col-lège. Les Jésuites allemands étaient à
Bombay,
ceuxde
Bel-gique au Bengale, les Frani;ais de Toulouse auMaduré,
et,au
Mangalore, des Italiensde
Venise.En
-1886,un
grandchangement
eut lieu dans l'église des Indes. Les années précédentes avaient été remplies par de pénibles négociations entreRome
et le Portugal.Rome
voulait en finir avec une situation équivoque et parlait de supprimerpurement
et simplement la double juridiction.Le
Portugal ré-pondait par desmenaces
de rupture.Heureusement,
ces me-naces ne trouvaientaucun
écho chez l'archevêque de Goa, D.Ayres d'Ornellos e Vasconcellos, pieux prélat tout absorbé par
la grande
œuvre
de laréforme
dans son église.Enfinles pour-parlers aboutirent; après d'importantes concessions de part et d'autre,un
concordat fut signé, plus respectueux des droits du Saint-Siège et qui,du
vieux Patroado, maintenait ce qui n'é-tait pas trop en contradiction avec les circonstances présentes.La
hiérarchie était organisée. L'archevêque deGoa
l'ecevait le titre de patriarche des Indes : il avaitpour
suft'ragants les évoques de Cochin, deDamaun,
de Mylapore, sur lesquelsLES INDES 177
s'exerçait directement ledroit depatronat.Les vicariats
devenus
évêchés étaientgroupésen
provinces.Deux
des diocèses confiésaux
Jésuites se trouvaient alors tranvsformés en archevêchés: Calcutta etBombay. De
ce dernier siègedépendait Poona. ïrichi-nopolyétaitrattachéà PondichéryetMangaloce à Vérapoly.Dans
la suite(1893)
un
autrearrangement
a prévalu. Les provincesont, autantque
possible,réuni les missions appartenant àune même
congrégation.; Pondichéry, celles des Missions étrangères;
Agra
celles des Capucins : Vérapoly, celles des Carmes. Les diocèses confiés
aux
Jésuites, sauf Calcutta, relèvent deBom-bay.
Le
concordat de 1886ne
supprimait pas toutes les causesde conflit. Bien desditticultés pouvaientsurgir, par exemple, dudroit réservé au Portugal de présenteraux
siègesdeBombay,
Man-galore, Trichinopolyet Quilon.Mais surtoutla double,juridiction n'étaitque
restreinte, elle subsistait.Dans
les diocèses de Trichinopoly,'deBombay,
de Poona, il y avait toujours des enclavesgoanaises.Aux
évêchéssulïragantsde Goa,l'on avaitdû
tailler des territoires, et naturellement aux dépens des anciens vicariats.
Le Maduré
perdit ainsi le Tanjore etledelta méridionaldu
Cavery,donnés
à l'évêque de Mylapore, qui, par ailleurs, conservaitquatorzeéglises ôparses dans la missiondes Jésuites.Tel est le régime
nouveau
sous lequel on vit aux Indes depuis vingt ans.11
nous
fautmaintenant passer en revue les divers diocèses, dont nous avons raconté l'origine,pour en
diresommairement
les œuvres, le progrès, la physionomie.
VI
La
mission des Jésuites allemands s'étend sui- toutela pré-sidence deBombay.
C'estune
longuebande
irrégulière etdécoupée
quicommence
au nord, en dehorsmême
des Indes, à la frontière afgane, traverse le Béloutchistan,comprend
le basIndus, le Sind, le Guzérat, se rétrécitpour
faire place, le long de la mer,aux
ê)nclaves goanaises deDamaun. Au
1-2
178 CHAPITRE VII
dessous de l'île de
Bombay, commence
le diocèse de Pooria, qui suit la côte deKonkan,
et se termine à .l'archidiocèse de Goa.Sur
ce vaste territoire, long de 1.600 kilomètres, s'éparpil-lentune
quarantaine de postes, servant de centrechacun
à dixou
douze succursales. Villages indigènes, résidences d'au-môniers militaires, paroisses bigarrées d'Angio-Indiens, d'Indo-Portugais etde purs Hindous.La
mission enregiste aujourd'hui 17.242 chrétiens au diocèse deBombay
et 16.186 à Poona.En
tout 33.408. Il en avait 24.695en
1890, 15.000 en 1820,8000
en 1800.La
missionadonc
quadruplé en cent ans. Mais ces chiffres sont loin de représenter toute l'église catholique en ces quartiers. Les enclaves goanaises n'ont pasmoins de
70.870 iidèles, soit 104.278 catholiques surune
population de 21.000.000 d'habitants.Nous
nesommes
pas là au pays des conversions en masse, par castes et villages. Partout il faut lutter pied à pied.Le
missionnaire doit être, doublé d'un controversiste, être prêt à écrire dans les journaux, à opposer conférences à confé-rences, car la rivalité protestante est fort accentuée..Les ido-lâtreseux-mêmes
sont plus « intellectuels «qu'ailleurs, et il
serait
bon pour
le prêtre catholique d'être par surcroit india-niste de profession.Gomme
ailleurs, plus qu'ailleurs•peut-êtreaux
Indes, J'œuvre capitale est l'éducation. C'estelle quidonne
à la mission deBombay
sa physionomie.Nous
avons dit les originesdu
col-lège Saint François.En
1870, il avait 450 élèves, en 1880, i!avait plus
que
doublé.En
1907, les cours d'Université {collège department) comptaient 275 étudiants, des infidèles engrande
partie.
Le
collège secondaire (high-school) avait1470
enfants, pour la plupart chrétiens indigènes.En
tout1745
élèves de tous pays et de toutes races : Européens, Eurasiens, Parsis, Juifs, Goanais,Musulmans,
Hindous.Les autres collègesdelamission sont plus exclusivement recru-tés chez les catholiques. C'est Saint Mary, de. Mazagon, dans
un
faubourg deBombay,
l'orphelinatde Bandora, SaintVincent de Poona, Saint Patrice deKarachi, avec respectivement, 500, 690, 298, 306élèves.En
tout plus de 3500 jeunes gens etenfantspour
LES INDES 179
l'enseignement secondaire. Les jeunes tilles ontausside grands pensionnats, orphelinats
ou
externats, àBombay, Poona ou
Ka-rachi.
En
bloc, lapopulationscolaire desdeux
diocèses, à tous ses dégrés,dépasse le chiffre de'10.000.Chacun
de .ces grands collèges estun
centre de vie chré-tienne, autour duquel se groupent desœuvres
variées. Ainsi Saint François-Xavier apour
annexesune
imprimerie, la rédac-tion de plusieurs journaux^une
société de saint Vincent-de-Paul.Cette dernière,recrutée chezlesHindous
surtout,a,depuisun
demi-siècle, infusé à lacommunauté
catholique la sèvereli-gieuse qui lui manquait.
A
ce point de vuedu
progrès intérieur, plus importantmême que
les conversions, celui là seulmesurera
le bien opéréen
cinquante ans, qui se rappelle d'où l'on était parti.« Pouvez-vous, disait, il y a
une
dizaine d'années,un
catho-lique influent deBombay,
M. d'Àguiar, dans une réunion publique,vous
surtout, les jeunes gens, qui avez l'expérience de l'éducation religieuse, vous faireune
idée de ce qu'était notrecommunauté
en ce temps-là ? J'y avais trouvé les catho-liques croupissant dans l'ignorance, la société déchirée par les dissensions religieuses, les pères contre les enfants, les frères contre les sœurs.Le
peuple, ai-je dit, était ignorant ; maisla Fraternité
maçonnique
était intelligente, active, infatigable à fomenterces dissensions, à détruire lepeu
de foi quirestait et le respectdu
clergé, àrompre
cette unité qui est l'orgueil, la gloire, le signe de tout vrai catholique. Notrecommunauté
était
tombée
au pJus bas degré de l'échelle sociale.Comme
corps religieux, elle était méprisée.
Personne
dans les églises, les offices faits avecun
sans-gène dont vous n'avez pas l'idée.Pas d'éducation. » Et l'orateur rappelait que Ms'"
Whelan, Car-me,
dégoûté deson
impuissanceà mettreun peu
d'ordredans ce chaos, s'étaitembarqué,
secouant, à la lettre, la poussière de ses pieds,comme
saint François-Xavier quittant Malacca.A un
autre point de vue, l'œuvre scolaire de la mission aune immense
importance.Ellefaitdisparaîtrepar degrésl'esprit sé-paratiste quimaintenaitleGoanaisàdistancedu
centre catholique.Maintenant encore, la double juridiction subsiste à
Bombay.
L'archevêque, dans sa ville épiscopale etdans la banlieue,
com-180 ciiAPiTui-: vil
pte à peine 7.000 liclèles. Plus de 23.000 relèvent de l'évèquè portugais de Dainaun. Mais les enfants goanais fréquHnlent volontiers lesécolesdes .lésuites. Ilest à croire qu'ils on
empor-terontune
intelligencemoins
étroite de l'iniion religieuse et des vrais intérêtsde
la foi.Le
personnel desdeux
diocèses est ainsi réparti :Bombay,
1 archevêque, SO Jésuites européens et 31 fi'ères.scolastiques
ou
coadjuteurs ; 18 prêtres sécuiiei'S indigènes (d'origine indo-portugaise). Ti'ois de ces derniers sont curés de grosses pa-roissesexcédanti.000âmes
; d'autres ont des postesautonomes moins
importants.Poona
: I évèque, 'i'iprêtres jésuites et
^
frères; 10 prêti-es indigènes. Les
deux
diocèses oiitreliennenl au séminaire de Randy, dont nous parlerons plus loin, 8 candidats au sacerdoce.VII
A
la suite fies missions allemandes deBombay,
en descen-dant la côte, on rencontre l'arcbidiocèse de Goa.Depuis leur expulsion violente du XVIir' siècle, les Jésuites n'ont pas encore été autorisés à venir s'y grouper autour
du
corps de saint François-Xavier. Toujoiu'sdominé
par les sou-venirs de Pomljai, legouvernement
portugais les autorisebien à travailler chez les noirs duZambèse
: maisGoa
leur reste interdit.Un
petit gi'oupe réside àBelgaum,
.sur la partie bri-taniquedu
diocèse, loujoiu's prêt à répondre aux fréquents appels de l'archevêque.Vientensuitele diocèsede Mangalore, longue
bande
de 335 kilo-mètres, partagéeentre leKanara au
nord et le Malabar au Sud, 3.685.000 habitants dont aujourd'hui 93.000 catholiques.Ici encore l'œuvre capitale est l'éducation.
Le
collège Saint Louis de Gonzague, ouvert en 1880 avec 150 élèves,en
avait à larentrée 1906-1907,617.Presque
tous sont chrétiens.Parmi
lesœuvres
écloses à l'ombredu
collège, il faudraitfaireuneplace aux fondations charitables du P. Muller, grand hôpital, dispen-saire, asile de vieillards, et surtout à sa léproserie Saint Joseph de Kankanadi, ouverte en 1885 et célèbre ])Oui' ses cures merveilleuses du(;s à l'homéopathie.LES iNnics 181
Le
Mang'alore est iiiipays de vieux chrétiens, un de
ceux
où la proportion des prêtres indigènes est la plus élevée. Et par delà les Gliattes, les missionnaires duMysore
jettentun
regard d'envie sur leurs voisins fortunés : «Ah
sinous
étions au Maiigalore! » disent-ils à ceuxqui leurdemandent
pourquoiils ne rorment pas plus de prêtres indiens.
En
fait, il n'y a pas plus de 19 Jésuites européens, presque tous employés au collège, au séminaire, et dans les paroisses fréquentées desEuropéens
à Mangalore, Gannanore, Tellicherry et Galicut.11 autres sont
du
pays et portent,comme
c'i:-st l'usageen
ces vieilles régions de domination portugaise, desnoms
lusi-taniens, Fernandes, Coelho, Sardanha, etc. Les prêtres séculiers, tous indigènes, sont aunombre
de 60, et se partagent les 30ou
35 paroisses.Au
séminaire Saint Joseph deKankanadi étu-dient 21 séculiers et 15Carmes
déchaussésdu
ritesyro-malabar.A
encroire certainscritiques, si l'œuvre desmissionsprogresse peu, c'est qu'on s'obstine à négliger la formation desprêtres indigènes.Eux
seuls pourraient déterminer legrandmouvement
de conversions,careux
seuls connaissentassezbien lepays pour enti'er partout et se fairecomprendre
de tous.A
cette asser-tion, la réponse est double. D'abord la formation dece clergé n'est point négligée, tants'en faut.Puisc'estune
erreur decroireque
l'existence de ce clergé répondrait àtous lesbesoins.Ge ne
sont pas les prêtres indiens quimanquent
aux diocèses de la côte occidentale. Est-ce là cependant que se font les grandes conversions?Le
Mangalorecompte
plus de 70 de ces prêtres, réguliers et séculiers. Or, dans l'année 1906,combien
y a-t-ileu d'adultes baptisés ?
—
172. Six l'ont été à l'hôpital,99au sé-minaire, 23 dans la paroisseoù
sontles missionnaireseuropéens.Les prêtres indigènes se partagent les 44 autres.
Dans
la mis-sion deCalcutta,où
ilya... 2 prêtresséculiers,dont 1Bengalais, lesbaptêmes
d'adultes se sontcomptés
par milliers.Ge
n'estdonc
pas assez d'avoir des prêtres indigènesmême
bons,même
excellents.
La
loi des conversions est de celles qui n'ont pas ici-bas leur formule adéquate.Reste
que
la formation des prêtres indiens estune œuvre
capitale. Pas
une
société de missionnaires qui nel'ait compris.Que
si les résultats ont été maigres en certains endroits, nuls182 CHAPITIIEVil
même
quelque fois, il faut en chercher la cause dans le ca-ractèremême
des indigènes, leurs conditions sociales, leur place humiliée dans la hiérarchiedes castes, la daterécente deleur entrée dans l'Eglise.Là où
l'on a été plus heureux, dans les pays devieux chrétiensparexemple, lesprêtres n'ontpasmanqué,
mais ils n'ont pas en l'humeur conquérante des missionnaires; leur tâche a été,en
général, de conserverlesterrains conquis.Ont-ils toujours été à la hauteur de leur rôle?
Non,
hélas !nous
ne le savonsque
trop, et l'humeur nationale qui entre-tient dans leur race le goût invétéré des castes,desgroupe-ments
isolés, des petites chapelles, les a souvent jetés dansle schisme.
Nous
faisons allusion surtoutaux
chrétiens ditsde SaintThomas ou
Syro-Malabars.Très intéressante église, dont l'origine se rattache à
l'anti-que
hiérarchie perse,devenue
nestorienne sans le savoir et quia eudu moins
lemérite devivredans son isolement durant des siècles, sans perdre tout-à-taitsonchristianisme. Depuisl'entrée des Portugais dans le pays, on avait travaillé avec des suc-cès divers à les rattacher à l'unité romaine. Lien toujours fra-gile; lemoindre
prétexte rejetait les catholiques en arrière, vers leurs frères séparés. Aussi, lorsqu'en 1887, fut organisé l'èpiscopat indien,Rome
jugea opportun de s'occuper des Syro-Malabars.On
leurdonna un commencement
d'autonomie enles séparant des chrétiens de rite latin. Ilsne
turent plus sou-mis à l'archevêque de Vérapolyou
à l'évêque de Cochin, sur les terres desquels ils habitaient, mais ils formèrentdeux
vi-cariats apostoliques, Trichur au nord, et Cottayam au sud.Coltayam eut
pour
titulaireun
jésuite français,Mgr
Gh.La-vigne.
Avec deux
ou trois pères de la.Compagnie, et desreli-gieux Cannés, européens et indigènes, il prit à tâche
d'inspi-rt'i' au peuple et
au
clergéun peu
d'espritcatholique etromain.Ce
travail de relèvement duraune
dizaine d'années et ne fut pas sans fruit, car les prêtressyro-malabars d'aujourd'hui sont très supérieurs à leurs devanciers. Mais la soumission à des prélats latins pesait à ces orientaux : ils ont fini par obtenir des vicaires apostoliques de leur race et de leur rite, et les Jésuites se sont retirés. C'était en 1896.Celle
même
année, tout près de là, d'autres étaient appelésLES INDES 183
à CoGhin.
La
.vieille ville portugaise, sanctifiée par les -séjours qu'y fit saint François-Xavier, estdevenue
possession 'iiritan-nique,donc
terre libre, d'où rien n'écartait plus les frèresdu grand
apôtre. Ils y rentraientpour
y jeter les bases d'un collège. Mais quatre ou cinq ans après (d901), ilsne
pou-vaient refuser à l'évêquede
s'occuper du séminaire diocé-sain. Aujourd'hui leur high-school de Santa Cruz réunit 31S externes."Le
séminaire indigèned'AUeppey
a 27 étudiants ecclé-siastiques. Il apour annexe
l'école anglaiseLéon
XIII avec360
enfants, l'orphelinat Saint Antoine etune
école industri-elle.Les
troisou
quatre pères qui surveillent toutes cesœuvres
appartiennent,comme
ceux de Goa, à la province de Portugal.VIÏI
C'est encore
une œuvre
de formation cléricale qui fit rentrer les Jésuites à Ceylan.Les.séminaires indigènes diocésains
ne
manquaient pas dans l'Inde, il y aune
vingtaine d'années. Mais touteslesmissions n'étaient pas enmesure
d'avoir le leur; le personne! manquait, ou bienun nombre
suffisant d'élèves.De
plus, là oii les sémi-naires exisUiient, ils fournissaient de précieuxauxiliaires, suffi-santspour
les besoins journaliers d'une chrétienté, mais, parla force des choses, maintenus le plus souvent dans les situa-lions, subalternes. Pouvait-on faire davantage et préparer, en vue des temps à venir,
un
clergé, rivaldu
clergé européen, capablecomme
lui,lemoment
venu, dese suffireà lui-même?Léon
XIII pensaque
l'entreprise valait la peined'êtretentée ;et, en 1890, la création d'un séminaire central fut décidée,
où
l'on pourrait venir
de
tous les points de l'Inde. Il en sorti-rait des prêtresaux
fortes études,-—
aussi fortesque
dansles meilleurs séminaires d'Europe,
—
assez européanisés•pour
n'être plus esclaves des préjugés locaux, et capables
de
rem-plir, dans les diocèses, les fonctions les plus élevées et les plus délicates.
Le
délégué apostolique des Indes,Mgr
Zaleski,avait eu la première initiative de cette fondation ; ilfut char-gé de la
mener
à bien.Une
lettre pontificale, en 1893, annon-ça à l'Eglise entière l'ouverturedu
séminaire indien.184 CHAPITKE VII
Ilsetrouve au centre
même
deCeylan,danslabanlieuedeKan-(ly.
Comme pour
répondre à de vieilles accusations, qui font (les religieux, et spécialement des Jésuites, les adversaires sys-tématiques des clergés indigènes, c'est à laCompagnie
de Jésusque
le pape avaitdemandé
les directeurs.La
province belgel'ut chargée de les fournir.
Au
mois de mai lamaison
s'ouvrit avecun
père etdeux
ou trois élèves.Au
bout d'unan, il y avait20
séminaristes. Il y en a aujourd'hui 110 avecun
corps professoral de 12 religieux.Parmi
eux, il y a parfois quelques blancs. Irlandais ou Eu-rasiens ; il y a surtout des Tamouls, des Singhalais, des Syro-Malabars, presque tous natures bouillantes, pénétrées des pré-jugés de la race.On
prédisaitque
l'œuvre n'était pasviable, qu'elle heurtait par trop les idées indiennes. Lesfaitsont don-né tortaux
pessimistes.Aujourd'hui, ces jeunes gens,decastes variées et de toute provenance, vivent de la viecommune,
à l'européenne. Ils s'asseyent à lamême
table, se passent les plats, le pain, se versent à boire, sans crainte de se souillerou de
se rabaisser. Il a fallu dutemps
i)our en venir là, et bien des luttes, mais l'esprit de piété et de foi a tîni par l'em-porter sur le vieil orgueil indien. Pas un détail du règlement(pii ne soit
un
triomphe sur resj)rit de caste.On
faisaitune
autre objection.Le
cycle scolaire était celui qui est de tradition dans la Compagnie, àpeu
près celuidu
Collège romain,deux
ou trois ans d'études secondaires, latin, grec, sciences, anglais, etc., trois ans de philosophie, quatre ans de théologie. Mais à pareil régime, ces indigènes européa-nisés ne seront-ils pas tentés de suffisance ?A
leurs ambitions, l'on donnaitun
aliment bien inutile.On
se préparaitdes auxi-liaires remuants, inquiets, toujours avides de monter, etc., etc.A
quoi l'on pouvait répondre : «Le
danger n'estque
trop réel là où- le surnaturel fait défaut.Donnons
à ces prêtres sécu-liersune
formation toute semblable à celle des reUgieux. wDe
là, chez les directeurs, le souci de maintenir l'espritd'humilité, de simplicité, de
dévouement. Avant
tout il faut avoir d'exce!--lents prêtres: les licenciés et les docteurs viendront ensuite.Mais déjà les résultats frappent les visiteurs.
Un
vieux mis-sionnairedu
Maduré, qui étaitvenu donner
laretraiteauxse-LES INDES 185
minaristes,!disait en partant : « J'irai l'annoncer à toiis les évêques del'Inde : plusieurs ont des préventions ;contre votre
œuvre.
Ilsne
la connaissent pas. Je leur dirai de venir voireux-mêmes.
»- Déjà 29 diocèses sur 36 ont eu recours au séminaire de Kandy, 57 prêtres ont été ordonnés, parmi lesquels 10 Bé-nédictins de Saint Sylvestre.
En même temps
qu'il fondait le séminaire de Kandy,Léon
XIII préparaitun nouveau
partage entre les diocèses singha-lais.De
trois, leurnombre
était porté à cinq :Colombo
(ar-cbevôcbé), Jafnapatam, Kandy, Galle et Trincomali. Cesdeux
derniers furentformés
d'unebande
de terre qui contournela partie sud et la côte est de l'île.
On
les avait pris surla partie sud et la côte est de l'île.