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2.2.5 Les effets sur les caractères reproducteurs pré et post-pubertaires

INFLUENCE DES FACTEURS NUTRITIONNELS II.1 La relation nutrition reproduction

II. 2.2.5 Les effets sur les caractères reproducteurs pré et post-pubertaires

La nutrition pendant la période de croissance des agnelles agit sur le moment de la puberté, et que celles qui montrent une croissance lente pendant les 2 premiers mois de la vie sont moins fertiles et moins prolifiques que les agnelles bien nourries et ayant présenté des taux de croissance satisfaisants (Rassu et al., 2004). Il est également utile de signaler que la nutrition est appréciée différemment en fonction de l’âge de la femelle, de sorte que les agnelles ne répondent pas de la même manière aux différents plans de nutrition que les brebis adultes au moins pendant le début de la gestation (0-30 jours de gestation). Et que par conséquent, satisfaire les besoins des jeunes brebis pendant la gestation est crucial pour le développement placentaire et fœtal, ce qui apparait comme un élément déterminant du poids de(s) agneau (x) à la naissance (Annett and Carson, 2006). Cette situation a des implications importantes sur la survie des agneaux à cause des poids extrêmes à la naissance (agneaux trop légers et trop lourds) qui sont associés à des taux de mortalité plus élevés (Muňoz et al., 2008).

La nutrition depuis le début de la période postnatale peut exercer un effet permanent sur la taille de la portée des brebis à l’âge adulte. Pour Rosales-Nieto et al., 2011, le statut

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nutritionnel représente le facteur clé de modulation des caractéristiques reproductives. Ainsi, dans plusieurs espèces, le déséquilibre nutritionnel entraîne outre des pertes de poids ou des dysfonctionnements métaboliques pouvant induire des retards dans le début de la puberté, des troubles de la cyclicité des femelles sexuellement matures, des comportement de subœstrus, de faible développement folliculaire, l'arrêt prématuré de la saison de reproduction, un retard de croissance de l'embryon et un anœstrus post-partum ou prolongé. Ainsi, des plans nutritionnels faibles induisent un retard pubertaire par dépression des pulses LH qui sont indispensables au développement folliculaire (Polkowska, 1996).

La sous-nutrition des agnelles présentée sous forme d’un arrêt de croissance durant quelques semaines à partir de 6 semaines d'âge réduit leur possibilité ovulatoire à l’âge adulte jusqu’à 3 ans (Robinson et al., 2006). Alors que, dans les élevages du gros bétail, la sous- nutrition entraîne, chez les génisses et les pouliches un retard de la puberté due à un faible taux de croissance et au faible poids, chez les juments un anœstrus et un retard des ovulations et chez les vaches une augmentation de la durée de l’anœstrus post-partum. A cet effet, elle mène à une grande incidence sur l’inactivité ovarienne, une faible expression des œstrus et un faible taux ovulatoire (Ahmed, 2007). La faible expression des œstrus y est associée à une réduction du nombre des récepteurs α aux œstrogènes (ERα) au niveau du cerveau (Hileman et al., 1999 ; Santos et al., 2010). Par contre pour Allden, 1997, une restriction nutritionnelle sévère au cours de la période post-natale des agnelles n’a pas d’incidence notable sur les performances de reproduction (poids à la naissance des agneaux et poids au sevrage des progénitures), mais affecte le poids de l’animal avec comme conséquence l’obtention d’un petit adulte avec une production de laine réduite. Alors que, pour Rhind et al. (1998), une restriction nutritionnelle des agnelles de 12% pendant la période du pré-sevrage entraine une réduction considérable et permanente de leur prolificité à l’âge adulte.

L’effet de la sous nutrition prolongée ou modérée s’exerce plus sur les agnelles que sur les brebis (Noakes et al., 2001). Son effet sur l’apparition de la puberté est bien reconnu pour avoir à servir de médiateur par le biais de la sécrétion de LH. Ainsi, une nutrition inadéquate inhibe la reproduction par actions exercées sur les neurones hypothalamiques responsable pour de la sécrétion de GnRH / LHRH (Boulanouar, 1997 ; Kaur and Arora, 1995). Alors que, pour d’autres, il n'y a aucun effet clair de l’action d'un métabolite seul sur la libération de LH au niveau pituitaire (Boulanouar, 1997). La réduction de la sécrétion de LH chez des agnelles en croissance restreintes nutritionnellement est due à la diminution de la fréquence et de l’amplitude de GnRH (Polkowska et al., 2003). Lors d’études comparatives entre des agnelles nourries ad

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libitum et sous-alimentées, il a été constaté que les taux de LHRH étaient identiques dans les deux cas ; et que l'effet de la restriction alimentaire s’exerce sur les mécanismes centraux de contrôle de la sécrétion de LHRH plutôt que sur sa synthèse (Kaur and Arora, 1995). Il est en outre évident que la N-méthyl-D-aspartate activant la sécrétion de GnRH accumulée dans l'hypothalamus se trouve inhibée par l’action de la sous-nutrition. Et que, la pulsatilité de la LH est très sensible à la sous-alimentation lorsque les brebis présentaient moins de 150-200 grammes de gras/kg de poids vif (Chilliard et al., 2000).

Les brebis adultes s’avèrent insensibles à une suralimentation de même qu’il n’y avait pas d’effets de la suralimentation ou de la sous-alimentation pendant le premier mois de gestation sur le taux de la conception, le développement fœtal ou de la production d’agneaux. Dans un autre contexte, le statut nutritionnel des femelles avant la puberté influe sur leur avenir reproducteur. C’est ainsi qu’un gain rapide de poids et l’engraissement avant la puberté provoque une réduction du développement mammaire et de lactation par augmentation du dépôt de gras dans la glande mammaire chez les génisses et les agnelles. Alors que, la restriction alimentaire au cours de la période pré-pubertaire améliore la production laitière durant la première lactation chez les génisses et les brebis laitières et certaines races à viande (Villeneuve et al., 2010). La sous-nutrition influe également sur la production laitière, de sorte que les niveaux de production sont faibles chez les brebis sujettes à celle-ci que celles qui ne le sont pas ; sans toutefois affecter les taux butyreux qui étaient très proches en début de lactation et qui s’accroissent régulièrement avec le stade de lactation et la diminution de la production laitière. Alors que, les taux protéiques étaient plus élevés chez les femelles sous-nourries que chez celles qui ne le sont pas (expérience sur des brebis laitières Latxa par Bocquier et al., 2002).

Selon Brown (1994), chez les jeunes mâles de plusieurs espèces la production de semence est plus sensible aux restrictions énergétiques et protéiques que chez les adultes. Alors qu’une restriction sévère peut aboutir à des lésions irréversibles des gonades chez le jeune et à des lésions généralement transitoires chez l’adulte. Chez les moutons mâles, la malnutrition sévère entraine des modifications dans la croissance testiculaire et des fonctions endocrines des testicules (Polkowska, 1996).

La supplémentation de la ration avec certains composants minéraux et vitaminiques permet d’améliorer les capacités reproductives des brebis. Ainsi une supplémentation de rations de brebis du sélénium et de la vitamine E, améliore les performances de reproduction par réduction du temps d’apparition des œstrus, un taux de gestation et d’agnelage élevés et une croissance des agneaux plus importante (El-Shahat and Abdel Monem, 2011). De même qu’une

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élévation de la fertilité et de la prolificité par élévation du nombre de gémellités comparativement à celles recevant du Se seul ou une association Se+Co (Małecki et al., 2002). Alors qu’une restriction nutritionnelle des mères retarde le développement fœtal et qu’une supplémentation en Se, au-delà des recommandations de la NRC, permet d’augmenter le poids des fœtus comparativement à celles recevant des niveaux adéquats (Lekatz et al., 2010. En outre, les fœtus issus de brebis à nutrition restreinte présentaient une diminution de la masse des graisses hépatique et péri-rénale, et du poids de la carcasse avec atteinte des réserves énergétiques fœtales. Cependant, Il faut savoir que pour l'agneau nouveau-né, les lipides constituent la source principale d'énergie (60 à 70%), avec le glycogène hépatique et musculaire (15%). La sous-alimentation des brebis réduit la rétention du glycogène fœtal ; alors que, l’insuline et l’IGF fœtales la stimule (Fekete, 2008).

A une bonne gestion alimentaire du troupeau, la brebis répond par une bonne fertilité, une bonne lactation et un sevrage précoce des agneaux à la faveur d’une croissance rapide. A cet ensemble de données, il faut rajouter qu’une femelle bien nourrie est en meilleure santé et plus résistante aux infections et aux maladies que celle qui souffre de stress nutritionnel ; et que, les excès et les déséquilibres d’apport sont susceptibles d’engendrer ou de favoriser l’apparition des troubles métaboliques ou organiques (tableau 6).

Tableau 6 : Troubles de la reproduction liés aux niveaux de nutrition (Adapté d’après Bearden and Fuquay, 2000 cités par Lee, 2008)

Nutriments Effet(s)

Excès en énergie Taux de conception faible, avortement, dystocie, rétention placentaire, réduction de la libido

Déficit énergétique retard de la puberté, suppression de l'œstrus et de l'ovulation, suppression de la libido et de la production de spermatozoïdes.

Excès en protéines Taux de conception bas.

Carence en protéines Suppression de l’œstrus, taux de conception faible, résorption fœtale, parturition prématurée, une descendance faible

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CHAPITRE III