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LA CONDUITE DE L’ALIMENTATION ET LA GESTION DE LA REPRODUCTION

N. B : L’utilisation répétée des protéines à effet gonadotrope permet de développer des réactions

IV. 2.2.2 L’effet bélier

Selon Ungerfeld, 2003, les animaux domestiques présentent des différences dans leur physiologie reproductrice en comparaison à leurs ancêtres sauvages. Ainsi, les bovins primitifs ont une courte saison de reproduction, probablement initiée en réponse à une photopériode décroissante. Mais avec le temps et suite au processus de domestication, il y a eu perte de ce caractère et ils sont devenus aptes à se reproduire presque toute l’année. La même observation est relevée chez les chevaux, où les sauvages ont une courte saison de reproduction comparée avec celle des domestiqué). Alors que, le modèle de reproduction du mouton est un peu différent avec une courte saison de reproduction chez le mouton sauvage ; et que la plupart des races ont développé un modèle de reproduction saisonnière (Ungerfeld, 2003). Cette saisonnalité étant liée elle-même à plusieurs facteurs intrinsèques et extrinsèques (Voir photopériode et saisonnalité).

L’activité de reproduction dans les troupeaux ovins est grandement affectée par les signaux phéromoniques émis par les membres constituant le troupeau. Les interactions sociales influencent et modifient les évènements reproducteurs dont les comportements sexuels et les régulations endocriniennes (Ungerfeld, 2003 ; Gelez and Fabre-Nys, 2006) ; elles sont peut-être dues aux actions du mâle sur la femelle et vice versa (Rosa and Bryant, 2002 ; Yildiz et al., 2004). L’effet bélier est une technique économique, fiable et non pharmacologique autrement dit biologique permettant d’avancer la puberté chez les jeunes et la saison sexuelle chez les adultes, de grouper les chaleurs et d’améliorer la prolificité (Cognié, 1988 ; Abdennebi et Khaldi, 1995 ; Thimonier et al., 2000 ; Notter, 2002). En fait, c’est à la faveur des observations d’Underwood et al. (1944) cités par (Martin et al., 1986 ; Rosa and Bryant, 2002 ; Delagadillo et al., 2009) qui ont été les premiers à suggérer que les brebis ne répondraient à l'effet du bélier que si elles avaient été conditionnées par une période d'isolement. Le haut degré de synchronisation de la reproduction observé chez les ovins sauvages et domestiques peut être lié à l’introduction du

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mâle dans le troupeau ou à d’autres interactions sociales (Ungerfeld, 2003). Si l’effet mâle est une réalité, il y a lieu de relever que « l’effet femelle » existe également. Ainsi, certaines études ont montré que l'introduction soudaine de brebis en œstrus dans un groupe de béliers induit chez ces derniers un certain nombre de changements comportementaux et endocriniens, permettant d’améliorer leur niveau d'activité sexuelle (Rosa and Bryant, 2002), par augmentations de secrétions de LH et des concentrations de la testostérone (Rosa and Bryant, 2002). De même qu’une exposition de jeunes agneaux (7 -8 mois d’âge) à des femelles en œstrus améliore leur performance sexuelle au moment de leur test de capacité à 16-19 mois d'âge et ce en comparaison avec ceux exposés en retard (Stellflug and Lewis, 2007).

Il est pratiqué couramment dans les génotypes modérément saisonniers (Rodriguez Iglesias et al., 1997) , telles que les races Mérinos (Rosa and Bryant, 2002) et les génotypes méditerranéens (Martin et al, 1986 ; Rosa and Bryant, 2002, Hawken et al., 2008). Ces génotypes sont caractérisés par des anœstrus saisonniers courts et peu profonds comparativement aux génotypes des hautes latitudes (régions tempérées) avec anœstrus saisonniers très profonds (Rosa and Bryant, 2002). Dans les pays du pourtour méditerranéen l’effet bélier est pratiqué au printemps en Algérie, en été au Maroc, en automne en Egypte et à toutes les saisons en Espagne (El Shaer and Gabina, 2004).

Il y a lieu également de relever que la durée d’isolement des brebis est sujet de controverse ; ainsi Delgadillo et al., 2009, en examinant les idées reçues sur l'effet mâle sont parvenus à la conclusion que de nombreux dogmes ne peuvent pas être vrais. L’isolement complet des femelles des mâles, même en faveur de l'examen de la direction du vent dominant n'est pas nécessaire. Du fait que les brebis reconnaissent les béliers nouvellement introduits dans le troupeau et y répondent en conséquence par une augmentation de l’activité sexuelle, même si elles sont maintenues avec des béliers qui leur sont familiers (Hawken and Beard, 2009).

Quant à la durée d’exposition, certaines études indiquent une réponse positive des brebis à l’effet bélier après seulement quelques heures d'exposition avec des résultats différents sur le taux d’ovulation. Ainsi, des brebis exposées à des béliers durant 8 à 24 heures après l’introduction présentent un pourcentage réduit d’ovulations (Rosa and Bryant, 2002). Il est plus utile d’étaler la durée d’exposition qui sera continue pendant 17 jours au lieu d'une exposition courte tous les 17 jours pour créer la synchronisation des œstrus (Delgadillo et al., 2009) pour maximiser la proportion des brebis qui vont ovuler (Rosa and Bryant, 2002).

A noter également la relation entre le tempérament de la femelle et l’effet bélier, où celui des femelles sexuellement expérimentées exerce une petite influence en réponse à l'effet bélier

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comparativement à celles qui le sont sexuellement naïves, brebis avec tempérament nerveux et répondant mieux. Donc, il y a lieu de prendre en considération lors de la gestion de la reproduction du tempérament de la femelle et son implication sur l’effet mâle (Chanvallon et al., 2010). Il est également largement admis que l'effet mâle n'est pas d'une grande utilité pour les femelles cyclées (Rosa and Bryant, 2002 ; Delgadillo et al., 2009). Et que, des brebis maintenues en contact continu avec des béliers pendant la période de transition (fin d’anœstrus) à la saison sexuelle avaient une distribution plus synchronisée des cycles et des mises bas, comparativement à celles exposées durant une courte période avec les béliers (Hawken and Beard, 2009). Il est utile de signaler que, dans les conditions naturelles d’élevage des brebis Ouled Djellal, les résultats obtenus (fertilité, prolificité et fécondité) avec l’effet bélier seul sont faibles comparativement aux traitements avec des éponges au FGA (Safsaf et Tlidjane, 2010). D’ailleurs, ces paramètres sont modulés par l’activité sexuelle dans cette race, qui augmente à partir d’Avril-Mai pour atteindre son maximum entre Aout et Novembre (Benazzouz et al. (1986) cités par El Shaer and Gabiña, 2004). Toutefois, de meilleurs résultats ont été obtenus avec l’effet bélier associé aux traitements à la progestérone (FGA) et à l’eCG (Lamrani et al., 2008). Le même constat a été observé sur des brebis de race Barbarine (Rekik et al., 2003). Egalement des associations effet bélier et mélatonine ont permis de démontrer que les femelles traitées à la mélatonine ont mieux présenté précocement une réponse significative avec un pourcentage élevé d’ovulations silencieuses (80%) suivies par un cycle normal, que celles non traitées avec 52% d’ovulations silencieuses (Abecia et al., 2006).