• Aucun résultat trouvé

LA CONDUITE DE L’ALIMENTATION ET LA GESTION DE LA REPRODUCTION

IV. 1.1.4 Les besoins de lactation

La production de lait est la résultante d’un ensemble d’évènements physiologiques chronologiques allant de la reproduction réussie jusqu’au tarissement, débutant par la mammogenèse et se poursuivant par la lactogenèse (Bocquier et al., 2002). Les besoins de la brebis au cours de la lactation varient en fonction de sa production et de la composition du lait.

96

Du fait de la difficulté d’estimation de ces deux derniers paramètres, il est plus raisonné d’avoir recours à la mesure du taux de croissance des agneaux entre J10 et J 30, ce qui est peut-être plus pratique en raison que les agneaux pendant ce premier mois se nourrissant exclusivement du lait de leurs mères (Jarrige, 1988, Hassoun et Bocquier, 2007). Il existe d’ailleurs une relation étroite entre la production laitière de la mère au début de lactation et la croissance de l’agneau (Boujenane et al., 1996). Dans la plupart des troupeaux laitiers du bassin méditerranéen, les traites ne débuteront qu’après une phase classique d'allaitement qui est suivie, après sevrage des agneaux, d'une phase de traite exclusive. Ce passage à la traite exclusive s'accompagne généralement d'une chute de production laitière ; et que, les changements de conduites et d'alimentation, pendant l'allaitement, ont des effets directs importants sur le lait, sa composition et sur la croissance des agneaux (Barrilet et al., 2002). Ainsi, pour produire un litre de lait à 58 g/l de taux butyreux et 49 g/l de taux protéique , la brebis a besoin de 0.60 UFL et 85 g de PDI (Gadoud et al., 1992) et pour un lait de 60 g/l de taux butyreux et 50 g/l de taux protéique , les besoins sont de 0.61 UFL et 86 g de PDI (Hassoun et Bocquier, 2007).

Les besoins de lactation sont d’autant plus élevés que la femelle allaite un nombre élevé de petits. A titre d’exemple la production laitière de brebis Romanov allaitant 3 agneaux est estimée sur une durée de 30 jours en moyenne à 80 litres contre 49.5 pour les brebis allaitant un seul agneau né de portées de 2 ou 3 agneaux, soit un accroissement de 62 % (Flamant et Bonaiti, 1979). Les besoins alimentaires des brebis élevant plusieurs agneaux peuvent être augmentés dans des proportions très élevées ; et ce, par le fait que la meilleure efficacité alimentaire des agneaux est explicable au moins en partie par une valeur énergétique plus grande du lait sécrété. Ce dernier présentait une richesse en taux butyreux qui augmente avec le nombre d’agneaux allaités au moins dans la race Romanov (10.7, 11.3 et 13.2 g/kg de lait respectivement pour 2 - 3 - 4 agneaux) (Flamant et Bonaiti, 1979).

Il est possible de calculer la production laitière des brebis par recours au taux de conversion (= efficacité de conversion) du lait en gain de poids vif des agneaux (Roy et al., 1999a) , qui est de l’ordre de : 0.20kg PV/kg de lait frais.

IV.1.2- Le rationnement

Le rationnement constitue le moyen de calcul d’une ration avec comme objectif l’arrivée à une bonne couverture des besoins de l’animal en énergie, azote, minéraux et vitamines. Ces besoins se répartissent en : besoins d’entretien, de croissance et de productions. Une ration donnée à un animal, outre la couverture des besoins de ce dernier, doit présenter un certain

97

équilibre dans sa composition chimique, que ses éléments nutritifs doivent être assimilables et qu’elle ne doit pas ne contenir de substances toxiques ou d’éléments antinutritionnels.

Les déséquilibres les plus importants à relever sont ceux relatifs à la fourniture des PDIN et des PDIE par la ration ; car l’équilibre entre les deux composants permet un bon fonctionnement du rumen. Etant donné que pour avoir une synthèse microbienne optimale et une digestibilité satisfaisante de la ration, il faut que cette dernière fournisse à la flore microbienne en même temps une quantité minimale d’énergie fermentescible et de matières azotées dégradables dans le rumen avec un apport PDIE égal à l’apport en PDIN (Jarrige, 1988 ; Agabriel et al., 2007).La vérification de cet état se fait par recours au rapport Rmic calculé selon la formule :

« Rmic = (PDIN- PDIE)/UF ».

 Si ce rapport est supérieur ou égal au seuil PDI, la ration est considérée comme acceptable.  Si au contraire, il est inférieur au seuil PDI, trois possibilités sont alors envisagées pour

corriger la ration :

- ajouter un aliment riche en azote fermentescible (exemple : urée) ;

- changer les concentrés par ceux fournissant un rapport PDIN/PDIE plus élevé ; - fournir un nouveau fourrage fournissant plus de PDIN.

 Si le Rmic est très positif, soit très supérieur au seuil PDI, une excrétion importante d’azote dans l’urine aura lieu avec les conséquences économiques et environnementales à considérer. La correction de la ration se fait le changement du concentré avec celui présentant un rapport PDIN/PDIE plus faible (Agabriel et al., 2007).

IV.2- La conduite de la reproduction

La reproduction regroupe l’ensemble des interactions intrinsèques et leur relation avec l’environnement social de l’animal. Ces interactions intrinsèques se rapportent aux relations entre les centres nerveux supérieurs (axe hypothalamo-hypophysaire) et les gonades ; relations assurées par l’élaboration et la diffusion des hormones stéroïdiennes ou glycoprotéiques agissant par des mécanismes de rétroaction positive ou négative. Réussir la reproduction, c’est maîtriser ces mécanismes et leur interférences avec les conditions de l’environnement de l’animal. Si le potentiel génétique constitue un élément clé dans la qualité des performances de l’animal ; l’environnement social agit surtout sur la productivité des troupeaux. Aux actions de la photopériode (races saisonnées) et de l’environnement social, il faut ajouter les effets de la nutrition, de la température et des conditions d’élevage (stress) sur le taux d’ovulation, la fertilité

98

et la survie embryonnaire (Cognié, 1988). Ainsi, une bonne gestion sanitaire des brebis au cours de la gestation doit permettre d’atteindre les objectifs suivants :

- arrivée de la gestation à terme,

- naissance d'agneaux sains et viables, avec des naissances optimales et un poids corporel adéquat au sevrage,

- production optimale de lait pendant la lactation subséquente

- une bonne gestion médicamenteuse en rapport avec les résidus dans les produits animaux (Fthenakis et al., 2012).

Si actuellement, le contrôle de la reproduction en vue de l’amélioration de la productivité des brebis peut être assuré en partie par les nouvelles techniques (traitements hormonaux, transfert embryonnaire, insémination artificielle…) ; il y a lieu de relever l’impact déterminant de l’alimentation sur les paramètres de reproduction d’élevage. Et que, la réponse des femelles aux diverses techniques pour exprimer leur potentiel reproducteur dépend en grande partie de l’alimentation, particulièrement aux deux phases critiques de la reproduction : la préparation à la lutte en vue d’augmenter la note d’état corporel des animaux (action du flushing et de la NEC sur le taux d’ovulation), et la fin de gestation pour augmenter le poids à la naissance des agneaux et assurer des réserves corporelles ou une bonne lactation.

IV.2.1- La lutte

Généralement il y a deux périodes de lutte : lutte d’automne et lutte de printemps. La lutte d’automne est intéressante d’un point de vue purement économique par réduction des effets du cout de l’alimentation, et que les agnelages vont coïncider avec la bonne saison correspondant au printemps. Les femelles en lactation vont pouvoir profiter de la poussée de l’herbe et avoir une alimentation plus au moins variée. Le nombre de femelles en chaleurs sera maximum surtout dans la région où la saisonnalité est plus ou moins marquée (Dudouet, 1997). Pour la lutte de printemps, elle n’est possible dans les conditions naturelles que chez les races de faibles latitudes ; et que l’apparition des œstrus au cours de celle-ci n’est pas uniforme, contrairement à ce qui est observé lors d’une lutte d’automne (Thimonier et al, 2000).

Il existe trois variantes de lutte :

- La lutte libre : elle est réalisée en lâchant les béliers dans le troupeau sont aucun contrôle. C’est la plus simple et la plus utilisée dans nos élevages et dont le taux de fécondité varie avec le nombre de brebis utilisées par bélier ; et que le résultat serait meilleur en terme d’agneaux nés si le ratio était de 50 brebis pour un bélier.

99

- La lutte contrôlée : elle consiste à introduire en cours de saison sexuelle un mâle pour 10 brebis ou 7 à 8 agnelles ; et en contre saison un mâle par 5 brebis ou 3-4 agnelles (Dudouet, 1997). Le ratio femelles/ par mâle est dictée par la situation présente en rapport avec l’état de fonctionnement ovarien (femelles en activité sexuelle, en anœstrus). Il est généralement admis d’utiliser un ratio de 1 bélier par 10 ou 15 brebis après synchronisation des œstrus avec des progestagènes, permettant d’obtenir les résultats en terme d’activité sexuelle et de conception satisfaisants. Et qu’un ratio de 1 bélier par 20 brebis est très satisfaisant pour maximiser l’activité sexuelle et le taux de conception lors la synchronisation des œstrus des brebis (Laster and Glimp, 1972,). La lutte contrôlée est employée à la suite d’une synchronisation des chaleurs, et où les femelles sont placées les unes après les autres dans un box où se trouve un mâle. Le nombre de saillies étant de 1 à 2 fois, et dès lors les femelles sont retirées du box. Cette technique étant astreignante et nécessite une main d’œuvre pour sa réalisation (Dudouet, 1997). Elle présente des avantages certains dont le contrôle des brebis luttées ou non, le contrôle génétique de la descendance, et la connaissance exacte de la date des agnelages et leur groupage.

- La lutte par lot : qui consiste à affecter un bélier pour un groupe de brebis pendant toute la période de lutte (environ 6 semaines). Elle permet le contrôle de la paternité (Dudouet, 1997). IV.2.2- Méthodes d’amélioration des performances de reproduction

Elles reposent sur le recours à diverses techniques dont les traitements hormonaux d’induction et ou de synchronisation des chaleurs, des traitements photopériodiques utilisés surtout lors de reproduction à contre saison, et les méthodes utilisées en élevage biologique consistant en « la voie génétique » et « l’effet bélier » (Tournadre et al., 2009).

En Algérie, des essais de cette méthode biologique ont été réalisés à titre expérimentale ou appliquée d’une façon timide au niveau des centres de recherche appartenant au secteur publique (MADR) ; méthode utilisée soit seule (Lamrani et al., 2008 ; Safsaf et Tlidjane, 2010), soit associée aux traitements à base de progestagènes et ou de gonadotropines extra-pituitaires (PMSG ou eCG) (Benyounes et al., 2006 ; Lamrani et al., 2008). Elle est également utilisée au Maroc (Boujenane et al., 2005) et en Tunisie (Rekik et al., 2003 ; Lassoued , 2011).

100 IV.2.2.1- Les traitements hormonaux

La synchronisation de l’œstrus signifie que l’œstrus ou le cycle œstral est modifié de façon à ce que la période d’œstrus de plusieurs femelles s’étale sur 2 à 3 jours, afin que ces femelles puissent se reproduire dans les mêmes jours. Le contrôle hormonal du cycle est basé : - Sur le blockage du développement folliculaire et de l’ovulation par l’administration de la

progestérone (Cognié, 1988 ; Wildeus, 2000). Utilisation d’éponges de polyuréthane imprégnées de FGA (Fluorogestone acétate) ou de MAP (médroxyprogestérone acétate) (Beck et al., 1987 ; Rodriguez Iglesias et al., 1997 ; Wildeus, 2000), d’ovules (Henderson et al., 1984), ou du protocole CIDR (Controlled Internal Drug Release Devices). Ce dernier est un dispositif à base d’élastomère de silicone médicale imprégnée de progestérone, utilisé seul (Wildeus, 2000) où en association avec l’eCG (Safdarian et al., 2006 ).

- Sur l’induction d’une lutéolyse prématurée à la suite d’administration de PGF2α (Henderson et al., 1984 ; Beck et al., 1987 ; Wildeus, 2000 ; Noakes et al., 2001 ; Alnimer et al., 2005 ; Safdarian et al., 2006 ; Weems et al., 2006).

- Sur l’association de progestagènes (MAP) et de PGF2α (Dogan and Nur, 2006), - Sur le blockage du développement folliculaire et de l’ovulation par :

 L’administration de la progestérone (FGA ou MGA) associée en fin de traitement à une stimulation de la croissance folliculaire par injection de gonadotropines extapituitaires (eCG= PMSG) (Wildeus, 2000 ; Niar, 2001 ; Rekik et al., 2003 ; Öztabak, 2005 ; Ucar et al. 2005 ; Safdarian et al., 2006 ; Todini et al., 2007 ; Harkat et Lafri, 2007 ; Lamrani et al., 2008; Vodrášková et al.2009 ; Madani et al., 2009 ; Safsaf et Tlidjane, 2010).

 Association progestagènes + PGF2 α + eCG (Dogan and Nur, 2006). Egalement différentes combinaisons ont été utilisées telles que : FGA+effet bélier et ou FGA+ eCG+ effet bélier (Lamrani et al., 2008).

- L’association de gonadolibérines (GnRH) avec les PGF2α (Protocole OvSynch) (Alnimer et al., 2005 ; Vodrášková et al., 2009).

Les effets de la manipulation de la photopériode par l’utilisation d’implants de mélatonine, en vue de faire avancer le déclenchement de la saison d’activité sexuelle chez les adultes (Cognié, 1988 ; Abecia et al., 2001) et d’avancer la puberté chez les agnelles (Cognié, 1988).

---