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Les stratégies de partenariat industriel dans les PED

Partenariat industriel et performance économique des PED

Section 01 : Les stratégies industrielles dans les PED

4. Les stratégies de partenariat industriel dans les PED

Le développement de l'industrie requiert une transition vers un nouveau cadre technique qui semble difficile par le renforcement de la domination technologique des sociétés des pays développés, notamment à travers les accords technologiques, où la maîtrise de ces connaissances reste limitée pour les firmes étrangères. La plupart des PED se heurtent également par l’insuffisance de l’épargne et à une pénurie des facteurs de production nécessaires à leur industrie : le capital et le travail qualifié et, par conséquent, une difficulté de générer des investissements suffisants.

A des degrés et formes diverses, l’un des mécanismes innovants de financement du développement et des stratégies d’industrialisation est la constitution de relations internationales entre opérateurs de pays à différents niveaux industriels.

93 La coopération industrielle permet d'améliorer le tissu productif et industriel du pays afin de faire face aux nouvelles tendances de l’économie mondiale. Elle exprime des complémentarités et offre un terrain de recherche sur les logiques et les comportements d’acteurs impliqués dans l'industrialisation des PED113.

Dans les modèles d'industrialisation adoptés pendant la période coloniale, l’investissement direct était, jusqu’à la fin des années 1960, la modalité la plus courante de relations industrielles entre pays industrialisés et pays en développement. Il a d’abord pris la forme de propriété globale, puis de plus en plus en participation. Cette propriété a été mise en cause à partir des années 1970 par les PED, favorisant les coopérations afin d’assurer la maitrise technologique. Les principes d’accords de coopération portent essentiellement sur l’acquisition des compétences techniques et professionnelles, selon deux modes 114 :

- le mode décomposé : "concerne des tâches précises dans la réalisation d’un projet donné dans lequel la société nationale joue le rôle d’Assembleur"115. Il s’agit de conclusion de divers contrats partiels, dans différents stades du projet, avec des partenaires étrangers, dont chacun assure l'approvisionnement ou l'assistance. Ces apports couvrent l’étude du projet, l’importation et de montage d’équipements, l’assistance technique et la formation de personnel.

- le mode composé : Dans ce cas, le partenaire étranger devient le coordonnateur de toutes les opérations liées à la mise en œuvre du projet. Ce mode comprend deux types de contrats :

le contrat ‘clé en main’, où le pays hôte confie la responsabilité globale de réalisation et l’aménagement de l'usine ou d’un ensemble industriel complet à un exploitant, ou un groupe d'opérateurs, chargé de le livrer, prêt à fonctionner, dans un délai déterminé. On peut aussi distinguer entre deux types possibles de contrat, le contrat ‘clé en main partiel’ et le contrat ‘clé en main complet’.

le contrat ‘produit en main’ qui est plus global et souvent exigé dans les PED. La réalisation du contrat produit en main implique non seulement la livraison ou l’installation d’une usine opérationnelle, mais également le constat d'un fonctionnement final satisfaisant, qui assure une capacité et qualité de production pendant une certaine période de temps, avec une assistance technique prolongée du personnel local que le vendeur doit former à cette fin (Enayati ; 2016).

Ce type de contrat a été conçu pour compenser l’incapacité de certains acquéreurs à optimiser l’utilisation des informations reçues en mettant l’accent sur le transfert technique et l'intégration de l'ensemble de la chaîne (investissement, mise en service, exploitation, formation, maintenance).

113 Valette A. (1988), "Les Conditions de mise en œuvre de la coopération industrielle", Revue Tiers Monde, N°115, Paris Juil-Sept. P 975-989

114Bellahcene-Belkhemsa O. (2015), op cit. P 60

115 Sahraoui L. (2014), "La dynamique d’accumulation de capacités technologiques en Algérie : Cas des industries chimiques et pharmaceutiques". Thèse de Doctorat, Université de Pau er des pays de l’Adour.

94 Il peut être étendu par des arrangements de ‘marchés en main’, où des garanties sur la commercialisation sont prévues (pour l'exportation dans le cadre d'accords de compensation).

Ces modalités diffèrent de l'investissement direct sur trois points principaux :

- Le pays hôte (acheteur) définit les spécifications des procédés, des équipements, des capacités, etc et les adapte à ses propres choix et contraintes ;

- Il impose au fabricant-vendeur une mise en exploitation sous surveillance de l'unité industrielle. Le contrat est considéré comme respecté dès la constatation du fonctionnement ou la mise en service des équipements et la correspondance des pré-productions aux spécifications initiales (premières sorties des produits) ;

- L’exploitation de l'unité revient à l’autorité du pays hôte qui peut en confier (tout ou partie) à un organisme extérieur. Il s'agit, dans ce cas, d'un nouveau contrat d'assistance technique à l'exploitation, complètement distinct du premier.

Bien que la capacité du PED soit renforcée avec les opérations de coopération industrielle par rapport à l’investissement direct à plusieurs niveaux (propriété, spécifications, résultats), les études relatives à cette stratégie ont révélé des insuffisances telles que (Valette 1988) :

- des contraintes liées à la complexité juridique de ces modalités, particulièrement en ce qui concerne les détails sur les prestations et leurs contreparties lors de la conclusion initiale du contrat, pouvant conduire aux défaillances des deux parties à la fin de l’opération ;

- le coût élevé du développement industriel basé sur ces formules, en particulier dans le cas des contrats ‘produits en main’ ;

- difficulté d'obtenir des clauses permettant de faire appel à des fournisseurs ou sous-traitants locaux pendant la période de l'investissement. L'opérateur étranger dégage directement sa responsabilité, ce qui conduit à un manque d'intégration des acteurs locaux ;

- les désillusions quant à la maîtrise technologique. La technologie, dans ce type d'association, est rarement transférée vers une valeur d'usage et un outil de développement, mais plutôt vers un produit vendu avec un mode d'emploi (une ‘valeur d'échange’).

La multiplication d'externalisations entre entreprises des pays industrialisés et des PED n'implique pas nécessairement de nouveaux investissements productifs. La logique de transfert de technologie intégrée dans un projet d'investissement requiert une révision des modalités, en élaborant des formes efficientes telles que :

- les alliances avec les entreprises novatrices, afin de renforcer la production et la base technologique ;

- les accords de brevets et de licences, sous forme de concessions ou de ventes définitives ; - la sous-traitance, où la production, et/ou la réalisation du projet, est effectuée par une entreprise d’un pays développé, selon les spécifications du donneur d’ordres du pays du Sud ; - la franchise, démarche largement répandue dans la production des biens courants.

95 Aussi et pour favoriser la montée en gamme et la diversification de leur production, les PED adoptent de nouvelles formes de coopération industrielle telles que :

- la création de structures communes par le biais d’entreprises conjointes qui impliquent une collaboration technique, managériale, juridique et financière, ainsi qu’une amélioration de l'efficacité de la R&D ;

- création de nouvelles entreprises notamment les startups et promouvoir la formation de clusters industriels116.

Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques de ces stratégies avec les différentes expériences menées.

116 OCDE (2014), "Perspectives du développement mondial 2013 : les politiques industrielles dans un monde en mutation", Éditions OCDE, Paris. P 135-136

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Section 02 : Performance des économies en développement dans le cadre du