ouest, et 1.500du
nord au sud, avecune
population estimée en gros 30,000,000 d'habitants : toutes les races, purs sauvages cannibales etcoupeurs de têtes, malaismusulmans,
émigrants chinois, colons européens; toutes les langues, toutes les religions, toutes les couleurs, tous' les degrés de civilisationou
de barbarie. Et, dans cette Babel, àpeu
près 1.200 catholiques européens.Mais
en
18S9, ce tout petit troupeau, s'augmenta d'un assez fortnoyau
de chrétiens indigènes.Le
Portugal, incapable d'admi-nistrerlesdébris qui subsistaienteu
ces quartiersde
son ancien empire, en vendaitune
partie notable à la Hollande. Ilne
se114 CHAPITRE Y
réservait
que
la pointe septentrionale de Timor.Le
reste del'île. Florès, Solor et les îlots voisins, furent cédés; mais on ymit cette condition
que
lenouveau
maître succéderait à l'an-cien Jusque dans ses charges et qu'il subviendraitaux
fraisdu
culte catholique.La
clause fut acceptée et l'on se miten
quête de missionnaires.Peu
après 1863, lapropagande
confiaitce
champ nouveau aux
Jésuites hollandais.Depuis ce temps, la
moisson
évangélique a lentement grandi sans autres épisodes notablesque
les fondations nouvelles, les postes établis ou supprimés suivant lesbesoms,
les succèssco-laires, le progrès des églises
amenant
ledémembrement
gradueldu
vicariat.Une
chosenous
intéresse par dessus tout ici: les conditioTis spéciales faites à l'apostolat.Pour
ce qui est des Européens, et aussi des émigrants chinois, la liberté est lamême
qu'en Hollande, complète.Parmi
les Jésuites qui s'occupent d'eux, plusieurs sont consi-déréscomme
curés,émargent
au budget et reçoivent lemême
traitement
que
les ministres protestants.En
ce milieu colo-nial, le catholicismegagne
tous les jours ennombre
et sur-tout en considération. Certains missionnaires se sont acquisune
grande popularité, et cela jusque dans lamère
patrie, par leur belle conduitecomme
chapelains militaires, lors des rudes guerres d'Âtjeb et deLumbock.
Cette
marche en
avantde l'Eglise romaine, les rivaux le cons-tatent et s'en plaignent.En
188d, dans un congrès des sociétés protestantes de Batavia, les ministres ne pouvaient s'empêcher d'en faire l'humiliant aveu. Les affaires de leur église n'allaient pas.Le
rationalisme les envahissait.Leur
troupeau s'éloignait de plus en plusdu
christianisme. LesEuropéens
étaient les premiers àameuter
les indigènes contre les missionnaires pro-testants, à s'enmoquer
devant les chefs.du pays.Au
lieu de cela, voyez l'église deRome
: «On ne
peut le nier, ses progrès sont alarmants.Fortement
uniscomme
la phalange macédo-nienne, les catholiques vont de l'avant, gagnant victoire sur victoire... Eglise véritablementune;
elle n'a qu'une doctrine;ses prêtres et ses ministres
ne
se contredisent pas entre eux...Leur
organisation est très supérieureà la nôtre «;... et le reste qui pourrait se dire de n'importe quelle mission catholique.l'océanie
m*
L'orateur faisait ensuite l'éloge des missionnaires et de leur désintéressement. «
De
plus, ajoute-t-il, l'Église,romaine ne
distingue pas entre l'église et la mission (l'église protestante officielle estpour
les Em^opéens,la mission pourlesOrientaux).Elles'adapteà.tous. Elleconcentre ses énergies sur la jeunesse.
Elle a des écoles dans toutes les villes d'importance, et, ces écoles, d'après tous les comptes-rendus, sont admirables. Elles ont l'estime générale. Les protestants n'hésitent pas à envoyer leurs enfants dans les couvents. Les religieuses font l'éduca-tion des tilles qui leur sont confiées, avec
un
tact merveilleux.Il est rare de trouver
une
de leurs élèves qui parle d'elles sans émotion.Le
zèle des prêtres catholiques romains dans les hôpitaux et prisons est au-dessus de tout éloge.L'armée
estunanime
à louer leurardeur etleuresprit desacrifice.Voilà pour-quoi legouvernement
les favorise tant. Ces prêtres, pleinsdu
courage de leurs convictions,on
les voit partout. I-*artout lenombre
de leurs convertis grandit. »Ce
n'estdonc
pas seulement la liberté, c'est la sympathi'eque
les Jésuites hollandais trouvent chez les autoritf^s.Auprès
des indigènes, la liberlé n'a pas toujours été aussi complète.Un
principe a longtemps prévalu, celui du pre-mier occupant. Sans assez tenircompte
du droit des con-sciences,uniquement
soucieux d'éviter des contestations entre églises, et de supprimer dans leursgermes
toutes les afïaireset tous les litiges,
on
avait posé cette loi rigoureuse : inter-diction d'entrer sur ce qui était considérécomme
le terrain d'airtrui.Les
protestants étaient-ils installés dansune
ilc, le prêtre catholique n'y pouvait aller, et réciproquement.Une
terre était-elle encore inculte, le premier missionnaire qui s'y présentait et y fondait
une
chrétienté, y était désormais le maître ; il y avait, lemonopole
de l'apostolat: les sociétés rivalesen
étaient désormais exclues.Peu
àpeu
cependant ia rigueurdu
principe s'est relâchée.En
dépit des protestants,*on
apu
^s'occuper des catholiquesdu
Minahasa, et la mission y est florissante.Mais c'est envertu de cette exclusion
que
lesMoluques, terre jadis sanctifiée par Saint François Xavier,redevenues
infidèles,Mais c'est envertu de cette exclusion