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conclu entre le gouvernement et les Jésuites. Et comme il

Dans le document THE UNIVERSITY OF CHICAGO LIBRARY (Page 53-57)

faut tout prévoir,

une

des clauses portait que, encas d'expul-sion, on laisserait aux bannis huit jours

pour

se retourner.

Moréno

leur ouvrit aussitôt

deux

collèges, à Quito et à

Gua-yaquil.

Des

Jésuites allemands vinrent à l'Université organiser l'enseignement scientifique. Puis

on

se préoccupa desIndiens,

Dans

ce qu'on appelait la Provinceorientale, au bas des Andes, sur le cours

du Napo

et autres affluents

du

haut

Amazone,

il y avait

une

population sauvage

nombreuse

: Indiens farouches

ou

indolents, perfides ou guerriers, parfois véritables bêtes fauves.

Les

Jésuites jadis, ainsi

que

les Dominicains, avaient

AMÉRIQUE LATINE O'I

travaillé dans le pays, et il restait quelques traces defleurs missions, des vieux chrétiens,

sommairement

espagnolisés et laissés à l'abandon. Garcia

Moréno

se considérait

comme

tenu

en

concience

de

procurer au plus tôt à ces barbaresla loi et la civilisation.

Les

Jésuites partirent

donc pour

les missions

du

haut Napo, de

Macas

et de Gualaquiza. Ils entreprirent l'éducation

humaine

et chrétienne de ces grands enfants, chez qui,

même

baptisés, les passions de sauvages ont de terribles réveils, défiants, libertins, capricieux, inconstants, toujours prêts à lever la hache,

ou

à fuir dans la forêt.

Œuvre

d'au-tant plus malaisée qu'il fallait

compter

avec des

marchands

sans scrupules qui se faisaient

un

jeu d'exploiter les vicesdes indigènes. Mais

Moréno

était

l'homme

des

mesures

énergiques.

Les

trafiquants prévaricateurs furent éloignés et tenus à dis-tance.

Une

police sévère protégea les villages indiens.

De

bien des haines. Mais les missionnaires et leprésident passè-rent outre, et, pendant quelque temps, l'œuvre de Dieu put se faire en paix.

Au

bout d'une douzaine d'années,

on

comptait environvingt centres, etdix mille chrétiens, anciensetnouveaux.

Les écoles prospéraient; et,

comme

partout, à défaut des adultes, les enfants donnaient

bon

espoir. Soudain,

Moréno

tomba, martyr de la politique chrétienne, victime aussi de son zèle pour les missions.

Son

assassin

Rayo

était

un

ancien

gouverneur du

Napo, destitué par lui pour, abus de pouvoir (187o).

Immédiatement

les réductions furent dispersées ; les

marchands

redescendirent dans la forêt et en chassèrent les Jésuites.

Dans

le

même

temps, la série des exils avait repris ailleurs,

comme

toujours interrompant les

œuvres

les plus fructueuses, et rendant impossible le travail des missions.

En

1871, la révolution triomphante chassait les Jésuites

du

Guatemala. Ils parvinrent à se réfugier

au

Nicaragua

ils

eurent dix ans de paix. Mais leurs

ennemis

les poursuivaient par delà les frontières.

Pour amener

leur expulsion, l'on inventaqu'ils avaient

provoqué une

révolte d'Indiens, etilfallut repartir. Il leur restait encore le collège*de Gartago dans le

CHAPITUE II

Costa-Rica.

Or

c'était le

temps où Léon

XIII dénonçait au

monde

catholique les agissements de la franc-maçonnerie.

L'évêque ayant

promulgué

les paroles pontificales, fut

immé-diatement exilé. Puis,

comme

dejuste,

on

s'enprit

aux

Jésuites.

Cette fois l'expulsion dépassa en rapidité brutale tout ce qu'on avait

pu

voir ailleurs.

A

11 heures

du

matin, sur

un télégramme venu

de la capi-tale, les Pères furentmis en étatd'arrestation.

Une

heure après,

un

train qui les attendait eh gare, devant le collège, les emportait.

Une

centainede pensionnaires demeurait

en

arrière, dans les classes abandonnées, sans personne qui s'occupût d'eux (1884).

Dans

les républiques d'Amériquecentrale, le

Mexique

excepté,

il n'y avaitplus de Jésuites. Maisilsétaientrentrésen

Colombie Dès

1872,

on

les avaitlaisséssefixer à

Panama.

Maintenant

un

desleurs,

Mgr

Vélasco, était

nommé évoque

dePasto, puis

arche-vêque

de Bogota. Sur cette terre, jadis sanctifiée par l'héroïsme de Saint Pierre Claver, le Jésuite esclave des nègres esclaves,

une

ère de liberté

commençait pour

les catholiques. Elle dure encore.

On

a bien eu quelques alertes ; car, pour êtrevaincus aux élections, les libéraux n'en sont pas

moins

puissants.

Mais enfin l'Eglise a recouvré sa part de légitime indépen-dance. Les Pères en ont profité.

Légalement

reconnus, ils vi-vent en paix,

adonnés

à leurs ministères.

On

leur a

même

confié plusieurs lycées d'Etat.

Trop peu nombreux

par

malheur pour

pouvoir ajouter au labeur écrasant de l'éducation autre chose

que

les missions de

campagne.

L'évangélisation des sauvages dans les

Andes

et les savanes n'a pas encore

pu

être reprise par eux.

Pendant quelque temps,

on

a été

un peu

plus

heureux

à l'Equateur, Chassés de leurs chrétientés par les assassins de Garcia

Moréno,

les Pères avaient été malgré tout tolérés dans leurs collèges.

On

y vivait au jour le jour, sur le qui-vive, car la révolution ne désarmaitpas.

Une

ère meilleure s'ouvrit en 1883.

Le gouvernement

redevenu catholique, invita les Jésuites à redescendre sur le Napo.

Les

Dominicains

ne

tar-dèrent pas à les y rejoindre.

MalJieureusement

Je

grandprésidentn'était plus

pour

faire

AMÉRIQUE LATIME o3

la police des missions. Les

marchands

avaient reparu dansles peuplades, exploitant l'immoralité

ou

l'inexpériencedes Indiens.

Les missionnaires faisaient de leur

mieux

pour défendre les néopliytes. Mais c'était se créer à la capitaled'irréconciliables ennemis.

Leur

expulsionl'ut décidée.

Pour

l'arracher au gou-vernement, tout fut mis en

œuvre. Des

Indiens

convenable-ment

stylés vinrent déposer à Quito contre leurs prêtres.

Une

révolte

fomentée

par les blancs éclata,

plusieurs Jésuites faillirentêtre écharpés (1892). Puis, laguerre- ayant éclaté entre l'Equateuret le Pérou, lapresse radicale accusa les missionnai-resdepactiseravec lesPéruviens.Il estvrai qu'àLima,

on

racon-tait sérieusement qu'ils exploitaient lessables aurifères

du Napo

au profit desEquatoriens. Cependant

on

continuaità agir surles indigènes.

La

consigne

venue

de Quito fut de faire le vide autour des missions,de retourner

aux

forêts, etde contraindre par lafamine les Pères à s'éloigner. Enfin, en 1894, le

gou-vernement

céda à la pression des loges, et il fut enjoint

aux

JésuitesdequitterdéfinitivementleNapo.

Us

n'y ont pas reparu.

Cette fois encore le territoire de l'Equateur ne leur futpas absolument interdit.

Us

purent reporter leur zèle sur d'autres Indiens, près de la capitale, et conservèrent plusieurs maisons et collèges. Mais cette paix n'est

que

relative.

En

1895, la

république étant en pleine révolution,

une émeute

eut lieu

Riobamba

; le recteur

du

collège fut tué, la

maison

pillée, le tabernacle saccagé, plusieurs Pères jetés en prison.

Chose

assez rare dans l'histoire des Jésuites, on s'en tint et les violences de

Riobamba ne

se terminèrent paspar

un

arrêt d'ex-pulsion.

Quelques Jésuites sont encore à l'Equateur.

Y

resteront-ils longtemps?

Au

jour d'expulsion observera-t-on à leur égard

la clause signée par G.

Moréno,

qui leur garantit huit jours

pour

faire leurs paquets?

Ce

qui s'y passe au

moment où nous

écrivons, les

mesures

prises

ponr

interdire le sol de la république aux religieux

non

equatoriens, l'isolement où l'on semble vouloir les réduire, l'interdiction faite à leurssupérieurs étrangers de venir les visiter, bien d'autres

symptômes

encore permettent de tout craindre.

On

y regarde beaucoup,

beaucoup

trop,

du

côté de la France.

34 CHAPITRE II

A

la mission de l'Equateur se rattachent les stations de la Bolivie et

du

Pérou.

Leur

histoire tient en .quelques lignes.

Au

Pérou, les Jésuites furent

ramenés

en 1871 par

l'arche-vêque

de

Lima

qui leur confia son séminaire de

Huanuco. En

1879, ils rentraient dans leur ancien collège Saint Paul

de

Lima.

En

1886, il y eut

une

expulsion dont le prétexte fut

un jugement

sévère et mérité, dans

un

livre classique, à l'adresse de tel et tel fondateurde l'indépendance péruvienne.

On

se réfugia à la Paz, enBolivie, où, dès 1883, le

gouverne-ment

avait appelé les Jésuites

pour

y ouvrir

un

collège.

Depuis, ils sont rentrés au

Pérou où

ils ont les

deux

collèges de

Lima

et d'Aréquipa.

La

mission de

Colombie

relève de la province de Gastille : elle

compte

148

membres,

dont 68 prêtres. Il convient d'y joindre les

deux

collèges de

Cuba

qui occupent

un

personnel de 68 religieux.

Les

maisons de l'Equateur,

du Pérou

et de Bolivie en ont 178, dont 104 prêtres, et appartiennent à la province de Tolède.

L'histoire des missions de la

Compagnie

de Jésus dans l'Amérique

du

sud, Argentine, Uruguay, Paraguay, Chili,Brésil, est

moins

tourmentée. Aussi les

œuvres

apostoliques oiit-elles

pu

y avoir à

peu

près leur

développement

normal.

Ce

n'est pas

que

les épisodes d'arbitraire et de violence aient manqué/.

Là,

comme

dans les républiques équatoriales, la Révolution cosmopolite et les sectes eurent leurs jours de triompheet les missionnaires ont

connu

les expulsions et les exils.

Un

trait

commun

a

marqué beaucoup

de ces épisodes. Les

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