• Aucun résultat trouvé

Analyse du secteur industriel et perspectives de développement

Analyse de la contribution du partenariat industriel à la performance économique de

2. Le partenariat dans le secteur industriel en Algérie

2.1. Analyse du secteur industriel et perspectives de développement

L’industrie est un secteur porteur important par son potentiel de création d'emplois, d’indépendance économique, de diffusion des technologies et de diversification des exportations. A ce titre, son développement permet de contribuer fortement au développement économique de la nation. Pour atteindre cet objectif, différentes stratégies et politiques ont été menées par l'Algérie, mais n'ont malheureusement pas réussi à faire émerger une économie génératrice de valeurs avec un tissu industriel dynamique et performant.

En effet et dans le cadre d’une politique de soutien aux investissements productifs et suivant la stratégie des ‘Industries industrialisantes’, la période (1967-1979) a constitué la phase intensive de mise en place de l’appareil de production industrielle. La période 1967-1977 a connu un essor de projets d’investissements, notamment dans l’industrie qui a bénéficié d’une part considérable dans le total des investissements, tandis que les années 1978-1979 ont marqué une forte baisse du taux d’investissement, justifié par l’achèvement des projets en retard de réalisation.

Tableau 14: Part attribuée à l’industrie dans le total des investissements 1967-77 (Mds DA)

Prévisions Réalisations

Industrie Total

Investissement % Industrie Total

Investissement % Pré Plan Triennal 1967-1969 5 168 10 559 48,9 6 057 7 651 79,2 1er Plan Quadriennal 1970-1973 10 118 24 400 41,5 19 015 35 906 53,0 2èmePlan Quadriennal 1974-1977 48 000 110 000 43,6 65 314 110 612 59,0 Source : Palloix C. (1980), "Industrialisation et financement lors des deux plans quadriennaux (1970- 1977)", Revue Tiers Monde, Vol. 21, No. 83 (Jul-Sep). PP 531-555

à la performance économique de l’Algérie

130 Au cours des trois plans successifs de développement (1967-1977), l'ampleur des investissements apparaît clairement dans le plan triennal et a été particulièrement élevée au cours du deuxième plan quadriennal. La réaffectation des programmes d’investissement été déséquilibrée puisque l’allocation a privilégié l'industrie pour les trois plans, au détriment des autres secteurs.

En effet, l’industrie a bénéficié d’un vaste programme et d’une part qui a dépassé 70% du total des investissements établis au plan triennal et plus de 55% de ceux établis au 2ème plan quadriennal. Les sociétés nationales industrielles créées étaient organisées par domaines d'activité, pour assurer la gestion et la production.

Néanmoins, ces efforts de développement industriel n’ont pas été accompagnés par des formations de la main-d'œuvre, ni de programmes de recherche et développement, surtout, avec l’acquisition des usines via des contrats ‘clés en mains’ ou ‘produits en mains’. En effet, la plupart des unités réalisées ‘produit en main’ avaient un faible degré de maîtrise technologique et d’autonomie par rapport aux concepteurs étrangers et ont accusé d’importants déficits d’exploitation, avec une faible utilisation des capacités de production. Ceci reflète une incohérence dans la stratégie de développement adoptée et entrave la mise en place d'un tissu industriel générateur d'effets d'entraînement sur les autres secteurs, en particulier l'agriculture.

Ces investissements massifs, dont la production ne s'est traduite que par de faibles ratios et auxquels s’ajoute cette incohérence, ont entraîné des dysfonctionnements du système productif notamment, avec la crise des années 1980 et, par conséquent, n'ont pas apporté les résultats escomptés en termes d'autonomie économique vis-à-vis des cours des hydrocarbures.

La stratégie a été révisée par des désindustrialisations, des restructurations et par l’ajustement structurel pendant la période (1988-1996), visant le désengagement de l’Etat vis-à-vis les entreprises publiques industrielles, ainsi que la réhabilitation du secteur privé et la relance des industries de biens de consommation à partir de ce dernier. Durant les années 2000, les différents programmes de développement se sont orientés vers les infrastructures sans être accompagnés d’une stratégie industrielle suffisamment cohérente et efficace167.

Aujourd’hui, l'industrie algérienne, caractérisée par le vieillissement de l'outil de production, la faible productivité due à la sous-utilisation des capacités de production et la faible compétitivité des produits locaux par rapport à ceux importés, connait une faible évolution qui se traduit par la part de la valeur ajoutée industrielle dans l’ensemble de l’économie nationale (PIB), située autour de 6% en 2018 (ONS 2018).

167Talahite F. (2016), "Désindustrialisation et industrialisation en Algérie. Le rocher de Sisyphe", Outre-Terre, Vol.02, N°47. PP 130-151

à la performance économique de l’Algérie

131 Tableau 15 : Evolution de la part du secteur industriel et de l’industrie manufacturière

dans le PIB en Algérie 1963-2018 (%)

1963-1980 1981-2000 2001-2018

VA Industrielle/PIB 33,0 35,0 38,4

VA Industrie manufacturière/PIB 13,1 10,9 5,6

Source : Calculs des auteures selon les statistiques de l’ONS

Le tableau illustre le poids de l’industrie dans l’économie algérienne durant la période 1963-2018. L’activité industrielle manufacturière a enregistré une tendance à la baisse, en particulier à partir des années 2000. La part de l’industrie manufacturière a continuellement régressé depuis les années 80 pour n’être que de 6% du PIB actuellement.

En effet et au cours des années 1990, le PAS impose la réduction des dépenses publiques, ce qui a entraîné une chute des investissements industriels et une baisse de la production manufacturière. De plus, la tendance de la production du secteur public, qui n’utilise que moins de 75% de ses capacités de production, est à la baisse, tandis que le secteur privé affiche une évolution positive168. L’économie algérienne a enregistré dans les années 2000 une croissance tirée par le secteur des hydrocarbures et les dépenses en infrastructures, ce qui n’a pas permis au secteur industriel de se développer et de rattraper son retard, malgré les transferts budgétaires massifs en faveur de l’industrie.

Graphe 05 : Evolution de la production industrielle en Algérie 1963-2018 (Mds DA)

Source : Etabli par nous-mêmes selon les statistiques de l’ONS, Comptes économiques, Divers numéros.

Le graphe montre que la production industrielle se compose en grande partie des hydrocarbures. L’industrie des hydrocarbures s'est développée au détriment de l'industrie manufacturière depuis le contre-choc pétrolier de 1986, contrairement à la période d'industrialisation, où la politique économique consistait à utiliser les revenus des hydrocarbures

168 ONS, Enquête sur la situation et les perspectives sur l’industrie au 3ème trimestre 2016. Note ONS N°767.

1 000 000,00 2 000 000,00 3 000 000,00 4 000 000,00 5 000 000,00 6 000 000,00

1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017

IND HH IND HYD

à la performance économique de l’Algérie

132 pour développer un système productif permettant de libérer le pays de la dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière et de toutes les incertitudes et chocs qui en découlent.

Les hydrocarbures enregistrent deux cycles : une évolution de la tendance entre 1990 et 2008 mais à partir de 2009, le secteur a connu un cycle instable, dû à la fluctuation des cours du pétrole durant cette période avec des chutes enregistrées en 2009 et 2014 et reprises en 2010 et 2017. Quant à la tendance de l’industrie hors hydrocarbures, elle est croissante depuis 1990.

La valeur ajoutée industrielle a été évaluée à 1128 Mds de DA en 2018 contre 1044,9 Mds DA en 2017, soit un accroissement en termes nominaux de 8,0%.

Graphe 06 : Taux de croissance de l’industrie hors hydrocarbures 2000-2019 (%)169

Source : Etabli par nous-mêmes selon les statistiques de la DGPP

En volume, la croissance industrielle moyenne durant la décennie 2009-2018 est à environ 4,6%. La croissance est de l’ordre de 4,1 en 2018 contre 4,7% en 2017. Soit un léger recul d’activité enregistré sur les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE), qui ont légèrement repris en 2019 avec l’énergie et l’industrie agroalimentaire.

La configuration de la croissance industrielle demeure similaire à celle des années précédentes.

L’industrie reste faible avec une part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB autour des 5,6% en 2018, contre plus de 7% au début des années 2000. Selon l’OCDE (2003), la croissance du secteur en 2001, a été principalement le fait du secteur privé qui a enregistré une croissance de 4,5%, tandis que le secteur public affichait une baisse de 0.7%. Les résultats du secteur privé viennent consolider une tendance positive observée au début des années 2000, avec une part croissante dans le PIB hors hydrocarbures, passant de moins de 65% en 1994 à 77% en 1999.

Par ailleurs, la part de l’industrie des hydrocarbures dans le PIB augmente par le seul effet des prix et réduit en conséquence celle des autres secteurs à la contribution du PIB. Cela nous mène à évaluer le poids de l’industrie dans le PIB hors hydrocarbures, afin de nous permettre d’avoir une mesure indépendante de la conjoncture des prix.

169 Pour l’année 2019, la croissance est calculée au 3ème trimestre 2019. ONS Comptes économiques (Note N°880)

1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Croi_Ind

à la performance économique de l’Algérie

133 Graphe 07 : Contribution de l’industrie hors hydrocarbures dans le PIB et le PIBHH 1963-2018

Source : Etabli par nous-mêmes selon les statistiques de l’ONS

La tendance de la contribution de l’industrie hors hydrocarbures dans le PIB et dans le PIB HH est semblable, elle augmente et diminue simultanément et leur tendance est principalement à la baisse à partir des années 1990, suite à la contraction de l’activité industrielle, mais on remarque que sa part dans le PIB hors hydrocarbures est supérieure de celle dans le PIB global.

Bien qu’une légère reprise, de 0,4 point, soit enregistrée entre 2016 et 2018, la contraction de l’activité industrielle est persistante : de 11% en 2005 à 7% en 2018.

Dans le cadre du plan de développement industriel, la loi de finances pour 2015 a identifié 14 filières industrielles à encourager170, dont la production peut se substituer progressivement à l’importation, en leur procurant un certain nombre de conditions. Les axes de ce plan portent principalement sur l’amélioration du climat des affaires, le développement du système industriel et minier (réorganiser les filières de production et renforcer la concentration des activités des entreprises afin d’accroître la production) ainsi que l’amélioration de la compétitivité171.

La chute des cours du pétrole a mis en évidence la fragilité des modèles de croissance établis durant la période 2000-2015. De ce fait, un nouveau modèle de croissance économique est lancé pour la période (2016-2019) dans le cadre de la stratégie nationale d’industrialisation avec une perspective de diversification de l’économie à l’horizon 2030172. L’objectif pour l’industrie est d’accroitre la part de l’industrie manufacturière dans le PIB, de 5.3% en 2015 à 10% à l’horizon 2030 et diversifier les exportations, notamment agricoles et manufacturières.

Ce modèle, qui prévoit de profondes transformations structurelles visant à accélérer la croissance hors hydrocarbures, constitue le début de la libération de la dépendance aux hydrocarbures.

170 Voir l’article 75 de la loi 14-10 du 30 Décembre 2014 portant loi de finances pour 2015.

171 Nations-Unies, commission économique pour l’Afrique, rapport sur le profil de pays 2016 : Algérie. P39

172 OCDE (2017), "Perspectives économiques en Afrique 2017", Rapport OCDE, la BAFD et le PNUD. P203

5,00 10,00 15,00 20,00 25,00

1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017

% IND HH/PIB

% INDHH/PIBHH

à la performance économique de l’Algérie

134 Il est également simulé un niveau de croissance de la productivité globale des facteurs touchant l’investissement privé et public, avec la mise en place d’un système national d’investissement dans les équipements publics qui font appel de plus en plus aux partenariats publics-privés173. En 2019, la loi de finances pour 2020 a instauré la création de zones industrielles intégrées, afin de promouvoir le développement sectoriel et spatial de l’industrie174.

Les investissements en partenariat entre opérateurs nationaux et étrangers portent essentiellement sur l'identification des opportunités d'investissement et permettent de faciliter les relations et des synergies entre les différents acteurs économiques (secteurs public et privé avec les investisseurs étrangers).