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Partie II. LE PROTOCOLE DE RECHERCHE

Section 2. Cadre conceptuel

2.1 Les ramifications théoriques

Démarche d’analyse

La qualité d’une théorie ne peut se juger à sa seule cohérence interne, mais par rapport à sa capacité à rendre compte du réel. Or, « toute théorie, y compris scientifique ne peut épuiser le réel et enfermer son objet dans son paradigme. »405. Il est important d’insister sur le fait qu’elle ne retient pas tous les aspects de la réalité mais seulement ce qu’en exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Alors, comment apprécier la qualité du modèle adéquat sur sa capacité à être opérationnel pour rendre possible l’explication du phénomène étudié ? Si aucun auteur ne détient la seule voie explicative, il ne sera pas contradictoire et incompatible d’emprunter à plusieurs auteurs des modèles théoriques qui                                                                                                                

404 Bernard Fusulier, Les techniques de la distance. Regards sociologiques sur le télétravail et la téléformation, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 19.

405 Edgard Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine, Paris, Seuil, 1979, p. 229.

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seront adaptés à l’analyse des particularités de notre objet : « Nourri dans les traditions de plusieurs pères fondateurs, le sociologue aime mobiliser différents cadres d’analyses pour un même objet. Il fait ainsi varier les points de vue, met en évidence diverses dimensions et relativise du même coup son propre point de vue. »406. La logique d’exposition reprendra la pensée de Francis Sejersted, à travers laquelle nous entrons dans une phase de réflexion normative sur la technique, résultant d’une longue évolution qui a conduit « du déterminisme technologique au constructivisme social, pour aboutir à une théorie politique de la technique. »407.

Déterminisme technologique

La première chose qui semble intéressante sur le déterminisme, est qu’il existe plus en termes de critique qu’en tant que position théorique. L’enjeu a été de tirer parti de ces controverses afin de faire émerger ses ramifications avec la télémédecine. Globalement, le déterminisme prétend que les techniques obéissent à une logique fonctionnelle autonome qui s’explique sans référence à la société :

« D’une part, le changement technique est autonome [...] D’autre part, un changement technique provoque un changement social. »408. La société n’influence pas la technique, qui tire son évolution d’elle-même ou de la science, qui elle, influence la société. Gilbert Hottois409 et Jacques Ellul410, par exemple, estiment que l’avenir des sociétés est déterminé et contraint par la technique, que l’être humain n’est ni plus ni moins que condamné à servir le développement infini de cette dernière.

Certains comme Charles Taylor411 ont enrichi la réflexion sur un ton encore moins résigné en appelant à un éveil collectif pour un modèle de développement des technologies renouvelé.

Les techniques sont les éléments déterminants de la vie économique, sociale et politique, comme si le

« social » était une matière malléable façonnée par ces dernières. C’est l’idée de l’asservissement par un ordre rationnel où les individus sont les simples rouages dans le mécanisme social, objets d’un contrôle technique sans fin. Ceci présente le défaut de déduire l’organisation sociale directement de la technique employée. Les caractéristiques d’une société seraient directement formatées par les technologies mobilisées.

Tout à la fois, la technique ne peut s’analyser sans apprécier ses effets potentiels parce qu’adopter une technique contraint nécessairement à adopter également certaines pratiques liées à son utilisation. Il y a lieu de voir que la technologie peut comporter une part de contraintes coercitives, c’est-à-dire

                                                                                                               

406 Bernard Fusulier, op. cit., p. 213.

407 Francis Sejersted, « After technological determinism », article non publié, cité par Andrew Feenberg, (Re)penser la technique, vers une technologie démocratique, Paris, La Découverte, 2004, p. 21.

408 Dominique Vinck, Sociologie des sciences, Paris, Armand Colin, 1997, p. 232.

409 Gilbert Hottois, Le signe et la technique, Paris, Aubier, 1984.

410 Jacques Ellul, La technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Economica, 1990.

411 Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité, Montréal, Bellarmin, 1992.

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qu’elle astreint physiquement, légalement et socialement à certains comportements sociaux. Elle peut aussi comporter une part de contraintes non-physiques ou non matérielles agissant plus, cette fois, sur le psychique ou le moral des individus. Il y aurait donc quelque chose de « plausible » dans l’idée d’une congruence entre les techniques et les pratiques sociales parce que « chaque technologie véhicule un design organisationnel implicite qui à la fois stimule et limite la variabilité de ses usages. »412. Cependant l’influence n’est pas unidirectionnelle. Un glissement peut s’opérer dans le sens où « les techniques productives sont socialement déterminantes parce qu’elles sont socialement déterminées. »413. Le déterminisme technique serait alors le produit des interactions et non le facteur premier. En ce sens, l’usage de la télémédecine conduirait à des changements certains, parce qu’elle a justement été développée pour atteindre ces objectifs. Ce n’est pas tant la technologie mais les rapports sociaux ayant sous-tendu son développement ou ceux qui y sont incorporés, qui détermineraient les impacts. S’il ne s’agit pas de faire sienne la théorie linéaire et déterministe qui considère que la technique façonnerait la société, il faut pourtant admettre que l’usager en télémédecine n’intervient qu’en dernière instance, comme devant un fait accompli, certes avec le choix de refuser, détourner ou adopter ce qui lui est offert.

Mais les échecs enregistrés d’implantation volontariste de la télémédecine dans le système de santé, conduisent aujourd’hui à renoncer à un certain déterminisme technique, à admettre qu’aucun objet ne peut structurer complètement les pratiques sociales et à écouter dubitativement les mots d’ordre messianiques de leurs promoteurs. Nous verrons donc dans le cadre de la sociologie politique des usages, comment ne pas occulter les effets conditionnants de la technique et non déterminants, en replaçant l’usage dans son environnement et dans les stratégies politiques et marchandes.

Un autre postulat du déterminisme technique : le progrès technique paraît suivre un cours unilinéaire, un chemin préétabli, qui fait se succéder des configurations de plus en plus avancées : « Les processus d’innovation technologique sont représentés sous la forme d’un schéma linéaire, science-technologie-société semblable à une course de relais dans laquelle chaque coureur passe le bâton témoin au suivant. »414. Mais la sociologie contemporaine ébranle la vieille idée du progrès unilinéaire, réfute l’idée que chaque étape du développement technologique rend possible le suivant sans ramifications à partir de la ligne principale. La genèse de la télémédecine a prouvé que l’évolution technique se ramifie dans beaucoup de directions. L’évolution sociale n’est pas déterminée par l’évolution technologique mais dépend de facteurs sociaux aussi bien que techniques.

                                                                                                               

412 Eric Alsène, « Les impacts de la technologie sur l’organisation », Sociologie du travail, vol. 32, n°3 (1990), p. 321-337, p.

321.

413 Michel Freynesset, « Processus et formes sociales d’autonomisation. Le paradigme sociologique », Sociologie du travail, n°4 (1992), p. 494.

Thierry Vedel, « Sociologie des innovations techniques et usages : introduction à une socio-politique des usages », in : André Vitalis (dir.), Médias et nouvelles technologies : pour une socio-politique des usages, Paris, Apogée, 1994, p. 13-34, p. 18.

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Si cet aspect du déterminisme est largement réfuté scientifiquement en étant « politiquement incorrect » en sociologie, il n’en demeure pas moins « correct politiquement ». Nous pouvons envisager ce schéma linéaire comme un objet de dépolitisation de la technologie, véhiculant l’idée d’une activité scientifique autonome, abstrait dans une large mesure de celle-ci l’obligation d’arbitrages sociaux ou politiques (ou mieux la reporte en aval du processus)415. Cet axe pourra être mobilisé dans la partie analysant les discours politiques et ceux des grandes entreprises qui accompagnent la télémédecine. Ils envisageant son développement en termes de « diffusion » ou

« d’adoption » s’apparentant à une véritable variable du déterminisme technique. Les techniques se heurtent à des « résistances », à des « blocages », à des « retards » mais leur développement est inéluctable. Les comparaisons maintes fois élaborées sur ce qui se fait dans les pays voisins (par ex.

Québec) en matière de télémédecine admettent que les sociétés peuvent faire des progrès lents ou rapides, mais la direction et la définition du progrès ne sont pas remis en question. Plus largement, c’est un déterminisme néolibéral qui est à l’œuvre. L’inéluctabilité des transformations, l’adaptation aux changements, l’impératif de la loi du marché, l’inévitabilité de l’informatisation-réseautification, primauté de la performance et de la compétitivité, tels sont les maîtres mots du déterminisme néolibéral qui imprègne l’action du gouvernement et façonne la transformation du système de santé.

Suivant cette logique, les seuls aspects qui pourraient être l’objet de discussion, de négociation, sont ceux qui portent sur la façon d’aménager les changements. Tout le reste relèverait du non-choix, du non-politique. En somme, le déterminisme néolibéral encourage à la dépolitisation des enjeux, étouffant toute possibilité d’un avenir différent. Le constructivisme peut ouvrir cet avenir, bien que ses praticiens aient jusqu’à présent hésité à se confronter aux grands problèmes sociaux qu’implique leur démarche.

Le constructivisme social

Sur ce deuxième volet, le postulat fondamental consiste à considérer que la technique est socialement construite, définie par un environnement social et cognitif donné, composé de groupes sociaux mus par des intérêts identifiables. Le développement technologique est interprété comme un processus de variabilité et de sélection. Les artefacts qui réussissent sont ceux qui trouvent des appuis dans l’environnement social. A la place de la vision linéaire, c’est une analyse approfondie du contexte entourant le développement des technologies qui prend le devant de la scène. La flexibilité de la conception des artefacts laisse de la place aux choix basés sur des critères non-techniques, tels que

                                                                                                               

415 Ibid., p. 20.

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des valeurs culturelles, des normes sociales ou des problèmes de pouvoir416. Le développement de la télémédecine à domicile ne relèverait pas d’une quelconque loi déterministe, d’une évolution technique, économique ou sociologique qui s’imposerait inéluctablement, elle est une construction qui renvoie à un travail humain contingent. Ce courant affiche la volonté de définir la technologie comme le résultat d’une série de compromis. A partir de là, le sociologue montre comment chaque groupe s’engage dans des luttes et négociations avec les autres groupes, comment ensemble ils redéfinissent progressivement les solutions et comment se clôt la controverse. Le contenu de l’objet technique et son usage sont ainsi construits. La télémédecine n’a donc pas d’existence autonome, elle n’est que la matérialisation de rapports sociaux et est intégralement construite et déterminée par le social. Dans ce processus d’innovation technologique, chaque acteur ou groupe d’acteurs impliqué tente généralement d’influencer, au moyen des ressources à sa disposition, les décisions à l’avantage des intérêts et des valeurs qu’il défend. Loin d’être prédéterminée, l’innovation est de ce fait socialement construite. L’interaction des acteurs donne lieu à une série de controverses, à des stratégies d’alliances et de positionnement qui influencent l’évolution du projet tel qu’imaginé initialement par les promoteurs. Ce sont les acteurs sociaux en position de force ou d’autorité qui agissent les premiers sur le changement technologique.

Dans ce sens, l’intérêt sera de porter l’analyse sur la concentration du pouvoir politique et économique d’une société donnée pour en comprendre l’évolution. Les phases de mise en place et de mise en œuvre de la technologie, qui font suite au choix d’une technique, se trouvent elles aussi largement conditionnées par les rapports sociaux qui ont cours dans un contexte donné. Mais contrairement à ce que soutiennent les théoriciens de la « diffusion » des innovations technologiques et les théoriciens des politiques publiques uniquement fondées sur une perspective dite « top-down », c’est-à-dire par le haut, les technologies ne sont pas des objets ou des systèmes figés, déjà donnés et complets, que les promoteurs installent dans un environnement stable et inerte dans lequel les utilisateurs, plus ou moins passifs, ne feraient que sanctionner (ou non) l’innovation proposée417. Tout au long du processus, au contraire, les technologies sont façonnées par le jeu des acteurs sociaux (dont les promoteurs et les usagers) et par certaines conditions dites objectives (ressources des acteurs, structures industrielles ou organisationnelles, cadres législatifs et réglementaires, stratégies d’entreprises, habitudes et usages sociaux en place, innovations précédentes, contraintes inhérentes à l’objet technique proposé, etc.). D’ailleurs, certains changements s’effectuent à partir d’initiatives de                                                                                                                

416 Marie Jo Hatch, Théorie des organisations. De l’intérêt de perspectives multiples, Paris, Bruxelles, De Boeck Université, 1997, p. 50.

417 Pour une critique des théories sur la « diffusion » des techniques du point de vue de la sociologie, voir Pierre Chambat, op. cit., Jean-Guy Lacroix, Gaëtan Tremblay et Gilles Pronovost, op. cit. Pour une critique de la perspective « top-down » du point de vue de l’analyse des politiques publiques, voir Michel Crozier et Erhard Friedberg, L’acteur et le système : les contraintes de l’action collective, Paris, Editions du Seuil, 1977. Yves Meny et Jean-Claude Thoenig, Politiques publiques, Paris, Presses Universitaires de France, 1989.

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la base, menées par les acteurs du terrain, ainsi que le conçoit la perspective d’analyse des politiques publiques dite « bottom-up », c’est-à-dire ascendante. En somme, face à une offre technologique, le social peut réagir, s’adapter ou s’imposer. Les intérêts et la vision du monde des acteurs s’expriment dans les techniques à la conception desquelles ils participent. On rejette ici tout déterminisme de la technologie et toute rationalité intrinsèque. Bien qu’intéressant et largement mobilisé dans notre thèse, nous éviterons de nous enfermer dans un certain conformisme constructiviste : « Si l’on se demande pourquoi les techniques exercent des effets sur la société, la réponse devient simplement : ce sont les rapports sociaux inscrits par certains dans la technique qui s’imposent aux autres. La technique n’est alors plus rien en elle-même. Elle n’est plus qu’un intermédiaire, une courroie de transmission de la volonté, des représentations et des intérêts de certains par rapport à d’autres. »418. Dans le même temps, il apparaît insuffisant d’expliquer les interactions observées, la conception de technologies « molles », totalement malléables, dont les usages seraient entièrement dépendants du pouvoir des usagers. Cette approche laisse peut-être présager une adaptabilité un tant soit peu exagérée des dispositifs de télémédecine aux besoins et aux attentes des usagers, même si leur liberté de manœuvre est dans certains cas croissante. Parallèlement, il ne faudrait oublier que la technologie est aussi un construit social, d’une part parce que résultat de procès itératifs de négociations, débats, alliances, réseaux à l’intérieur du monde scientifique et technique ; d’autre part parce que malaxée par les pratiques des utilisateurs, voire parfois produite par eux suite à des détournements d’usages.

Coévolution de la technologie et de la société

Certes, il ne s’agit pas de réhabiliter l’idée d’un déterminisme linéaire et univoque de la technologie sur les organisations, mais nous pourrons montrer comment la télémédecine à domicile peut être structurante quant à ses impacts en la considérant parallèlement comme le fruit d’une histoire et d’un contexte, le résultat d’une dynamique d’innovation multidimensionnelle.

Les innovations technologiques, tout comme les politiques publiques, voient le jour et se concrétisent à travers les dynamiques sociales en présence à l’intérieur de contextes toujours particuliers. Il est par conséquent impossible de comprendre la teneur et le sens précis de ces manifestations sans tenir compte des relations de pouvoir qui se tissent, des stratégies d’offres mises en avant et des comportements d’usages qui sont adoptés par les utilisateurs ciblés (patients et professionnels de santé). Il s’agit non seulement de construire un compromis entre le pouvoir structurant de la technologie, hérité du déterminisme, et la fabrication de la technologie par la société, héritée du constructivisme, mais surtout de dépasser ce dilemme.

                                                                                                               

418 Dominique Vinck, 1995, op. cit., p. 241.

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La technologie et la société évoluent de manière sans cesse interactive, elles se façonnent mutuellement. Jean-Jacques Salomon plaide en faveur d’une convergence autour de la notion de coévolution de la technique et de la société : « Un abîme sépare ceux qui voient dans la technologie un processus obéissant inexorablement à sa logique interne et ceux qui voient en elle un phénomène exclusivement influencé par les forces sociales ou les intérêts de classe ; discussion sans fin, dont je renonce à réconcilier les protagonistes. »419.

Les approches déterministes révèlent certaines propriétés structurantes de la technologie qui balisent le champ des changements organisationnels, mais négligent les effets des interactions humaines au sein des organisations, tandis que les approches constructivistes font exactement l’inverse. Le dilemme du déterminisme et du constructivisme devient inopérant puisque la technique peut être le produit et le médium de l’action humaine. Plutôt que de revendiquer un système théorique totalisant alternatif à la plupart de ceux qui existent par ailleurs, nous pouvons admettre que ce n’est pas parce que différents facteurs sont mêlés dans la réalité qu’on ne peut pas les distinguer au niveau de l’analyse : « Je me demande tout à fait naïvement s’il n’y aurait pas quelque homologie entre la sociologie et son objet : le social. Peut-on analyser le flou, le souple, le fluant avec des théories fortes comme on en a connu en sociologie par le passé? N’est-on pas contraint, pour penser cette société multiforme, hétéroclite, mouvante, de mobiliser des outils conceptuels souples, des agencements théoriques modulables, bref, de la pensée faible, selon l’expression de Vatimo ? »420. Il faut accepter l’idée qu’aucune théorie ne peut à elle seule s’appliquer à tous les aspects de la vie sociale et à toutes les situations et configurations historiques. Certaines mettent mieux que d’autres en lumière certains aspects de la vie sociale ou certaines situations historiques. Il faut être attentif à la spécificité des contributions propres à chacune et être prêt à les appliquer ou à les combiner de façon créative. Nous prônons donc l’épanouissement de toute une série de croisements et de recoupements entre diverses façons de traiter les dilemmes théoriques classiques.

La télémédecine peut à la fois exercer un effet structurant sur son environnement sociétal et elle est à la fois façonnée par des acteurs sociaux ou des mécanismes sociaux selon des proportions variables.

C’est reconnaître le processus de coproduction des rapports sociaux et des rapports de sens. Les acteurs se retrouvent au centre d’une dialectique entre macrostructures agissant comme déterminants sociaux des usages en même temps qu’elles sont agies par les pratiques des acteurs. Il s’agit donc de

« réduire le décalage entre le sens objectif et le sens subjectif des conduites »421, c’est-à-dire d’apporter une attention équivalente dans l’analyse tant à la mise en évidence des déterminants                                                                                                                

419 Jean-Jacques Salomon, Le destin technologique, Paris, Balland, 1992, p. 277.

420 Michel Fabre, « Postface », dans Yves Dutercq (dir.), Les régulations des politiques d’éducation, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005. p.187-192, p. 192.

421 François de Singly, « La sociologie, forme particulière de conscience », dans Bernard Lahire (dir.), A quoi sert la sociologie ?, Paris, La Découverte, 2002, p. 13-42, p. 34.

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sociaux généraux prévalant aux activités de télémédecine qu’à la mise à jour de la diversité des manières dont les usagers se servent de la technologie, imputent du sens à leurs pratiques et montrer ce que cela dévoile. Cette influence réciproque est un processus dynamique, dans lequel l’équilibre des composantes déterministes et constructivistes évolue avec le cycle de vie d’une technologie, avec son degré de diffusion dans la société, en fonction de facteurs contextuels de nature culturelle, géopolitique ou autre : « Si les technologies de communication jouent un rôle organisateur sur la production sociale, il se produit dans le même temps une socialisation de ces outils qui leur donne forme. Face au modèle techniciste, le social se rebiffe et se manifeste dans des pratiques novatrices qui agissent en retour sur la configuration socio-technique. Face au modèle sociétal, la technique montre son emprise sur les modalités de l’action. »422.

Dans ce sens, une recherche peut tout à fait se fonder sur divers paradigmes, des « moments »

Dans ce sens, une recherche peut tout à fait se fonder sur divers paradigmes, des « moments »