4.2 Les lipides

Les lipides constituent un ensemble très hétérogène de substances peu ou pas solubles dans l’eau mais solubles surtout dans l’alcool, l’éther et les benzènes, et dont les rôles dans les systèmes biologiques sont très variés. Ils font office de précurseurs des hormones (stéroïdes ) et des acides biliaires (cholestérol) et participent à l’isolation électrique ( Bruss, 2008 ), préviennent la perte de chaleur (triacylglycérols) ( Bruss, 2008 ; Adamu et al., 2008) et aident à la digestion (Adamu et al., 2008). Ils servent de combustible et de réserve énergétique, mais ils remplissent d’autres fonctions essentielles dans le métabolisme cellulaire et général. Ils participent également au développement et à l’entretien des fonctions du système nerveux, à la transmission des signaux cellulaires et au transport des molécules (Andrade , 2006 ; Adamu et al., 2008 ). Ils participent également aux réactions enzymatiques et à la régulation de l’activité de certains gènes. Ils ont aussi un rôle structural comme constituants des membranes (Andrade, 2006).

Leur adjonction dans l’alimentation des brebis et des chèvres laitières permet d’améliorer la qualité du lait. Ainsi une addition de sources lipidiques adéquates (plus que 3% de MS) dans l’alimentation permet de modifier le profil de la composition en AG du lait. En général, des sources lipidiques riches en AG polyinsaturés entrainent une baisse du taux des AG à chaînes moyenne et branchée et une augmentation des AG à C18 dans le lait. Et que, la baisse conséquente dans le ratio du AG saturés/insaturés et l’augmentation dans la concentration des AG instaurés àC18 améliore la qualité de la MG du lait (Mele and Banni, 2010). Il y a lieu de

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relever, qu’une supplémentation de la ration en lipides ne semble pas avoir d’effet direct sur la sécrétion de LH indépendamment de la balance énergétique ; où des brebis ovariectomisées ayant été infusées avec 20% d’Intralipid (10 g/h pendant 10 h) avaient sécrété de la LH de la même façon que celles infusées avec une solution saline à 0.9% (Grummer and Caroll, 1991). Par contre, une supplémentation de la ration avec des graisses permet d’ augmenter le nombre et les dimensions des follicules ovariens chez des brebis cyclées et d’augmenter la concentration de la progestérone circulante. De même qu’elle permet d’élever les rapports de concentrations plasmatiques de cholestérol, des triglycérides, des lipoprotéines de haute densité- cholestérol (HDL-C), des lipoprotéines de densité basse- cholestérol (LDL-C) et de progestérone (El-Nour et al., 2012).

Dans le rumen, les acides gras sont issus de 2 voies métaboliques distinctes :

- de la dégradation des hydrates de carbone en AGV et leur absorption par la paroi ruminale ; - du métabolisme microbien des lipides, qui génère des AG à longue chaîne carbonée absorbés

au niveau de l’intestin grêle (Cuvelier et al., 2005 ).

Les acides gras, sont largement isomérisés et hydrogénés par les microbes du rumen. Ce phénomène est responsable des niveaux bas de graisse non saturée dans les produits ruminants. Les lipides qui entrent dans le rumen sont en premier lieu lipolysés par les bactéries, et les acides gras non saturés ainsi formés sont isomérisés et saturés (Glasser et al., 2008). Dans toutes les espèces comme chez les ruminants, c’est au niveau du foie que se déroule le catabolisme des acides gras ou leur incorporation dans les différentes fractions lipidiques (triglycérides, phospholipides, cholestérol libre ou estérifié). Le foie métabolise principalement les acides gras longs liés à la fraction albumine (Rémésy et al., 1986). Ces acides gras provenaient de la lipolyse du tissu adipeux et pour une faible part les triglycérides circulants après action de la lipoprotéine lipase. La captation hépatique des acides gras est d’autant plus efficace que le rapport AGL/albumine s’élève. Le foie peut aussi capter directement de faibles quantité de triglycérides (après hydrolyse par une lipase hépatique) (Rémésy et al., 1986). Chez les animaux les quatre types fondamentaux de lipides sont les acides gras, les triglycérides ou triacylglycérols, les phospholipides et les stéroïdes (Frandson et al., 2009). La classification complète la plus récente de lipides qui est basée sur leurs propriétés hydrophobe ou hydrophile, propose leur division en huit catégories : les acyles gras, les glycérolipides, les glycérophospholipides, les sphingolipides, les stérols, les prénols, les saccharolipides et les polykétides (Evans, 2009).

75 III.4.2.1- La lipémie

Le contrôle des mécanismes de lipolyse et de lipogenèse est assuré par le rapport insuline/glucagon, qui favoriserait cette dernière lorsqu'il est élevé (INRAP, 1984) ; et c’est l’acétate qui constitue le substrat essentiel de la lipogenèse chez les ruminants (Ruckebusch, 1981). Les lipides circulants sont représentés en majorité par des glycérides, du cholestérol et des phospholipides. Une partie des lipides est liée aux protéines (lipoprotéines). Leur teneur au niveau du plasma dépend de la composition des aliments, de la production, de l'âge et du sexe. de sorte que, le profil plasmatique en lipoprotéines du ruminant se caractérise par :

- une très faible proportion de lipoprotéines riches en triacylglycérols chylomicrons et lipoprotéines de très faible densité (VLDL, Very Low Density Lipoprotein) ;

- une proportion très élevée de lipoprotéines de haute densité, cette distribution allant de pair avec des concentrations plasmatiques faibles en triacylglycérols, mais très élevées en cholestérol estérifié et en phospholipides (Cuvelier et al., 2005).

Il y a lieu de signaler que le taux des lipides totaux circulants peut affecter le taux plasmatique de certaines vitamines surtout la vitamine E ; où un ratio de 0.6 à 0.8 mg d’α- tocophérol / gr de lipides totaux a été suggéré comme un indicateur d’un statut alimentaire adéquat (Rucker et al., 2008 in Kaneko et al., 2008). Egalement lors de la lipolyse, où la quantité d’acides gras non estérifiés augmente dans le sang, le glucose sanguin augmente lui aussi puisqu’il est moins utilisé pour la synthèse de triglycérides et que les AGNE jouent le rôle de source d’énergie dans certains organes en épargnant le glucose (Herdt, 2000).