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La croissance économique

Partenariat industriel et performance économique des PED

Section 02 : Performance des économies en développement dans le cadre du partenariat industriel

1. Croissance et développement économiques : vue d’ensemble

1.1. La croissance économique

La croissance économique est un processus quantitatif se traduisant par l’augmentation, au cours d’une longue période, de la production globale d’une économie et désigne ainsi, la progression de la richesse nationale117. Elle se distingue de l’expansion, qui est une phase d’amélioration de la conjoncture (augmentation du PIB) de courte durée, sans pour autant procurer de changements structurels et diffère également du progrès économique, qui résulte de la progression des revenus réels de la population et l’amélioration de ses conditions de vie118. Par types, la croissance économique peut être extensive, obtenue par l’accroissement de la quantité des facteurs de production (capital, travail) sans recours au progrès technique, ou intensive, réalisée par l’accroissement de l’efficience de ces facteurs suite à une amélioration de leur productivité, grâce à de nouveaux procédés de fabrication (augmentation de la valeur ajoutée des travailleurs, efficacité des machines, réorganisation de la production…)119.

117Capul J-Y. & Garnier O. (1999), "Dictionnaire d’Economie et de sciences sociales", Ed. Hatier. P 107.

118Montoussé M. et Deubel P. (2008), op cit. P 120

119Belattaf M. (2010), "Economie du développement", OPU, Alger, P15

97 La croissance économique et ses principaux facteurs ont fait l’objet d’études depuis de longue date par la plupart des chercheurs et économistes, qui ont établis des théories explicatives de la croissance. Pour Smith et Ricardo, la croissance économique dépend de l’accumulation du capital financé par l’épargne, perçue donc comme un élément favorisant la croissance. Mais ces théories classiques estiment qu’à long terme, l’économie va atteindre un état stationnaire qui ralentit la croissance. Quant aux keynésiens, ils estiment que la demande joue un rôle dans la croissance.

Si la théorie de Keynes (1936) portait uniquement sur le court terme, Harrod (1939 et 1948) a prolongé l'analyse de l'équilibre du sous-emploi de Keynes au long terme pour conclure à l'instabilité de la croissance (croissance déséquilibrée). Domar (1947) arrive également à la même conclusion d’Harrod, que l’investissement est à la fois, une composante de l’offre (en investissant, les entreprises augmentent leurs capacités de production et l’offre tend donc à augmenter) et de la demande (satisfaction de la demande).

Si l’augmentation de l’offre correspond à l’augmentation de la demande, alors la croissance sera équilibrée, mais rien ne garantit cette compensation, car le taux d’épargne et le coefficient de capital sont des variables indépendantes. Le plein emploi est également incertain puisqu’il dépend d’une troisième variable qui est la hausse de la population active120.

Dans leur modèle, Harrod et Domar élargissent l’analyse keynésienne pour faire ressortir le caractère instable du processus de croissance. En effet et pour qu'une croissance soit équilibrée, c'est-à-dire que l’augmentation de l'offre de production ne soit ni plus (surproduction) ni moins (sous-production) que la demande, elle doit se conformer un taux proportionnel au niveau d'épargne et du coefficient de capital de l'économie (quantité de capital utilisée pour produire).

Keynes avait démontré que l’Etat doit intervenir à court terme pour sortir l’économie du sous-emploi. Harrod et Domar montrent également que les autorités publiques ont un rôle à jouer dans la croissance à long terme en veillant à ce qu’elle soit équilibrée. En assouplissant et resserrant ses politiques conjoncturelles, l’Etat va ajuster la demande globale de manière à ce qu’elle s’équilibre avec l’offre globale (Gillis M. et al, 1998).

Dans la théorie moderne de croissance, les modèles de croissance néoclassiques, établis par des auteurs contemporains (Schumpeter 1939, Solow 1956) définissent trois déterminants de la croissance : le capital, le travail et la technologie. Schumpeter (1939) explique les phases de croissance par la diffusion des innovations parmi lesquelles figurent de nouvelles méthodes de production et qui désignent "l’ensemble des innovations instaurant de nouvelles manières de produire, de nouvelles combinaisons productives, qui induisent un accroissement de la productivité des facteurs de production"121.

120Tani A.Y. (2014), "L’analyse de la croissance économique en Algérie", thèse doctorat en finances publiques, Université de Tlemcen 2013/2014. P 64-65

121Deubel P. et Montoussé M. (2008), op cit. P 125

98 Le progrès technique apparaît dans un premier temps comme un facteur exogène qui soutient la croissance économique à long terme et fut un facteur endogène dans la théorie de la croissance endogène dès les années 1980, par les économistes libéraux (Romer 1986, Lucas 1988, Barro 1998), inspirés par le modèle de Solow.

Figure 10 : La croissance Endogène

Source : http://annotations.blog.free.fr/index.php?post/1989/02/24/Les-th%C3%A9ories-de-la-croissance (le 31/08/2019)

La croissance endogène "définit un taux de croissance régulier optimal en fonction notamment des comportements d’agents économiques. Même s'ils décrivent des situations économiques très différentes (accumulation de connaissances technologiques, capital humain, progrès dans la qualité des produits, etc)"122. Elle désigne donc un processus de croissance économique reposant sur des facteurs qui en sont aussi la conséquence, tels que le progrès technique par ses principales sources (figure 10), le capital humain (Lucas 1988), l’innovation (Romer 1986) et l’investissement public (Barro 1998).

Figure 11 : Les facteurs de croissance économique

Source : Etablie par l’auteure

Les transformations des facteurs de production en gains reflètent une amélioration du niveau de vie. Cela incite à la consommation de masse et implique une augmentation de la production, qui intervient sur la productivité par le biais d'économies d'échelle, permettant ainsi une accélération du processus de croissance.

122 Artus P. (1993), "Croissance endogène : revue des modèles et tentatives de synthèse", Revue économique, Vol. 44, No. 2, Nouvelles théories de la croissance (Mars).PP 189-227

Facteurs de croissance : Travail, Capital & Progrès

technique Productivité Croissance

économique

99 Etant un processus quantitatif, la croissance économique peut être mesurée par le taux de variation de la production exprimée en termes bruts, en intégrant les amortissements entre deux périodes. Dans la plupart des statistiques internationales, elle est évaluée par le Produit intérieur brut (PIB), qui est "un agrégat représentant la valeur des biens et services produits pendant l’année par les agents résidents à l’intérieur du territoire national, quelle que soit leur nationalité"123.

Le PIB est calculé par la somme des valeurs ajoutées engendrées par toutes les unités et branches économiques résidentes, auxquelles s’ajoutent la TVA et les droits de douanes de façon à mesurer le PIB aux prix du marché et pour éviter de compter plusieurs fois les intra-consommations dans la production totale124. Il se décompose en produit marchand, évalué par le biais des prix, et non marchand, évalué à partir du coût des facteurs de production. La croissance peut également être mesurée par le Produit National Brut (PNB), si l’on tient compte des seules activités productives des unités économiques nationales, que celles-ci soient produites sur ou hors territoire national. Le PIB et le PNB par habitant peuvent constituer des indicateurs de croissance économique.

Ces indicateurs de mesure de la croissance économique enregistrent quelques limites : la production domestique n’est pas prise en compte dans le PIB. De même et dans de nombreux PED, une bonne partie de l’activité économique s’effectue hors marché, au niveau du secteur informel et ne figure absolument pas dans les statistiques officielles. Par ailleurs, ces indicateurs de croissance ne permettent pas d'estimer avec précision les externalités négatives des activités économiques sur l’environnement et sur la vie sociale. De ce fait, une telle mesure de la croissance économique ne traduit pas efficacement l’augmentation de la production de richesses d’un pays avec l’amélioration du bien-être de sa population.