• Aucun résultat trouvé

Les indicateurs de la performance économique

Partenariat industriel et performance économique des PED

Section 02 : Performance des économies en développement dans le cadre du partenariat industriel

1. Croissance et développement économiques : vue d’ensemble

2.1. Critères et indicateurs de la performance économique

2.1.2. Les indicateurs de la performance économique

L’importance des indicateurs statistiques repose sur leur contribution à l’évaluation des politiques dont l’objectif principal est le progrès économique, ainsi que le fonctionnement des marchés. Ce rôle se voit progresser avec la large expansion des technologies de l’information, qui a rendu l’accès aux données statistiques beaucoup plus facile, accompagnée par l’évolution du niveau de formation de la population et la complexité des économies contemporaines.

Le niveau des statistiques s’est largement amélioré et couvre désormais de nouveaux thèmes et domaines, afin de répondre à l’accroissement de la demande d’information émanant des différents agents économiques. Mais les indicateurs semblent parfois trop limités par rapport aux objectifs recherchés et, par conséquent, les décisions peuvent s’avérer inappropriées. En effet, les différentes politiques sont adoptées en fonction de leur impact positif sur l’économie. Mais si les évaluations sont biaisées, les résultats seront donc inadaptés aux objectifs économiques131. Les indicateurs de performance désignent tout ratio ayant recours à deux ou plusieurs mesures importantes relatives à un domaine donné et directement liées à la performance. Ils ne sont pas des valeurs absolues, mais peuvent être significatifs dans le cadre d'une comparaison ou d'une analyse qui pourrait aider à suivre et à évaluer l'efficacité de l'organisation de l'activité d'un domaine et à identifier les éventuels aspects à améliorer132.

Lebas (1995) montre comment la mesure de la performance dépend des indicateurs choisis, en précisant qu’elle n’est pas une simple constatation, mais se construit et représente une indication d’un potentiel de résultats futurs. Elle se détermine sur la base d'un ensemble de paramètres constituant un modèle de causalité temporelle et spatiale. Mais la principale contrainte consiste dans le bon choix de ces indicateurs, qui repose sur trois critères essentiels : la pertinence, la mesurabilité et la validité théorique reconnue par les chercheurs.

131 Stiglitz J.E. et al. (2009), "Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social", la documentation française, Paris. P 07

132 Nations Unies (2010), "Recommandations internationales concernant les statistiques industrielles 2008", étude statistique, série M N°90, New York. P 111

104 L'analyse de la performance économique globale d'un pays est généralement effectuée en examinant plusieurs indicateurs traditionnels et une mesure globale permet de combiner les informations pertinentes de ces différents indicateurs133. Cette mesure de la performance est une évaluation quantitative et qualitative des décisions prises antérieurement, des champs de responsabilités et des choix stratégiques effectués sur l’activité économique.

Elle peut être appréciée de manière qualitative, sous forme d’un jugement de valeurs évaluées à travers la construction d’outils de mesures adaptés aux spécificités du contexte économique actuel, ou, il peut s’agir de mettre en place des critères déterminés et exprimés quantitativement sous forme d’indicateurs quantitatifs selon des critères mesurables. Cela semble être le moyen le mieux adapté pour vérifier si l’objectif de la politique concernée est finalement atteint134. Faisant partie des statistiques nationales, ces indicateurs peuvent être répartis en trois types : les taux de croissance ; les ratios et les parts ou contributions (Nations Unies ; 2008). Comme la politique macroéconomique conjoncturelle fonctionne généralement à court terme, la croissance du PIB (ou PNB) est l’outil de mesure le plus informatif.

Cependant, dans le domaine de la politique économique et afin de pouvoir évaluer les évolutions économiques de court terme, aussi bien que le besoin d’une action politique, il est clair que d'autres dimensions doivent être prises en compte, telles que le chômage, l'inflation, la qualité de vie, la croissance de la production industrielle, la position sur le compte courant... Et même si son utilité est limitée à moyen terme, le PIB demeure fondamental sur le plan conceptuel pour évaluer la performance économique (CAE 2010).Des tentatives de conception d'un indicateur synthétique ont été faites précédemment à travers l'indice Okun (1977) et l'indice de Calmfors-Driffill (1988), dénommé API. L'indice d’Okun est calculé par la somme du taux de chômage et du taux d'inflation et reflète la misère ou le mal-être d'une nation.

L'interprétation est simple : les plus faibles valeurs traduisent une meilleure performance macroéconomique et vice versa.

Par ailleurs, l'indice de Calmfors est donné en additionnant le taux de chômage au déficit du compte courant, exprimé en pourcentage du PIB135. Une meilleure performance est associée à une valeur inférieure de l'indice, dont l’objectif est de pénaliser les pays qui poursuivent un faible niveau de chômage par une politique expansionniste, qui conduit à un déficit de la balance courante. Pour chacun de ces indices, l’utilisation de deux dimensions est limitée pour évaluer la performance. De son côté, l’OCDE (1987) a adopté les quatre mesures de Kaldor de la performance, à travers ‘le Diamant magique’ : le taux de croissance du PIB, le taux d'inflation, le taux de chômage et la balance commerciale. Chacune de ces mesures est informative mais insuffisante.

133Moesen W. &Cherchye L. (1998), "The macroeconomic performance of nations measurement and perception", Centre for Economic Studies Catholic University of Leuven, August. P03

134Galdemar V., Gilles L., Simon M-O. (2012), "Performance, efficacité, efficience : les critères d’évaluation des Politiques sociales sont-ils Pertinents ?", cahier de recherche Crédoc N°299 Décembre. P 11

135 OCDE (1997), "Perspectives de l’emploi Juillet 1997", publications OCDE, Paris. P73

105 Si l'on veut avoir une vue d'ensemble de la performance économique d'un pays, il est nécessaire de regrouper et combiner les composantes qui peuvent évoluer dans différentes directions. Cela peut être synthétisé comme suit :

Tableau 08 : Indicateurs de mesure de la performance macroéconomique

Mesure de la Performance Référence

PIB Kaldor (1971); OCDE (1987); Turan (2018)

PIB/Capita CEA (2010)

PIB/Heure travaillée CEA (2010)

RN Net/Capita CEA (2010)

CF/Capita CEA (2010)

Taux D'emploi CEA (2010)

Taux d'Inflation Kaldor (1971); OCDE (1987); Moesen & Cherchye (1998); Turan (2018)

Taux de Chômage Kaldor (1971); OCDE (1987); Turan (2018)

Balance commerciale (Compte courant) Tinbergen (1952); Kaldor (1971); OCDE (1987);

Taux d'intérêt Turan (2018)

IDH Affile et al. (2010)

Source : Etabli par nous-mêmes suivant revue de littérature

Le Conseil d’analyse économique français (CAE) et le Conseil allemand des experts en économie ont présenté un rapport, dans le cadre du Conseil des ministres franco-allemand en fin 2010, intitulé "Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité"

proposant un tableau de bord de vingt-cinq indicateurs couvrant trois domaines : la performance économique, la qualité de la vie et la soutenabilité économique, financière et environnementale du bien-être. En ce qui concerne la performance économique et le bien-être matériel, six (06) indicateurs ont été retenus en encourageant la mesure de la répartition des revenus :

- le PIB par habitant : calculé en divisant le PIB par la population et vise à estimer le niveau de vie moyen par habitant ;

- le PIB par heure travaillée (PIB/H) ou productivité horaire du travail. C’est une variable économique clé qui traduit l’efficacité productive dans l’économie et principalement l’efficacité moyenne des travailleurs. Elle est définie comme le rapport entre la quantité produite et les moyens humains et matériels utilisés pour l’obtenir ;

- le Taux d’emploi : mesure le degré de mobilisation de la population active sur le marché du travail136 ;

- le Revenu national net par habitant ; - la Consommation finale par habitant, ;

136 Duchêne G., Lenain P., Steinherr A. (2012), "Macroéconomie", Pearson Education, 2ème éd. Paris. P 05-07

106 - le rapport inter-quintile dans la distribution des revenus (S80/S20) : c’est "le ratio entre la moyenne des revenus des 20 % de la population les plus riches et la moyenne des revenus des 20 % de la population les plus pauvres"137.

Par ailleurs et dans son analyse comparative sur les performances à long terme de l'économie albanaise avec un groupe d'économies concurrentes ayant des caractéristiques similaires dans la région, Turan (2018) a utilisé quatre indicateurs caractérisant la performance de l’économie d’un pays dans son ensemble : la croissance du PIB réel, l'inflation, le chômage et les taux d'intérêt. La détermination de ces quatre composantes était basée sur les points suivants : - Le PIB réel mesure l'évolution de la production globale, et permet d'analyser le degré de croissance de l'économie et l'utilisation efficiente des ressources. Il comprend des facteurs dynamiques de la croissance économique (consommation, niveau d'investissement, dépenses publiques et compte courant). A long terme, il détermine l'évolution des conditions de vie et celles du bien-être des personnes par rapport à la qualité du développement humain et du capital.

- Le chômage mesure la performance du marché du travail. Il indique si les ressources humaines sont mobilisées efficacement ou non. Lorsque l'économie est efficiente, l’augmentation de la production et les principaux agrégats macroéconomiques entraînent la création de nouveaux emplois, en particulier pour la main-d'œuvre peu qualifiée.

- L’inflation constitue le facteur déterminant de la politique monétaire. Il exprime le coût de la vie dans le pays en fonction de l'évolution des prix. La réalisation d'une croissance économique solide associée à la stabilité des prix est essentielle à long terme.

- Quant au taux d'intérêt, il explique les conditions financières et le coût d'emprunt pour les investissements dans l'économie en fonction de l'inflation prévue et de la masse monétaire.

Cette analyse est effectuée dans un rapport d’évaluation de la performance de l'économie albanaise de 2017, établit par la Société économique d'Albanie (ESA) créée en 2014 qui rassemble une communauté internationale d'économistes pour faciliter et promouvoir la recherche sur les questions économiques mondiales et celles de l'économie albanaise138. A la lecture de l’ensemble de ces rapports et études, les experts et économistes s’accordent sur le fait que la performance économique d'un pays est traditionnellement évaluée en fonction de la réalisation des objectifs des politiques macroéconomiques.

137 OCDE (2014), "Panorama des statistiques de l’OCDE 2014 : économie, environnement et société", Editions OCDE. P64

138Turan G. (2018), "Main Macroeconomic Indicators and Longer-Term Performance of the Albanian Economy Comparing to Competitor Economies with Similar Characteristics in the Western Balkans", in

"Albanian Economics Performance 2017 Annual Report", Epoka University, Tirana (April). PP 11-17.

107 Un premier objectif économique d'un pays consiste à atteindre un taux de croissance élevé du PIB. De sa part, le faible taux de chômage est considéré comme un objectif important d’une politique économique. Il constitue donc un deuxième indicateur de performance. Toutefois, un faible niveau de chômage pourrait être atteint par un niveau élevé d'inflation, une relation qui est représentée par la courbe de Phillips. Le taux d'inflation doit également être pris en compte.

Dans son ouvrage pionnier des contributions à l'analyse économique "On the Theory of Economic Policy", Tinbergen (1952) introduit un quatrième indicateur de performance, à savoir la balance des paiements, en particulier, le compte courant qui traduit un bon ou un mauvais signal (excédent ou déficit). Il estime que cet indicateur représente un élément de bien-être et d'une bonne politique.

Par ailleurs et compte tenu des contraintes qui entravent les efforts de croissance économique en matière du bien-être social de la population, d'autres objectifs économiques viennent à la réflexion, tels que l’indice du développement humain (IDH), qui est une mesure de plus en plus utilisée. Il permet d'apprécier la qualité de vie moyenne et le progrès humain sur le long terme et vise à compenser les insuffisances du PIB qui calcule la croissance économique d'un pays sans aucune donnée sociale139.